
la double cadence , & en outre le marchement "9
le battement & la langueur.
On fait tous ces agrémens fur la viole comme
fur tous les autres inftrumens , en exécutant les
unes après les autres les notes que les agrémens
renferment.
Il y a trois de ces agrémens qui n’ont point de
caractères propres dans la tablature ; favoir, le
battement, la langueur, la plainte, que pour cette
raifon on va expliquer.
Le battement fe fait lorfque deux doigts étant
p'ofés fur la corde près l’un de l’autre, l’un appuie
fur la corde, & l’autre la bat fort légèrement.
La langueur fe fait en variant le doigt fur la
touche; oij la pratique ordinairement lorlqu’on eft
obligé de toucher une note du petit doigt, & que
la mefure le permet : cet agrément , comme le
précédent, doit'durer autant que la note.
La plainte fe fait en traînant le doigt fur la corde
d’une touche à l’autre prochaine en defcendant,
fans le lever.
Cet agrément n’eft propre que pour les pièces
de mélodie ou d’harmonie ; car dans l’accompagnement
on ne doit pas le pratiquer, ou ce doit
être rarement avec beaucoup de prudence, afin
qu’il n’en réfu'lte- aucun mauvais effet contre les
autres parties.
Cet agrément fe fait en procédant par le mi-ton
majeur ou mineur; il eft fort touchant & pathétique
, parce qu’il touche en paffant les degrés, enharmoniques.
D'efius, dé Viole.
C ’eft un ï i Crûment de mufique à cordes & archet,
en tout femblable à la viole , dont il ne diffère
qu’en ce qu’il eft plus petit & n’a que fix cordes,
lefquelles fonnent i’oélave au deffus des premières
de la viole.
Pour jouer du dejfus, on l’appuie droit fur fes
genoux, & ori- tient -l’archet avec la main droite
renverfee.
ArcKiviole de fiyré.
C ’eft un infiniment à cordes ufité ci-devant en
Italie, & qui étoit femblable, par fa ftruéhire &
par fon jeu , à la baffe de viole , excepté fon
manche qui étoit beaucoup plus large à Paufe de
Ta quantité des cordes car quelques-uns en met-
toient douze , & d’autres jufqü’à feize. Comme
cet infiniment avoir beaucoup de cordes, l’on
pouvoît prendre des accords complets. Il avoit
deux cordes au grave qui' débordoient le manche,
& qui' par conféquent ne pouvoien't donner chacune
qu’un ton.
Lyra di Braccîo'.
C’eft une efpèce de viole plus grande que le
violon ; elle a fept cordes , dont deux font audelà
du manche, & ne peuvent par conféqueflï
donner chacune qu’un ton. Cet infiniment n’eft
qu’une efpèce de deffus de l’archiviole de lyre.
Baryton.
On prétend qu’il y avoit un infiniment de ce
nom, affez femblable à la baffe de viole. Deffous
le manche du baryton , il y avoit des cordes de
laiton , qu’on faifoit réfonner avec le pouce, en
même temps que l’on touchoit d’un archet à l’ordinaire
les cordes de boyaux tendues fur l’inftru-
ment.
Viole bâtarde.
C’eft une véritable baffe de viole , mais dont
la grandeur tient le milieu entre l’efpèçe de viole
la plus grave, & celle qui eft la plus aiguë, en-
forte qu’un bon muficien peut exécuter indifféremment
fur cet inftrument les pièces qui conviennent
à tous les autres de ce genre ; & c’eft probablement
de là que lui vient le nom de viole bâtarde.
On met quelquefois fous le grand chevalet d@
cette viole un petit chevalet de cuivre, fur lequel
font tendues fix cordes de laiton, qu’on accorde
à Foélave des cordes de boyaux.
Ces cordes de laiton réfonnant par fympathie ,
quand on touche les autres avec l’archet , elles
produifent un fon argentin djfiinâ du fondamenq
tal* & font un effet très-agréable.
Viole d’amour-
Cet infiniment eft plus grand que les grands
deffus de viole; il eft de la même forme, monté
de même à fix cordes ; outre ces fix cordes, il y
en a fix autres de laiton qui, paffant en dedans
la touche foutenue par le milieu du chevalet, font
attachées au deffous de la queue par autant de
crochets. Voyez fig. y , pi. X I I I des Inftrumens de
Mufique, tome I I ï des gravures.
- Son accord & fa tablature font differentes des
autres inftrumens à fon- accord ; car il s’accorde
félon le ton ou mode des pièces que Ton veut
jouer! Par exemple, fi la pièce eft en d la ré, fon
accord fera ré, la , ré fa , la ré, ou ré:, fa , la, ré,
fa ; ce qui veut dire que fa manière de l’accorder,
eft prife des notes de Faccord parfait de la
tonique de l’air qu’on veut jouer.
- Si quelquefois il ÿ a jm e corde accordée/dans
un autre mode ; de la manière dont la mufique eft
copiée -, à l’exécution cela revient au même : car
telle ou telle note devient différente à l’exécution
qu’elle ne paroît, pùifque fouvent il y a à la clé
des dièfes & des bémols en même temps fur le
papier. Nous avons quelques fonates de violon &
de violoncelle dans ce genre.
Cette forte de tablature eft faîte ainfî , tant pour
l’accord que pour la manière de copier, afin de
conferver la mécanique des doigts pour la po-
fitioflr
À l’égard des cordes de laiton qui font en def-
fous, elles font accordées à l’b&ave ou à l’uniffon
des autres cordes.
