
tion , j’ai eu recours aux emplâtres fondans, tels
que le diachylon , celui de mercurç, de mucilage,
dont j’ai fait ufage féparément, ou en les mêlant
les uns avec les autres avec beaucoup de fuccès.
Dans tout le traitement de cette maladie, l’animal
doit jouir du repos ; cependant, dans ce dernier
cas d’endurciffement , quelques mouvemens
modérés favoriferont l’atténuation & la rèfolution
de l’humeur.
Ecart•
Terme employé pour fignifier la disjonftion ou
la féparation accidentelle , fubite & forcée du bras
d’avec le corps du cheval ; 8c fi cette disjonction eft
telle qu’elle ne puiffe être plus violente , on l’appelle
en.tr'ouverture.
Les caufes les plus ordinaires de l’écart fo n t , ou
une ch ûte, ou un effort que l’animal aura fait en fe
relevant, ou lorfqu’en cheminant, une dejfes jambes
antérieures , ou toutes deux enfemble , fe feront
écartées , 8c auront gliffé de côté 8c en dehors.
Ce t accident qui arrive d’autant plus aifément,
qu’ ici l’articulation eft très-mobile, & jouit d’une
grande liber té, occafionne le tiraillement ou une
extenfion plus ou moins forte de toutes les parties
qui afîujettiffent le bras , qui l’unifient au t ro n c ,
& qui l’en rapprochent : ainfi tous les mufcles-, qui
d’une part ont leurs attaches au fternum, aux côtes,
aux vertèbres du d o s , 8c de l’autre à l’humerus & à
l’omoplate, tels que le grand & le petit pe&oral, le
grand dente lé, le fous-feapulaire, l’addufteur du
bras , le commun ou le peaucier, le grand dorfal,
& même le ligament capfulaire de l’articulation dont
il s’a g it , ainfi que les vaiffeaux fanguins, nerveux
& lymphatiques, pourront fouffrir de cet e ffo rt,
fur-tout s’il eft confidérable.
Dans ce cas , le tiraillement eft fuivi d’un gonflement
plus ou moins apparent ; la douleur eft
v iv e & continuelle ; elle affefte plus fenfiblement
l’animal, lorfqu’il entreprend de fe mouvoir ; elle
fufeite la fièvre & un battement de flanc très-vifi-
ble ; les vaiffeaux capillaires fonl relâches ; quelques
uns d’entre eu x , rompus & dilacérés, laiffent
le gonflement n’exiftant p o in t , il ne nous refte pour
unique fymptôme extérieur, que la claudication de
l’ animal.
échapper le fluide qu’ils contiennent, & ce fluide
s’extravafe ; les fibres nerveufes font dift'endues ;
& fi les fecours que demande cette maladie ne font
pas a fiez prompts , il eft à craindre que les liqueurs
ftagnantes dans les vaiffeaux , 8c celles qui font
extravafées , ne s’épaiffiffent de plus en plus , ne
fe putréfient, & ne produifent en conféquence des
tumeurs , des dépôts dans toutes ces parties lé-
fé e s , dont le mouvement & le jeu toujours difficiles
& gêné s, ne pourront jamais fé rétablir parfaitement.
Il eft certain que le gonflement 8c la douleur annoncés
par la difficulté de l’aâion du ch e v a l, font
les feuls lignes qui puiffent nous frapper.
O r , dans la circonftance d’une extenfion foible
& légère , c’eft-à-dire, dans les écarts proprement
d its, dont les fuites ne font point auffi funeftes,
Mais ce fymptôme eft encore très équivoque fi
l’on confidère , i ° . combien il eft peu de perfonnes
en état de diftinguer fi le cheval boite de l’épaule
& non de la jambe & du pied : a0, les autres accidens
qui peuvent occafionner la claudication, tels que I
les heurts , les cou ps , un appui forcé d’une felle J qui auroit trop porté fur le d e v a n t , 8cc. Nous devons
donc avant de preferire la méthode curative
convenable, déceler les moyens de difçerner conf-
tamment le cas dont il eft queftion , de tous ceux
qui pourroient induire en erreur.
Un cheval peut boiter du pied 8c'de la jambe;
: comme du bras 8c de l’épaule. Pour juger faine-
ment 8c avec certitude de la partie affeélée, on
doit d’abord examiner fi le mal ne fe montre point
par des lignes extérieurs 8c v ifib le s , 8c rechercher
enfuite quelle peut être la partie fenfible & dans
laquelle réfide la douleur. Les lignes extérieurs qui
nous annoncent que l’animal boite du pied ou de
la, jambe , font toutes les tumeurs & toutes les maladies
auxquelles ces parties font fujettes ; & quant
aux recherches que nous devons faire pour découvrir
la partie atteinte 8c v ic ié e , nous débuterons
par le pied.
