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afin que le vaiffeau foit moins ro u lan t , qù’il forte
d a van ta g e, & qu’il fe rempliffe mieux ; alors le
phlébotomifte étant placé convenablement, fai-
gnera à un demi-pied de l’angle de la mâchoire
inférieure, il fera fon ouverture longitudinale ; il
doit éviter de piquer ces groffeurs qui paroiffent
difperfées comme des grains de chapelet ; ce font
autant de v a lvu le s , q u i , venant à être cou p ée s ,
ont quelquefois beaucoup de peine à reprendre ,
& font fouvent le principe de fiftules à la faignée
du col.
Lorfque la veine eft o u v e r te , on facilite la fortie
du fang par le mouvement des mâchoires, qu on
excite par différens moyens ; après la faignée on
prend une épingle , avec laquelle on perce les
bords de la peau au milieu de l’incifion; on prend
enfuite des crins dont on entortille l’ép in g le , en
formant un double noeud : on peut aufli ne pas
mettre d’épingle ; pour lo r s , avant que de faigner,
l ’opérateur fait tirer la peau du col vers le haut
ou vers le bas ; dès qu’on a tiré autant de fang
qu’il en eft befoin , on lâche la peau qui vient
recouvrir l’ouverture de la veine , & fert d’appareil.
Les faignées des ars & de la cuiffe fe font fans
préparation , fans lig a tu re, fans compreffion ; on
ferme l’ouverture de la veine a v ec une ép in g le ,
comme au col.
L e lieu où l’on ne faigne p a s , & où l’on de-
v ro it faigne r, & ‘ où on peut le faire fans lig a tu re,
c ’eft dans le bas du poitrail, dans la partie m oyenne
du bras antérieurement : ce font-là les ars & non
pas en dedans, à un demi - pied plus bas ou la
veine eft moins forte & apparente ; d’ailleurs 1 on
v o it fouvent des maréchaux b leffer les parties ten-
dineufes qui s’y trouvent.
La faignée de derrière doit fe faire de même
dans la partie la plus élevée de la cu iffe , dans
l ’endroit où elle commence à rentrer en dedans,
car plus bas l’on court les mêmes rifques que devant.
Barrer les veines d'un cheval.
C e f t une opération qui fe fait fur elles pour
arrêter le cours des mauvaifes humeurs qui s’y
jettent. O n couvre le cuir , on dégage la v e in e ,
on la lie deffus & de ffous, & on la coupe entre
les deux ligatures.
Qu oiqu e je fois perfuadé du peu d’effet de cette
opéra tion, je vais cependant la décrire , à caufe
qu’elle ne peut faire aucun mal, & qu’elle eft par
elle-même fort peu à craindre.
O n barre les veines des cuiffes pour les maux
de jambes & de jarrets ; aux paturons pour les
maux de fo ie ; aux larmiers & aux deux côtés du
c o u , pour ceux des y e u x : on peut encore barrer
en plufieurs endroits.
Dans toutes ces pa rties, excepté aux larmiers ,
on barre les veines de la manière que je vais en-
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fe ig n e r, après quoi j’ indiquerai la façon de pra-
tiquer la même opération fur les larmiers.
Qu and on v eu t barrer la veine de la cuiffe;
on abat le c h e v a l, enfuite on frotte bien avèc la
main les endroits où l’on veu t barrer, pour faire
pouffer la v e in e , c’e f t - à - d i r e , un peu au deffus
du jarret & vers le milieu de la jambe , ce qui j
s’appelle barrer haut 6* bas ; enfuite on fend la peau
en long dans ces deux endroits avec le biftouri ;
& ayant découvert la v e in e , on paffe par deffous j
la corne de chamois , avec laquelle on la détache
doucement , en allant & venant , de toutes les
petites fibres qui y font attachées : on la lie enfuite
aux deux endroits de deux noeuds, avec une foie .
en double , l’ayant fendue pour la faire faigner
après la première ligature, qui eft celle du jarret;
puis on la coupe en haut & en bas entre les deux
ligatures : au moyen de quoi la portion de veine
qui eft entre deux ne recevant plus de fang par
la fu ite , s’applatit & devient inutile.
