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Quelquefois ce mal arrive à la fuite d’un coup
fur la cornée tranfparente : l’humeur aqueufe s’é-
paiffit, féjourne , devient â c re , & corrode l’uvée.
Dans ce c a s , on donnera un coup de lancette
dans la chambre antérieure pour ouvrir une iffue
à la matière épaiffe.
La paupière fupérieure peut être relâchée par
coups ou paralyfie. Dans ce dernier c a s , il faut
couper la paupière , enforte qu’on voie la pupille
, & que les rayons de lumière puiffent y pénétrer.
La même chofe arrive au cartilage onglée ; les
remèdes font auffi les mêmes.
Les paupières fe joignent rarement fans pouvoir
être féparées ; ainfi il fuffit dans ce cas de les baf-
finer avec de l’eau tiède.
La cataraôe eft une opacité plus ou moins grande
du cryftallin , qui eft tantôt b lanche, tantôt jaune.
Il eft aifé de reconnoître cette maladie : en examinant
le cheval en face à la fortie d’une écurie ,
l ’on voit un corps plus ou moins blanc., que l’on
appelle dragon.
C e mal eft prefque toujours incurable, non-feulement
à caufe de la difficulté de l’opération , mais
même à- caufe des fréquentes contrarions du mufcle
rétraâeur.
Plaie de langue.
Rien n’eft plus commun que de voir dés chevaux
a voir la langue coupée, par la longe que l’on met
dans leur bouche pour les faire troter , & avec
laquelle on les attache à un autre cheval ou derrière
une voiture.
L e mal eft prefque toujours curable , quand
même l'a langue feroit coupée au trois q u a r ts , à
moins qu’elle ne le fût en deffous, car là fe trouvent
les principaux vaiffeaux : s’ils étoient coupés,
il faudrait néceffairement faire la fe â ion de la
lan gu e , pour éviter la gangrène qui y furviendroit.
Ce tte {e&ion ne feroit pas dangereufe : il refteroit
toujours affez de langue à l’animal pour promener
les alimens fur l’un & l’autre côté des dents mâ-
chelières.
Barres*
O n appelle barres cet efpace uni & dénué de
dents qui fe trouve entre les dents mâchelières &
les crochets ; c’eft fur cet endroit que porte le mors
de ,1a bride ; c’eft la forte impreffion de ce mors
qui y produit du mal. Pour remédier à la bleffure
légère des barres, on met dans la bouche du chev
a l un billot, enveloppé d’un lin g e , qu’on couvre
de miel d’heure en heure ; fi l’os eft carié , il faut
emporter la carie.
Quoique la plaie foit gu é r ie , on ne mettra pendan
t'que lqu e temps dans la bouche du ch eval,
qu’un billot de fapin & fans gourmette, & on ne
lui mettra wfi mors de fer que quand* il fe fera
formé une pellicule dure & capable de rèfifter.
M A K
Mal du col.
Il furvient fouvent au col des tumeurs produites-
par la morfure des ch e v au x, le collier ou quel-
qu’autre caufe.
Si , au bout de quatre à- cinq-, jou r s , l’enflure
ne diminue pas par les remèdes ordinaires, il fe
forme au milieu de cette groffeur un cor qu’il
faut détacher : fi au- bout de dix ou douze jours
la plaie fournit de la matiè re, il y a à craindre
que le ligament ne foit endommagé ; dans ce cas,,
il faut fonder ; & fi l’on trouve du fond, fendre
la peau pour donner iffue. à la matière enlever
ce qu’il y a de gâté.
Mal de- garot'.-
O n appelle mal de garot toute tumeur ou ulcéré-
qui fe trouve fur la. partie de ce nom : pour 1 ordinaire
la maladie commence par un gonflement
femblable à la taupe , qui tient du phlegmon ou
de l’oedème ; il faut traiter la tumeur félon
l’efpèce dont elle eft : fi au bout d‘e deux jours elle
ne diminue p a s , on doit faire une petite incifioir
pour donner iffue à l’eau qur y eft contenue.