Pour cet e f fe t, fi l’on n’apperçoit rien d’apparent
, on frappera d’abord avec le brochoir fur la 1
tête de chacun des clous qui ont ete brochés,&
! on .aura en même temps l ’oeil fur l’ avant-bras dî
l’animal, 8c près du coude ; fi le coup frappé occafionne
la* douleur, foit parce qu’il ferre, foit parc»
qu’ il pique le pied , on remarquera un mouvement
fenfible dans ce même avant-bras , 8c ce mouvement
eft un ligne affuré que l’animal fouffre.
Q u e fi en frappant ainfi fur la tête de9 clous,!
il ne jfeint en aucune fa ç o n , on le déferrera : apresI
quoi .on ferrera tout le tour du p ied , en appuyant I
un dès côtés des triquoifes vers lesrivurçs desclausJ
8c l’autre fous le p ied à l’entrée d e ces memes clous. I
dès qu’on verra dans l’avant-bras le mouvement
dont j’ ai parlé , on doit être certain que le m\
du mal eft en cet endroit. Enfin fi en frappant lut
la tête des c lo u s , 8c fi en preffant ainfi le tour du
pied avec les triquoifes, rien ne fe découvre à nous,
nous parerons le p ie d , 8c nous le fouderons
nouveau. # J
Ne dévoilons-nous dans cette partie aucune o»
caufes qui peuvent donner lieu à l’aélion de boiter J
remontons à la jambe ; preffons, comprimons,»*
tons le can on , le tendon : prenons garde qu il n J
ait enflure aux unes ou aux autres des ®“ ereDJ
articulations , ce qui dénoteroit quelque
& de-là paffons à l’examen du bras 8c de 1 epau * j
manions ces parties avec fo r c e , 8c ©bipv0“
l’animal feint ou ne feint pas ; faifons-le chemi _
dans le cas où il y aura inégalité de mouve
dans ces parties , 8c où la jambe du cote «
demeurera en arrière 8c n’avancera jamais J
<méla jambe faine J on pourra conclure que le mal
eft dans le bras 8c dans l’épaule. g .
Voici de plus une obfervation infaillible. Faites
marcher quelque temps l’animal ; fi le mal attaque
le pied , f l boitera toujours davantage ; fi au contraire
le bras eft affeélé , le cheval boitera moins :'
mais, le fiège de ce même mal parfaitement reconnu
il s’agiroit encore de reconnoître un figue univoque
, pour s’atfurer de la véritable caufe de la
claudication, 8c pour ne pas confondre celle qui
fuit que fufeitent un heurt , une contufion,
un froiffement quelconque, avec celle à laquelle
l’écart 8c l’entr’ouverture donnent lieu : o r , les
ïymptômes qui cara&érifent les premières , fo n t ,
i3. l’enflure de la partie ; 2.°. la douleur que l ’animal
reffent lorfqu’on lui meut le bras en avant ou en
arrière: au. lieu que lorfqu’il y a éca rt, effort, en-
tr’ouverture, le cheval fauche en cheminant , c’eft-
à-dire, qu’il décrit un demircercle avec la jambe;
& ce-mouvement contre nature , qui nous annonce
l’embarras qu’occafionnent les liqueurs ftagnantes
& extravafées, eft précifément le figne non
douteux que nous cherchions..
On procède à la cure dé cette maladie différemment
, en étayant fa méthode fur la confidération
de l’état aâuel du ch e v a l, 8c fur les circonftances
qui accompagnent cet. accident. Si fur le champ on
eft à portée de mettre le cheval à l’eau 8c de l’y baigner,
de manière que toutes les parties affe&ées
(oient plongées dans la r iv iè re , on l’y laiffera quelque
temps , 8c ce réperçuffif ne peut produire que
de bons effets. Auflitôt après on faignera l’animal à
là jugulaire, 8c non à T a« !, ainfi que nombre de
maréchaux le pratiquent’:;car il faut éviter ici la -
bord: trop im p é tu eu x des humeu rs fur une partie
affoiblie 8c fouffrante , 8c cette faignée dérivative
ferait plus nuifible que falutaire.
Quelques-uns d’entre eux font auffi des fri&ions
avec le.fang de l’animal , à mefure qu’il fort du
vaiffeau qu’ils ont. ouvert ; les fri&ions en général
aident le fang extravafé à fe diffiper, à rentrer dans
les canaux déliés, qui peuvent i’abforber , 8c con-
folent en quelque façon les fibres tiraillées : mais
je ne vois pas quelle peut être l’efficacité de. ce
fluide dont ils. chargent l’épaule 8c le bras, à moins
qu’elle ne réfide dans une chaleur d o u c e , qui a
quelque chofe d’analogue à la chaleur naturelle du
membre affligé.
