
ment ne foit de droite à gauche, ou de gauche à
droite.
On fermera le pourtour du pied du clavecin,
par différens châffis, garnis en dehors par du taffetas
mince, fort clair, & bien tendu. On refermera
le derrière de cette étoffe par un treillis de
fil de laiton allez fin, & attaché au châffis. Derrière
ce treillis, ' on pourra nîettèe , dans une rainure
faite dans le châffis , quelques planches minces
, d’une ligne d’épaiffeur, du même bois de
fapin dont on fait les tables de clavecin.
On prétend que lorfque l’inftrument joue, ces
planches frémiffent & font frémir les treillis de
fil de laiton ; ce qui vraifemblablement procure une
modification au fon des tuyaux &. du clavecin,
qu’on dit agréable.
Vielle organifèe.
La vielle organifèe eft ordinairement un peu plus
grande que celle qui eft fimple , & un peu plus
profonde pour donner de la place au foufflet.
Les tuyaux font arrangés & rapprochés dans
un enfemble, nommé peigne par les ouvriers.
Le fommier eft conftruit comme celui de la'fermette.
L’extrémité poftérieure des tiges des touches,
porte contre les pilotins du fommier.
Lorfqu’on enfonce les touches en jouant la vielle,
on enfonce de même les pilotins qui ouvrent les
foupapes & font parler les tuyaux.
Un regiftre de bois bouchant le porte-vent,
empêche, quand on le juge à propos, que l’orgue
ne joue avec la vielle.
Un autre regiftre de cuivre empêche la vielle
de rèfonner , & laiffe, quand on v eut, entendre
l’orgue tout feul. C ’eft en faifant jouer horizontalement
ce regiftre ^environ deux ou trois lignes
de courfe , qu’on fait élever toutes les fix cordes
à la fois , enforte qu’elles ne touchent plus à la
roue. ( Ext. du Traité de l’Orgue, par D. B e d o s . )
I X.
I n s t r u m e n t s a t u y a u x e t a s i m p l e e m b o u c
h u r e .
Sif f l e t d e P an ou Sy r in g e .
Affemblage de douze tuyaux placés les uns à
coté des autres , qui vont en diminuant de longueur,
& qui n’ont qu’ un ton :■ ces tuyaux peu-
‘vent être de bois , de cuivre , de rofeau ou de
fer. Us rendent fucceffivement la gamme ut, ré, mi,
f a , f o l , la , J i, ut, rê, mi, fa., fo l.
On a appelé cet infiniment le fifflet de Pan ,
parce qu’on le lui voit pendu au cou ou à la main ,
dans quelques ftatues antiques. Ce fifflet a paffé
du dieu Pan, à l’ufage des chauderonniers ambu-
lans dans nos provinces.
Pollux rapporte , dans fon Onomaflicon , que
les Gaulois & les Infulaires de l’Océan , fe fer-
voient beaucoup de la fyringe qui n’avoit que fept
tuyaux, & par confisquent fept tons.
On preffe mollement cet infiniment contre les
lèvres , & l’on fait parler, par un fouffle léger,
les tuyaux dont on veut tirer les fons ou les tons
propres à l’air qu’on veut jouer.
Voyez pl. I , fig. des Injlrumens du Mufique,
tome I I I des gravures.
Cheng, inflrument de Mufique chinois.
Il eft formé d’une calebafle, laquelle étant def-
féchée & coupée en deux parties , fert de corps
& d’appui à des tuyaux. Chaque tuyau, en modifiant
le fon de la calebafle, lui fait rendre -• tous
les tons contenus dans l’étendue de l’oftave.
L’embouchure de cet infiniment eft de bois ,
& faite dans la forme du cou d’une oie.
Il y en avoit autrefois de plufieurs fortes &
de différentes grandeurs.
Aujourd’hui , il y a des chengs à 19 tuyaux
& à 13,1 - - . !. \ .. I ’ :
Celui à treize tuyaux ne donne -que les douze
demi-tons de l’oélave moyenne. Le treizième tuyau
étant la réplique du premier fon, fert a compléter
l’o&ave.
