
plus de jufteffe & de préçifio-n , que les maîtres
flamands ne les ont faites dans le fiècle palïé.
Un clavecin des Ruckers ou de Couchet , ar-
tiftement coupé & élargi, avec des fautereaux ,
regiftres , claviers des habiles faéteurs modernes ,
tels que Blanchet, Pafchal, devient un inftrument
infiniment précieux.
Châffis de clavier du clavecin & des épinettes.
C ’eft la partie de ces inftrumens fur laquelle les
touches font montées. Il eft compofé de trois barres
de bois, & de deux traverfes affemblées les unes
avec les autres. La fécondé barre qui eft entre les
deux autres, eft couverte d’autant de pointes dif-
pofées fur deux rangées, qu’il doit y avoir de
touches.
Les pointes qui font fur le devant, fervent pour
les touches diatoniques, & les autres fervent pour
les chromatiques ou feintes. : ces pointes entrent
dans des trous qui font à chaque touche.
Sur la première barre qui eft le fond du châfiis,
on calle une autre barre appelée diapafon, divifée
par autant de traits de fcie perpendiculaires , qu’il
y a de touches : ces traits de fcie reçoivent les
pointes qui font aux extrémités des touches, ce
qui les guide dans leurs mouvemens.
Sur la partie de cette première barre, qui n’eft
point recouverte par le diapafon , on attache plu-
fieurs bandes de lifière d’étoffe de laine, pour que
les touches en retombant ne .faffent point de bruit :
ce qui ne manqueroit pas d’arriver, fi cette barre
de bois n’étoit point recouverte.
Pour la même raifon , on enfile fur les pointes
de la fécondé barré, fur laquelle les touches font
bafcule, de petits morceaux de drap où les touches
vont appuyer.
Quant à la troifième barre , c’eft une règle de
bois très-mince, dont l’ufage eft de Contenir les
deux côtés du châfiis. Les touches ne doivent point
toucher à cette dernière barre.
Les châfiis des clavecins qui ont deux claviers,
font à peu près femblables à celui dés épinettes.
Il n’y a que le fécond qui en diffère , en ce que,
au lieu d’un diapafon pour guider les touches, il
a une barre garnie de pointes de fer, entre lef-
quelles les touches fe meuvent.
Claviers du Clavecin.
Les doubles claviers des clavecins , repréfentés
Jig. 8 , pl. XIJ de Lutherie, font, comme dans les
claviers des orgues , deux rangs de touches qui
répondent perpendiculairement les unes au deffus
des autres.
Les touches du fécond clavier font dirigées par
un guide qui eft une règle de bois E F , fig. 8 ,
garnie de pointes entre lefquelles les touches fe
meuvent ; au lieu que celles du premier font guidées
par la. barre traverfée de traits de fcie, ap-
pellée diapafon.
Le châfiis du premier clavier peut'fe tirer en
devant ou fe repouffer en arrière, pour que les
pilottes G H , même figure 8 , pl. X I I , lorfque le
clavier eft tiré, fe rencontrent fous les queues des
.touches du fécond clavier ; d’où il arrive que lorfque
l’on touche fur le prenfer clavier , le mouvement
fe communique au fécond, comme fi on
touchoit deffus ; ce qui fait parler les cordes qui
répondent aux fautereaux de ce fécond clavier.
Mais lorfque le premier eft repouffé, les pilotes
paffent au-delà de l’exrrémité des touches du fécond
clavier , qui reftent immobiles lorfque l’on
touche les premières.
Le 8 bois intérieur des claviers eft de tilleul le
plus uni : les placages qui font collés artiftement
fur les touches du clavier , font d’ébène pour les
touches du genre diatonique, & d’une petite palette
d’os de boeuf pour celles du genre chromatique.
On faifoit autrefois ces palettes d’ivoire ;
mais comme elles étoient fujettes à jaunir au bout
d’un certain temps, on a mieux aimé employer
l’os de boeuf qui refte toujours blanc.’
Regifires- du Clayeçin..
Les regiftres du clavecin font des règles de
bois, percées d’autant de trous qu’il y a de touches
au clavier ; ces trous font plus longs que larges
pour s’accommoder à la groffeur des fautereaux :
ils font évafés par deffous.
Le regiftre eft quelquefois couvert par deffus
de peau de’mouton; ce qui eft toujours ainfi aux
épinettes, auxquelles la table fert de regiftre, c’eft-
à-dire, quelle eft percée comme un regiftre. Pour
percer les trous dans la peau, on fe fert des em-
porte-pièces fur lefquels on frappe comme fur les
poinçons à découper.
Les regiftres font autant en nombre que de cordes
fur une feule touche ; ainfi, il y à des clavecins
à deux, trois, quatre regiftres qui font tous
placés à côté les uns des autres , entre le fom-,
mier & la table de l’inftrument.
Mouvemens des Regifires.
Les rfiouvemens de regiftres des clavecins font de
petites bafcules de fer ou de cuivre, attachées par
leur partie du milieu par le moyen d’une cheville.
A l’une ^cle, leurs extrémités , eft une pointe ou
crochet qui prend dans le regiftre; de l’autre côté,
eft une petite poignée, par le moyen de laquelle
on fait mouvoir le regiftre, en pouffant dans un
fens oppofé à celui félon lequel on veut faire
mouvoir le regiftre.
