
Cet infiniment fe fait avec l’ivoire , le b uis , I pafon ne fuit ni celui des cordes , m celui de
le prunier, l’ébène, & autres bois durs. Son dia- | tuyaux de 1 orgue.
Voici f a Tablature & fo n étendue communeL
D’où l’on voit que l’étendue de cet infiniment
eft d’une quinzième. Les maîtres montrent d’abord
à jouer en G ré fo l tierce majeure, enfuite
en G ré fo l tierce mineure*
Il faut boucher les trous exaélement, quand on
veut faire les tons naturels , & ne les boûcher
qu’à demi, pour faire les femi-tons chromatiques ;
car on peut exécuter vingt-huit femi-tons de fuite
fur le flageolet. _
Si l’on veut faire le ton plus grave, i l faut boucher
les fix trous & celui de la patte à demi.
Il y a peu d’inftrumens à vent qui demandent
autant de légèreté de doigts , & une haleine plus
habilement ménagée : aufli e ft- il très-fatiguant
pour la poitrine.
On peut faire, par le feul ménagement de 1 a ir,
les fons, ut, ré, mi, fa , fo l, ta , tous les trous
étant bouchés , même celui de la patte , quon
p e u td a n s cette expérience , . biffer ouvert ou
bouché r il faut commencer d’une haleine très-
foible ; ces fons font très-foibles & très-difficiles
à fonner jufte.
En bouchant plus ou- moins la patte d’un flageolet
de quatre pouces Sc cinq lignes -„de long ,
on fait monter ou defcendre rinftrumeht d une
tierce majeure, quoiqu’on ne fe ferve ordinairement
de ce trou que pour le fend-ton.. Ce phénomène
ne réuftit pas fur tous. d
Il eft difficile d’empêcher cet infiniment d’aller
à l’ochve & de tenir à fon ton, malgré toute la
foibleffe de l’baleine ,, fur - tout lorfqu’il n’a que
trois ou quatre pouces de long ;. & quand il oc-
tavie les trous étant bouchésfouvent il redèfcend
à fon ton naturel-, en ouvrant tous les trous g
au lieu de continuer fes fons à l’oélaVé en haut :
ainfi, il o&avie beaucoup plus aifément les trous
"bouchés que débouchés. D ’ou il arrive qu on lui
donne plus aifement fon ton naturel en ouvrant
le demi-trou, qu’en le fermant: -
Il faut favoir que le fixiènie trou ne doit être
qu’à demi- ouvert,. & non tout débouché 1 pourdonner
les tons qui paffent à l’oftave naturelle de
l’inflrument. -
Il y a de très-belles indii&ions à tirer de ces
différens phénomènes , pour la théorie générale
des fons des inftrumens à vent : iis Suggéreront
aufli à l’homme 'intelligent beaucoup d’expériences
curieufes , dont une des plus importantes feroit de
voir fi un infiniment de même conftruâion & de
même longueur qu’un flageolet, mais de différente
capacité ou différent diamètre , oélavieroit aufli.
facilement : je n’en crois rien. Je fuis preiqus sur
qu’en général, moins un inftrument à vent aura
de diamètre, plus il oflaviera facilement.
Lofquun inftrument à vent a très-peu. de diamètre,
la colonne d’air qu’il contient ne peut
prefque ofciller fans fe divifer en deux : airift le
mo indre fouffle )e fait offavkr..
Cette caufe en- fera aufli une d’irrégularité, dans
la dîftance dont on percera les trous r & un phénomène
en ce genre étant donne., il ne feroit
pas impoffib'.e de trouver là loi de cette irrégularité
pour des inftrumens d’une capacité beaucoup-
moindre , depuis celui- dont la longueur efl ft
grande & l’a capacité fi petite , qu’il ne réïonne.
plus, jufqu’ï tel autre inftrument poflïble où l'irrégularité
de la diftance des trous cefie.
Mais le phénomène nècefiaire pour la folution
- dit problème, le flageolet le donne. On fait que-
’ fur cet inftrument, fi la diftance' des trous fuivoit
la proportion des tons il faudroit que le qua—
; trième trou fût feulement d’une huitième partie
* plus éloigné de la lumière que le cinquième trou ;
cependant il en.- eft plus éloigné d’une quatrième.
- partie , quoiqu’il ne fade defcendre le flageolet j.que d’un ton : il en- eft de même dû. troifoeme:
trou relativement au quatrième. liés trous trois ,,
deux, un ,. fuivent un peu mieux la loi des dia—
’ pafons des cordes & des autres inftrumens à venrÏ1
n-y a guère que la théorie ou les inftrumens-
à vent font comparés avec les inftrumens a cordes,,
. & où- l’on- regarde dans les premiers la longueur*
de ljinftfument à vent comme la longueur de la
corde ; la groffeur de la colonne d’air contenu
dans l’inftrument à vent , comme la groffeur de
la corde; le poids de l’atmofphère au bout de
1 inftrument à v en t, comme le poids tendant la
corde ; l’inflation de l’inftrument à v en t, comme
la force pulfante de la corde; l’ofcillation de la
colonne d’air dans la capacité de l’inflrument à
v ent, comme l’ofcillation de la corde ; les divi-
fions de cette colonne par les trous , comme les
divifiotfs de la corde par les doigts : il n’y a guère
que cette théorie,. dis-je, qui puiffe expliquer lés
bizarreries du flageolet, & en annoncer d’autres
dans d’autres inftrumens poffibles.