De forte que cet accord à la tierce, quarte,
quinte , & ces doubles cordes , font comme une
efpèce d?écho qui rend cet inftrument fort mélodieux,
très-propre fur-tout pour les airs tendres
& ^ffeâueux.
M o if o c o R D E.
Inftrument qui a été imaginé pour connoître,
par fon moyen, la variété & la proportion des fons
de mufique.
Ce n’eft pas un inftrument à exécuter de la mufique
, ni à jouer des. airs, mais il eft proprement
la règle de l’intonation.
Le monocorde, felon Boëce, eft un inftrument
qui a été inventé par Pythagore, pour mefurer géométriquement
ou par lignes les proportions des
fons.
diviiee ot lubdivilée en pluüeurs parties , fur laquelle
il y avoit une corde de boyau ou de métal,
anediocremeqt tendue fur deux chevalets par fes
extrémités; au milieu de ces deux chevalets il y
en avoit un autre mobile, par le moyen duquel,
en l’appliquant aux différentes divifions de la ligne,
on trouvoit en quels rapports les fons étoient avec
les longueurs des cordes qui les rendoient.
On appelle aufîi le monocorde, régie harmonique
ou canonique, parce qu’elle fert à mefurer le grave
& l’aigu des fons.
Ptolomée examinoit ces intervalles harmoniques
Ævec le monocorde.
Il y a aufîi des monocordes qui ont diverfes
cordes & plufieürs chevalets immobiles, mais qui
peuvent être tous fuppléés par le feul chevalet
mobile, en le promenant fous une nouvelle corde
quon met ait milieu , qui repréfente toujours le
fon entier ou/ouvert, correfpondant à toutes les
divifions qui font fur les autres chevalets.
Lorfque la corde eft divifce en deux parties égales
, de façon que fes parties foient comme l à i
on les appelle uniffon; fi elles font comme 2 a i *
on les nomme o El ave ou diapafon ,* comme 1 à 3 ,
quinte oudiapente; comme 4 3 3 , quatre ou dia-
tefferon; comme 5 à 4 , diton ou tierce majeure;
comme 6 à 5, demi ton ou tierce majeure ; enfin,
comme 24 à 25, demi-ton ou dièfe.
Le rrfonocorde, ainfi divifé , étoit ce qu’on, ap-
pelloit proprement un fyftême , & il y en avoit
de plufieurs efpèces , fui van t les divifions du monocorde.
Le do&eur Wallis a donné dans les TranfaEtions
philosophiques , la divifion du monocorde ; mais
cet inftrument n’eft plus en ufage, parce que la
mufique moderne ne demande pas de pareille di-
Monocorde eft aufîi un inftrument de mufique
qui n’ a qu’une feule corde, telle qu’efl la trompette
marine. Le mot eft grec, fcovo^lfdoç, de f^ovos,
feul, & , corde.
De la Chauffe rapporte , d’après Cenforinus,
qu’Apollon trouva le monocorde dans l’arc de fa
fiæur Diane; cela fe peut très^bien : il paroît au
moins très-probable que le premier inftrument à
corde n’ait été qu’un monocorde, & celui-ci un
arc*
Trompette marine.
C’eft un inftrument de mufique compofé de
trois tables, qui forment fon corps triangulaire®;
elle a un manche fort long, & une feule corde de
boyau fort greffe , montée fur un chevalet ,
qui eft ferme d’un côté fur un de fes pieds, &,
tremblotant de l’autre côté, fur un pied qui n’eft
point attaché à la table.
On la touche d’une main avec un archet, &
de l’autre on preffe la corde fur le manche avec
le pouce c’eft ce tremblement du chevalet qui
lui fait imiter le fon de la trompette ; ce qu’elle
fait fi parfaitement, qu’il n’y a prefque pas moyen
de la diftinguer de la trompette ordinaire , & c’eft
ce qui lui a fait donner ce nom , quoique d’ailleurs
ce foit une efpèce de monocorde. Voyez la.
fig. 10 de la pi. X III dés Infirumens de Mufique,
tome I I I des gravures.
La trompette marine a les mêmes défauts que
la trompette militaire, en ce qu’elle ne peut exprimer
que des notes.de trompette, & qu’elle leur
donne un ton trop bas ou trop haut.
Voici là raifon que M. Roberts en donne : après
avoir fait la remarque des deux cordes qui font
a 1 uniffon , & dont l’une ne peut être ébranlée
fans que l’autre ne s’ébranle en même temps, il
dit que les impulfions que l’air reçoit de l’ébranlement
d’une corde, fe communique à une autre
corde qui fe trouve difpofée à recevoir les mêmes
vibrations.
 quoi on peut ajouter qu’une corde s’ébranle,
non-feulement par l’impulfion d’une uniffon , mais
aufîi par celle d’urie o&ave ou douzième, n’y ayant
point de contrariété dans les mouvemens , pour
fe nuire les uns aux autres.
D ’ailleurs, en jouant de la trompette marine
on n’appuie pas ferme fur la corde, comme dans
les autres inftrumens , mais on ne fait que la
toucher légèrement du pouce.
Ce qui prouve qu’on n’en tire que des fons harmoniques
; car fi on vouloit appuyer le pouce ou
les doigts, le fon ne ferpit plus le même.
Enfin , la partie fupérieure de la corde concourt
avec fa partie inférieure pour former le fon : d’où'
il faut conclure que la trompette marine ne rend
un fon mufical, que lorfque la touche fur la partie
fupériëiire de la corde forme une partie aliquote,
ou intégrante de la note ; de forte que le concours
de la partie inférieure de la corde, achève de former
le fon parfait ou la note entière.
E ij