
prendre : un canal répond à chacun de ces points;
& ces canau x, dénommes ainfi que ces memes
points qui en iont les ouvertures, fe rendent dans
un rèfervoir appelle le fac lacrymal ; ce fac ou
cette poche membra'neufe m’ a conftamment paru
plus petite que celle de l’homme. A peine a-t-elle
rsçu la férofité qui lui eft en vo y é e , qu’elle la
verfe & s’en décharge dans le canal n a fa l, y vide
la liqueur inutile & fur,abondante dont il eft
queftion.
Suppofons enfuite de ce détail anatomique, la
grande âcretè de cette liqueur, confequemment a
l ’acrimonie de la maffe du fan g en général, ou con- .
féquemment à quelqu’autre caufe , il n’eft pas douteux
que la membrane qui forme le fac fera irritée ;
elle comprimera les vaiffeaux répandus dans fon
tiffu, & fera confidérablement enflammée. Les larmes
obligées dès-lors d’y féjourn er, & fe perver-
tiflant toujours d avantage, l’inflammation accroîtra
au point que les vaiffeaux fanguins , & même les
vaiffeaux lymphatiques, fouffriront une rupture,
& le mélange difproportionné des liqueurs hors de
leurs canaux, donnera inconteftablement lieu à
l ’anchilops, c’eft-à dire à un abcès. La compreflion
fur le canal n a z a l, caufé par le poids de la matière-
purulente qui remplit-le fa c , la corrofion que cette
matière y fufcite , & les chairs baveufes qui en
font une fuite inévitable, tout concourra à l’obftruc-
tion entière de ce canal. Il ne reftera donc d’autre
iffue aux larmes 8i au pus , que celle que. leur
offriront les points lacrymaux , fur-tout lorfqu’une
légère preflion fur le grand angle les déterminera
vers ces orifices. Ces .points, ainfi que la caroncule
, feront bientôt-enflammés & ulcérés eux-
mêmes. A ces exulcérations fuccéderont auffi des
chairs fongtieufes q u i , bouchant les ouvertures par
lefquelles on pouvoit encore exprimer les liquéurs
purulentes & les; conduire au-dehors, les condamneront,
à être-renfermées dans le fa c , tandis^que
les larmes , nouvellement filtrées par la glande,
fe répandront à l’extérieur,.de-là le larmoÿement.
Dans cet é t a t , la matière clofe de toutes, parts
s’ imprimera d’une manière funefte fur ce même
fa c , qu’elle rongera infenfiblement; mais le tiffu
de la peau qui le couvre étant pour elle un obf-
tacle plus facile.à. v ainc re, elle le détruira peu-à-
peu , & fe fera jour p rès de. la commiffure des
paupières à l’endoit du. grand angle.,, où .l’on ap-
percevra un égylops , on un petit.ulcère très-commun
dans les chèvres;, par lequel, le fac fe dégorgera
en partie. Enfin, fes progrès continuant, ce
fac ayant entièrement cédé à fes atteintes, l’os
angulaire , qui remplace ici l’os u nguis, très-mince
en ce lieu , & dénué de périofte comme dans l’homme
, fe cariera infailliblement , ainfi -que les .• os
voifins qui pourront s’eri reffentir dans la fuite ;
& alors le pus coulant a v ec les larmes dans les
foffes nazales, répiphora ceffera.'
T e lle eft en peu de mots, la marche de cette
maladie, & tel eft auffi fon dernier degré. J’ofe
dire qu’ il fuffit d’appercevoir dans d’ animal un af-
femblage des parties deftinées à l’abforption de la
lymphe lacrymale , qui ne diffèrent point de celles
qui , dans le corps humain , font prépofées aux
mêmes fon dions , pour les croire fufceptibles des
mêmes dérangemens ; & fi l’on ajoutoit à cet argument
, tiré de l’uniformité du mècanifme qui
nous a frap p é, ceux que fuggère la fource la plus
ordinaire des altérations fréquentes de cet organe
dans le ch e v a l, tous les doutes s’évanouiroient.
