
près poflible de la table, afin que les Tons en foient
plus moelleux, plus fuayes.
Quant aux fept pédales, il y en a trois du côté
du pied gauche, & quatre du côté du pied droit.
Les trois premières portent le nom de pédales
de f i , d'ut, de re ; les quatre dernières, celui de
pédales de mi, de fa , de fo l, de la, du nom des
cordes-qu’elles altèrent, & leur effet eft tel qu’on
le voit indiqué (p/. I I du Luthier, tome ? des gravures)
, dans les cellules qui répondent au clavier
par les trois lettres droites & les quatres penchées
de la première oâave au grave , qui fait mou-’
voir en même temps les trois autres oétaves à
l’aigu, défignées par de petites lettres & des. point
correfpondans.
Voye{ ci-après la defcription de toutes les parties
qui compofent la harpe organifée, dans Y explication,
& dans les pi. I I , I I I , I F de l'art du
Luthier, tome 3 des gravures. ;
Les cadences ou trils fe font fur cet infiniment,
en pinçant alternativement deux cordes qui fe fui-
yent.
Il faut, lorfqu’on travaille pour cet infiniment,
éviter tous les modes où il entre beaucoup de
dièfes ou de bémols , fur-tout dans le courant
du morceau, parce qu’alors les dièfes ou bémols
( qu’on peut dire accidentels ) ne fe font qu’en
mettant les pieds fur les pédales , & ne peuvent
être arrêtées comme celles qui appartiennent au
ton primitif.
Les tons favorables à la harpe, font ceux où il
entre peu de dièfes ou de bémols, tels que le mi
naturel, tierce mineure; le mi bémol , tierce majeure;
le f o l , tierce majeure ou mineure; 1 e f a ,
tierce majeure; le f i bémol, tierce majeure.
Pour empêcher que le bas des pédales ne fe
détruife , foit par l’humidité , par la poufiière,
ou parle choc de quelques autres corps étrangers
on adapte un double fond à la harpe, & on enveloppe
l’entre - deux par une bande légère de
bois , ou par la continuité des faces latérales de la
caiffe fonore, en laiffant de petites fenêtres pour
palier les queues des pédales.
Enfin, on couvre le devant du montant, de
même que le devant de la bande, l’un 8i l’autre
d’une planche mince , afin de garantir d’infulte ce
que chacune de ces pièces contient dans fon intérieur.
Il faut dire aufli pourquoi la bande efi courbée
en dedans, 8c pourquoi la caifie fonore efi plus
grofle vers le bas.
1 i°. Ceux qui jouent de cet infiniment , ont
remarqué, lorfque la bande efi droite, que quoique
les cordes les plus minces foient beaucoup plus
çourtes que les groffes, cependant elles cafioient
çonftamment plus fou vent que les autres : d’où
ils ont conclu qu’il falloir , pour leur donner plus
de réfiftance , les raccourcir davantage ; 8ç c’eft
çe qu’on a fait en courbant la traverfe.
a0. Comme les, petites cordes s’attachent vers
le haut de la caifie fonore, & les groffes vers le
bas, 8c que les fons que rendent celles-ci ont plus
d’intenfité que les fons que rendent celles-là, il étoSt
néceflaire de faire la caifie plus vaite 8c plus forte
aux endroits où font attachées les grofies , qu’à
ceux où font attachées les petites : afin qu’il y
eût dans le bois de la caifie une inertie proportionnée
à l’intenfité des fons , 8c que le volume
d’air renfermé, de même que celui qui environne
la caifie immédiatement, fût dans une efpèce de
proportion avec la force de ces fons,
La meilleure harpe , fans doute , feroit celle
où la force du fon feroit en équilibre avec les
parties correfpondantes de la caifie fonore.
Cet infiniment rend des fons doux 8c harmonieux
; il efi très-touchant 8c plus propre à exprimer
la tendreffe 8c la douleur, que les autres
affeftions de l’ame.