Q u a n d , #près quinze ou vingt jours , la plaie
fournit beaucoup de matière , il y a lieu de croire
que le ligament eft g âté; il faut alors ^débrider la
p la ie , aller jufqu’au foy er du m a l, & ôter ce quil
y a d’attaqué : fouvent même le mal a gagne la
partie fupérieure des apophyfes épineufes des vertèbres
du dos , q u i , pour l’ordinaire, font carti-
lagineufes; dans ce ca s , il faut couper tout ee qui
eft g â té , ^’eft-à-dire, tout le cartilage , & penetrer
jufqu’à l’os , parce qu’il ne fe fait d exfoliation que
dans la partie offeufe.
Cor*
La Celle ou le bât qui portent principalement fur
la partie latérale des cô te s , y font une compte-
fion forte qui meurtrit fouvent le d o s , & y produit
une tumeur inflammatoire appelée cor; dès quon
s’en ap perçoit, il faut en procurer la réfolution
par les remèdes appropriés ; fi elle ne fe fait pas»
la tumeur fe termine par fuppuration ou par induration
, c’eft-à-dire, par une durete nomnaee cor,
lequel eft indolent & demeure dans cet état, tant
qu’on l’entretient dans une certaine foupleîîe.
Sr on continue à le comprimer avec la felle ou
te b â t , il fe forme dans la peau une couenne noirâtre
, qui n’eft autre chofe qu’une efeare gangro
neufe : fouvent la fuppuration s’établit d elle-meine»
& l ’efcare tombe ; mais fi elle tarde tro o à let
il faut emporter-cette efeare avec le bijtbun ,
peur que 1e pus ne creufe & ne carie tes os,
ne pénètre dans la poitrine : on trouve que qu
fois des côtes caffées au deffous de la plaie, qui »
dan,s ce c a s , doit être traitée avec beaucoup
ménagement ; il faut laiffer repofer 1e cheval ? a
de donner l e temps aux deux extrémités des côtes
de fe reprendre & aux calus de fe former.
Si au bout de quinze ou vingt jours la plaie
fournit encore beaucoup de matière fanieufe, on
doit croire que quelque obftacle s’oppofe à la formation
du calus , & même qu’ il y a carte ; dans
ce cas , il faut faire une ouverture , mettre l’os
à découvert, & procurer l’exfoliation par tes re mèdes.
appropriés.
Mal de rognon.
On appelle mal de rognon toute tumeur ou plaie
.qui attaque les vertèbres des lombes, depuis l’endroit
de 1& felte jufqu’au haut de la croupe : la f e lle ,
un porte-manteau, & tout corps dur occafionne
cette maladie, qui eft la même que cellç du g aro t,
.parce que tes parties qui fe trouvent attaquées
font les mêmes ; c’eft pourquoi la cure n’en eft
.pas différente : tout cheval bleffé dans cette partie,
fur les côtés ou fur 1e g a ro t , l’eft toujours par la
faute du cavalier qui l’a monté, ou du palefrenier
qui l’a bâté, fi c’eft un cheval de bât.
Avuant-coeur & tumeur à Vaine.
Au deffus du fternum , dans la facette mêm e,
ou entre la pointe de l’épaule & 1e poitrail , il
furvient fouvent une tumeur confidérable, qu’on
nomme avant-coeur, que bien des perfonneS regardent
comme mortelle, ce qui eft cependant très-
rare.
Cette tumeur gêne 1e mpuvement de l’épaule
fur le thorax ; elle s’abcède réellement d’elle-même,
& forme pour l’ordinaire un kifte ; il faut quelquefois
attendre quatre à ciiiq mois pour qu’elle arrive
au moment de maturité qui indique l’opération,
qui fe fait en fendant la peau dans toute la
longueur de la tumeur de bas en haut’ : on dégage
enfuite les bords de cette peau q u i, dans tous tes
cas -, doit être ménagée ; puis on coupe une portion
de la tumeur en côte de melon , laquelle eft
une partie du mufcle commun ; on parvient au
centre du m a l, puis on vide 1e pus contenu dans
•le fac,.