Le fommier du clavecin eft la pièce de bois,
dans laquelle entrent les fiches qui fervent à tendre
les cordes de cet inftrument. C ’eft une forte pièce
de hêtre, ou autre bois à peu près de même qualité,
affemblée dans les côtés du clavecin par des tenons
en queue d’aronde.
Sur le fommier font collés deux chevalets. Le
premier porte les cordes de la petite odtave, lefquelles
vont s’attacher aux fiches qui doivent paffer
entre les cordes de l’uniffon , qui font les deux
grandes cordes à l’iiniffon du clavecin.
Les deux rangs de cordes qui paffent fur le
grand chevalet, vont s’attacher aux chevilles de
deux autres rangs.
Rang fupérieur. o o o o o
Rang inférieur, o à o o o o o
Quatrième oElave.
Chacun de ces rangs a autant de chevilles qu’il
y a de touches au clavier.
Les chevilles font rangées fur deux lignes près
l’une de l’autre en cette forte : celles du rang inférieur
font celles du rang antérieur du clavecin,
& répondent aux touches diatoniques ; & celles
du rang fupérieur ou poftérienr du clavecin , répondent
aux touches chromatiques ou aux feintes ,
en cette manière.
ut re mi fa fo l la f i ut
o o o o o
0 0 0-0-0 0 0
o o o o o
0 0 0 0 0 - 0 0
0 0 0-0 0
o o o o o o o o
Troifième oElave. Seconde oElave. Première oElave.
Sautereaux.
Il y a dans le clavecin autant de fautereaux que
de cordes.
Le fautereau , ainfi nommé à faltando, parce
qu’il faute lorfqu’il exerce fes fonctions , eft une
petite règle de bois de poirier ou ,autre facile à
couper, large d’un dèmi-pouce, épaiffe feulement
d’une ligne , & longue autant qu’il convient ,
pl. X de lutherie, fig. A & fuivantes du bas de la
Planche. Cette petite règle a à fon extrémité fu-
périeure, une entaille A C , large d’une ligne &
demie, & longue environ d’un pouce : cette entaille,
dont la partie inférieure eft coupée en bifeau,
reçoit une petite pièce de bois blanc, que l’on appelle
languette ; cette pièce eft taillée en bifeau à
la partie inférieure : ce bifeau porte fur celui de
l ’entaille A C.
Lorfque la languette eft placée dans cette entaille,
on l’arrête par le moyen d’une cheville D ,
qui eft une petite épingle, laquelle traverfe le fautereau
& la languette qui doit fe mouvoir facilement
autour de cette cheville.
A la partie fupérieure de la languette eft un
petit trou o , fig. K , dans lequel paffe une plume
de corbeau o k taillée en pointe , & amincie autant
qu’il convient, pour qu’elle ne foit pas trop
roide : ce qui feroit rendre aux cordes un fon dé-
fagréable. Â la partie poftérieure des mêmes languettes
eft une entaille ou rainure , fuivant leur
longueur.
Cette entaille reçoit un reffort <?, fig. £ , qui eft
une foie de porc où de fanglier^ qui renvoie toujours
la languette entre les deux cô,tés de l’entaille
du fautereau, jufqu’à ce que le bifeau de celle-ci
porte fur le bifeau de celui-là.
Les fautereaux traverfent deux planches ou règles
de bois fort minces , percées chacune d’autant
de trous qu’il y a de fautereaux : ces trous
font en carré, & répondent perpendiculairement,
favoir, ceux des regiftres fur ceux du guide. *
Les fauteraux, après avoir traverfé le regiftre
& le guide, defeendent perpendiculairement fur
les queues des touches, qui font chacune une petite
bafcule.
Il fuit de cette conftruftion, que fi on abaiffe
avec le doigt une touche de clavier, elle hauffera
( à caufe qu’elles font en bafcules ) du côté de fa
queue, laquelle élevera le fautereau qui porte deffus.
Le fautereau en s’élevant, rencontrera , par la o
plume de fa languette , la corde qui eft tendue
yis-à-visfde lui; il l’écartera de Ibpétat de repo9<,
jufqu’à ce que la réfiftance de la corde excède la
roideur de la plume ; alors la corde furmontera
cette roideur, & fera fléchir la plume qui la laiffera
échapper : cette corde ainfi rendue à elle-même,
fera plufieurs ofcillations : ce qui produit le fon.
Si enfuite on lâche la touche, elle retombera
par fon propre poids ; le fautereau n’étant plus
foutenu, retombera aufli jufqu’à ce que la plume
touche la corde -en deffus ; alors, fi le poids du
fautereau excède la réfiftance que le reffort ou
foie de fanglier dont on a parlé eft capable de
faire, ainfi que cela doit toujours être, le faute-
terau continuera de defeendre , parce que le reffort,
en fléchiffant, laiffera affez éloigner la languette
de la corde , pour que fa plume puiffe
paffer.
Guide des Sautereaux.
Le guide des fauteraux eft une règle de bois
mince, & qui eft doublée de peau : cette règle
eft percée d’autant de trous que les regiftres, au
deffous defquels ils répondent perpendiculairement.
Le guide eft placé à environ trois pouces au défi-
fous des regiftres dans l’intérieur du clavecin, &
au deffus des queues des touches ; enforte que
lorfque les fautereaux] ont traverfé les regiftres &
le guide, ils tombent directement fur les queues
des touches.
Clavecin vertical, en italien cembalo verticale, en
latin clavicitherium, efpèce de clavecin que quel-.
ques-uns appellent mal-à-propos pantalon.
Le clavecin vertical n’eft autre chofe qu’un cia