
on a la liberté, non-feulement de la retourner fens
cîeffus deffous, étant placée au milieu de fon épaif-
feur, mais encore bout pour bout, d’autant qu’elle
eft à cet effet percée des deux bouts.
La boîte de la plane eft arrêtée fur un banc ou
petit établi par le moyen d’une vis qu’on ferre
au deffous de l’établi avec un écrou.
Le banc ou établi des Canniers eft d’environ
deux pieds de long fur deux pieds de haut, & huit
à neuf pouces de largeur , à un des bouts duquel
on perce un trou pour paffer & arrêter la vis
de la boîte de la pîane un peu fur le derrière,
afin que la vis foit hors de l’établi » dont l’angle
eft arrondi. Cette vis eft difpofée de façon, que
l’ouvrier étant aflis devant l’établi qu’il tient ferme
, en paffant le pied fur l’entre-toife du deffous,
puiffe, fans fe déranger , tourner la plane
à fon gré.
Pour mettre la canne d’épaiffeur', après avoir
liauffé la plane à la hauteur convenable , qui eft
environ un tierjf de ligne fur le fond , le Cannier
prend un brin de la main droite , & le fait paffer
entre la plane & le couteau , en mettant le
côté du vernis, qui eft le devant de l’ouvrage,
vers la plane; il appuie avec les doigts delà main
gauche fur la canne , & près du taillant du couteau
, de manière qu’en la relevant-, elle^ ne foit
pas coupée par ce dernier,
Cette opération fe-répète à diverfes fêprifes ,
jufqu’à ce que la canne foit parfaitement d’épaiffeur.
Quand on met la canne d’épaiffeur, on doit
fe garnir les deux premiers doigts de la main
gauche , ou au moins un , avec un doigtier de
cuir, pour fe garantir du frottement-des coupeaux
qui blefferoient.
La canne étant mife d’épaiffeur, il faut la mettre
de largeur, en la faifant paffer entre des lames
de couteaux placées verticalement dans un
morceau de bois , lequel eft à l’autre bout de l’établi
, & arrêté en deffous par le moyen d’une
clef.
Ces lames de couteaux font difpofées à une
diftance donnée par la largeur de la canne, &
font un peu ouvertes parle haut, afin que la canne
y entre plus aifément.
Outre les outils dont on vient de parler pour
la préparation de la canne., il y en a d’autres
qui fervent à fon emploi ; favoir :
Un poinçon , dont on fait ufage pour débou-
'cher & agrandir les trous, lorfqu’ils. ont déjà
reçu deux ou trois brins de canne.
Une cheville pour arrêter les premiers brins de
canné dans les trous , en attendant qu’on y faffe
paffer les autres, & qu’on les y arrête par une
cheville à demeure.
Un outil nommé reprife, lequel fert à retirer
.les brins de canne au travers des mailles.,
On appelle libertés, en terme de Cannier , des
filets de canne d’environ trois lignes de largeur,
qui fervent à élever & baiffer les brins de canne
pour faciliter le paffage d’une aiguille de même
matière ; & cette aiguille eft employée pour introduire
la canne.
Les fiéges étant préparés par le menuifier , comme
il a été dit, pour être garnis en canne , on
les livre au Cannier, qui opère de la maniéré fui-
vante.
La première opération. eft' d'ourdir : pour cet
effet , le Cannier prend lé milieu de la pièce fur
le plus grand fens ; puis il arrête un brin de canne
au trou du milieu, en y faifant un noeud.
Il fait paffer la canne en deffus du trou oppo-
f é , laquelle, en revenant en deffous, reffort par
un autre point, & donne une travée de fils qu’on
double, en faifant repaffer la canne- par le pre.
mier trou , & -ainfi de fuite.
Il eft bon de remarquer que dans cette première
opération, les cannes pafferit non-feulement
deux fois, par chaque trou, mais encore
qu’elles paffent différemment en defious , delun i
ou de l’autre côté. En effet, par en haut, c eft-à- I
dire par où l’on commence , les filets paffent fini- j
pies dans tous lés intervalles, au lieu qu ils, paf- !
fent deux fois dans les intervalles du bas , dont
ils laiffent un vide entre deux.
