
re lè v e ra , mais elle augmentera en vo lum e , félon
l’abord des liqueurs.
L e trop grand exercice , un travail violent & forcé
contribueront aufli à leur arrêt & à leur ftagna-
rion : i° . par le frottement fréquent de ces o s , avec
lefquelsils font articulés ; frottement fuffifant pour
produire le gonflement : a0, par la difpofition que
des humeurs éloignées du centre de la circulation*,
& obligées de remonter contre leur propre poids ,
ont àféjourner , fur-tout celles qui font contenues
dans des veines & dans des canaux qui ne font point
expofés à l’aftion des mufcles ; adion capable d’en
accélérer le mouvement progrefiif & le cours , 8c
telles font celles qui font dans les os & dans les extrémités
inférieures de l’animal.
Enfin fi à défaut des caufes externes nous croyons
ne devoir accufer que le v ice du fan g , nous trouverons
que des fucs épaifiis ne pourront que s’arrêter
dans les petites cellules qui compofent les têtes
ou le tiflu fpongieux des os , qu’ils écarteront les
fibres offeufes à mefure qu’ ils s’y accumuleront,
qu’ils s’y endurciront par leur féjour; & de-là l’origine
& l’accroiflement de la courbe & de l’éparvin ,
lorfque ces tumeurs ne reconnoiffent que des caufes
internes.
L ’une 8c l’autre cèdent à l’efficacité des mêmes
médicamens. Si elles font le réfultat de ces dernières
caufes, on débutera parles remèdes généraux,
1 férent de celle de toutes les autres tumeurs : ainlï
enfuite des remèdes généraux , & après avoir, félon
l’inflammation & la douleur , eu recours aux ano-
d y n s , aux émolliens, on tentera les réfolutifs. Si
néanmoins la tumeur fe difpofe à la fuppuration
& paroît fuir la vo ie première que nous avons
voulu lui indiquer , on appliquera des fuppurans,
après quoi on procédera à fon ouverture : & fi
c’eft-à-dire par la faigoée , le breuvage purgatif ,
dans lequel on fera entrer Yaquila alba : on mettra
enfuite l’animal à l’ufage du crocus metallorum, à la
dofe d’une once , dans laquelle on jettera quarante
grains d’æthiops minéral, que l’on augmentera chaque
jour de cinq grains , jufqu’à la dofe de foixante.
A l’égard du traitement extérieur , borné jufqu’à
préfent à l’application inutile du cautère actuel, application
q u i, n’outre-paffant pas le tégument, ne
peut rien contre une tumeur réfidente dans l’o s , on'
aura foin d’exercer fur le gonflement un frottement
continué, par le m oyen d’un corps quelconque d u r ,
mais liffe et p o li, afin de commencer à divifer l’humeur
retenue. Aufli-tôt après on y appliquera un
emplâtre d’onguent de v ig o , au triple de mercure,
& on y maintiendra cet emiMtre avec une plaque
de plomb très-mince, qui fenRlle-même maintenue
par une lig a tu re, ou plutôt par un bandage fait
a v e c un large ruban de fil : on renouvellera cet
emplâtre tous les trois jours, & ces tumeurs s’évanouiront
& fe réfoudront incontefiablement. I l eft
bon de rafer le poil qui les r e cou v re , avant d’y fixer
le réfolutif que je preferis, & dont j’ai conftamment
éprouvé les admirables effets.
L e même topique doit être employé dans le cas
ou ces gonflemens devroient leur naiflance aux
caufes externes : la faignée néanmoins fera conv
en ab le , mais on pourra fe difpenfer* d’ordonner
la purgation , le crocus metallorum , & l’æthiops
minéral.
La cure de la tumeur humorale, en fuppofant
qu’elle fe montre dans le ch e v a l, n’aura rien de dîf-
elle incline à fe terminer par induration , on ufera
des émolliens , qui feront fuivis par degrés des médicamens
deftinés à réfoudre , lorfqu’dn s’apper- I
cevra de leurs effets, &c.
