nommant la ville. La langue, latin, grec, ou latin et grec
mêlés, n’est pas non plus un critérium sûr ; il y a eu des
échanges sous ce rapport entre les pouvoirs : le Sénat
romain a quelquefois admis le grec ; la ville, le latin.
Enfin, un autre élément intervient et n’est pas inscrit :
je veux dire le partage des profits entre qui de droit. Ils
doivent correspondre ordinairement à la part prise
extérieurement par chacun dans l’émission ; mais ils
peuvent aussi compenser cette notation extérieure, si l ’on
a voulu établir une balance entre l’amour propre et
l’intérêt des ayants droit.
D’une façon générale, j’attribuerai (i) :
i° Monnaies d’or (toutes latines) et deniers latins, à
l’Empereur;
a0 Monnaies d’argent de système grec, à l’Empereur;
3° Monnaies de bronze avec SC, au Sénat de Rome;
4° Monnaies de bronze portant la mention K0IN0N, à
l’Assemblée de la province;
5° Monnaies de bronze portant le nom de la ville,
avec ou sans mention du légat, à la ville d’Antioche.
En examinant chaque série, il y aura lieu d’attribuer
des correctifs à cette classification : je ne parle ici que de
la période qui précède la création de la colonie; les
monnaies coloniales sont à étudier à part.
I re S é r i e . — Monnaies d'or (aureî) ou deniers latins.
« L’empereur, ditM. Babeion(2), avait, comme Yimpe-
rator du temps de la République, la faculté de faire
émettre des monnaies partout où les légions se trans(
1) Le tableau que nous avons donné e n tê te de notre article Les sigles
littérales est, comme on le voit, à modifier sur quelques points.
(2) E. B a b e l o n , Traité, t. I, p. 968.
portaient; à aucune époque il ne cessa de faire usage de
ce droit, et tous les Césars établirent des ateliers pour la
frappe des monnaies impériales de coin romain, là où ils
le jugèrent nécessaire et pour un temps plus ou moins
long. Ce qui, avant le milieu du IIIe siècle, distingue
l’atelier de Rome de ces hôtels provinciaux, c’est que seul
il fut permanent. »
Or, Antioche était le point de départ obligé et le centre
de ravitaillement des expéditions contre les Juifs et
contre les Parthes. L’empereur ou son général a dû
frapper des monnaies pour la solde des troupes; nous le
savons pertinemment pour Vespasien, dont Tacite (i)
raconte que, lors de sa campagne en Palestine, il fit
frapper à Antioche des pièces d ’or et d ’argent.
Ces monnaies sont impossibles à distinguer dans la
série impériale romaine, sauf pour certains prétendants
qui ne purent se faire reconnaître qu’en Orient. Toutes
les espèces de Pescennius Aiger, de Jotapien, des deux
Macrien, de Quietus (2), sont sorties de l’officine d’Antioche,
et Cohen a fait remarquer que celles de Septime
Sévère, pour les quatre premières années de son règne,
dénotaient par leur fabrique la même origine (3). Les
monnaies d’Elagabale sont aussi en partie d’origine
antiochéenne, comme celles de Sévère Alexandre.
Antioche n’avait à ce monnayage d ’autre intérêt que
les profits en résultant pour la partie de la population
que faisait vivre cette industrie.
(1 ) T a c i t e , Hist., 1. II , p . 8 2 .
(2 ) J e crois q u ’Uranius Antoninus n’a possédé qu ’Emèse (mes Mélanges,
pp. 2 8 7 et 238).
(3) C o h e n , Monn emp rom., t . IV,