Il faut expliquer la façon de nouer la^cannt.
Lorfqu’un brin de canne eft fini, ou. quil neli
pas affez étendu pour faire une longueur entière,
on le fait entrer dans un trou en deffus, à 1 ordinaire
, & on le paffe en deffous par le trou
prochain ; on prend une autre brin de canne, qu on
fait paffer par le premier trou ; puis dans j’efpace
qui eft entre les deux trous & le premier brin
de canne , on fait paffer le bout du fécond, quon
reploie enfuite en deffus du premier , & en deffous
du fécond ou de lui-même ; de forte quen
tirant le bout de ce fécond brin, on forme & on
fçrre le noeud, qui attache le fécond'brin au premier.
Lorfqu’on noue les brins de canne , il faut ob-
ferver fi le bout qui finit n’excède pas de beaucoup
ce qui eft néceffaire pour le nouer , par«
que le bout qui refte ne peut fervir à rien, a
moins qu’il n’ait huit ou dix pouces'au moins o®
longueur. C’eft pourquoi, quand le Cannier sap-
perçoit que ce qui refte a plus d’un pouce, &
moins de huit à dix, il fait le noeud à l’autre bout
du filet, dont le reftant pourra lui fervir a lier
des parties plus courtes.
La fécondé opération du cannier s’appelle monter
, & fe fait de la manière ' fuivante.
On prend une petite tringle de canne, dite
liberté refiant e , parce qu’elle refte en place ju ■
qu’à la fin de l’ouvrage. On introduit cette pe*
tite tringle entre les filets de canne déjà ourdis,
obfervant de faire hauffer l’un & baiffer l’autre.
Enfuite on paffe une autre liberté en contre-lens
de la première ; puis des deux coins de la ptece
prête à monter, on fait paffer deux brins de canne >
le premier qu’on enfile dans a ne aiguillé, laquelle
s’entrelace entre tous les filets : l’autre brin
fe treffe pareillement avec une aiguille. On reprend
la fécondé liberté, & on fait defeendre les
brins deffous l’ouvrage. On recommencé l’opération
, obfervant d’afftirer les brins de canne
avec une cheville à chaque fois qu’ils ont été
paffés dans les trous de deffus en deffous , afin
que l’ouvrage fe maintienne toujours ferme.
I.,a troifième & dernière opération des Cantliers,
eft la garniture, laquelle confifte à placer des filets
de canne d’un tiers plus large que les autres
diagonalement aux précédentes.
Pour y parvenir, on fait fortir par deux trous
du milieu de la pièce un filet de canne, dont on
dirige diagonalement les deux bouts. Ces brins fe
paffent en deffous avec la main gauche, en retirant
en deffus avec la droite par le moyen de l’outil
nommé reprife, & ainfi de fuite..
En faifant ces diverfes opérations pour garnir
les fiéges de canne , il faut avoir attention de
bien tendre les brins à chaque fois qu’on les paffe,
fur-tout les derniers, qui doivent être arrêtés avec
de petites chevilles qu’on feroit bien de coller.
Les fiéges traités en canne, comme ôn vient
de le décrire , font-d’un très-bon ufage, & beaucoup
plus propres que ceux de paille ou de jonc.
Ils font moins chers que ceux garnis d’étoffe, moins
fujets à fe tacher, & convenables pour les falles l
à mangea'.
Des différentes fortes de fauteuils. -
On nomme en cabriolet, un fauteuil qui a fa
forme circulaire, différente en cela du fauteuil
dit à lk seine, dont la forme eft droite du coté
du doffier. C ’eft le fiége aujourd’hui le: plus en
tifage; v <■ • •••■ || •
Les fauteuils en cabriolet ayant leur doffier fur
un plan circulaire & évafé , forment une partie
de la furface d’un cône, ce que les menuifiers. appellent
faire la hotte.