J’avoue que tous les figues de cette fiftule ne fe
montrent point avec-autant d’évidence au maréchal I
qu’au chirurgien ; l’inflammation de la peau fe dé- I
robe à fa vu e ; la tumeur , pour être apperçue,
veut être confidérée de près le larmoiement, I
d’abord peu confidérable, ou ne fixe point fon attention
, ou il en aceufe une infinité d’autres eau- I
fes ; il ne peut s’affurer par aucun moyen de la I
féchereffe d’une des cavités des nazeaux, &c. mais
la rougeur de la conjonctive, l’écoulement abon-1
dant des larmes, l’efpèce de chaffie qui agglutine I
les paupières en ce même lieu , l’ulcération des I
points lacrymaux & de la caroncule., le reflux de
la liqueur purulente par ces points ,T’ègylops, &
tous les autres fymptômes que j’ai décrits , font I
; d’une nature à ne devoir pas lui échapper; ainfi I
- il eft très-difficile de ne pas attribuer le filence,
dont je me fuis propofé d’abord de rechercher la
raifon , ou à une profonde ignorance , ou à un
oubli toujours condamnable.
Q u o i qu’ il- en fo i t , certain & affurè de la poffi*
bilité de cet a c ciden t, que j’aiob fervé [moi-même
dans un ch e v a la c c id e n t qui peut non-feulement
être occafionné, ainfi que je l’ai d i t , par le vice
| de la maffe, mais encore par des. cou ps , par l’inflammation
& l’épaiffiffement de la membrane mu-
queufe, -fi fouvent attaquées dans l’animal par un I
p o ly p e , fitué très - avant dans une des foffes nazales,
par les retours réitérés des fluxions, &prin-l
cipalement de celle que nous diftinguons des autres
par le terme de fluxion lunatique je me crois
; obligé d ’indiquer les moyens d’y , remédier.
Ils varient félon les degrés de la fiftule & lÇJ
complications, & c’eft auffi fur ces différens degrés j
que le maréchal, doit affeoir fon prognoftic.
Il s’agit d’abord de fixer le cheval dans le trav
a il , de manière qu’il ne puiffe mouvoir fa tere
en. aucune , manière. Lorfqu’il fera parfaitement a*
fuj.et.ti, on comprimera a vec le doigt l’endroit de
l’angle interne;-, qui répond au fac lacrymal, p°ur
reconnoître la qualité de, la matière qui remplit ce
fac. Si celle qui fortira par le s ' points lacrymaux
eft épaiffe & d’une.couleur verdâtre, la carie e
certaine; fi elleeft-très-abondante & louable, pn
peut croire que les os; fon t . fains, & n ont point
encore été affeâés ■; .mais ou doit fe hâter de pt
venir un femblable. progrès. ' ,
Le ftilet a l’effet de dèfobftruer le canal mm
& les in) e étions d’eau d’orge & de miel rofat on
dans l’animal les feules reffources que nous devo» -
emploVet* dans le dernier des cas dont je viens de
oarler* Elles m’ont réuffi relativement au cheval
Sue j’ai traité d’une pareille fiftule. 1 Je fondai le point lacrymal fupérieur après avoir
renverfé la paupière fupérieure pour le décou vrir,
■ dans l’intention de débarraffer le canal nazal des
obftacles qui pouvoient's’oppofer au cours de la
matière & des larmes ; j’ introduifis ma fonde le
plus profondément qu’il me fut poffible , après
quoi j’injeétai, par le point lacrymal inférieur , la
liqueur dont j ’ai preferit la cojnpofition, & à laquelle
le ftilet venoit de frayer une ro u te , obfer-
vant de faire une légère compreflion fur la tumeur,
afin que cette liqueur pouffée dans ce fac ne donnât
point lieu à une plus grande dilatation. Je
m’apperçus dès le quatrième jo u r , qu’elle s’étoit
fait un paflâge dans les nazaux ; je réitérai cinq
ou fix fois mes injeétions , & les chemins naturels
furent ouverts de manière que tous les accidens '
ceffèrent. ‘ r ' ‘ ' . . ' ’
Si ce procédé n’avoit point été fuivi d’un fuc-
cès auffi heureux, je me ferois déterminé à faire
Itération que demande & qu’exige la fiftule
^compliquée ; car l’impuiffance où nous femmes de
tenter la voie de la compreflion , ainfi qu’on le
pratique dans l’homme, & l’avantage d’accélérer
sûrement la guérifon d’un animal que nous pouvons
traiter a vec moins de ménagement, font des
motifs qui doivent nous empêcher de balancer dans
des conjonctures femblables.
