
 
        
         
		C’est ainsi qu’il suffit de jeter  un  rapide coup d’oeil sur  
 la  première  planche  de  l’ouvrage  de  Chalon  (i)  pour  
 s’apercevoir  que  cet  auteur,  en  attribuant  à  Albert  III  
 toutes  les monnaies  au  nom  d ’Albert qu’il  lui  fut donné  
 de réunir et même les monnaies anonymes, semble n’avoir  
 tenu aucun compte de la différence des styles (2) non plus  
 que  des  indications  que pouvaient lui  fournir  les  caractères  
 épigraphiques  des  légendes,  ainsi  que  la  frappe  et  
 le  poids  des pièces  (3)  En  1870,lorsqu’il  donna un  supplément  
 à  son  ouvrage,  il  ne  s’occupa  pas davantage  de  
 cette  question  et  se  contenta  d’ajouter  quelques  pièces  
 nouvelles  à  celles qu’il  avait fait connaître. 
 Toutes  les monnaies  au  nom  d’Albert,  de même  que  
 les  deniers  anonymes  portant  Caput  et Deonam  continuèrent  
 ainsi, pendant dix ans, à être donnés sans partage  
 à Albert  III,  sans que l’attribution  de Chalon soulevât la  
 moindre objection  (4 ). En  1880  enfin, C.-P.  Serrure (5),  
 s’appuyant  malheureusement  sur  des  arguments  plutôt  
 spécieux, émit l’avis que ces pièces devaient être réparties  
 entre Albert II  et Albert  III  et  crut pouvoir  attribuer  à 
 (1) Recherches  sur  les  monnaies  des  comtes  de  Namur. Bruxelles.  1860, 
 (2) A la vérité,  cette  planche offrait, à première  vue, un  ensemble de m o n naies  
 que leurs styles  nettement caractérisés  répartissaient  en  deux  ou trois  
 groupes bien distincts. 
 (3;  I l  est à remarquer que  su r les  deniers n os  1  à  10,  de  Chalon, les caractères  
 employés p our les  légendes procèdent directement des  caractères caro--  
 lingiens;  ils  sont  plus  grands,  plus  carrés  et  plus  maigres  que  ceux  ,qui  
 appartiennent  aux  pièces  suivantes.  Ce  n ’est  qu ’à  p a rtir  du  n°  11  que  l ’@  
 oncial se mêle  aux capitales romaines.  Les  effigies  sont également à  rap p ro cher  
 de celles des monnaies de  Louis le Débonnaire  et de Lothaire. Quqnt au  
 module  et au poids des pièces, ils vont  en diminuant. 
 (4)  Dannenberg  lui-même adopta  cette  attribution,  dans son  ouvrage Die  
 deutschen Münzen der sächsischen und fränkischen Kaiser ¡{eit. 
 (5) Notice  sut'  le cabinet monétaire  de  S.  A.  le  Prince  de  Ligne.  Gand,  
 i88ovp. 86. 
 la minorité de  ce dernier  les  deniers  anonymes rappelés  
 plus  haut (1). 
 Bien  que,  je  le  répète,  Serrure  n ’apportât  pas  d’argument  
 sérieux à l’appui de ses dires, il est certain qu’il avait  
 fait  faire  un grand pas  à  la  solution de la question, en  ce  
 sens  que,  dès lors  et peu  à  peu,  il  apparut  aux yeux  de  
 tout  le  monde  qu’Albert  II  devait  effectivement  avoir  
 frappé monnaie  au  même titre  que son  successeur. 
 Mais  il  importait  de  donner  à  chacun  de  ces  princes  
 et  peut-être  à  d’autres,  le  cas  échéant,  la part  de numéraire  
 qui leur revenait :  car la question  en était restée là.  
 En  effet, 1 on  peut  voir  qu’Engel  et  Serrure  déclarent  
 encore  dans leur Traité de  numismatique du moyen  âge  
 que  les  deniers  d ’Albert  III  se  distinguent  difficilement  
 de ceux  de  son père (2). 
 Or, c’est cette répartition que nous avons essayé d’effectuer, 
   en  étudiant,  peut-être  d’un  peu  plus  près  que  nos  
 devanciers, les monnaies des  premiers comtes de Namur,  
 et en  nous  aidant  des  trouvailles  ainsi  que  des  dernières  
 données  de la  critique historique. 
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 *  * 
 II.  Les trouvailles. — Il est à  remarquer que c’est dans  
 les  pays  du  nord, en Danemark,  en  Suède,  en  Norvège,  
 en  Russie,  qu’on découvrit  d ’abord  et  qu’on  découvre 
 (1)  L’opinion de C.-P. Serrure  fut admise par son  fils, R. Serrure, dans  son  
 Dictionnaire  géographique  de  l’histoire monétaire belge,  p.  243,  et  rep ro duite  
 dans  ses  différents  ouvrages  (Voy.  La  monnaie  en  Belgique  de cet  
 auteur,  p .  29» et son Traité de numismatique du moyen âge,  en collaboration  
 avec A.  Engel,  t.  I,  p.  584',  avec  cette  différence  qu ’il  considère  p lutôt  les  
 deniers portant Caput comme  la manifestation  d ’une première tentative d’in dépendance  
 monétaire  par  Albert  II. 
 (2 )  E n g e l  et  S e r r u r e ,   op.  cit.,  p .   6 8 4 .