Les cordes de la harpe veulent être touchées
avec modération; autrement, elles rendroient des
fons confus, comme feroit le clavecin, fi les v ibrations
des, cordes n’étoient pas arrêtées par un
obfiacle.
Harpe muficale , par le fieur C o u s is EAU, célèbre
, luthier de Paris.
La harpe , dans l’origine , étoit un infiniment
très-borné; l’on n’y pouvoit moduler qu’en un feul
ton majeur, 8c en un feul ton du mode mineur,
encore ce dernier manquoit-il d’un fon effentiel,
la note fenfible.
L’harmonie enchantereffe de cet infiniment;
ayant engagé plufieurs mécaniciens à le perfectionner,
on imagina les fept pédales connues depuis
quelques années ; ce qui le mit en grande
faveur parmi les gens du monde : mais il reftoit
encore fort borné en comparaifon du clavecin.
Car , pour exécuter certains morceaux de mufi-
que , il falloit ou les tranfpofer , ou accorder la
harpe dans un ton extraordinaire ; quelquefois
même l’exécution en étoit abfolument impofliblç.
Un artifte plein d’intelligence 8c fort zélé pour
le progrès de fon art, le fieur Coufineau , vient
d’exécuter une mécanique qui affimiie la harpe au
clavecin, 8c donne la facilité de parcourir, fans
embarras, toutes les modulations de notre fyftême
mufical. .
Ce nouvel inftrument réunit la folidité à la fiin-
plicité; fans déranger l’ordre des anciennes pédales,
on y ajoute uniquement celles qui étoient nécef-
faires pour moduler dans tous les tons. „
Ces nouvelles pédales, lorfqu’elles faififient la
corde , ne l’éloignent point de fon à-plomb, 8c
n’en étouffent jamais le fon ; double inconvénient
qu’a toujours eu l’ancienne mécanique.
La harpe, ainfi perfectionnée, doit mériter à
fon auteur la reéonnoifiance des amateurs 8c des
maîtres de mufique ; ils s’emprefferont fans doute
à le dédommager des peines 8c des dépenfes qu’a
dû lui caufer une entreprife tentée vainement juf-
qu’ici.
L’académie royale des fciences de Paris , a
nommé des commiffaires pour examiner l’invention
du fieur Coufineau. L’on va mettre leur rapport
fous les yeux du public , perfuadé qu’il ne
le verra pas avec indifférence. Le rédaéteury entre
dans les plus grands détails au fujet du mécanifme
de la nouvelle harpe, enforte que ceux qui s’attachent
à cette partie des inftrumens de mufique,
trouveront ici de quoi fe fatisfaire.
Extrait des regifires de Vacadémie royale des fciences
de Paris, du 6 février 1782.
L’académie a nommé MM. le préfident de Saron,
Bertholet 8c Vandermonde, pour lui rendre compte
des moyens propo/és par M. Coufineau , luthier
de la reine, pour perfeétionner la harpe.
Cet infiniment, tel qu’on l’emploie aujourd’hui,
a , dans l’étendue de chaque oétave , fept cordes
qu’on raccourcit chacune de l’intervalle qui forme
le femi - ton, en les ferrant par un crochet qui
efi conduit par une pédale , contre un chevalet
arrêté fur la courbe de bois, qu’on appelle con-
foie.
Il y a un certain nombre de modes, dans lef-
queîs la mufique devient, par cet arrangement,
plus facile à exécuter que fur lés infirumens à
clavier, où les différentes pofitions des femi-tons
exigent des manières de doigter différentes.
On a foin de monter la harpe , de manière à
faciliter, par ce moyen, l’exécution dans les tons
où l’on module le plus fréquemment ; mais quand
on veut en fortir, on rencontre des difficultés in-
furmon tables.
Ainfi , par exemple, on accorde ordinairement
la harpe dans le ton de mi bémol majeur ; mais fi
l’on veut paffer dans ceux de la bémol ou de fi
naturel, on a befoin dans le premier, d’un ré bémol
que ne peut fournir la corde ré , puifqu’elle
ne peut être qu’accourcie par le jeu de la pédale,
& ne peut , par «conféquent, donner qu’un ré
dièfe.