Ce tte opération feroit bonne fi l’humeur qui I
incommode la p a rtie, n’y communiquoit que par I
cette branche de veine , ce qu’on ne fauroit ad- I
mettre lorfqu’on fait l’anatomie & le cours du I
fan g , puifqu’elle s’y rend par une infinité de ra- I
meaux.
O n ne barre point lorfque la partie eft enflée ; I
parce que l’enflure. refterpit indépendamment de
l’opération, & qu’on auroit quelquefois bien de la I
peine à trouver la veine.
Qu an d on barre les veines du cou , on le fait I
deux doigts au deffus de l’endroit où l’on faigne:
il n’y a qu’une circonftànce à omettre, qui elt de I
ne pas couper la veine entre les deux ligatures; I
car s’il arrivoit que la ligature d’en haut vînt à I
c o u le r , ce qui peut aifément fe faire par le mou- |
vement de la mâchoire du c h e v a l, celui-ci per-
droit tout fon fang. L’opération a c h e v é e , on rem-
plit la plaie de fel.
O n peut barrer les larmiers fans incifion : mettez
pour cet effet au cou la corde à faigner, les veines
s’enfleront ; paffez enfuite au travers de la peau j
fous la veine , une aiguille courbe enfilee dune
foie en double ; faites - la fortir de l’autre coté : I
ôtez l’aiguille & nouez la foie fe rm e , puis graillez
la pa rtie, elle enfle beaucoup ; mais l’enflure dit-
paroît au bout de neuf jours. L ’endoit fe pourrit,
la veine fe confolide , l’endroit où l’on a fait la
ligature tombe, & la veine fe trouve bouchée.
Solleyfel enfeigne à arracher la veine du jarret:
mais comme il avertit en même temps qu il y a
du rifque à courir , de la douleur & de 1 enflure
à e f fu y e r , il engage plutôt à n’y pas fonger qu a
répéter l’opération. . ;S ■ ( a
Le barrement de la veine eft très-bon pour oter
la difformité des varices ; car comme celles-ci ne
font occafionnées que par le gonflement de la veine
qui paffe par le jarret , on empêche le fang dƒ
co u le r , au moyen de quoi la varice s’applanit
ne paroît plus.
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Opération .de la cataratie.
L’opération de la cataraSle fe fait de fieu x manières
, fa v o ir , par abaiffement & par extradion ;
toutes les deux ont de grandes difficultés, & ne
peuvent s’exécuter qu’en jetant le cheval par terre.
La première fe fait en plongeant une petite aiguille
( de la forme de celles qui font à féton ) ,
dans la cornée opaque, vers le petit angle de l’oe il,
à deux ou trois lignes du ligament ciliaire : quand
on eft arrivé derrière le criftallin, on fend fa cap-
fule avec l’aiguille, pour lors il fort & on l’abaiffe
avec le plat de l’inftrument dans le fond de l’oe il,
derrière l’iris ; les mufcles rétràéleurs & l’enfoncement
du globe de l ’oe il, rendent cette opération
difficile.
La fécondé confifte à faire une incifion à la cornée
tranfparente , qu’il faut faire avec beaucoup
de légéreté & de dextérité, & être attentif à ne
point toucher l’iris ou l’uvée a v e c l’iriftrument ,
autrement il y furviendroit une forte inflammation.
-
Si le cheval retire trop fon oeil dans le fond de
l’orbite , & qu’on ne puiffe pas exécuter l’opération
, on introduira une fonde cannelée deffous
la cornée, & on fe fervira de çifeatfx : ceci fa it ,
on élève la cornée tranfparente, & l’on fait une
incifion tranfverfale à la membrane du criftallin,
puis on comprime légèrement la partie fupérieure
de l’oe il, afin de faciliter la fortie du criftallin ;
s’il eft du r, il fort facilement ; s’il eft m o u , on fe
fert d’une curette pour enlever ce qui peut réfifter
dans fa membrane : ori abaiffe alors la cornée ,
ce qui termine l’opération; on applique enfuite un
appareil convenable , qu’on ne lèv e qu’au bout de
! huit jours.
