
par conféquent gâtée, ne peut fervir pour l’endroit
où elle avoit été deftinée.
Pierre en délit ou délit en joint, celle qui, dans un
cours d’aflifes, n’eft pas pofée fur fon lit de la même
manière qu’elle a été trouvée dans la carrière, mais
au contraire fur un de fes paremens. On diftingue
pierre en délit de délit en joint, en ce que l’un eft
lorfque la pierre étant pofée, le parement de lit fait
parement de face , & l’autÿe lorfque ce même parement
de lit fait parement de' joint.
De la pierre félon fes façons.
On entend par façons la première forme que
reçoit la pierre, lorfqu’elle fort de la carrière pour
arriver au chantier, ainfi que celle qu’on lui donne
par le fecours de l’appareil, félon la place qu’elle
doit occuper dans le bâtiment ; c’eft pourquoi on
appelle :
Pierre au binard, celle qui eft en un fi gros volume
& d’un fi grand poids, qu’elle ne peut être
tranfportée fur l’atelier par les charois ordinaires,
& qu’on eft obligé pour cet effet de tranfporter fur
un binard, efpèce de chariot tiré par plufieurs chevaux
atelés deux à deux , ainfi qu’on l’a pratiqué au
Louvre, pour des pierres de S. Leu, qui pefoient
depuis douze jufqu’à vingt - deux & vingt - trois
milliers, dont on a fait une partie des frontons.
Pierre d?échantillon , celle qui eft affujettie à une
mefure envoyée par l’appareilleur aux carrières ,
& à laquelle le carrier eft obligé de fe conformer
avant que de la livrer à l’entrepreneur ; au lieu que
toutes les autres, fans aucune mefure conftatée, fe
livrent à la voie, & ont un prix courant.
Pierre en debord, celle que les carriers, envoient
à l’atelier , fans être commandée.
Pierre velue, celle qui eft brute, telle qu’on l’a
amenée de fa carrière au chantier , & à laquelle
on n’a point encore travaillé.
Pierre bien faite, celle où il fe trouve fort peu
de déchet en l’écarriffant.
Pierre ébouftnée, celle dont on a ôté tout le tendre
ou le bouzin.
Pierre tranchée , celle où l’on a fait une tranchée
avec le marteau dans toute fa hauteur, à deffein
d’en couper.
Pierre débitée, celle qui eft fciée. La pierre dure
& la pierre tendre ne fe débitent point de ia même
manière. L’une fe débite à la foie fans dent, avec
de l’eau & du grès, comme le liais , la pierre
d’Arcueil, &c. ; & l’autre à la foie à dent, comme
le S. Leu, le tuf, la craie, &c.
Pierre de haut & bas appareil, celle qui porte plus
ou moins de hauteur de banc, après avoir été atteinte
jufqu’au vif.
Pierre en chantier, celle" qui fe trouve callée par
le tailleur de pierre, & difpofée pour être taillée.
Pierre efmillée, celle qui eft écarrie & taillée
groflièrement avec la pointe du marteau, pour être
employée dans les fondations , gros, murs, &c.
ainfi qu’on l’a pratiqué aux cinq premières aflifeÿ
des fondemens de la nouvelle églife Sainte Geneviève
, & à ceux des bâtimens de la place de
Louis XV.
Pierre hachée, celle dont les paremens font dreffés
avec la hache du marteau bretelé, pour être enfuite
layée ou ruftiquée.
Pierre layée, celle dont les paremens font travaillés
au marteau bretelé.
Pierre rufliquée , celle qui, ayant été écarrie &
hachée, eft piquée groflièrement avec la pointe du
marteau.
Pierre piquée, celle dont les paremens font piqués
avec la pointe du marteau.
Pierre ragréée au fer ou rifiée, celle qui a été paffée
au riflard.
Pierre traverfèe, celle dont, après avoir été bre-
telée, les trains des bretelures fe croifent.
Pierre polie, celle qui, étant dure, a reçu le poli
au grès, enforte qu’il ne paroît plus aucunes marques
de l’outil avec lequel on l’a travaillée.