On a fubftitué le bois à la calebafle , mais on
a confervé fa forme.
X.
IN S T R U M E N S A V E N T E T A EM B O U CH U R E , A.VEC
U N D O IG T E R *
F l u t e .
Pour qu’une flûte produife un fon , il faut qu’elle
ait une embouchure comme nos flûtes tràverfières,
un bocal comme nos cornets , un bifeau comme
nos flûtes douces , ou enfin une anche comme nos
hautbois.
De tous ceux qui fe font occupés des flûtes des
anciens , aucun , que je fâche, n’a recherché s’ils
avoient toutes ces différentes efpëces de flûtes ,
ou s’ils n’en connoiffoient que quelques-unes , &
lefquelles.
Il eft vrai que d’habiles antiquaires modernes,
rapportent que quelques-unes des flûtes trouvées
à Herculanum , ont des anches , & que les anciens
érigèrent une ftatue à Pronome le Thébain,
parce qu’il avoit inventé cette partie de la flûte,
mais ils ne nous apprennent rien de plus. Il eft
vrai encore que l’anche eft manifefte dans les
deffins de -quelques flûtes anciennes ; mais il y
en a d’autres qui fe terminent en haut par un espèce
de bocal : on en trouve même une à bifeau.
Enfin , le P. Hardouin , dans les notes & les
corre&ions qu’il a' jointes à fa belle édition de
Pline-, parle bien des anches des anciens , mais
il n’explique pas pofitivement fi les anciens avoient
uniquement des flûtes à anche, ou s’ils en avoient
auffi d’autres; il me femble cependant que cette
matière mérite d’être éclaircie.
Je vais tâcher de le faire, & je me flatte de
pouvoir montrer que les anciens n’avoient que
des flûtes à anches, mais qu’elles étoient de deux
fortes; l’une ayant l’anche à'découvert comme
nos hautbois ; l’autre ayant l’anche cachée.
Avant d’entrer en matière, il ne fera pas hors
de propos de remarquer que, fuivant le témoignage
de tous les auteurs Grecs & Latins , les
anciens appelaient flûte un tuyau percé de plufieurs
trous latéraux, qu’on bouchoit avec'les
doigts, ou autrement, & qui fervoient à produire
les différens tons.
Les autres inftrumens à vent s’appelloient cor,
trompette, buccine , lituus ; je ne- connois qu’une
feule exception à cettë règle, c’eft ïa fyringe ,
ou le fifflet de Pan, inflrument compofé de plufieurs
tuyaux inégaux^ & dont chacun donne un
ton différent ; encore peut -on dire, a\vx raifon ,
que les tuyaux inégaux dè la fyringe tenoient
lieu des trous latéraux des autres flûtes.
La flûte tîavërfièra lie paroît pas avoir été
connue des anciens, au moins aucun auteur n’en
parle. Ils avoient à la vérité une flûte furnommée
plagïauU , c/eft-à-dire , oblique ; mais Servius ,
dans fes remarques fur Virgile, dit à l’occafion
de ce vers,
Aut tibi curva choros indixit tibia Bacchi.
Hanc tibiam Grtzci vacant UXuy tauXo. Les Grecs
appellent cette flûte ( curva tibia ) plagiaule : or
les anciens ajoutoient au bout de leurs flûtes une
corne de veau pour en augmenter le fon ; cette
corne étoit naturellement recourbée, & rendoit
par confisquent la flûte même courbe, & voilà la
curva tibia de Virgile, & la plagiaule des Grecs.
On voit de ces flûtes courbes fur plufieurs monu-
mens anciens. Voyeç pl. V I I , fig. 10 , des Inflru-
mens de Mufique , tome 3 des gravures.
\ La vérité m’oblige d’ajouter que j’ai trouvé des
, efpèces de flûtes tràverfières , ou plutôt de vrais
fifres fur deux bas-reliefs, qui fe trouvent l’une
& l’autre dans l'Antiquité expliquée de Montfaucon.
