français n’apparaissent que rarement. On connaît huit
cas où il a été trouvé en tout vingt-neuf de ces monnaies.
Sur ce nombre, il y en a seize (réparties entre cinq trouvailles)
du comte de Porcien (Gaucher de Chantillón,
i3o3-2g), cinq (une seule trouvaille) du comté de Poitou
(Alfonse, 1241-71), quatre (une seule trouvaille) du
comté d’Anjou (Charles Ier, 1246-85) et quatre provenant
de l’abbaye Saint-Martin à Tours. En outre, il a été
trouvé une monnaie de l’Aquitaine (Edouard le prince
noir, i 355-j5).
Une des raisons principales expliquant la richesse des
découvertes de gros tournois en comparaison des morn
naies des seigneurs féodaux est particulièrement son titre
plus élevé qui en faisait une pièce recherchée. Toutefois.
si le gros tournois devait son introduction dans le
Danemark uniquement aux relations commerciales, les
proportions avec la monnaie féodale seraient incontestablement
bien autres que celles que l’on a constatées; car
si le commerce avait été le seul facteur qui ait contribué
à l’entrée de ces monnaies étrangères en Danemark,
celle des seigneurs féodaux y aurait été beaucoup plus
abondante. Il est donc admissible que d’autres facteurs
aient joué un rôle effectif sous ce rapport. Nous savons
qu’à une époque plus récente, lorsque la monnaie allemande
avait la prépondérance dans l’Europe septentrionale,
le roi danois Valdemar Atterdag, pédant à des
considérations d’ordre économique et dans le but d’éviter
les grands frais nécessités par le monnayage, envoyait
des lingots d ’argent à Hambourg pour l’y faire frapper
en monnaies de cette ville.
Il est admissible qu’un procédé analogue ait été
appliqué déjà anciennement pour le gros tournois. Les
trouvailles n’indiquent pas une importation- graduelle
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de cette monnaie française. Elle apparaît tout à coup,
souvent en nombre assez considérable et dans un pariait
état de conservation, sans porter aucune trace d usure.
Il ne pourrait guère en être ainsi dans le cas où les pièces
auraient été d’abord mises en circulation pendant quelque
temps dans leur pays d’origine, si éloigné des pays du
Nord, avant d’arriver en passant par les autres pays
jusqu’au Danemark. Cette circonstance semble bien
témoigner en faveur de la supposition qu’elles sont
arrivées ici directement de l’atelier de monnayage français.
Par contre, les monnaies féodales françaises trouvées
en Danemark sont toujours usées et mal conservées;
elles portent toutes les traces d’une importation due' au
hasard. Les plus fréquentes de ces monnaies, celles de
Porcien, sont des imitations de l’esterlin anglais. Il est
admissible qu’elles soient arrivées ici mélangées à des
monnaies anglaises et qu’elles aient été prises pour telles
par des gens incapables.
Le gros tournois était la monnaie d’argent la meilleure
et la plus considérée de ce temps-là; il était
recherché et accepté partout et fut l’objet d’imitation en
beaucoup d’endroits parce qu’il constituait la meilleure
monnaie courante qu’on pût se procurer. On juge le
mieux de l ’importance de cette monnaie dans le Danemark
d’alors, et de combien elle était connue par la
population de ce pays, du fait que le type tournois a été
ici aussi l’objet d’imitation et partiellement adopté pour
certains monnayages danois même à l’époque où le titre
des monnaies fabriquées était extrêmement bas.
Le type tournois a été imité, en partie, la première fois
sous le règne du roi Erik Glipping, vers l ’année 1265,
pour la fabrication d’une monnaie frappée par la monnaie