La méthode d’ouvrir la tumeur a v ec différentes
pointes de feu , ne vaut rien ; par - là on retarde
la guérifon qui n’eft pas rad ica le, car 1e fac du
kifte n’eft pas enlevé.
S’il arrivoit que la tumeur fût skirrheufe , il faudroit
l’emporter entièrement , elle ne peut être
guérie par une autre voie : cette opération eft un
peu délicate, fu-tout quand le skirrhe eft volumineux
, & qu’il fe trouve collé à la carotide : l’o - .
pérateur doit s’attendre à la feétion d’une forte
branche qui part de l’axillaire, &. qui donne beaucoup
de fang , mais cette hémorragie ne doit point
1 inquiéter : le lycoperdon ou une pointe de feu
appliquée fur 1e vaiffe au , fuffit pour arrêter 1e fang.
Les chevaux de trait auxquels on met des colliers,
font plus fujets à cette maladie que tes autres.
Il vient au fil au cheval une groffe tumeur dou“
loureufe au haut de la cuiffe en dedans , à fendrai*
où elle fe joint au bas-ventre, c’eft-à-dire , à Vaine.
C e mal eft aufii dangereux que 1e précédent ; car
il eft produit par tes mêmes caufes , la fièvre s’allume
avec autant de violence , & 1e cheval peut
en mourir en vingt-quatre heures, s’il n’eft promptement
faigné.
Comme ces maux ont tes mêmes fymptômes ,
ils doivent fe guérir par tes mêmes remèdes. Le
plus preffé eft de diminuer promptement 1e volume
du fang pour appaifer la fièvre & la douteur ; il
faut faigner 1e cheval du cou pour la tumeur à
l ’a in e , lui donner beaucoup de lavemens émoi-
liens , & lui faire garder un régime très - exa6t:
on graiffera en même temps la tumeur avec du
fuppuratif; & fi l’on vo it qu’elle vienne à fuppuration
, on la percera avec un bouton de feu pour
en faire écouter la matière.
Quelques jours après que la fièvre aura ceffé , il
fera bon de faire prendre au cheval un breuvage
compofé d’une once de thériaque & d’une once
d’affa-foetida.
Anthrax, Mufaraigne ou Mufette.
L ’anthrax, mufaraigne ou mufette eft une maladie
qui fe manifefte par une petite tumeur à la partie
fupérieure & interne de la cuiffe ; elle furvient
fubitement & fait boiter 1e cheval : elle eft accompagnée
de dégoût , de trifteffe , de friffons , de
f iè v r e , de difficulté de refpirer , & la mort fuit
de près fi l’on ne fe hâte d’y remédier.
L ’anthrax eft un dépôt critique , formé à la fuite
d’une fièvre inflammatoire, & produit par une humeur
âcre & corrofive ; tes vaiffeaux lymphatiques
font engorgés & gros comme des plumes à écrire ;
tes cellules du tiffu cellulaire font remplies d’une
lymphe noirâtre., coagulée & corrompue : cette
maladie ne vient point de la morfure de la mufaraigne
, ainfi qu’on l’a cru pendant long-temps.
D è s qu’on s’apperçoit de ce m al, il faut coucher
1e cheval par terre , fendre la peau fuivant la
longueur de la tumeur , & enfoncer 1e biftourï
jufqu’au m u fc le , pour dégorger tes v a iffe au x, &
donner une iffue libre à la lymphe qui y eft contenue.
Il peut fe faire qu’en opérant on coupe la veine
crurale externe qui rampeau deffous de la peau,
parce qü’ôn ne iauroit guère la voir ni la fentir,
à caufe de l’inflammation.
Il eft encore poffible qu’on ouvre quelque artère
; dans ce cas on applique à l’ouverture de
l’artère ou dé la veine , de la poudre de lycoperdon
, qu’on y tient avec la main pendant quinze
ou trente minutes au moins , ce qui fuffit pour
arrêter 1e fang.
- Je ne parte point des remèdes qu’on emploie
après ces opérations , ce font ceux qui font appropriés
aux u lcères & aux plaies en général, & qu’il
| eft facile d’imaginer.
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