
mortier en eft excellent pour les ouvrages aquatiques.
■
. Il y a , à Metz & aux environs, de la pierre
dure, avec laquelle on fait une excellente chaux qui
ne fe coule point , & dont le mortier devient fi
dur, que les meilleurs outils ne peuvent l'entamer:
auffi en fait-pn des voûtes, fans aucun autre mélange
que de gros gravier de rivière.
Des ouvriers, qui n’en connoiffoient point la qualité
, s’avifèrent de l’éteindre dans des baffins qu’ils
couvrirent de fable pour la conferver ; l’année fui-
vante, elle fe trouva fi dure, qu’ils furent obligés
de la rompre à force de coins, & de l’employer
comme moellon.
On éteint cette chaux , dit Bélidor, en l’abreuvant
d’eau à diverfes reprifes, après l’avoir couverte
de tout le fable qui doit en compofer le
mortier.
Melun, Corbeil, Senlis, Boulogne & quelques
autres, font les lieux qui fourniffent de la chaux
à Paris ; Meudon , Chanville , la Chauffée & les
environs de Marli, font ceux qui fourniffent la
meilleure, la plus graffe & la plus onftueufe.
Si l’abondance ou la qualité des fels que contiennent
certaines pierres , les rendent plus propres
que d’autres à faire de bonne chaux , on peut
employer des moyens d’en faire d’excellente dans
des pays où elle a peu de qualité. Il eft néceffaire
pour lors que les baffins foient pavés & revêtus
de maçonnerie bien enduite dans leur circonférence
, afin qu’ils ne puiffent perdre aucune partie
de l’eau qui fert à l’extinâion de la chaux.
On l’éteint & on la coule comme à l’ordinaire ;
enfuite on broie bien le tout à force de rabot pendant
une hèure ou deux , & on la laiffe raffeoir
à fon aife. Le lendemain la matière calcaire fe
trouve dépofée au fond du baffin, & la furface
eft couverte d’une grande quantité d’eau verdâtre,
qui contient la plus grande partie des fels dont elle
étoit chargée : on rectieille cette eau dans des vafes
ou tonneaux, pour fervir à l’extinâion d’une nouvelle
chaux qui devient par eonféquent meilleure,
étant composée d’une plus grande abondance de
-Tels.C
ette opération fe renouvelle pluffeurs fois ,
jufqu’à ce que la chaux ait acquis la qualité fuffi-
fante pour être bonne & onâueufe. Les parties
calcaires, demeurées au fond des baffins, ne font
pas tant dépourvues de fels , qu’elles ne puiffent
encore être employées dans les gros maffifs ou
autres ouvrages de peu d’importance.
Façons de la Chaux.
On appelle chaux-vive, celle qui bouillonne dans
le baffin d’extindion.
Chaux éteinte, celle qui a été détrempée, & que
Fon conferve dans les baffins de provifion..
Chaux fufèe, celle dont les éfprits fe font évaporés,
pour avoir été trop long-temps expofée à
l’air ou à l’humidité avant que d’être éteinte,
Chaux en lait ou lait de chaux, celle qui a été
délayée avec beaucoup d’eau , affez reffemblante à
du lait, propre à blanchir les murs & plafonds.
Chaux maigre, celle qui, n’étant point onftueufe
contient peu de fels, & ne foifonne point.
Chaux graffe, celle qui forme une pâte ondueufe,
& qui contient beaucoup de fels.
Chaux âpre, celle qui contient une grande quantité
de fels , comme celles des environs de Metz &
de Lyon. Voyeç l'art du Chaufournier, tome 1 de ce
Dictionnaire des Arts, pag. 4$o.
Des excavations des terres & de leurs tranfports.
On entend par excavation, non - feulement la
fouille des terres pour la conftrudion des murs de
fondation, mais encore celles qu’il eft néceffaire de
faire pour dreffer & applanir des terrains de cours,
avant-cours, baffe-cours , terraffes, &c. ainfi que
les jardins de ville ou de campagne ; car il n’eft
guère poffible qu’un terrain que l’on choifit pour
bâtir, n’ait des inégalités qu’il ne faille redreffer
pour en rendre l’ufage plus agréable & plus commode.
