que (Yadversa, puis que, suivant lui, un petit nombre de
personnes avaient jusqu’alors fait usage de ce mot.
La tentative de M. Hennin pour introduire le mot
avers dans la langue numismatique n’eut qu’un succès
fort contesté. Çà et là nous trouvons dans les revues de
virulentes sorties faites par l’un ou l’autre des maîtres
d ’alors contre ceux qui se permettaient d’employer le
mot nouveau.
C’est ainsi qu’en 1868, M. Renier Chalon, en rendant
compte du travail d’un savant français, qui venait de
publier la première pièce connue de Constantia, femme
de Licinius, s’exprime de la sorte :
« L’auteur emploie le mot avers qui, dit-il, n ’est pas
» encore français, mais qui le deviendra. Qui le devien-
» dra, c’est possible; il y en a qui prétendent que la
» langue verte est le français de l’avenir. En attendant,
» n ’est-il pas plus prudent de s’en tenir au dictionnaire
» de l’Académie? Bien que le mot avers paraisse avoir
» été forgé en Belgique, tout notre chauvinisme ne suf-
» lira pas pour nous le faire adopter. Puis, en réalité,
» 11’est-il pas mal forgé? Venant (Y averteré., aversus. il
» voudrait dire précisément le contraire de ce qu’on
» lui fait d ire. Il est au surplus parfaitement inutile :
*> face ou droit suffisent. On dit le droit et le revers
» d’une médaille, comme Yendroit et Y envers d’une
» étoffe, d’un vêtement. Expression bien française et de
» plus consacrée par la célèbre et royale chanson du
» grand Dagobert. Que la langue verte laisse en paix les
» numismates et même les numismatistes (r), »
Dans eette même année 1868, M. de Longpérier, en
des termes non moins sévères, mais plus académiques,
flagellait encore, dans la Revue numismatique, ce mal-
(j) Revue de la numismatique belge, 4e série, t. VI, 1868, p. 422, n.
heureux mot avers au profit du mot droit { 1), et pareille
chose se produisit vingt-cinq ans plus tard, dans la
même revue et au cours d’une lettre adressée par
M. Deloche à M. de Barthélémy (2).
Malgré ces avertissements multiples, donnés par des
plumes aussi autorisées, le mot avers a continué d être
professé par quelques auteurs qu’il est inutile de nommer.
Depuis longtemps, il aurait dû disparaître et,chose
curieuse, nous le voyons sans cesse réapparaître. La
raison en est qu’il prend sans doute sa source dans des
tréfonds psychologiques qui n’ont rien à faire avec le
raisonnement.
Cependant si un congrès prenait position contre ce
mot et motivait sa décision, il est probable qu on le verrait
disparaître des quelques dictionnaires où il figure,
et que, peu à peu, son emploi deviendrait impossible.
Il m’a paru intéressant de connaître les noms des
écrivains qui, selon M. Hennin, avaient fait usage, avant
lui, du mot avers.
Si nous en exceptons M. Hennin lui-meme qui, en
1826, dans son Histoire numismatique de la Révolution
française {S), employait déjà le mot avers., nous ne trouvons,
semble-t-il, aucun autre auteur français qui s en
soit servi. .
Ni de Strada (4) , de Bie (5), Leblanc (6), Pellenn (7),
(1) Revue numismatique, nouvelle série, t. XIII, 1868, pp. 096-398.
(2) Ibid., 3e série, t. XI, 1893, pp. 411-412.
(3) H e n n in . Histoire numismatique de la Révolution française. Paris, 1 8 2 6 ,
2 vol. in-4*, pl. . , .
(4) J. d e S t r a d a . Epitome du thrésor des antiquiteq ( t r a d u i t p a r J. L o u -
veau). Lyon, i 5g3, in-4».
<5l j . de B i e . La France métallique. Paris, i 636, i n - f o l . , p l .
(6) L e b i -a n c . Traité historique des monnoies de France. Paris, 1692, in-
4«, pl. et vign. Mj§ ,
(7) J . P e lle r in . Recueil des médailles grecques des rois, des peuples et
des villes. Paris, 1763, et suiv. avec suppl. de l’abbé Le Blond, 9 vol. m-40, pl.