l’argent fin vaut moins que celui de la monnaie. Eu
comptant le marc de Cracovie à 200 grammes, le prix
de 5 florins pour le marc de i 5 demi-onces équivaut au
prix de 37 gr. 5o d’argent fin pour un florin, ou il
montre la proportion 1 : 11 entre les métaux. Cependant,
12 demi-gros (36 gros) de ce temps faisaient seulement
27 gr. 18 d’argent fin et la proportion 1 : 7 1/2.
L’écart entre la monnaie et le métal était trop grand,
la valeur nominale ne correspondait pas à la valeui
intrinsèque, c’est pourquoi il était impossible d établir
le prix fixe du florin. Il augmentait toujours. Des comptes
fiscaux du commencement du règne du roi Sigismond I
( i 5o 6- i 548) , élèvent sa valeur de 36 gros en 1507, à 37
en i5 i5 , à % en 1622, à 40 en 1026, et à 45 en i528.
C’est une augmentation constante du prix du florin d ’or,
non pas comme métal, mais dans son rapport avec la
monnaie d’argent qui, en même temps, perd de sa liaute
valeur nominale. La proportion des deux métaux, en
tant que métaux, restait sans changement comme 1 : n
ou 1 : 12. C’est ce que montrent les comptes fiscaux et
les contrats des fournisseurs. Copernic en parle dans son
tractatus « de monetae cudendae ratione » (i).
Malgré ces essais imparfaits, l’aspiration d avoir la
monnaie d’or polonaise était de plus en plus généiale.
Aux hommes d’État, qui regardaient plus profondement
et plus posément, il semblait humiliant pour un pays si
grand et si puissant de ne pas posséder de monnaie d or
pour lui-même, alors que les autres États, même
secondaires, pouvaient frapper de l’or. L’excellent politicien
Jean Ostrorog, palatin de Posen (2) de la fin du
( 1 ) W o l o w s x i . T r a i t é s d'Oresme e t de Copernic. Paris, 1 8 6 4 .
(2) Les monuments et les droits de l'ancienne Pologne, V (polôn )'.
XVe siècle, considère dans ses mémoires cela comme une
honte, et dit que pour le seul honneur de l’État (pro
regni honestale) il faut frapper la monnaie d’or, parce que
non seulement les royaumes le font, mais les duchés et
même les villes.
Quand Sigismond I procéda sérieusement à la réforme
de la monnaie, il n’a pas oublié l’or. Sa réforme s’appuya
non pas sur Je changement de titre, car il laissa
celui du règne du roi Adalbert, mais sur l’augmentation
des sortes de monnaies. Jusqu’à l’an i526 les demi-gros
et les anciens deniers du XVe siècle étaient seuls en circulation.
Alors on a introduit, outre ces pièces,les ternars,
gros, pièces de 3 gros, pièces de 6 gros et à la fin, en
i528, le florin d ’or (1).
Lors de l’introduction du ducat deux raisons agissaient
sur le roi et la diète. La première était l’honneur de
l’État, d ’avoir enfin la monnaie d’or et de ne pas se laisser
devancer par les autres royaumes et même par les villes
allemandes ; la seconde était la considération de la monnaie
d’argent, laquelle, comme dit le document, ne pouvait
être estimée à sa juste valeur, en présence du manque
d’or et du petit nombre de florins en circulation. Le
document qui introduit cette réforme du iôfévrier i528,
parle des ducats, d’après le modèle hongrois ; ils devaient
être frappés par 56 pièces au marc d’or, dans lequel il y a
23 1/2 carats d’or fin et 1/2 carat et 1 grain de cuivre.
On a distinctement ajouté dans ce document, que le cuivre
est destiné à rendre la couleur de l’or plus rouge. Outre
le roi, les autres personnes privées avaient la permission
de frapper des ducats à la Monnaie, mais à l’effigie
(1 ) Z a g ô r s k i . Monnaies de l'ancienne Pologne ( p o l . ) , 1 8 4 6 .
S t r o n c z y r i s k i . Monnaies des P idstes et Jagiellons, 1883, t . I I I .