On a befoin dans le fécond, d’un la dièfe, qui
ne peut pas être fourni par la corde de la bémol,
puifqu’elle ne peut être accourcie par l’effet de la
pédale , que de l’intervalle d’un demi-ton , qui ne
donneroit par conféquent qu’un la naturel.
On fauve-cette difficulté, quand elle n’efi que
paffagère , en cherchant la note en- queftion fur
la corde voifine de celle qui, d’après le nom qu’elle
porte, eût dû la donner-.
Ainfi, par exemple, on cherche le re bémol fur
la corde d 'ut, en la raccourciffant au moyen de
fa pédale, de l’intervalle d’un femi-ton ; & dans
le fécond cas, on prend la corde de f i bémol pour
la dièfe.
Mais il en réfulte une grande difficulté pour les
commençans, parce que cela exige une manière
inaccoutumée de doigter ; l’intervalle qui , par
exemple, devoit former une quinte devenant pour
le doigter une quarte ou une fixte, dans le cas dont
nous venons de parler.
D ’ailleurs, ce double emploi d’une même corde
dans un même ton, n’eft praticable pour les maîtres
mêmes, que dans les paffages où il ne doit être
ni bien fréquent, ni bien rapide , parce que le jeu
des pédales ne peut pas fuivre la rapidité de celui
des doigts.
S’il falloit, comme cela n’arrive que trop fou-
vent , toucher à ; la - fo is , par exemple, ut & ré
bémol dans le ton de la bémol, f i naturel & la
dièfe dans le ton de f i naturel , la difficulté de-
viendroit alors une impoffibilité abfolue ; c’eft une
des principales raifons qui font/que la harpe a
toujours été regardée jufqu’ici comme un infini-,
ment borné.
Il étoit naturel de penfer, comme l’a fait M.
Coufineau, que fi l’on pouvoit y adapter un double
rang de pédales , .le premier qu'il faudroit ôter
pour faire les bémols , & le fécond qu’il faudroit
mettre pour faire les dièfes, on leveroit ces difficultés.
Mais l’exécution de cette idée entraînoit des
inconvéniens qu’il falloit prévenir : celui de la multiplicité
des pédales , peut paroître , au premier
alpeâ, plus grand qu’il n’eft en effet.
M. Coufineau a pofé immédiatement l’une fur
l’autre, les deux qui correfpondent à une même
corde.
Celle du rang fupérieur efi plus courte de deux
pouces que fa compagne , & s’élève d’un pouce
& demi au deffus d’elle, à fon extrémité ; ce qui
nous paroît fuffire pour qu’avec un peu d’habitude,
le double rang ne foit guère plus embarraffanç,
qu’un feul.
Leur ordre efi abfolument le même que dans la
harpe ordinaire : mi, fa , f o l , la , pour le côté
droit; f i , ut, ré, pour le côté gauche.
La pédale efi un levier , dont la branche fur
laquelle pofe le pied , efi toujours foulevèe par la
force d’un reffort qu’il faut que le pied vainque,
avec celui de la corde, pour la ferrer contre, le
chevalet dont nou's avons parlé.
Cette branche efi brifée Ô£ peut avoir un mouvement
latéral en avant, au moyen duquel on
peut, lorfqu’elle efi une fois abaiffée, la gliffer
fous une cheville qui la retient dans cette fitua-
tion , conferve auffi long-temps qu’on le veut le
femi-ton, qui efi l’effet de l’abaiffement de cette
pédale, 8c laiffe au pied toute fa liberté.
Pour ôter la pédale , on l’abaiffe un peu, on
la ramène en arrière , & le reffort agit pour la
preffer de nouveau contre le taffeau qui termine,
par le bas , la caiffe de l’inftrument.
Pour introduire une nouvelle pédale fous cette
première, il a fallu l’armer d’un talon, & pofer
deux nouvelles chevilles fous le taffeau. Le talon
efi preffé contre la plus courte de ces chevilles;