252 ’ LUN M. Euler avoit employé des lolx dé réfraâion
purement hypothétiques, qui auraient dû être fixées
lur l’expérience. M. Dollond y fubftitua celles que
Newton avoit prefcrites, mais elles lui donnèrent
des résultats dont on ne pouvôit rien efpérer.
M. Euler répondit à M. Dollond, 8c entreprit
de prouver que la proportion employée par Newton
, n’étoir point prouvée dans fon optique ; qu’elle
ne pouvoit avoir lieu dans la nature, 8c qu’elle
renfermoit des contradictions manifeftes.
M. Klingenftierna, mathématicien fuédois. fut
celui qui eut la gloire de faire revenir M. Dollond
de fon préjugé pour la loi Newtonienne de réfraction
; & il fit remettre en 1757 à M. Dollond,
une lettre dans laquelle il faifoit des raifonnemens
fort naturels, pour prouver que cette loi n’téoit
pas d’accord avec la nature des chofes. On a fait
des objeâions contre ces raifonnemens ; cependant
M. Dollond ouvrit enfin les yeux, & commença
à faire des expériences ; c’étoit le feul moyen
de lever les doutes. Il reconnut que Newton s’etoit
réellement trompéÿ & le 8 juin 1758 il envoya à
la Société de Londres, un Mémoire dans lequel il
annonce une expérience importante & contraire à
celle de Newton ; (avoir, qu’en détruifant la ré-
fraâion d’un rayon par une réfra&ion contraire
d’un milieu différent , on ne détruifoit pas les
couleurs ; & qu’en détruifant les couleurs , il ref-
toit une réfra&ion moyenne.
Il fe fervit de deux fortes de verres quron emploie
en Angleterre , flint-glafs & crown-glafs ; &
il trouva que les difperfions des rayons colorés y
étoient comme trois à deux, fous le même angle
d’incidence.
Il partit de ce principe pour faire des lunettes
plus parfaites , que tout ce qu’on avoir eu juf-
qu’alors.
M. Clairauît entreprit en 176r- de rechercher,
par l’analÿfe, les courbures qui étoient le plus propres
à corriger la différente réfrangibilité ; & il en
donna les formules qui font imprimées dans le volume
de l’Académie de Paris pour 1756, qui fe
publioit en 1761. Il continua fes recherches d'ans
les volumes fuivans ; & c’èft en travaillant fur fes
principes, que M. Antheaume parvint à faire une
lunette de 7 pieds qu’il exécuta lui-même, & qui
fe trouva équivalente à une lunette de 30' ou 3 5
pieds.
Cette lunette eft actuellement entre les mains du
père Pingré, célèbre aftronome , qui la régarde
comme une des meilleures qu’on ait faites.
M. d’Alembert, M. Euler , le favant père Bofco-
vich , ont auffi donné différens mémoires pour la
perfeâion de ces lunettes achromatiques.
On s’occupe depuis long-temps en France à faire
au moins du flin t-g la fsdont la matière foit bien
homogène & exempte de ftries, de bouillons, de
filandres, qui dérangent la- réfra&ion & qui défigurent
les objets.
L’Académie a propofé inutilement urf prix à ce
L Ü N
fujet : M. Macquer, célèbre chimifte, M. Roux ^
chargé des expériences de la manufacture royale clés
glaces, & plufieurs autres , s’en font occupés fans
fuccès ; il faudrait une verrerie en grand , où l’on
employât , comme en Angleterre , un tiers de
minium pour la compofrtion du verre , afin que
fur la grande quantité de verre qu’on y fabri-
queroit , il y eût au moins quelques morceaux
parfaits.
Il arrive fouvent à Londres que fur cent livres
pefant de cette efpèce de verre , on trouve à peine
de quoi faire un grand objeCtif; c’eft un inconvénient
auquel il faut efpérer qu’on remédiera tôt
ou tard.
