
caroncule lacrymale , fouvent même les points lacrymaux
font ulcérés * cette maladie eft très-commune
dans les chevaux, & provient de 1 acreté
des larmes qui, en féjournant, gâtent & ulcèrent
cette partie j le grand -froid en eft fouvent la
caufe.
Quelquefois la fiftule lacrymale naît de caufe
interne , comme de farcin ou de morve , ou d’autre
caufe de cette nature ; dans les premiers temps on
a recours aux remèdes employés contre l’inflammation
; mais fi le mal eft avancé & qu’il y ait
écoulement de pus , il faut d’abord eflayer de dé-
terger l’ulcère avec des injections ', faites par les
points lacrymaux, & par le canal nazal ou lacrymal
,- dont l’ouverture eft au bord des narines, au
haut de la lèvre inférieure.
Les points lacrymaux font fouvent fi fort engorgés
, que la liqueur ne fauroit y pafler ; dans
ce cas, il faut injeâer de bas en haut : mais fi on
eft obligé d’incifer & d’ouvrir le fac, il faut faire
contenir les paupières, fe fervir du fpeculum oculï,
après quoi on introduit la fonde cannelée , & l’on
fait une incifion avec le biftouri.
S’il y a carie à l’os du grand angle , ou même
au canal nazal de cet os , il faut gratter l’os & le
ratifier dans fa partie cariée, & ne pas trop ap -
puyer; car, comme cet os eft mince , on'pourroit
bien le caffer, & le pus tomberoit dans le finus
maxillaire , où il produiroit la morve : cette maladie
éft prefque toujours curable, à moins qu’elle
ne foit très-ancienne, qu’elle ne vienne d’une caufe
de morve, ou qu’elle ne foit cqmpliquée avec la
morve ; dans ce cas, il eft rare que le canal nazal
■ ne foit pas entièrement détruit.
Cajlration.
La cajlration qu’on pratique fur les chevaux, a
été jufqu’à préfent faite d’une matière hafardeufe ,
& prefque toujours par des gens qui n’ont aucune
connoiflance des parties qu’ils coupent. Sans rapporter
leurs mauvaifes manoeuvres, je ne parlerai
que de deux manières que je propofe pour faire
cette opération, parce qu’elles m’ont toujours bien
réufii.
Dans la première, après avoir jeté le cheval par
terre, & attaché d’une manière convenable, on
fait à l’un des deux tefticules une incifion à la
peau, jufqu’au corps du tefticule ; puis on pfend
une aiguille courbe , dans le chas dé laquelle on
pafie une ficelle cirée , que l’on introduit dans
le cordon -fpermatique , à,. un travers de doigt au
deflus du tefticule, que l’on coupe enfuite.
Il faut avoir foin que la ficelle entre dans la
fubftance du cordon, pour deux raifons ; la première
, afin d’éviter de prendre dans la ligature le
nerf fpermatique , ce qui occafionneroit une irritation
du genre nerveux, & feroit périr le cheval;
la fécondé, c’eft que par cette méthode, la ficelle
ne fauroit s’échapper, foit dehors , foit dans le
bas-ventre ; il eft eflentiel de laifler pendre un bout
de cette ficelle qui tombe par la fuppuration.
L’autre tefticule fe coupe de la même manière. I
Cette méthode de couper les chevaux eft, fans
contredit, préférable à toutes les autres , parce qu’il I
n’en réfulte jamais d’accidens, qu’il n’y a prefque
pas de douleur, & que les chevaux guériflent plus I
promptement.
Dans l’autre manière, on fait fortir le tefticule ’ I
& on le coupe avec nn biftouri ; on prend enfuite I
une pointe de feu que l’on applique fur l’orifice du I
vaifleau qui faigne ; on emporte l’autre de même: I
cette méthode, qui eft encore préférable à la pre- I
mière,- demande cependant que l’on laifle le cheval I
trois jours à l’écurie, pour être sûr que le coagulum I
eft formé à l’orifice de l’artère : fans prendre même I
tant de précautions, j’ai coupé un grand nombre I
de chevaux fans faire de ligature & lans appliquer I
le feu , & dont la guérifon étoit parfaite : il eft vrai I
qu’ils perdoient du fang , mais ils ne périffoient I
pas pour cela.
