
qui fuivent la deffolure , demandent Couvent que I
l ’on répète la même opération ; au lieu que les
chevaux traités félon notre méthode, font guéris
fans aucun retour.
Si l ’on eft furpris de la différence que nous
mettons entre ces deux pratiques ; fi l’on révoque
en doute notre expérience, notre témoignage &
la notoriété publique, qui en eft garante , on fe
rendra du moins à la force de l ’évidence , & nous
croyons pouvoir nommer ainfi la preuve qui ré-
fulte de la feule comparaifon des deux traitemens.
Nous fuppofons, pour ab ré g er , que l’on con-
noît la compofition anatomique du pied du cheval.
Nous rappellerons feulement que le pied du cheval
eft compofé de ch air, de vaiffeaux(anguins, lym phatiques
& n erv eu x, de tendons , de ligamens ,
de cartilages & d’o s , de l’apon évrofe, du périoffe,
& de la corne qui renferme toutes ces parties ,
la plupart fufceptibles d’irritation de corruption,
& de douleur à la moindre atteinte qu’elles re ço iv
en t de quelque corps étranger ; combien à plus
forte raifon doivent-elles être affeâées par le clou
de r u e , quand le cas eft g r a v e , & combien plus
par la deilblure ? c’eft bien alors qu’on peut dire
que le remède eft pire que le mal.
V o ic i le contrafte qui réfulte de la deffolure
appliquée au clou de ru e , & la démonftration que
nous avons promife du danger de cette méthode :
après la deffolure, les -règles de l ’art nous prefcri-
vent fix jours au moins avant de lever l’ap pareil,
pour donner le temps à la nature de faire la régénération
de la foie unie & bien conformée ; les
mêmes règles de l’art nous prefcrivent de lever
tous les jours l’appareil du clou de ru e , pour pro- !
curer l’évaporation du pus , & prévenir la corruption
des parties faines & affeâées.
Si l’on fuit les règles de l’art à l’égard de la
deffoulure, la plaie du clou de rue eft négligée ;
la matière, par fon féjour , ne manque point de
s’enflammer & de produire des engorgemens, &
quelquefois des abcès qui corrodent , tantôt les
tendons , tantôt l’aponévrofe, tantôt le périofte,
quelquefois l’os & la capfule qui laiffe échapper
la fyn o vie ; quelquefois même en fin , elle fe traie
des routes vers la couronne, d’où fuit un délabrement
dans le p ie d , un deffèchement, une difformité
dans le fa b o t , qui rendent le plus fou v en t ,
comme nous l’avons d i t , l’animal inutile.
S i , au contraire , on fuit les règles de l’art à
l’égard du clou de r u e , on panfe la plaie toutes
lés vingt-quatre heures ; mais en ôtant l’appareil,
il arrive dans la partie déchirée par la deffolure
une hémorrhagie qui dérobe au maréchal l’état de
la p la ie , elle l’empêche d’en obferver les accidens
& les progrès ; l’inflammation redouble par les nouvelles
fecouffes & çomprelfions que reçoivent les
parties affeâées , la foie furmonte par l’inégalité
des comprenions , la plaie s’irrite , la fièvre fur-
v ie n t , les liqueurs s’aigriffent, enfin à chaque panfement
l'un aggrave la maladie au lieu de la ma;
dérer.
Il s’enfuit qu’on ne peut traiter la plaie du clou
de rue comme elle doit l’ê t re , fans manquer a ce
qu’exige le traitement de la deffolure , ou qu’on
ne peut traiter la deffolure comme elle doit l’être,
fans manquer à ce qu’exige le traitement du clou
de rue ; ce qui démontre le danger dune méthode
qui complique deux maladies dont les panfemens
font» incompatibles.
Cure du clou de rue fimple.