La théorie & la pratique dès lunettes achromatiques
, ne fonf pas encore au degré .de perfeffion
que nous avons lieu d’entrevoir. M . A l u t qui eff
à la tête d’une manufacture de Glaces à R ou elles,
à quatre lieues de Lan grès, a promis de s’occuper
à faire du flint-glafs, & il y a lieu d’efpérer qu’il
y réuffira. ( Extrait d’un article de Ai. d e Lalande
dans l’ancienne Encyclopédie. )
Lunette d'épreuve*
On appelle lunette d’épreuve une lunette bien
centrée, qui porte deux carrés aux extrémités de
fon tube,. & qui fert à vérifier divers inftrumens,
Cette lunette d’épreuve peut s’appeler auffi lunette
centrée, lunette coiitre-pointée*
Les tafleaux carrés doivent être exactement
égaux & rectangles avec leurs faces oppofées
parallèles & bien dreffées.-
L’objeSif doit être fi bien d re fféq u e la ligné
qui paffe par la croifée des fils,- réponde au même
point lorfqu’on place la lunette fur chacune de fes
deux faces à volonté.
Ceux qui font les inftrumens d’afironomie, ont
befoin de cette lunette d’épreuve pour rendre la
lunette d’un quart de cercle parallèle au plan.
Lunette paraïlaiïque. ’
Cet infiniment d’optique eft compofé d’un axe
dirigé vers le pôle du monde , & d?une lunette
qui peut s’incliner fur cet axe & fuivre le mouvement
diurne des aftres , ou le parallèle qu’ils
décrivent.
Le plus ancien infiniment de cette efpèce, dont
il foit fait mention dans les livres d’aftrônomie,
eft celui que le père Scheirier appelle inflrumenttm
leliofcopicum, & qu’il attribue au père Grumberger.
M. Caflini s’en fervit à l’obfervatoire royal, &
fon fils en donna une defcription dans lès Mémoires
de l’Académie de 172.r , à l’occafion d’une écllpfe
de Vénus.
Lentille,
C ’eft un verre taillé en forme de lentille’, épais
dans le milieu, & tranchant fur ies bords. Il eft cou-;
vexe des deux côtés.
LUN
S’il eft convexe d’un feul côté & plat de l’autre ,
c’eft alors un plan convexe.
Le mot de lentille s?entend ordinairement des
verres qui fervent au mifcrope à liqueurs, 8c des
objeCtifs des microfcopes à trois verres.
Le plus grand diamètre des lentilles eft de cinq
à fix lignes ; les verres qui paffent ce diamètre,
s’appellent verres lenticulaires.
Il y a deux fortes de lentilles ; les unes faufilées]
& les autres travaillées.
On entend par lentilles foufflées, de petits globules
de verre fondus à la flamme d’une lampe ou
d’une bougie; mais ces lentilles n’ont ni la clarté
ni la diftinCtion de celles qui font travaillées, à caufe
de leur figure qui* n’eft prefque jamais exaCte, &
de la fumée de la lampe ou bougie qui s’attache
à leur furface dans le temps de leur fufion.
Les autres lentilles font travaillées 8c polies au
tour, dans de petits badins de cuivre. On a trouvé
: depuis peu le moyen de les travailler d’une telle
petiteffe, qu’il y en a qui n’ont que la troifième
& même la fixième partie d’une ligne de diamètre ;
ce font celles qui grofliffent le plus, 8c cette augmentation
va jufqu’à plufieurs millions dé fois plus
que l’objet n’eft en lui-même.
Il eft difficile, pour ne pas dire impoffible v de
faire ces lentilles plus petites. La difficulté de les
monter, deviendrait alors infurmontable.
On pourrait ajouter une troifième forte de lentille
, qui confifte en- une goutte d’eau pofée fur
f un petit trou fait à une pièce de laiton , que l’on applique
au microfcope ; cette goutte , réunie en
j globe par la preffion de l’a ir, fait le même effet
| qu’une lentille foufflée : ce font les marchands de
lunettes qui font 8c vendent ces lentilles.
Lorfque les deux faces de la lentille font fort
[ convexes, c’eft - à - dire , que leur rayon eft très-
1 p e t it la lentille reçoit alors le nom de loupe y 8c
L forme une efpèce de microfcope.