O n ne doit point aufli oublier le régime que I
nous avons prelcrit en parlant des maladies qui de- I
mandent un traitement intérieur 8c méthodique. I
Celui du prétendu éparvin fec, que j’ai démontré I
n4exifter en aucune façon dans le jarret, n’eft pas I
encore véritablement connu. J’ai vainement eu re-
cours à tous les remèdes innombrables que j’ai trou-1
v é décrits dans les ouvrages des auteurs anciens &
modernes de toutes les nations, & qu’ils confeillent I
dans cette circonltance ; aucun d’eux ne m’a réufli:
j’y ai fubftitué , conformément à la faine pratique, I
les top ique s , les médicamens g ra s , adouçiffans, I
émolliens : j’ai employé enfuite la graifle de cheval, I
la graifle humaine , la graifle de b laireau,de caflor,
de vipère s, auxquelles j’ai ajouté les huiles diftillées
de ru e , de lavande, de m arjolaine, de mufcade, de I
romarin , & que j’ai cherché à rendre plus pénétran-
tes, en les aiguifant a vec quelques gouttes de felvo-1
latil armoniac ; tous mes efforts n’ont eu aucun fuc-cès. Quelquefois cette maladie, qui d’ailleurs n’in-1
flue en aucune, façon furie fond de la fanté de l’ani-1
m a l, a paru céder à ces remèdes ; mais leur eflîcar I
cité n’a été qu’apparente , 8c l’aéHon de harper na
cefle que pour quelque temps. Je ne peux donc point I
encore indiquer des moyens fûrs pour la vaincre; I
mais j’efpère que les expériences auxquelles je me
livre fans-cefle , aux dépens de to u t , & fans efpoir I
d’autre récompenfe que celle d’être u tile , m’ènJug:
géreront d’autres , que je publierai dans mes Eh
mens d’Hippiatrique : ce n’eft que dit travail & du J
! temps que nous devons attendre lès découvertes, I
L’objet de l’Hippiatrique eft maintenant d’une
telle importance, qu’après avo ir vu ce que M. Bout-1
gelât penfe de Y éparvin, on ne fera pas fâché dç
trouver à la fuite de fes.idées celles qui ont été communiquées
par M. Genfon.
Les d ifférensfymptômesderéparvin ont fait divi-
fer cette maladie en plufieurs efpèces : les uns pre-1
tendent en diftinguer trois, l’éparvin- de boeuf
vin fec 8c Y éparvin calleux : les autres n’en admettent
que de deux ; Y éparvin fec, & Y éparvin calleux. 1$
plus expérimentés n’én reconnoiffent qu’un propre
ment d i t , qui e ft le calleux. C ’eft , comme on 1 aVl1
par ce qui précède , le fentiment de M. Bourgelabj
que l ’expérience nous a confirmé.
On entend par Y éparvin de boeuf, une tufflei
ofleufe , femblable à celle qui fe trouve au jarre
de cet animal mais nous pouvons attefter aYe
M. Bourgelat, que nous n’avons jamais rien trouvé !
de la nature de cet éparvin dans le jarret du cheval.
On entend par éparvin fec, un mouvement con -
vulfif que le jarret du cheval éprou ve, mais qu’il
faut diftinguer de l’éparvin , comme ayant des
caufes, des accidens & un fiége différens.
Quoique Y éparvin calleux ou la tumeur ofleufe
contre nature, qu’on défigne par ce nom , tire fa
caufé principale des violentes extenfions que le jarret
du cheval a fouffertes, dont nous parlerons dans
la fuite, elle en reconnoît encore d’autres qui font
internes ou héréditaires, comme une mauvaife conformation
des o s , des ligamens, des mufcles ; d’où
réfultent des jarrets étroits, mal-faits, crochus, trop
ou trop peu arqués.
Cette difformité dans le cheval vient le plus fou-
vent de l’étalon ou de la jument qui l’ont p roduit,
& l’éparvin eft prefque inféparable de ce v ice dé
conformation : les parties qui en font affe&éés
n’ayant point leur jufte proportion ni le degré de
folidité convenable, font peu propres à foutenir le
poids énorme du ch eval, encore moins à réfifter aux
différens mouvemens quon lui fait faire dans certains
cas ; d ’où s’enfuit que le fuc nourricier des os
preffé parlatenfion & la collifion des parties encore
tendres, s’épanche fur la furface fupérieure latérale
& interne du canon. C e fuc fe durcit, & gêne plus ou
moins le mouvement du jarret, félon qu’il eft plus ou
moins proche de l’articulation. T antôt cette concrétion
ofleufe foude le canon avec quelques-uns des os
voifms rpour lors e lle fait boiter l’animal dès le commencement
de la formation de la tumeur, & de tous
les tems. T antôt cette tumeur ne fait que pincer l’articulation
: dans ce cas l’animal boite jufqu’à ce que
la furface intérieure de la tumeur étant ufée par le
frottement de l’os vo ifin , laiffe un mouvement libre
a l’articulation ; & c’eft alors qu’on dit improprement
que l’éparvin eft forti.
