de retoucher ce plâtre. Ils obtiendront ainsi des effets
qui se rapprocheront de ceux que donne le burin, sans
cependant en atteindre la finesse.
Rappelons que ce procédé a été employé dès la plus
haute antiquité; nous avons vu récemment,dansle musée
archéologique de Cagliari, des moules de haches et de
fers de lance taillés dans des blocs de lave. Les médail-
leurs de Nuremberg et d’Augsbourg gravaient quelquefois
leurs grandes médailles dans la pierre lithographique (i).
Nous ne pensons pas qu’il faille s’étendre beaucoup
sur la troisième technique : la médaille coulée,M. V. Le-
maire, dans l’étude publiée par la Revue belge de numismatique.
sur les procédés de fabrication des mon-
-*-»aies et médailles depuis la Renaissance (2), a dit, avec
raison, que les grandes médailles de la Renaissance ont
été coulées non par préférence, mais parce qu’on ne
pouvait pas les faire autrement.
Malgré leurs mérites ces médailles ne sont, en réalité,
que des bas-reliefs en bronze; comme elles pouvaient
être coulées dans des moules d’une pièce, le ciseleur ne
devait pas après la fonte faire disparaître les balèvres
produites par les coutures des pièces du moule.
Le*modeleur de la face et du'revers devait donc veiller
seulement à ce que la médaille, une fois coulée, fut
de dépouille facile.
Mais la couleur sombre du métal oblige l’artiste à accuser,
à animer la silhouette des figures, à serrer la forme
d’un contour précis; la texture compacte et solide du
bronze appelle la finesse des détails, tels que les fleurons
d’un sceptre, les chaînes, les bijoux, les broderies
du col et du pourpoint, la figure doit présenter des mé-
(1) Voir médaille de Charles-Quint par H einrich R eitz.
(2) 1892, 1« partie, p. 449.
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plats accentués; l’arcade sourcilière, les paupièies, les
volutes du nez seront nettement tracées, les détails de la
barbe et de la chevelure seront finement dessinés (1).
Une exécution sommaire, une forme esquissée ne conviennent
ni aux dimensions restreintes de la médaille,
ni aux qualités propres du métal.
Quant aux exigences de la composition que l’artiste
renfermera dans la circonférencë étroite de sa médaille,
elles sont sensiblement les mêmes pour la médaille
frappée et pour la médaille coulée.
Certains historiens de la médaille, tout en étant fort
compétents en matière de critique d’art, ont, faute de
connaissances ou plutôt de pratique technique, attribué
la décadence de la médaille à l’introduction de la frappe
au balancier; ils ont reproché à ce procédé de donner
aux médailles une netteté qui tourne trop souvent à la
sécheresse! A la brutalité de la machine ils opposent le
marteau; manié par un ouvrier habile, cet outil devient
entre ses mains un instrument intelligent ! M.V. Lemaire
a raillé, avec raison, cette explication de la beauté des
monnaies grecques; elle doit faire sourire quiconque a
manié le marteau et le burin.
En réalité le balancier, en reffoulant un métal malléable
dans le creux d’une matrice, le force à en épouser
les moindres détails, les accents les plus délicats, et la
médaille sera la reproduction exacte du modèle; la
machine n’aura pu y ajouter la moindre sécheresse. Si le
résultat offre cet aspect, c’est que l’oeuvre du modeleur
était sèche elle-même.
Si l’art de la médaille a déchu à certaines époques,
(1) Voir les médailles coulées de Pisaiiello (Vittorio Pisano) qu’on doit
appeler dorénavant Antonio, paraît-il ?