Je crois , au furplus, qu’il ne faut pas une grande
etendue de lumières pour improuver ceux de ces
artifans, q u i, après avoir lié .la jambe fainè du
cheval , de manière que le pied fe trouve uni au
coude, le contraignent 8c le preffent de'marcher
& de repofer fon devant fur celle qui fouffre ( ce
qu ils appellent faire nager à fec^ ,. le tout dans l’intention
d’échauffer la partie 8c d’augmenter le v o lume:
de la céphalique, ou de la veine d e i ’a r s ,
qui ne fe prèfente pas toujours clairement aux y e u x
t&uorans du maréchal : une pareille pratique eft
evidemment pernicièufe, puilqu’elle ne peut pro-
4 rts 6» Métiers. Tome IV, Partie IL
duireque des mouvemens forcés , irriter le m a l,
accroître la douleur 8c l’inflammation ; 8c c’eft ainfi
qu’un accident léger dans fon origine 8c dans fon
principe , devient fouvent funefte 8c formidable.
Les premiers de ces médicamens conviennent
i lorfque les liqueurs ne font point encore épan-
■ chéès : appliqués fur le champ', ils donnent du
reffort aux parties, p réviennent l’amas des humeurs,
8c parent aux engorgemens confidérables : quant
aux réfolutifs : ils atténueront, ils diviferont les
; fluides épaiffis, ils remettront les liqueurs ftagnantes
8c coagulées dans leur état naturel, 8c ils les dif-
poferont à paffer par les pores , ou à regagner le '
torrent : on emploiera donc ou l’eau-de-vie, ou
j Tefprit-de-vin avec du fa v o n , ou l’eau vulnéraire,
pu la leffive de cendre de farment, ou une dé-
■ ço â ion de romarin, de th ym , de fauge de ferpo le t,
de lavande bouillie dans du v in ; 8c l’on obfervera
que les réfolutifs médiocrement ch au ds, dans le
ca$ d’une grande tenfion 8c d’une v iv e dou leur,
font préférables à l’huile de lau rier , de feorpion,
de vers , de camomille , de romarin , de pétrole ,
de térébenthine;, 8c à tous ceux qui font doués d’une
grandeactivité,.
Les lavemens émoiîiens s’oppoferont encore à
la fièvre que pourroit occafionner la d ou leu r , qui
exciteroit un éréthifme dans tout le genre nerveux,
8c qui dérangeroit la circulation.
D e plus on doit avoir égard au plus ou moins
de gonflement 8c d’enflure ; ce gonflement ne peut
être produit que par l’engorgement des petits vaiffeaux
qui accompagnent les-fibres diftendues , ou
par l’extravafion des liqueurs qui circulent dans
ces mêmes vaiffeaux , & dont quelques-uns ont
été dilacérés : O r, ces humeurs perdent bientôt leur
fluidité, 8c fe coagulent ; 8c fi l’on emploie des remèdes
froids & de Amples répereuffifs , ils ne pourroient
qu’en augmenter l’ épaiffiflement.
Dans quelque circonftance que l’on fe trouve ,
la faignée eft toujours néceffaire ; elle appaife l’inflammation
; elle calme la douleur ; elle facilite enfin
la rèfolution des liqueurs épanchées, en favori
fan t des rentrées dans des canaux moins remplis,
La rèfolution eft fans doute la terminaifon la
plus defirable. ; mais fi le mal a été négligé , fi les
engorgemens ont été extrêmes ; s’il y avoit fura-
bondance d’humeurs dans l’animal au moment de
l’écart ou de l’entr’ou v er tu re, s’il n’avoit pas entièrement
jeté la gourme ; fi en un mot les liqueurs
épaiffies 8c extravafées ne peuvent pas être repompées
, nous exclurons les réfolutifs, 8c nous aurons
recours aux médicamens maturatifs, à l’effet de don-
. ner du mouvement à ces mêmes liqueurs, de les
cu ire , de les digérer 8c de les difpofer à la fuppu-
ration.
.. On oindra donc 8c l’épaule 8c le bras en dehors
de côté , 8c principalement à l’endroit de l’ars en
’ remontant , avec du bafilicum ; 8c fi la douleur
. étoit trop fo r te , ainfi que la tenfioa , on mêleroit
I avec le bafilicum uq tiers d’onguent d’aithæa : cette