Le premier de ces bas-rêîiéfs repréfente, fuivant
: le favant bénédiâtin , l’Amour & Pfyché ; tous 1 deux font portés par des centaures. L’amour tient
\ a % bouche un bâton qui femble être un fifre ,
t & il eft dans l’attitude de quelqu’un qui joue de
ï p$k inflrument : entre les deux centaures eft un
| Cupidon ou génie ailé debout, jouant auffi du fifre.
| Je foupçonne ce bas-relief d’être mal copié.
| Parce que Montfaucon dit pofitivement que
|^e Cupidon debout entre les centaures , tient un
t vale : or, l’inflrument que tient.l’amour à cheval,
reffemble exaôement au premier ; & fi l’un eft
un vafe, l’autre auffi en eft un.
2°v Parce que je n’ai vu fur aucun monument
l’amour jouant d’aucune efpèce de flûte ; l’on
trouve bien des génies ailés jouant de cet infiniment
, mais non l’amour.
Le fécond de ces bas-reliefs que Montfaucon a
tiré de Boiffard, reffemble beaucoup au premier,
& je le foupçoijne de n’être que le premier altéré
par les deffinatéurs ; au moins fi ce foupçon n’eft
pas fondé , il eft très-probable que ces centaures
& ces Cupidons font une.allégorie, & que l’un de
ces bas-reliefs eft imité de l’autre.
Au refte , qu’on ne foit pas étonné fi j’accufè
fi facilement ici & ailleurs ceux qui Ont copié les
bas-reliefs antiques, de les avoir altérés : j’ai des
preuves indubitables qu’ils fe font trompés en plufieurs
occafions, & j’en rapporterai deux des plus
fortes.
L’on trouve dans le tome I de l’Antiquité expliquée
de Montfaucon, un#fyringe compofée de
huit tuyaux à bifeau. Chaque tuyau eft percé de
trous latéraux ; les deux premiers en ont chacun
quatre; les quatre fuivans en ,ont chacun trois;
l’avant-dernier deux, & le dernier un. Je ne remarquerai
point que jamais on ne trouve de fyringe
dont les tuyaux foient à bifeau , & percés de trous
latéraux; je demanderai feulement comment avec
huit doigts, car les pouces doivent fervir à tenir
l’inftrument, je demanderai, dis-je, comment avec
huit doigts on jouera d’un inflrument à vingt-trois
trous ? Me répondra-t-on qu’on ne joue que d’un
tuyau à la fois , & qu’alors il ne faut au plus que
quatre doigts ? Je demande alors comment un mu-
ficien tranfportera dans le même inftant fon inf-
trument d’un côté à l’autre, & fes doigts d’un
tuyau à l’autre fans fe tromper ?
Qu’on trouve dans le traité de tibiis veterum de
Bartholin, un joueur de flûte, tenant deux flûtes,
dont chacune a deux trous latéraux, & à côté
deux petites éminences cubiques , ou chevilles ;
cette même figure fe trouve dans Boiffard; mais
les flûtes n’ont ni trous latéraux, ni chevilles ;
bien loin de-là, elles font entourées d’anneaux.
Que ce foit Bartholin , ou que. ce foit Boiflàrd
qui ait repréfenté l’antique, l’un des d.eux s’eft
trompé dans cette occafion : on peut avoir de
même mal copié le, bas-relief où font les fifres,
& je fuis fondé à dire que les anciens n’avoient
point de flûtes tràverfières , jufqu’à ce que j’aie de.
bonnes, preuves du contraire.
Les flûtes à bocal, ou les cornets font difficiles
à emboucher, & il eft prefqu’impoffible de jouer
de deux de ces flûtes à la fois ; c’eft cependant
ce que.faifoient les anciens habituellement. D ’ailleurs
, une flûte à bocal n’a rien qui reffemble à
une glotte ou languette , c’eft-à-dire, à une anche
comme nous le verrons ; cependant, il paroît par
quantité de paffages des auteurs anciens, que la