e n supposant qu’il devait être fort analogue à celui des
Tetricus de petit module. Par exemple, deux c e n t s ^
très petites pièces « dont la plupart ne laissaient rien
» voir du coin », trouvées dans le camp romain de Pry
(arr. de Philippeville, prov. de Namur), furent considérées
comme franques (i). De même, à Eprave (arr. de
Dinant, prov. de Namur) on recueillit de petites pièces
de trois millimètres de diamètre, accompagnées de scories
de mauvais métal, d’un creuset de fer avecdesdechets
de cuivre et de petits grains de bronze. C’était probablement
un atelier local, et, comme le cimetière dEprave
avait rendu de petites pièces d’argent de la période barbare,
on considéra d’abord les petites pièces de bronze
comme les produits d’un monnayage franc (a). '
La théorie des émissions très postérieures au regne e
Tetricus a rencontré assez de partisans pour que nous
ayons le devoir de rechercher si elle est admissible.
Avant de répondre catégoriquement, ne convient-il
pas de demander aux trésors monétaires les renseignements
qu’ils peuvent nous fournir?
Si l’on trouve encore des monnaies des Tetricus dans
les dépôts enfouis sous Constantin le Grand, on ne saurait
s’en étonner. Mais après cetempereur, le fait devient
plus rare. Il y avait de ces espèces dans le trésor d Ou-
trivière (Marne), enfoui sous Constantin II ; dans celui
de Saint-Satur (Cher), caché à la même époque (d);
Annales de la Société archêol. de Namur, t. XVII, 1887, P - 4 » i.
' 2 A BE4UST, dans Fé.iér. archêol. e t histor. de Belgique. Compte rendu
d e s tr a v du VI“ Congrès à L iège, .890, pp. 294-295. Tou.efb.. ce. auteur
accepta ensuite l’opinion de M. G. Cumont, qui considéra.! les P«*1 tes pieces
d’ Eprave comme les produits d’un monnayage de 1 epoque romaine (Revue
belge de Num., 1890, pp. 263-264). | | _ ■ •
(3) A . B u h o t d e K e b s e b s , Hist. et statut, monum. du dép. du Che,, t . V i l ,
i 8o5; p. 49.
dans celui du Château d’Olonne (Vendée), caché
probablement sous Constant Ier (1); dans le petit
dépôt de Meerlebèke (près de Gand), enfoui sous
Julien II: dans les deux trésors de Trêves, découverts
en i 885 et 1886, et dans le petit dépôt de Daspich
(près de Thionville), tous trois enfouis sous Arcadius et
Honorius (3). C’est, je crois, à peu près tout ce que nous
pourrions citer comme dépôts monétaires contenant des
monnaies de Tetricus et enfouis après Constantin.
On voit déjà que le nombre en est peu important, et
il est indispensable de remarquer en outre que ces cachettes
ne renfermaient pas une proportion de pièces barbares
susceptible d ’avoir éveillé l’attention des auteurs qui
ont signalé les découvertes (3). Et si l’on se reporte maintenant
aux récoltes faites dans les nécropoles de l’époque
mérovingienne, on constatera que les monnaies des
Tetricus s’y trouvent en effet, mais pas plus nombreuses
que les autres monnaies romaines (4). Aussi bien, on n ’a
• (1) Le dépôt d’Easton (près de Norwich, Angleterre), enfoui sôus Constant
Ifp, ne. contenait qu’une pièce de Tetricus parmi 4000 petits bronzes
(F. H a y e r f i e l d , dans Num. Chj'onicle, 1902, pp. 184-186).
(2) Pour la bibliographie relati ve à ces dépôts je renvoie simplement à mon
ouvrage Les trésors de monnaies romaines et les invasions geimtanicfues
en Gaule, 1900, nos 857, 581, 676, 77061771, 796
(3) Ainsi le dépôt de la Pfützenstrasse, à Trêves, ne contenait que deux
Tetricus barbares sur 5 13 pièces examinées (F. I I e t t n e r , dans la Westd. Z .
f. Gesch. u. Kunsty t. VI, 1 8 8 7 , p. i 5o \ Et le dépôt de la Feldstrasse,
ënfoui dans la même ville, également sous Arcadius et Honorius, ne renfermait
qu’un seul Tetricus ordinaire (Rev. Pax) sur 240 pièces. (Ibid.y p 153.)
(4) Cimetières de Caranda,, de Breny et d’Armentières, fouilles de 1877 à
1 881 ( F r . M o r e a u , Collection Çaranday etc.); de Londinières (Abbé CocHbf-,
La Normandie souterraine, 2e éd., 1855, p 260); d’Herpes (Le cimetière
d’Herpes, fouilles e t collection Ph. Delamain, 1 8 9 2 , p. 1 8 ).
On pourrait multiplier les exemples sans utilité. Car on sait que. dans
chaque cimetière, il y a des parties plus anciennes les unes que les autres.
Et, de plus, on a trouvé même des monnaies gauloises dans des sépultures
mérovingiennes. Les provenances funéraires n’apportent donc aucun renseignement
précis en faveur de la théorie exposée plus haut.