tinct. LamarqueSG, qui y est inscrite dans une couronne
en guise de type, indique qu’elles ont été émises par le
Sénat de Rome,pour une circulation étendue. En effet,
on ne concevrait pas qu’un autre pouvoir eût usurpé
cette marque de propriété; il y aurait là une contrefaçon
qui n ’a pu être tentée, sans compter qu’un sénat
local auraitmis sa signature en grec. Aucun texte neparle
de cette succursale du Sénat, mais les monnaies ne permettent
pas le doute : c’est un exemple de vérité numismatique
établie exclusivement par les monuments (1).
On a objecté que la Syrie était province impériale.
Mais d’abord la distinction entre provinces impériales
et sénatoriales n’avait pas été établie en droit de façon
aussi stricte qu’on le croit. « Le régime, disent Momm-
sen et Marquardt. qui a fonctionné sous les empereurs
de la dynastie julienne pendant un certain temps pour
l’Hlyricum et plus longtemps pour l’Afrique, la combinaison
du gouvernement de province sénatorial et du
commandement impérial des troupes, devait, lors de
l’organisation définitive, être étendu à toutes les provinces
où il y avait des troupes (2). » Il en advint autrement;
mais l’empereur ne prit d’abord les provinces que pour
un délai de dix ans, en vertu d’un pouvoir proconsulaire
spécial, concession indéfiniment renouvelée en fait.
L’innovation du Sénat en Syrie a pu s’accorder avec un
(1) Mommsen ne paraît pas avoir dégagé ce fait avec netteté. « Depuis
Auguste, dit-il, on fabriquait à Antioche, outre les monnaies municipales de
cuivre et les pièces provinciales d’argent, des monnaies impériales de bronze. »
V eut-il dire que c’était l’empereur qui frappait? En ce cas, le rôle du Sénat
se serait borné à un consentement, indiqué par l’emploi de sa marque, à une
sorte d’imprimatur. Mais cela n’est probable que p o u r des monnaies de
monétaires ou de généraux comme celles que signale M. Grueber. (H. G r u e -
b e r , Roman bronze Côinage, dans Num. Citron:, 1904.)
( 2 ) M o m m s e n -M a r q u a r d t , Rôm. Staatsrechi, trad. Girard.
arrangement qui en droit n’était que transitoire ; enfin
on avouera qu’elle n’excluait pas la prérogative impériale,
pas plus que la concession aux villes grecques dans les
autres provinces impériales. Ce n’était qu’une source de
revenus à laquelle on renonçait, la monnaie de bronze
n’ayant pas alors le caractère régalien des monnaies d’or
et d’argent.
L’Empereur, qui avait abandonné au Sénat le soin
d’approvisionner de bronze tout l’Empire (t),entendit
sa concession dans le sens le plus large en lui permettant
d’établir unesuccursale à Antiocbe. Le Sénat ne pouvait
frapper le bronze dans sa province d’Asie, où il devait
respecter le monnayage des villes grecques. Celles-ci
rendaient des honneurs au Sénat, mettaient volontiers son
effigie emblématique sur leurs espèces à la place de celle
de l’Empereur . 2), mais continuaient à user de leur
(1) Des monnaies de bronze furent frappées en Gaule et en Afrique p a r les
proconsuls, mais à titre transitoire ; en Judée aussi, mais par suite de circonstances
toutes spéciales.
(2) L ’opinion d’Eckhel, que la CYNKAHTOC désignée p a r les monnaies est
le Sénat romain, et la BOTAH eu la rEPOYCLA le Sénat ou l’ordre des
Seniores local, paraît encore aujourd’hui la plus vraisemblable. ( E c k h e l ,
t. IV,. pp. 190, 225; L e n o rm a n t , t. II, p. 1 7 5 ; D E W i t t e , Rev. num., 1862,
pp. 106-112.) En effet : i° La Boulé ou la Gerousia est quelquefois qualifiée
de IEPA, mais la Sunklétos est seule OEOC et surtout seule CEBACTH
(Smyrne); — 2« C’est la Sunklétos qui alterne avec PO.MH (Cotiæum, Stra-
tonicée); — 3° Les textes épigraphiques confirment cette thèse. 'fpfLa présence
même su r les monnaies du nom des sénats locaux, moins fréquente que
celle du Sénat de Rome, — comme si ceux-là figuraient à la suite —, est
u n hommage rendu au Sénat souverain, et de même la personnification du
AHMOC fait songer à la formule sacramentelle Senatus Populus que Romanus.
Quelquefois on nomme explicitement le peuple romain (Synnada, Lamp-
saque), quelquefois le peuple local: le plus souvent on dit : AHMOC ou
lEPOC AHMOC, personnification du Peuple « en soi ». D’une façon générale,
il faut éviter de reg a rd e r l’ethnique, même s’il fait suite, au génitif, comme
déterminant nécessairement les mots CYNKAHTOC, AHMOC, le mot Monnaie
pouvant être sous-entendu. Et ces appellations ne se rencontrent guère que
dans les provinces sénatoriales, Asie et C rète.