La hauteur des fauteuils eft à peu près la meme
que celle des chaifes, excepté que le fiége doit
être un peu plus bas, & par çonféquént le doffier
plus haut à . proportion , fur-tout quand ils
font beaucoup évafés. ■
Quant à leur largeur, elle eft néceffairèment
plus confidérable que celle des chaifes. On donne
communément de largeur de ‘fiége aux fauteuils
depuis vingt-deux jufqu’à vingt-fix pouces fur
dix-huit à vingt pouces de profondeur.
La groffeur & le débit des bois diffèrent peu
de ceux des chaifes , fi ce n’eft que dans le cas
des cabriolets , les traverfes des do (fiers doivent
être refendues félon leur inclinaifon ou leur éva-
fement ; ce qu’on peu faire en les traçant deffus
& deffous avec des calibres , dont on aura le
cintre fur le plan , & en les reculant de ce qu’il
néceffaire : on peut aufti ufer d’économie, &
fans aucune perte, prendre les traverfes du haut
& du bas l’une derrière l’autre,ce qui eft d'autant
plus facile qu’elles font de différens cintres,
de forte que le dehors de l’une peut faire le dedans
de ï’autre, à peu de chofe près.
Les châfiis de ces fiéges s’affemblent en chapeau
par devant ; mais il feroit encore mieux
de les affembler d’onglet par devant & par derrière,
lorfqu’ils font cintrés , comme dans cette
efpèce de fauteuil, en enfourchement à l’endroit
de l’entaille des battans ou pieds.
Avant de rien arrêter, tant pour la forme que
pour la hauteur des confoles qui foutiennent les
bras des fauteuils, il faut fe rendre compte de
la manière dont, le fiége fera garni, de fa hauteur,
de la forme de fon plan, & de la plus du
moins grande inclinaifon de fon doffier, afin que
la personne qui s’affeoira, ait les bras commodément
appuyés fur les accoudoirs > dont le deffus
doit être un peu creux & baiffer fur le devant
d’environ un demi-pouce.
La longueur des bras des fauteuils ordinaires ,
doit être d’environ un pied; mais à ceux qui font
cintrés en plan, il faut diminuer cette longueur
de ce que le doffier a de creux.
La groffeur des bras de fauteuils varie depuis
un pouce, jufqu’à un pouce & demi, ou même
deux pouces, félon qu’ils font ornés & garnis d’é*-
toffe.
Ces garnitures fe font de deux manières différentes
; fçavoir , les garnitures adhérentes aux
bras , que l’on nomme manchettes , & celles dites
de rapports _
Dans le premier cas , on doit réferver au mi*-
lieu du bras un efpace d’environ fix pouces de
longueur au moins, chantourné en creux, autour
duquel on fait régner un membre des moulures
des bras , & qu’on ravale enfuite , pour que la
garniture qu’on* attache deffus laiffe à cette
moulure une faillie fuffifante, & que les clous
ne la débordent pas.
Quand les garnitures des bris fe lèvent ou
font de rapport, on refend le dedans du bras
fuivant le contour de la moulûre, afin de le
garnir féparément, & de pouvoir chânger la
garniture d’étoffe quand on le juge à propos. Cet
accoudoir dé rapport s’arrête dans le bras par le
moyen d’un goujon de fer, dont le bout, qui eft
taraudé , paffe au travers du bras, fous lequel il
eft arrêté psr le moyen d’un écrou qu’on enterre
dans l’épaiffeur du bras : on met aux deux
extrémités de l’accotoir deux petites chevilles ,
lefquelles entrent dans le bras ; ou l’on fait dans
le deffus du bras un ravalement d’environ trois
lignes de profondeur, ik d’une largeur fuffifante
pour que l’accotoir entre & fe fixe en dedans
avec fa garniture.
De telle forme que foit le plan des fauteuils,
il eft toujours néceffaire que leurs bras foient
évafés & retournent en dehors par le bout, ou