Constantin le Grand et les luttes fratricides de ses fils,
pour se relever sous Julien, et que les portraits de Constant
I et.de Constance II, gravés pendant leurs dernières
années de règne, manquent de vie et sont mal
proportionnés. Ils présentent déjà le style convenu et le
manque de proportion des effigies byz.antines.
L’on consta teque la grande politique de Constantin, qué
son faste, ses ambitions, ses vastes conceptions ont été
utiles au développement de l’art du graveur sous son règne.
Mais il y a autre chose. On est surpris de voir sous Je
premier empereur chrétien se dérouler au revers des
médailles, après sa conversion, les images successives
d’abord du grand dieu oriental, Sol Invictus, en qui se
sont réunis tous les aspects des dieux solaires; puis
celles des divinités allégoriques personnifiées qui ont
joué un grand rôle dans l’empire romain depuis son
début; enfin une quantité de figures symboliques et de
scènes historiques dont le sens est tout à fait étranger à
l’esprit chrétien, symboles de la force et de la puissance",
de la fatalité et de l’influence des astres (i), en un mot,
les manifestations d’une philosophie et d ’une religion
qui n’ont rien de commun avec le christianisme. On sent
qu’il y a là une cause et des influences inconnues qui
ont donné une direction particulière à l’art et que nous
allons tâcher de mettre en lumière. L’histoire dequelques
divinités choisies parmi celles qui ont caractérisé l’époque
constantinienne pourra nous y aider.
(1) Je ne puis pas, sans allonger démesurément cet article, décrire les monnaies
astrologiques. J’indique comme preuve de ce que j’avance une monnaie
d’or de Tarragone, au revers de laquelle Constantin tient le Zodiaque dont
dépendent les destinées du monde et qui porte la légende Rector Totius
Orbis; et les innombrables monnaies à la légende Beata TranqUillitas, au
revers desquels repose sur un autel le globe, divisé en quatre parties séparées
par des mers, suivant le système astrologique du 1 ^ siècle.
Le Sol Invictus, debout, nu, la chlamyde flottante,
levant la droite en signe de protection et tenant le globe
ou le fouet de la gauche, a été abondamment représenté
sur les monnaies de: Constantin de 3 io à 3ao et rarement
de 320 à 324, puis '1 en est complètement disparu.
Son apparition coïncide en 3 io avec la proclamation, à
la Cour de Constantin, par un orateur officiel, de l’existence
d'une dynastie héréditaire, celle des seconds Fla-
viens, remontant à Claude II. Il disparait avec l’unification
de l’empire et la fin des luttes entre les familles
impériales (i). Les représentations multiples de ce dieu
dans des scènes historiques et symboliques, celles de son
effigie associée Ou non à celle de Constantin tiennent une
place considérable dans les compositions artistiques de
cette époque. Un beau médaillon frappé à l ’occasion
dé la réunion à Milan dé Constantin et de Licinius
(Adventus Augg.N.N.),môntretoirevers l’arrivéeà cheval
de Constantin précédé de la Victoire qui tient une couronne,
et suivi d’un légionnaire, qui tient une enseigne
militaire; et audroitlesbuslesaceolésdeConstantinlauré
tenant une haste et un bouclier, et du soleil radié (2). Peu
de compositions ont été plus heureuses parmi celles
exécutées sous le règne de Constantin. La scène du
revers est du plus bel effet. Les effigies sont tracées de
main ferme; les traits de Constantin sont prêtés au
Soleil.
L’histoire des divinités allégoriques, d’abord personnifiées
(3), l’étude de leur transformation en symboles pen-
(1) Voir sur ce culte du Sol Invictus dans la famille des seconds Flaviens
ma communication à l’Académie des inscriptions et belles-lettres, dans les
Comptes rendus de 1910, pp. 96 et s. q.
(2) E. B a b e l o n . Un nouveau médaillon en o r de Constantin le Grand, dans
Mélanges Boissier. Paris, tgo3.
(3) G. W is s ow a . Religion und kultus der Rômer, pp. 270 à 279.