Les lentilles à deux fùrfaces convexes ont cette
propriété, que fi on place un objet aflez près de
| la lentille, les rayons qui partent des deux extré-
|, mités de l’objet 8c qui arrivent à l’oeil, y arrive-
I ront fous un. angle beaucoup plus grand que s’ils
j ne paftbient point par la lentille. Voilà- pourquoi ces
I fortes de lentilles ont, en général, le pouvoir d’augmenter
les objets 8c de lès faire paraître plus grands.
•Manière de tourner Us lentilles„• -
j Après avoir maffiqué un petit morceau de cuivre
au bout de l’arbre d’un tour à lunette ,- avec' un
| *°r;et d’acier applati 8c arrondi,. on tourne le baftin
du diamètre de la lentille qu’on veut y travailler.
Enfuite', ayant choifr 8c taillé un petit morceau
1 de glace blanche 8c bien nette , on le maftique, du
| coté d’une de fes fùrfaces plates , au bout d?un
petit mandrin, avec de la cire d’Efpagne noire,
Ja rouge ne faifant pas auffi bien voir les défauts
I fl^i font au verre que l’on travaille ; & l’on ufe
L U N 253
J cetfé glace du côté qui n’eft point maffiqué, en
la tournant fur une meule avec de l’eau jufqu’à ce
qu’elle ait la figure prefque convexe. On l’achève
au tour dans le baftin qui eft monté avec du grès
fin & •mouillé*
Il faut prendre fouvent de ce grès jufqu’à ce
qu’on s’apperçoive que la lentille eft bien ronde;
lorfqu’elle eft parvenue à ce point, on ce fie d’en
prendre; mais on continue de la tourner dans le’
baftin, jufqu’à ce que le refte du fable qui y eft
refté , foit devenu fi fin qu’il l’ait prefque polie.
On s’apperçoit de cela, lorfqu’après l’avoir ef-
fuyée, l’image de la fenêtre du lieu où l ’on travaille
fe peint fur fa fuperficie ; fi. elle ne l’eft pas
ou la trempe dans l’eau fans prendre de fable, &•
on la tourne jufqu’à ce qu’elle foit affez polie.
Il faut alors couvrir le baftin d’un linge plié'
en deux ou trois doubles ; 8c avec de la potée
d’étain ou du tripoli de Venife délayé dans l’eau r
on achève de la polir entièrement.
On connoît qu’elle eft polie en regardant avec
la loupe , fi les petites Cavités que le (able a faites
en i’ufant font effacées ; il faut alors la démafti-/
quer 8c la maftiquer du côté qui eft travaillé, pour
travailler l’autre de même que le premier , jufqu’à:
ce que les bords de la lentille (oient tranchans ,
& qu’elle foit parfaitement polie.
Lorfqu’elle eft entièrement achevée, on fe fert
d’efprit-de-vin pour la laver 8c emporter ce qui peut
y être refté de cire.
Machine propre à tailler & polir les lentilles paraho^
liques , hyperboliques & elliptiques, &c.
Cette machine, dont la defcription fe trouve dans--
les journaux anglois, eft compofêe de quatre pièces-
de bois , qui forment enfemble un carré, mais dont’
les extrémités débordent autant qu’il faut pour
remplir exactement' le vide de la boîte.
Ces extrémités- portent douze vis avec leurs
écrous, dont quatre font perpendiculaires & huit'
horizontales. Elles fervent à hauffer, à baiflèr, &-
à affermir le châffis dans la boîte.
On tournera un cône de bois dur & bien fa in,,
qu’on feiera de manière' que la feftion foit ellip--
tique, parabolique ou hyperbolique, félon la figure
qu’on veut donner au verre.-
On appliquera fur la fedion une lame d’acier'
également polie de chaque coté, 8c d’une épaif-
feur fuffifante , pour fuppléer à ce que la feie a-
emporté pour que le cône foit parfait-:
La plaque doit déborder la furface du cône , fur
lequel on l’arrêtera par le moyen de deux vis ou-
pointes.
On limera enfuite la partie de la lame qui déborde
, jufqu’à ce qu’elle foit de niveau avec là-
furface du cône, 8c qu’on lui ait donnéia figure'
qu’on veut, foit parabolique, elliptique ou hyperbolique,
8c qu’elle puifîè feryir de modèle poux»'
polir tes yerres,-