Le clou de rue eft plus ou moins difficile à gué; j
rir , félon la partie que cette bleffure a affeélce 3
il y en a de fuperficielles qui n’intéreffent que la ;
fubftance des chairs , foit à la fourchette, foit a
la foie ; quoiqu’elles fourniffent beaucoup de fang, j
elles fe guériffent facilement en y procurant une
prompte réunion par le fecours de quelques huiles,
baumes, onguens , vulnéra ires, & même en y fon-
(tant du fu if , de la cire à cacheter, ou de l’huile
bouillante , ou quelque liqueur fpiritueule, & le
plus fouvent elles fe guériffent d’elles-memes lans
aucun médicament : c’eft de cette facilite de gue-
rifon, que beaucoup de gens fe croient en poflemon I
d’un remède fpécifique à cet accident ; dans tous I
les casais le croient merveilleux, & le foutiennent
tel avec d’autant plus de confiance, qu ils 1 ont vu I
éprouver ou qu’ ils l’ont éprouvé eux-mêmes avec
fuccès ; ils ne font pas obligés de favoir que 1 accident
que ce remède a guéri > fe feroit guéri lans
remède.
Cure pour le clou de rue grave & complique»
i° . L e jour qu’on a fait l’extraâion du corps
étranger, on doit déferrer le pied boiteu x, le bien
pa re r, amincir la fo ie , fondre dans le trou de a
piqûre ( fan s y faire aucune incifion ) quelques
médicamens propres à prévenir ou calmer les accidens
qui doivent fuivre le genre de bleffure, «
mettre une emmieilure dans le pied , après avoir
rattaché le fer.
2°. D eu x ou trois jours après que l’accident efl j
arrivé , temps auquel la fuppuration eft établie,
on doit faire une ouverture à l’endroit du clou
de r u e , & enlever fimplement de la corne (fans
i faire venir du fang ) une partie proportionnée a
la gravité du mal ; cette ouverture doit être faite
& conduite avec beaucoup d’adreffe & d’intelligence
, pour éviter les accidens qu’un inftrumen
mal conduit ou des remèdes mal appliques pe^
vent caufer dans une partie auffi délicate & au 1
compofée , & c’eft de qudi mille exemples nous
ont appris à ne pas nous rendre garans.
Les remèdes que l’on peut employer avec le
plus de fruit au traitement du clou de rue compliqué
, font l’huile rouge de térébenthine dulcifiée,
que l’on doit faire un peu chauffer, le baume du £ leime.
Pérou ou de C op ah u , l’un ou l’autre de ces mé-
èicamens mêlé a vec de l’h u ile , des jaunes d’oeufs ;
on trempe dans l’un de ces remèdes des pluma-
ceaux mollement faits , que l’on introduit dans
l’ouverture ; on met une écliffe par deffus pour
contenir l’appareil, & un défenfif autour du fabot ;
l’on doit tenir la plaie ouverte tant qu’elle ne préfente
point d’indication à la réunion ; répéter ce
panfement chaque jo u r , & changer de médicamens
félon le cas : par exemple, s’il y a quelque partie à
exfolier, on doit fe fervir des exfoliatifs , les uns
propres à exfolier les o s , & les autres le tendon.
On ne doit pas négliger la faignée , plus ou
moins répétée , fuivant les circonftances ; enfin ,
lorfque la plaie eft en voie de gu é r ifon , que les
grands accidens font ca lm és, on doit éloigner le
panfement, pour éviter les imprelîions de l’air.
Telle eft cette méthode, aufli fimple qu’elle eft
peu dangereufe. Nous obfervons en finiflant, que
nous n’employons point au clou de rue compliqué ,
non plus, qu’à l ’encloueure g ra v e , les digeftifs, les
fuppuratifs , ni la teinture de myrrhe , ni celle
d’aloès,, ni tous ces baumes & onguens vulnéraires,
que tant de praticiens appliquent à cette bleffure
avec fi peu de fruit & avec un danger certain.