Pour cet e f fe t , j’aurois mis le cheval dans la
même pofition ; j’aurois fait mon incifion avec un
i biftouri courbe, un aide me fécondant _, & s’occupant
du foin d’affermir la peau de l’angle interne,
& de contenir les paupières. Cette incifion auroit
pénétré jufqu’aux o s , & j’aurois eu l’attention de
diriger mon infiniment de façon à ne point inté-
| relier la commiffure de ces mêmes paupières , &
à ne point offenfer les vaiffeaux. J’aurois enfuite
dilaté la p la ie, dans laquelle j’aurois gliffé quelques
| bourdonnets, afin de la rendre plus v a f t e , & je
les aurois affujettis par le moyen d’un des côtés
t des lunettes.
Le lendemain , les os étant à d é cou ve r t, j’aurois
porté la pointe d’un ftilet fur l’os angulaire.
Le maréchal n’oubliera pas qu’il eft au grand angle
une légère éminence ôffeufe & pointue, dont on
peut s’affurer a vec le doigt : cette éminence peut
lui fervir de guide.
L’introdu&ion de fon ftilet doit fe faire direc-
; tement au deffous, & il lui fera décrirë une ligne
Un peu plus o b lique, de haut en b a s , que celle
que le chirurgien fuit à l’égard de l’homme , la
partie inférieure de l’orbite ayant une afliette plus
large dans le cheval ; à la faveur du ftilet fixé où
je l’ai dit, il gliffera une forte d’entonnoir emnian-
ché, dont l’extrémité taillée en bifeau , appuiera
fermement fur l’os ; il .retirera font ftilet: ^ & fon
• entonnoir" lui facilitera le moyen de cautérifer &
•fe percer ce même os avec un bouton de f e u ,
fans donner une atteinte aux parties voifines. L’ouverture
étant fa ite , il ôtera & le cautère & l’entonnoir.
O n doit être certain que le bouton de feu a
produit fon e ffe t, lorfque l’air fort par la plaie ,
les nazaux étant ferrés & comprimés. S ’il y a ca rie,
on remettra l’entonnoir que l’on aura fait refroidir
dans l’e a u , & on gliffera de nouveau un autre
bouton de feu plus large , car il faut la détruire
& la confirmer entièrement.
Mais quel eft le panfement méthodique qui doit
fuivre cette opération ? L ’objet qu’on doit fe prô-
pofer fe réduit à procurer l’exfoliation de l’os
•brûlé , & à maintenir le canal artificiel qui doit
déformais fournir un paffage aux larmes.
Le marédial introduira donc d’abord une forte
de bougie de plomb dans le trou pratiqué à l’o s ,
& il l’y fixera ; il garnira enfuite la plaie de boilr-
donnets enduits de baume d’Arcæus ou de queî-
qu’autre d ig e f tif , auxquels il fubftituera dans la
fuite des bourdonnets trempés dans l’huile de g ay ac,
s’ il y a eu une carie.
Il appliquera enfin un collyre rafraîchiffant, &
maintiendra tout fon appareil avec l’une des e s pèces
de chapeaux qui conftituent les lunettes ;
il faignera l’animal trois heures après l’avoir opéré;
il le tiendra à une diète févère , à un régime
exaét, au fo n , à l’eau blanche ; il attaquera le mal
jufques dans fa fou r c e , par des remèdes intérieurs
adminiftrés ; & fur la fin de fa cure , lorfqu’ il s’ap-
percevra que l’exfoliatiôn eft fa ite , qu’il n’y a plus
j de larmoiement, & que les chairs qu’il aura tou-
j jours eu foin de réprimer font louables, il hâtera
la cicatrice au moyen des remèdes balfamiques &
defficatifs.
C ’eft ainfi que , guidé par l’analogie & par la
connoiffance de l’économie animale, il trouvera
dans les lumières qui éclairent la chirurgie , une
grande partie de celles qui peuvent contribuer aux
progrès de fon art.
Fracture.
Solution de continuité des os & même des cart
ila g e s, faite par un corps- extérieur contondant,
très-différente de la plaie faite à l’os par un inf-
trument tranchant ou piqu ant, ainfi que de la luxation
, qui n’eft véritablement qu’une folution de
contiguïté.
Les os peuvent être fraélurés dans tous les fens
poflibles.
Il eft dès fraétures tranfverfales, il en eft d’o-
bliqués , il en eft de longitudinales : dans d’autres
enfin l’os eft entièrement écrafé.
Nous appelons fra&ure tranfverfalc , celle par
laquelle l’os a été divifé dans une direction perpendiculaire
à fa longueur; &.frû£lur: oblique, celle
dans làquelle la divifion s’écarte plus ou moins
de cette dire&ion.
Ces fraétures font fans d épla cemen t, lorfque
Z z z ij