Il arriv.e fouvent qu’après l’opéra tion , même
bien faite, l’on eft obligé d’abandonner la c u r e ,
lorfque la contraction des mufcles rétràéleurs comprime
le globe de l’oe i l , & que l’humeur vitrée eft
forcée de s’écouler par l’ouverture : dans ce cas
loeil devient aride & fe deffèche; on peut prévenir
cet accident en fendant les falières & en coupant
tous les mufcles qui vont jufqu’au nerf optique.
Il furvient par cette incifion une grande hémorragie
, & la perte prefque totale de l’aélion de
fes mufcles ; il arrive même un appauvriffement
a 1 oeil par la feélion de nombre de vaiffeaux ; mais
en revanche le cheval ne perd point la vue.
, Cette opération de la cataraâe ne m’a jamais
teuffi qu’en me fervant de ce moyen ; ainfi toutes
les fois qu’on voudra employer la méthode de
1 extraélion, il faudra commencer par fendre les
«Hères.-'
Le trépan.
Le trépan eft une opération qui Ce pratique fur
es os du crân e, foit pour relever les pièces d ’os
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enfoncées , foit pour donner iffue aux matières
épanchées dans le cerveau.
Cette opération qu’on néglige communément,
eft pourtant très-néceffaire dans certains c a s , &
on en voit de très-bons effets : on s’apperçoit de
la léfion des os du crâne, par une tumeur inflammatoire
, qui ne manque pas. de fu rv en ir , par le
t a f t , les enfoncemens de ces os , par des inégalités
, des engourdiffemens, un fommeil continuel.
La fraélure des os de la tête , l’épanchement des
matières dans le c e rve au , produisent quelquefois
une inflammation de la membrane pituitaire, il y
furvient un ulcère qui dégénère en morve ; d ’autres
fois il fe forme des dépôts ou amas de pus
qui font périr le cheval.
Pour prévenir ces aecid ens, il faut trépaner ; -&
pour cela on doit d’abord s’affurer de la fra élure,
de fa fitu ation, & du lieu où l’on peut appliquer
la couronne du trépan , puis on jette le cheval
par te r re , & on procède à l’opération qui eft affez
co n n u e , ainfi nous ne la décrirons pas.
Si l’on fupçon noit, après l’opération , qu’ il y
eût du fang épanché , il faudroit faire une inci-
fion à la dure-mere, mais être attentif à ne cou per
aucune artère ; dans ce c a s , il n’arrive jamais
d’ac cident, & il eft rare qu’il faille y toucher.
La fraélure de l’os occipital eft très-rare ; j’en
ai cependant v u des exemples , & j’en ai même
guéri une : la fraélure de l’os occipital étoit comp
lè te , & dans fa partie fupérieure & poftérieure
à l’attache du ligament cervical.
Il arrive quelquefois que la fraélure fe trouve
fur les finus fron tau x, fur les os du nez ou fur
les finus maxillaires ; dans ce cas il faut appliquer
une très-rpetite couronne de trépan , afin qu’on
puiffe avec l’élévatoire , remettre les pièces en foncées
, dans leur fituation.
L ’opération du trépan eft d’autant plus nécef-
faire dans ce c a s , que le cheval devient glandé ,
que la membrane pituitaire s’enflamme, qu’il furvient
un u lc è re , & enfuite la morve.
La fraélure des os du crâne peut être compliq
u é e , c’eft-à-dire, que le cheval peut avoir reçu
un coup fur le f in u s ; 'la partie des frontaux que
recouvrent les lobes inférieurs du cerveau peut
être aufli fra éluré e, ainfi que la partie du même
os qui fe joint aux os du nez : il faut alors appliquer
deux couronnes de trépan ; l ’une fur les
pariétaux , & l’autre fur les f in u s , ou plus inférieurement
, fi la fraélure ne s’étend pas plus loin.
Opération pour la fiflule lacrymale.
La fiflule lacrymale s’annonce au grand angle
de l ’oe i l , par une tumeur phlegmoneufe q u i , en
s’abcédant, produit du pus qui s’écoule le long de
cette partie ; quelquefois il y a tumeur fans pus ,
avec une grande abondance de larmes.
Les points lacrymaux font engorgés ; mais poux
l’ordinaire il y a ulcère entre les paupiè res, à la