Pierre taillée, celle qui, ayant été coupée, eft
taillée de nouveau avec déchet : on appelle encore
de ce nom celle qui, provenant d*une démolition,
a été taillée une fécondé fois , pour être derechef
mife en oeuvre.
Pierre faite, celle qui eft entièrement taillée, &
prête à être enlevée, pour être mife en place par
le pofeur.
Pierre nette, celle qui eft écarrie & atteinte juf*
qu’au vif.
Pierre retournée, celle dont les paremens oppofés
font d’équerre & parallèles entre eux.
Pierre louvée, celle qui a un trou méplat pour
recevoir la louve.
Pierre d'encoignure, celle qui, ayant deux pare-
meris d’équerre l’un à l’autre, fe trouve placée dans
l’angle de quelques avant ou arrière-corps.
Pierre pqrpeigne, de parpein pu faifant parpein j
celle qui traverfe l’épaifleur du mur, & fait parement
de deux côtés ; on l’appelle encore pamierejfe.
Pierre fujible , celle qui change de nature, & devient
trahfparente par le moyen du feu.
Pierre ftatuaire, celle qui, étant d’échantillon, eft
propre & deftinée pour faire une ftatue.
Pierre fichée , celle dont, l’intérieur du joint.eft
rempli de mortier clair ou de coulis..
Pierres jointoyées, celles dont l’extérieur dès joints
| eft bouché, & ragréé de mortier ferré ou de plâtre.
Pierres feintes, celles qui, pour faire l’ornement
d’un mur de face ou de terrafle, font féparées &
comparées en manière de bofi'age en liaifon, f°lt
en relief ou feulement marquées fur le mur parles
enduits ou crépis.
Pierres à bojfages ou de refend, celles qui, étant
pofées, repréfentent la hauteur égale des affifes, dont
les joints font refendus de différentes manières.
Pierres artificielles , toutes efoèces de Briques,
tuiles , carreaux , &c. pétries & moulées, cuites
ou crues. n
De la pierre félon fes ufages“.
On appelle première pierre, celle qui, avant que :
d’élever un mur de fondation d’un édifice , eft
deftinée à renfermer dans une cavité d’iine certaine ■
profondeur, quelques médailles d’or ou d’argent, !
frappées relativement à la deftination du monu- ;
ment, & une table de bronze, fur laquelle font -
gravées les armes de celui par les ordres duquel ;
on conftruit l’édifice..
Cette cérémonie , qui fe fait avec plus ou moins
de magnificence, félon la dignité de la perfonne,
ne s’obferve cependant que dans les édifices royaux
& publics, & non dans les bâtimens particuliers.
Cet ufage exiftoit du temps des Grecs , & c’eft
par ce moyen qu’on a pu apprendre les époques
de l’édification de leurs monumens, qui, fans cette
précaution, feroit tombée dans l’oubli, par la def-
tru&ion de leurs bâtimens, dans les différentes révolutions
qui font furvenues.
Dernière pierre, celle qui fe place fur l’une des
faces d’un édifice, & fur laquelle on grave des inf-
criptions., qui apprennent à la poftérité le motif de
fon édification, ainfi qu’on l’a pratiqué aux piédef-
taux des places Royale, des Victoires, de Vendôme
à Paris, & aux fontaines publiques, portes faint
Martin, faint Denis, &c.
Pierre percée, celle qui eft faite en dalle , & qui
fe pofe fur le pavé d’une cour, remife ou écurie ,
ou qui s’encaftre dans un châflis aufli de pierre,
| foit pour donner de l’air ou du jour à une cav e,.
ou fur un puifard , pour donner paffage aux eaux
pluviales d’une ou de plufieurs cours.
Pierre à châffis, celle qui a une couverture circulaire
, carrée ou rectangulaire, de quelque grandeur
que ce foit, avec feuillure- ou fans feuillure,
[ pour recevoir une grille de fer maillée ou non maïl-
[ lée, percée ou non percée, & fervir de fermeture
à un regard, foffe d’aifance , &c.