Ffre. -
Inftrument à vent , de la nature des petites
flûtes ; il y en a de deux efpèces, l’une qui s’embouche
comme la flûte allemande, & l’autre qui
eft à bec. Voyez ces deux fifres figures 2 & 3 ,
jpl• VIII & IX des Infirumens de Mufique, tome 3
des gravures.
Le fifre s’accompagne ordinairement du tambour.
Son étendue commune n’eft que d’une quinzième.
Il eft percé de fix trous, fans compter celui
du bout ni celui de l’embouchure.
Son canal eft court & étroit , & fes fons vifs
& éclatans : voici fa tablature.
Pour faire bien parler cet infiniment, Il faut
que la langue & la levre agiffent de concert ; c’eût
ce mouvement compofç qui articule les fons.
Lé fifre eft une efpèce de flûte qui fert au bruit
militaire, & qui rend un fon fort aigu : il y en
avoit autrefois dans toutes les compagnies d infanterie
; mais- il n’y en a prefque plus aujour-
dhui que dans les compagnies de Suiffes : ce font
eux qui ont apporté cet Inftrument en France
il a été mis en ufage dès le temps de François I
après la bataille de Mar.ignan.
, depuis quelque temps, dans les mufiques des
régi mens ^ on a fubftitué la petite flûte au fifre ,
parce qu ayant une c lé , elle eft moins fujette à
etre fauffe que le fifre qui n’en, a point..
Flûte douce ou à bec.
Il y a deux efpèces de flûtes ; favoir, les flûtes
douces ou à bec, & les flûtes traverfieres.
Les flûtes douces repréfentées fig» £3., 24 > 3J
& 26, pl. VIII & IX des Infirumens de Mufique,
tome 3 des gravures , font compofees de trois
parties.
La première marquée A dans la.planche, &
qu’on appelle la tête, eft percée.d’un trou, ainfi
que les autres parties , dans toute fa longueur :
ce trou qui eft rond , va en diminuant vers la
partie B , qu’on appelle le pied ; enforte qu il
n’a vers l’extrémité B , que la moitié du diamètre
de l’ouverture A : on perce ces trous avec des
perces, qui font des efpèces de tarrières pointues.
Après que chaque morceau eft perforé dans
toute fa longueur, & que le trou eft agrandi autant
qu’il convient, on enfile dedans un mandrin
cylindrique, par le moyen duquel on monte les
pièces de la flûte fur le tour à deux pointes , pour
les arrondir extérieurement & les orner de moulures.
Quelques faéleurs fe fervent, pour la même
opération, du tour à lunette.
On conferve en tournant la pièce du milieu ,
fig. 2 f , qu’on appelle le corps de ménagé, deux
parties a , b-, d’un moindre diamètre, pour qu elles
èntrent dans les trous D 'E , fig- 23 , d’un plus grand
diamètrë que le trou intérieur, qui font pratiquées
dans les groffeurs ou renftemens D E , qu’on appelle
noix,
A la partie fupérieur de la pièce A , fig- 23, eft
un trou carré qu’on appelle bouche : ce trou carre
eft évidé, enforte qu’il telle une languette , lèvre
ou bifeau , dont la tête fe préfente vis-à-vis de
l’ouverture appelée lumièrev
Cette lumière eft l’ouverture ou le vide que
laiffe le bouchon , avec lequel on ferme l’ouverture
fupérieure de la flûte ; ce bouchon n’eft point entièrement
cylindrique , comme il faudroit qu il
fû t, pour ferrer exaélement le tuyau ;. mais apres
avoir été fait cylindrique, on en a otè une tranche
fur toute fa longueur , enforte que la bafe
du bouchon eft un grand fegment de cercle : la
partie fupérieure du bouchon & de la flûte, eft
en bifeau du côté oppofé à la lumière. Ce bifeau ,
que l’on fait pour que l’on puiffe mettre la flûte
entre les lèvres, doit être tourne vers le menton
-de celui qui joue. ,
Pour joiier de cet inftrument , il faut^ tenir la
flûte droite devant foi ; placer le bout d en haut
A , fig. 23, entre les lèvres , le moins avant que
l’on pourra, & là tenir enforte que le bout d en
bas ou la patte B , foit éloignée du corps d environ
un pied : il ne faut point lever les coudes , mais
les laiffer tomber négligemment près du corps.
On pourra pofer la main gauche en haut, &
la droite en bas de l’inftrument, enforte que le
pouce de la main gauche bouche le trou de def-
1 fous la flûte marqué I , fig* 23, & les doigts indi