conditions du beau, qui est un privilège des artistes de
génie.
Nous ne nous dissimulons pas les dangers d’un pareil
travail'; certains maîtres se révolteront à l’idée qu’un
esthète ait la prétention de dicter des règles à leur inspiration.
Loin de nous cette pensée; nous voudrions simplement
leur signaler quelques conditions qui nous semblent
découler de la nature des choses; elles pourraient,
quand elles sont observées, contribuer à la beauté de
l’oeuvre. Libre aux sculpteurs de n ’en pas tenir compte.
Mais encore est-il bon qu’ils sachent qu’elles existent ;
peut-être leur signaleront-elles des écueils ou leur révéleront
elles la cause de quelques-uns de leurs échecs,
qu’ils ne parviennent pas à s’expliquer.
Quelqu’idéale, quelque personnelle que puisse être la
conception d’un médailleur, il est obligé de lincorpoiei
dans un métal : bronze, argent, or ; et pour le mettre en
oeuvre, il doit employer des procédés appropriés à ses
propriétés.
L’artiste qui manipule la matière la force à interpréter
sa pensée ; mais, tout en la travaillant, il sent qu elle lui
résiste et que son oeuvre trahit cette résistance. Pendant
qu’il façonne la terre, la cire, le marbre, le plâtre, les
métaux, ces corps réagissent contre l’idée qui veut les
dominer, et ils impriment à l’oeuvre un accent particulier
qui découle de leurs propriétés physiques et des
procédés techniques que nécessite leur transformation.
Il ne faut pas être grand clerc pour distinguer si une
fonte est de bronze, de fer, de plomb, d’étain ou de zinc.
Si une pièce de métal a été ciselée, gravée ou tournée.
Donc chaque mode d’exécution,chaque outil, imprime
à l’objet d’art un caractère spécial.
Il convient par conséquent que l’artiste emploie la
matière qu’il a choisie en tenant compte de ses propriétés,
qu’il ne lui donne que des formes susceptibles d’être
produites par les outils, et même par les procédés mécaniques
employés. Enfin, il faut que la forme et le décor
correspondent à l’usage ou à la destination de 1 objet.
Ces principes fondamentaux nous paraissent incontestables
et s’appliquent à tout l’art métallurgique.
Si nous faisions une étude complete de cet art, nous
aurions à considérer les métaux sous quatre aspects,
découlant de l’emploi de quatre techniques différentes:
i° Le métal considéré comme matière plastique, malléable,
ductile, susceptible d’être forgée, rétreinte,
repoussée, étirée ;
2° Le métal considéré comme matière homogène, susceptible
d’être coupée, taillée, gravée, estampée,
frappée ;
3° Le métal considéré comme matière fusible,susceptible
d’être liquéfiée et coulée dans un moule;
4° Le métal considéré comme matière galvanoplas-
tique déposée dans un moule par le courant électrique.
Au point de vue spécial qui nous occupe, nous n ’avons
à considérer que le deuxième et le troisième dé ces procédés
techniques, et encore le deuxième est-il de beaucoup
le plus important, le troisième ne s’appliquant
qu’aux médailles et aux plaquettes coulées, aux bas-
reliefs et aux statues en métal.
On peut, il est vrai, reproduire des médailles par le
quatrième procédé : la galvanoplastie ; mais ce procède
n’a aucune influence sur la confection du modèle, et les
conditions ne diffèrent pas de celles exigées par le deuxième
procédé.
Est-il quelqu’un qui niera que chacune de ces tecli