Toutes les fois que le clou de rue a piqué ou
contus le tendon , l’aponévrofe , le périofte , ou
enfin quelque cordon de n e r f, ces fortes de médicamens
qui contiennent des Tels âcres , ne manquent
pas d’augmenter la dou leur, l’inflammation,
& les autres accidens qui accompagnent ces lé-
fions, & font fouvent une maladie incurable d’un
accident qu’un traitement doux & fimple auroit
; guéri en peu de jours.
Piqûre.
On eft fujet à piquer le cheval en le ferrant, &
«la de plufieurs manières, dans le détail defquelles
nous n’entrerons pas ; il fuffit feulement de dire
quon retire la partie fupérieure du clou & qu’on
laiffe la partie inférieure, croyant qu’elle ne coude
; pas ; cependant on eft fouvent trompé-à cet ég a rd ,
& 1 extrémité preffe la chair cannelée.
Dans ce c a s , on doit tâcher d’arracher la partie
«u clou qui eft dans le pied , en la pinçant avec
des triquoifes.
Si l'on ne peut pas la pincer , il faut couper
nne partie de la muraille avec le rogne-pied, pour
j a‘ler chercher cette portion de clou. Ce la & le
Alternent ordinaire d ’une piqûre fuffit.
Clou qui ferre la veine.
Oh appelle clou qui ferre la veine, un clou qui
comprime la chair cannelée , de forte que les vaif-
eaux font refferrés , la circulation fe trouve interptée
: d’où naît l’inflammation & la formation du
pus, r
O n appelle bleime une rougeur à la foie des
talons. Il y a une bleime naturelle & une furna-
turelle : la première vient fans caufe apparente aux
pieds qui ont de forts talons : la fécondé eft celle
qui vient de la ferrure ; les talons portant bas fur
le f e r , en font meurtris, fou lé s, & c . Les remèdes
de celle-ci font les mêmes que ceux de la ferrure
pour les talons bas.
La bleime naturelle eft de quatre fortes : dans
la première, il y a une rougeur produite par un
fang extravafé & defféché dans les pores de la
foie de corne : dans la fécondé , on remarque à
la corne qui eft fen d u e , une tache n o ire , qu’on
prendroit pour un clou de rue.
En fuivant cette ta ch e , on trouve la chair cann
elée , noirâtre & comme pourrie : dans la troifième,
on v o i t , en pa rant, fortir du pus de la chair cannelée
des talons : dans la quatrième, on s’apper-
ç o i t , en pa rant, d’un décernement de la muraille
avec la foie des talon s, caufé par la matière qui
eft noire & en petite quantité.
A ces quatre efpèces on peut en ajouter une
cinquième, dans laquelle la muraille des talons eft
renverfée en forme d’huître à l’écaille.
Curation»
Dans la première e fp è c e , comme le cheval ne
boite que lorfque le pied eft trop f e c , on doit
avoir foin d’humeâer le pied toutes les fois .qu’on
le ferre.
Dans la fé co n d é , il faut faire ouverture avec
le boutoir & la rene tte, & y porter les remèdes
convenables,
Dans la troifième, on aura recours aux mêmes
moyens.
Dans la quatrième, il faut abattre de la muraille
du ta lon , parer à la rofée le pied & fur-tout l’endroit
du ta lon , puis faire le même panfement qu’aux
autres,
La cinquième vient de la mauvaife conformation
du pied; les talons n’ont prefque point d’arcs-
boutans ; la bleime n’eft recouverte que. de très-
peu de corne : le cheval eft fort fenfible en cet
endroit, parce que la muraille fe renverfe & pince
la chair cannelée.
Il faut enlever avec le boutoir cette corne ren-
vérfée : s’il vient du p u s , il faut faire une ouverture
pour donner iflue à la matière ; mais il ne faut
pas qu’elle foit trop g ran d e, de peur que la chair
ne furmonte & ne forme une cerife.
Maladie de la Sole.
La foie échauffée eft une inflammation du fab o t,
produite par les fers rouges appliqués fur les pieds
des chevaux. Le f e r , fans être rouge , peut néan