barres carrées. Mais comme la forme extérieure n’était
pas cbose principale, les bouts de ces morceaux restèrent
plus ou moins intacts. Il est évident que ces objets
n’étaient pas destinés à faire partie de quelque pièce
d ’orfèvrerie. Néanmoins, comme on s’était donné la
peine de changer leur premier aspect, il faut supposer
qu’ils avaient été fabriqués dans un but spécial. A n en
pas douter j les dites barres étaient réservées uniquement
au commerce^ c’est-à-dire que nous avons affaire à des
pièces de monnaie.
On pourrait objecter, que les morceaux d’argent fondu
et les pièces d’orfèvrerie étaient aussi dans ce temps-là
une monnaie en Pologne puisqu’on pouvait, au moyen
d’eux, acheter toute chose voulue. Bien sûr, mais il y a
encore une différence d’un côté entre le gâteau en argent
coulé sans intention précise, le bijou servant en premier
lieu de parure et de l’autre, la barre destinée dès le
commencement à un usage proprement mercantil.
Du reste le fait comme tel, c’est-à-dire qu on se servait
en tout temps de barres en métal précieux contre-
marquées ou non nous est bien connu. L’inconnu, la
nouveauté consiste en cela que nos fouilles démontrent
qu’on fabriquait aussi au Xe siècle cette espèce de monnaie
en Pologne. Elle est donc l’avant-coureur du denier
de Miesco Ier et par conséquent le plus ancien produit
monétaire de chez nous.
E t maintenant revenons à la chose principale. Quel
motif avait-on d’entailler et de mâcher les objets d ’argent
et les monnaies?
Comme point de départ j’admets deux choses, paraissant
tout à fait certaines.
Premièrement que le hasard n)y;joue aucun rôle. On
pourrait bien y croire, s’il s’agissait d’une ou de deux
trouvailles, contenant des pièces entaillées ou mâchées.
Mais puisque nous connaissons plus de cent dépôts de ce
genre enfouis pendant un intervalle de plus d’un siècle,
l’hypothèse en question devient tout à fait inadmissible.
Passons à la deuxième éventualité. L’usage antérieurement
cité ne peut être regardé comme une sorte de
mode, inventée par quelque tête pleine de fantaisie et
acceptée ensuite par la foule. S’il en était ainsi, cet
usage aurait disparu peu à peu et non d ’un jour à l’autre,
comme nous l’avons vu avoir lieu.
Il s’en suit donc que les monnaies étaient entaillées et
mâchées avec préméditation dans un but tout à fait
déterminé.
Examinons quel en était le motif.
A l’époque des dirhems, ni les pièces de monnaies
ni les orfèvreries n ’étaient entamées. On s’attaquait seulement
à des morceaux dont la provenance et la destination
n’étaient pas connues.
Les dirhems disparaissant, une quantité innombrable
de nouveaux motifs se présente sur les pièces récemment
apparues.
C’est de l’inconnu pour les personnes intéressées. On
s’acharne donc à mâcher et à entailler de telles monnaies.
Enfin, dans la dernière époque, la monnaie étant
devenue quelque chose de bien connu, vu qu’il était facile
de retenir les motifs des quelques types ayant cours dans
le pays, on laisse les deniers en paix.
Il s’ensuit par conséquent que ce n’était pas à la forme
extérieure des objets qu’on en voulait, mais bien à son
caractère spécial.
En entaillant, ou bien en mâchant les pièces, on
tâchait de constater leur aloi. Les dirhems et les bijoux
arabes inspiraieht de la confiance à tout le monde.