existe aussi des deniers noirs mais forges seulement a
Louvain (i).
La monnaie de Malines manquait parait-il, de métaux
pour alimenter sa fabrication.
Ayant appris que la raison en était à la défense qui
aurait été faite aux changeurs du Brabant d’y porter de
l’or ou de d ’argent, Philippe le Hardi, par décret du
i3 avril i 386, ordonna delà fermer et de frapper désormais
à Gand, à dater du 29 octobre, des heaumes d’or,
des doubles gros, des gros et des demis-gros aux deux
écus surmontés du mot Flandres, ainsi que des doubles
mites; puis, à la suite de 1 instruction du 3 avril 138^ des
anges etdes demi-anges d’or, des doubles gros et des gros
à l’aigle et des doubles mites en billon noir.
De son côté par ordonnance du 26 septembre 1887,
Jeanne fit forger à Louvain des anges et des demi-anges
d’or, des plaques, des demis et des quarts de plaque d argent.
Le comte de Flandre réclama vivement contre cette
fabrication et protesta, avec la dernière énergie, contre
l’imitation faite en Brabant de son numéraire d’où il résultait,
disait-il, un tort immense pour lui et ses sujets.
Jeanne ne laissa pas sans réponse les récriminations de
son beau-frère. Il est incontestable, lui fit-elle écrire,
que d’après la convention en vigueur les souverains de
Flandre et de Brabant peuvent et doivent émettre, chacun
en son pays, des deniers d’or et d’argent équivalents
en tous p o i n t s , sauf que le comte de Flandre comme la
duchesse deBrabant doiventmarquer leur numéraire de
leurs nom et armes. Ce qui a été rigoureusement observé.
Elle se défend aussi d avoir interdit le transport du bil-
(1) Histoire monétaire des ducs de Brabant, n°> 413-416. Voyez aussi Des-
c h am p s d e P a s , Monnaies de Flandre.-
Ion d’or et d’argent en Flandre et accuse formellement
Philippe d ’en avoir arrêté l’exportatiorr en Brabant. Ce
que, ajoute la duchesse, elle ne comprend pas; car, au
fond, c'est la même chose, que ce soit la monnaie de
Louvain ou celle de Gand qui fasse les meilleures affaires
puisque les profits doiventêtre également partagés...Enfin,
pour prouver sa bonne foi et sa bonne volonté elle
offre de fermer sa monnaie de Louvain et de faire porter
tout son billon d’or et d’argent à Gand, pourvu qu’elle
puisse avoir un gardien à cette monnaie et partager par
moitié les profits.
Philippe le Hardi s’empressa d ’accepter cette proposition
qui donnait satisfaction à ses secrets désirs et J
par lettres du 12 juin 1889, il déclara que moyennant la
promesse faite par la dame deBrabant de ne plus battre
monnaie, elle aurait droit à la moitié des bénéfices de la
Monnaie de Flandre, qui devait désormais être seule à
alimenter la circulation monétaire des deux pays.
Cet accord, fort préjudiciable pour le duché qui se
trouvait ainsi placé, au point de vue économique, sous la
dépendance de la Flandre, fut fort mal accueilli, et,
devant les réclamations de plus en plus vives de ses
sujets et des États, Jeanne se vit dans l ’obligation de
supplier le comte de Flandre de renoncer aux avantages
que lui fournissait l’accord de i 38g.
Philippe, qui avait tout intérêt à conserver l’amitié du
peuple brabançon, sur lequel son fils Antoine était
appelé à régner après la mort de sa tante Jeanne, y consentit
et, par décret donné à Lille vers la fin d’avril
i3g2, il autorisa la duchèsSe à émettre à nouveau
des pièces d’or et d’argent dans ses ateliers, sous la
réserve qu’elle n ’imiterait plus désormais les monnaies
flamandes.