L’opération de la cajlration fe fait aufli de la I
manière fuivante, rapportée pareillement dans l’an-1
cienne Encyclopédie.
On châtre de deux façons, ou avec le feu, ou I
avec le cauftique. Voici comme on s’y prend avec I
le feu.
L’opérateur fait mettre à fa portée deux féaux I
pleins d’eau , un pot à l’eau , deux couteaux de I
feu carrés par le bout fur le feu du réchaud, du I
fucre en poudre, & plufieurs morceaux de réfine, I
fon biftouri, & fes morailles.
Après avoir abattu le cheval, on luüève le pied I
de derrière jufqu’à l’épaule , & on l’arrête par le I
moyen d’une corde qui entoure le cou, & revient I
fe nouer au' pied.
Le châtreur fe mettant à genoux, derrière la I
croupe, prend le membre , le tire a u ta n t qu’il peut, I
le lave & le décrafle , aufli bien que le fourreau I
& les tefticules ; après quoi il empoigne & ferre I
au defîus d’un tefticule, & tendant par ce moyen I
la peau de la bourfe , il la fend en long fous le I
tefticule, puis il fait fortir celui-ci par l’ouverture; I
& comme le tefticule tient par un de fes bouts du I
côté du fondement à des membranes qui viennent j
avec lui, il coupe ces membranes avec le biftouri:,
puis il prend fa moraille , & ferre au deflus du
te ft ic u le fans prendre la peau, en arrêtant l’anneau
de la moraille dans la crémaillère : on voit.alors
le tefticule en dehors & le paraftan , qui eft une j
petite grofleur du côté du ventre au deflus.
C ’eft au deflous de cette grofleur , ou plutôt
entre elle & le tefticule, qu’il coupe a v e c le cou*
teau de feu ; le tefticule tombe : il continue a
brûler toutes Les extrémités des vaifleaux fanguins»
en mettant fur ces vaifleaux des morceaux de re
fine qu’on fait fondre fur la partie avec le coutea
de feu à plat : on finit par faupoudrer & J3111 è,
du fucre par defîus la réfine ; enfuite abaiflant
r peaU)
peau, on recommence la même opération à-l’autre
tefticule.:
Il y a des châtreurs qui ont des morailles doubles
, avec lefquelles ils ferrent & brûlent tout de
fuite les deux tefticules. On fait enfuite jeter de
l’eau dans la peau des bourfes ; & après que le
cheval eft relevé , on lui jette, à plufieurs reprifes ,
l’autre feau d’eau fur le c^os & fur le ventre.
La châtrure avec le cauftic fe fait de la manière
fuivante. L’opérateur eft muni de quatre morceaux
de bois, longs de fix pouces, larges d’un pouce ,
creux dans leur longueur d’un canal qui laifle un
rebord d’une ligne tout autour ; les deux bouts de
chaque bâton font terminés par deux ronds ou
boules faites du même morceau de bois : c’eft dans
ce canal qu’eft le cauftique , qui le remplit entièrement.
Il eft compofé de fublimé corrofif fondu dans
de l’eau, & réduit en confiftance de pâte avec de
la farine.
Après que le châtreur a préparé le tefticule
comme on vient de dire ,41 Terre le deflus avec
deux de ces bâtons, dont il met les deux canaux
vis-à-vis l’un de l’autre, & qu’il lie enfemble par
les deux bouts avec une ficelle ; il coupe le tefticule
au deflous avec le biftouri , & laifle les bâtons
ainfi liés, que le cheval emporte avec lu i, & qui
tombent d’eux-mêmes au bout de neuf jours.
Le lendemain, foit que l’opération ait été faite
parle feu ou le cauftique, on mène le cheval à l’eau,
& on l’y fait entrer jufqu’à la moitié du ventre.
La feule différence qu’il y ait entre ces deux
| opérations , c’eft qu’il eft- plus rare que la partie
enfle avec le cauftic qu’avec le feu ; mais du refte,
j il n’y a pas plus de danger à l’uhe qu’à l’autre.