Pierre à évier, du latin emijfarium, celle qui eft
creufe, & que l’on place à rez-de-chauffée ou à
hauteur d’appui, dans un lavoir ou une cuifine ,
pour faire écouler les eaux dans les dehors. On ap-
I pelle encore de ce nom une efpèce de canal long &
étroit, qui fort d’égoût dans une cour ou allée de
maifon.
Pierre à laver, celle qui forme une efpèce d’auge
plate, & qui fort dans une cuifine pour laver la
; vaiffelle.
Pierre perdue, celle que l’on jette dans quelques
fleuves, rivières , lacs, ou dans la mer, pour fonder
, & que l’on met pour cela dans des caiffons ,
lorfque la profondeur .ou la qualité du terrain ne
permet pas d’y enfoncer des pieux. On appelle aufli
de ce nom celles qui font jetées à baies de mortier
dans la maçonnerie de blocage. N
Pierres incertaines ou irrégulières, celles que l’on
emploie au fortir delà carrière, & dont les angles
& les pans font inégaux : les anciens s’en fervoient
Arts & Métiers. Tome IV. Partie /.
pour paver ; les ouvriers la nomment de pratique ,
parce qu’ils la font fervir fans y travailler.
Pierre jeâlices -, celles qui fe peuvent pofer à la
main dans toutes fortes de conftruélions, & pour le
tranfport defquelles on n’eft pas obligé de fe fervir
de machines.
Pierres d'attente, celles qu’on a laiffées en bof-
fage, pour y recevoir des ornemens ou inforiptions
taillées, ou gravées en place. On appelle encore
de ce nom celles qui, lors de la conftru&ion, ont
été laiffées en harpes ou arrachement, pour attendre
celles du mur voifin.
Pierres de rapport, celles qui étant de différentes
couleurs, fervent pour les compartimens de pavés,
mofaïques, & autres ouvrages de cette efpèce.
Pierres précieufes, toutes pierres rares , comme
l’agate, le lapis, l’aventurine & autres, dont on
enrichit les ouvrages en marbre & en marquetterie,
tels qu’on en voit dans l’églife des Carmélites de la
ville de L y on , où le tabernacle eft compofé de
marbre & de pierres précieufes, & dont les orne- 1
mens font dè bronze.
Pierre fpéculaire, celle qui chez les anciens étoit
tranfparente, comme le talc qui fe débitoit par
feuillet, & qui leur fervoit de vitres ; la meilleure ,
félon Pline , venoit d’Efpagne. Martial en fait mention
dans fes épigrammes, livre II.
Pierres militaires, celles qui, en forme de focle ou
de borne chez les Romains, étoient placées fur les
grands chemins, & èfpacées de mille en mille, pour
marquer la diftance des villes de l’Empire, . oc fe
comptoient depuis la milliaire dorée de Rome , tel
que nous l’ont appris les hiftoriens par les mots de
primus, fecundus, ter tins, &c. ab urbe lapis' ; cet ufage
exifte encore maintenant dans toute la Chine.
• Pierres noires, celles dont fe fervent les ouvriers
dans le bâtiment pour tracer fur la pierre : la plus
tendre fort pour defiiner fur le papier.
On appelle encore pierre blanche ou craie, celle
qui eft employée aux mêmes ufages : la meilleure
vient de Champagne.
Pierre d'appui ou feulement appui, celle qui, étant
placée dans le tableau inférieur d’une croifée, fort
à s’appuyer.
Auge, du latin lavatrina, une pierre placée dans
des baffes-cours, pour fervir d’abreuvoir aux animaux
d’omeftiques.
Seuil, du latin limen, celle qui eft pofée au rez-
de-chauffée , dont la longueur traverfe la porte, &
qui, formant une efpèce de feuillure, fort de battement
à la traverfe inférieure du châflis de la porte
de menuiferie.
Borne, celle qui a ordinairement la forme d’un
cône de deux ou trois pieds de hauteur, tronqué
dans fon fommet, & qui fe place dans l’angle d’un
pavillon, d’un avant-corps, ou dans celui d’un
piédroit de porte cochère ou de remife , ou le long
d’un mur, pour en éloigner les voitures & empêcher
que les moyeux ne les écorchent & ne les
faflent éclater..
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