Antioche de Syrie était, comme beaucoup de cités
grecques, une ville autonome (auxovopp?), c’est-à-dire se
gouvernait par ses propres lois, en vertu d’une concession
de Rome, d ’ailleurs révocable (i). Cette autonomie
la mettait théoriquement en dehors de la Province; elle
équivalait à ce que nous appelons l’exterritorialité.
-C’est ainsi qu’Amisus, ville autonome, ou, comme on
disait dans cette légion, ville libre (éXsùôspa) (2). ne faisait
pas partie de la province du Pont. Quand Hadrien lui
permit de frapper l’argent, il faisait une concession bénévole
à Amisus, qui a soin de rappeler son titre sur ces
monnaies \3), et celles-ci ne sont pas, en droit, des
espèces provinciales, quoiqu’elles aient dû remplir cet
objet en fait. Auráit-on voulu frapper des monnaies provinciales,
on eût choisi pour lieu d’émission Amasie ou
Néocésarée, l’une des deux capitales du Pont, comme il
arriva pour les^bronzes qui portent KOINON IIONTOT (4).
M. H. Gaebler(5) établit pareille différence entre Beroia,
capitale de province, et Thessalonique, ville libre d’Em-
pire, qui faisaient si peu partie du même groupe, que
les monnaies mentionnent une alliance (èpôvoyx) entre kl
ville libre et la Province.
S’il en avait été ainsi à Antioche, aucune autorité
tioche (Mém. soc. antiq. de F r ., 1907 = mes Mél. nurnism.) ', L ’aigle
d’Antioche (Rev num., 1909).
(1) M o m m s e n -M a r q u a r d t , Rom. Staatsrecht, tra d . Girard, t. VI, 2e p .,
pp. 3 19-320.
(2) On a pensé aussi que la liberté résultait d’un contrat bilatéral, ne pouvant
être dénoncé que par l’accord des deux parties, et Y autonomie d’un contra
t unilatéral révocable au gré du donateur.
(3) Vôyez-en la description, par ex. dans Brit. Mus. Catal., Pontus, ou
dans nos Mél. n um ism t. I, pp. 14 et 349.
'(4 ) E. B a b e l o n e t T h . R é i n a c h , Rec. gên. des m. de l’Asie Min., t . 1,
p p . 2 3 e t 4 4 .
(5) H . G a e b l e r , Die Münfkunde Makedonîens, d a n s Z e it.f. Num., 1 9 0 4 ,
pp. .3o6, 3 i 3, 335.
autre que celle de la ville n’y aurait frappé monnaie. Mais
il est impossible d’attribuer une origine municipale à
toutes les monnaies qui y furent frappées, et impossible
de prendre au pied de la lettre ce terme d’«autonome »,
si répandu en Syrie, que, s’il était vraiment effectif, la
Province n ’avait plus de corps. D’ailleurs, et cela est
péremptoire, nous savons qu’Antioche, lieu de résidence
du légat impérial, fut le siège du gouvernement et la
capitale de la province administrative. C’est que, de
population grecque moins pure qu’Amisus ou Thessalonique,
elle était plus engagée dans la vie territoriale
que ces « ports francs » et plus accessible aux compromis.
Le titre aiiTovopo; y était de pure forme. Antioche, on le
voit dès l’époque républicaine, tenait bien davantage à
son titre de p.YiTpoitoli.i;, contradictoire avec le précédent,
puisque la même cité ne pouvait être à la fois hors de la
Syrie et métropole de cette province ; mais, par là, se
regagnait en considération et en importance ce qu’on
perdait en droit.
Qui a donc pu frapper monnaie à Antioche?
i u L’Empereur;
20 Le Sénat de Rome ;
3° Le légat de la province ;
4° L’assemblée de la province;
5° La ville (ou le sénat) d’Antioche.
Il semble que, pour un numismate, la répartition soit
aisée : il suffit de regarder la signature. Mais il y a des
pièces qui présentent le nom ou les symboles de plusieurs
autorités : le légat avec la ville, par exemple. Il y en a
qui diffèrent par la signature, mais tellement semblables
sous tous autres rapports et se faisant si bien suite,
qu’on hésite à y voir deux séries distinctes: telle monnaie
d’Auguslè, tantôt signée de l’empereur seul et tantôt