Le grand froid & le grand chaud font contraires
I à cette opération; c’eft pourquoi il faut la faire dans
i un temps tempéré.
La taille.
L’appareil étant tout difpofé pour la taille , on
| jette le cheval par terre, & on le renverfe fur le
I dos en lui élevant le train du derrière : on le main-
! dans cette fituation par deux billots taillés en
I *0rme de prifme , que l’on met de chaque côté des
| cotes, puis on aflujettit les jambes de derrière ; alors
I opérateur fend avec un biftouri ordinaire , de la
longueur de deux pouces environ, le canal de l’uretre
j longitudinalement, vers le bas de la fymphife des
°s pubis , puis il introduit un cathéter ou fonde
j cannelée & courbée pour pénétrer dans la veflie :
II prend enfuite un biftouri tranchant des deux
j cotés qu’il fait güfler dans la fonde, & {coupe le
!■ col de la veflie, en évitant de toucher le reélum.
La veflie étant ouverte, il y introduit les tenettes
& charge la' pierre : cette opération doit être
i prompte, car il faut profiter de la préfence de
■ l/urine dans la veflie; étant évacuée , les
Parois de ce vil'cère s’affaiflent & s’approchent de
1 pierre , ce qui en rend Pextraéiion plus diffi-
drts & Métiers. Tome IV. Partie IL
cile, & expofe même l’opérateur à pincer les rides
que forme alors la veflie.
Si le calcul eft trop gros, on peut aifément le
cafter avec les tenettes, car il eft ordinairement mou
& friable dans le cheval ; mais lorfque ce ne font
que des petites pierres ou des graviers on introduit
une curette en forme de cuiller, avec laquelle on les
emporte : on ne met aucun appareil fur la plaie ;
il n’y a aucun bandage qui pût le contenir.
Dejfoler.
C’eft arracher la foie à un cheval, ou la corne
qui lui couvre le deflous du pied ; opération très-
douloureufe que l’on pratique pour le traitement
de plufieurs maladies qui furviennent aux pieds
de cet animal.
Les cas les plus ordinaires pour lefquels on
dejfole, font les clous de rue, les bleimes, les fies,
les extenfions des tendons où il y eu compreflion de
la foie charnue entre la foie de corne & l’os du
pied , &c. Il ne faut jamais deflbler pour des en-
clouures , comme le pratiquent cependant trop
fouvent des maréchaux , car l ’enclouure la plus
grave n’attaque point la foie, mais bien la chair
cannelée, ce qui prouve l’inutilité de cette opération
dans ce cas.
Un maréchal, pour bien deflbler , doit favoir
l’anatomie de la partie ; il opérera plus furement.
Préparation.
Avant de deflbler , il faut prendre toutes les
précautions poflibles pour éviter les accidens qui
pourroient non-feulement rendre la maladie rebelle
, mais encore incurable, & quelquefois mortelle.
Ces inconvéniens ne rempliroient point l’intention
de l’opérateur , qui eft de rétablir la partie
dans fon état d’intégrité; il ne peuty parvenirqu’en
obfervant les règles preferites par l’art & les lois de
l’oeconomie animale : ces préceptes font.
i°. De mettre le cheval à la diète, c’eft-à-dire à
la paille & au fon mouillé, trois ou quatre jours
auparavant, ce que l’on pratique jufqu’à parfaite
guérifon ; & pour rendre l’opération moins labo-
rieufe poiir le maréchal & pour le cheval, il faut,
après lui avoir bien paré le pied, tenir la foie
hume&ée en y mettant de deux jours l’un une em-
miellure quelques jours avant ; donner au cheval
deux lavemens la veille du jour de l’opération : l’on
peut de même , après l’opération , donner des
lavemens ( l’état du cheval en doit décider ) , &
lui préparer la foie. '
Cette préparation confifte à lui rendre la foie la
plus mince qu’on pourra, avec un inftrument qu’on
nomme boutoir. Ce même inftrument fervira aufli à
faire une incifion tout autour de l’union de la foie
avec le fabot, jufqu’au bord des deux talons, à un
demi pouce du bord, en diminuant cette diftance à
mefure que l’on approchera des talons.
Cette incifion doit être affez profonde en fa
C c c c