Ce qu’on appelle proprement éparvin fec, e f t ,
comme nous l’avons diit, un mouvement convulfif
dans les jarrets du cheval. M. Bourgelat en fixe le
Bege dans les mufcles fléchiflèurs , propres aux jarrets
de cet animal, & la caufe dans la diftenfion
de ces parties organiques , 8c des nerfs qui entrent
dans leur compofition : mais nous croyons que le
hege en eft aufli dans les ligamens du jarret ; car ces
parties qui attachent les os enfemble, ne font pas
hmples, & deftinées feulement à les aflùjettir, comme
l’ont imaginé les anciens. Ce s ligamens font des
parties compofées, qui par leur vertu élàftique con-
jribuent bien plus au mouvement des membres, que
es mufcles : or les petits tuyaux qui les compofent
étant fort' ferrés & fort étroits, pour péu'que leur
calibre vienne à changer dans les mouvemens v io-
ens que l’animal éprou v e, les efprits animaux qui
patient dans les pores de ces tuyaux rétrécis , font
j °rt pour changer & redreffer ces petits tu b es, &
Çs remettre dans l’ état où ils: étoient ; ce qui rie pent
xecuter fans caufer à cette partie un mouvement
0nYulfif que nous appelions harper ou trouffer.
Il eft inutile de propofer des remèdes pour ces genres
de maladies , puifque la cure en eft jufqu’à préfent
inconnue. Ceux qui fe flatent d’avoir guéri les
éparvins, s’approprient m al-à-propos les effets de la
nature, q u i , feule , pendant leurs traiteméns inutiles
, travaille par le frottement à lever l’obftacle que
la tumeur oppofe à l’articulation : aufli ces cures
prétendues n’ arrivent-elles que dans les cas où l’épar-
vîn eft fuperficiel, c’eft-à-dire dans le cas où le frottement
fuffit pour rendre aux parties voifines la liberté
dè leur mouvement. Mais le vrai remède pour
l’épàrvin , eft d’en çonnoître, d’en prévenir & éviter
les caufes primitives. Ces caufes fon t , i° . dans la
génération du poulain , 20. dans l’éducation , 30.
dans le maquignonage , 40. dans l’ufage que l’on
fait des chevaux.
Effayons de combattre tous ces a b u s , de fairé
fentir pourquoi les éparvins font plus communs aux
chevaux en ce temps-ci, qu’ils ne l’étoient autrefois
& d’où vient que les beaux & bons chevaux font fi.
rares de nos jours. i° . D e l’abondance des bons chevau
x avant que les abus en euffent altéré l’efpèce ,
réfultoit que l’on pouvoir faire facilement-choix des
bons étalons & jumens propres à multiplier : on ne
les employoit point à la propagation qu’ils n’euffent
atteint l’âge de fix ou fept ans , & par-là prefque
tous les poulains étoient bien conformés. i°. Le particulier
qui â vo it des poulains , ne trouvant à les-
vendre qu’à un certain â g e , ne s’empreffoir point de
les dreffer : cès jeunes fujets ainfi ménagés , apqué-
roient dans, toutes les parties , & nommément au
ja r re t, un parfait degré de folidité , qui les garantif-
foit des éparvins. 3 ° .L e s maquignons du temps pafie?
ignoroient la méthode de mettre continuellement
leurs chevaux fu r ie s ; hanches; ignorance avanta-
geufe pour la confervation des jarrets de ces animaux,
qui femblentaujourd’hui n’être faits que pour
fervir de victime à ces pernicieux écuyers , qui les
facrifientà leur cupidité. 40. Anciennement le trav
ail que l’on faifoit faire aux ch evau x, étoit des pins
modérés ; ceux de càroffe étoient menés tranquillement
, & ceux de felle avoient dans toutes leurs
parties la bonne conformation & la folidité hécef-
faire pour foutenir les courfes auxquelles on les
deftinoit. Il réfultoit de,cette propagation , de cette
éducation, de cette ignorance des maquignons, 8c
de cet emploi,opportun, que l’efpèce. s’en confer—
vo it dans la beauté & la bonté.
i° . Aujourd’hui lespropriétaires des poulains,,
pour peu qu’ils foient beaux & bien fa its , avant
l’âge de trois ans en veulent tirer de la race avant
de les v en d re , & les employent non-feulement à la
propagation , mais.encore au travail. Gètte avare
économie les ruine, tant mâles que femelles ; & les
parties qui fouffrent le.plus dans ces jeunes chevaux
font les jarrets, où il fe forme des éparvins, comme
il eft ailé de le comprendre en fe rappellant les
caufes immédiates de cette maladie.
20.A v a n t de les vendre on veut les rétablir