Il y a deux manières de dreffer le terrain, l’une
qu’on appelle de niveau, & l’autre félon fa pente
naturelle; dans la première on fait ufage d’un inf-
trument appelé niveau d'eau , qui facilite le moyen
de dreffer la furface dans toute fon étendue avec
beaucoup de précifion ; dans la fécondé on n’a befoin
que de rafer les buttes, & remplir les cavités
avec les terres qui en proviennent.
L’excavation des terres, & leur tranfport, étant
des objets très-confidérables dans la conftruâion,
on peut dire avec vérité que rien ne demande plus
d’attention ; fi on n’a pas une grande expérience à
ce fujet, bien loin de veiller à l’économie, on multiplie
la dépénfe fans s’eh appercevoir ; ici parce
qu’on eff obligé deirapporter des terres par de longs
circuits, pour n’en avoir pas affèz amaffé avant que
d’élever des murs de maçonnerie ou de terraffe; là,
parce qu’il s’en trouve une trop grande quantité,
qu’on eft obligé de tranfporter ailleurs, quelquefois
même auprès de l’endroit d’où on les avoit tirées :
de manière que ces terres au lieu de n’avoir été
remuées qu’une fois, le font deux, t r o i s q u e l quefois
plus, ce qui augmente beaucoup la dépenfe;
& il arrive fouvent que fi on n’a pas bien pris les
précautions, lorfque les fouilles & les fondations
font faites, on a dépenfé la foraine- que l’on s’étoit
propofée pour l’ouvrage entier.
La qualité du terrain que l’on fouille, l’éloignement
du tranfport des terres, la vigilance des inf-
pe&e.urs & des ouvriers qui y font employés, la
connoiffance du prix de leurs journées, la provifion
fùffifantedes outils dont ils onttefoin, leur entretien,
les relais, le foin d’appliquer la force , ou la diligence
des hommes aux ouvrages plus ou moins pénibles
, & la faifon où l’on fait ces fortes d’ouvrages,
font autant de confédérations qui exigent une io*.
tellîgence confommêe, pour remédier à toutes les
difficultés qui peuvent fe rencontrer dans l’exécution.
v I
C’eft-là ordinairement ce qui fait la fcience &
le bon ordre de cette partie, ce qui détermine la
dépenfe d’un bâtiment, & le temps qu’il faut pour
l’elever. Par la négligence de ces différentes obfer-
vations & le defir d’aller plus v ite , il réfulte fou-
vent plufieurs iaconvéniens.
On commence d’abord par fouiller une partie
du terrain, fur laquelle on conftruit; alors l’atelier
fe trouve furchargé d’équipages & d’ouvriers de
différentes efpèces, qui exigent chacun un ordre
particulier. D ’ailleurs, ces ouvriers, quelquefois en
grand nombre , appartenant à plufieurs entrepreneurs
, dont les intérêts font différens, fe nuifent
les uns aux autres, & par eonféquent auffi à l’accélération
des ouvrages.
Un autre inconyénient eft, que les fouilles & les
fondations étant faites en des temps & des faifons
différentes, il arrive que toutes les parties d’un
bâtiment où l’on a préféré la diligence à la folidité,
ayant été bâties à diverfes reprifes, s’affaiffent inégalement
, & engendrent des fur - plombs, lézardes,
&c.
Le moyen d’ufer d’économie à l’égard du tranfport
des terres, eft non-feulement de les tranfporter
le moins loin qu’il eft poffible, mais encore
d’ufer des charrois les plus convenables ; ce qui doit
en décider, eft la rareté des hommes, des bêtes de
fomme ou de voiture, le prix des fourrages , la
fituation des lieux, & d’autres circonftances encore
que l’on ne fauroit prévoir ; car lorfqu’il y a trop
loin, les hottes, brouettes, bauveaux, ne peuvent
fervir.
Lorfque l’on bâtît fur une demi-côte, les tombereaux
ne peuvent être mis en ufage, à moins que,
lorfqu’il s’agit d’un bâtiment de quelque importance,
on ne pratique des chemins en zigzag pour adoucir
les pentes.-
Cependant la meilleure manière, lorfqu’il y a
loin, eft de fe fervir des tombereaux qui contiennent
environ dix à douze pieds cubes de terre
chacun ; ce qui coûte beaucoup moins, & eft beaucoup
plus prompt que fi l’on employoit dix ou
douze homines avec des hottes ou brouettes, qui
ne contiennent guère chacune qu’un pied cube.
Il faut obferver de payer les ouvriers préférablement
à la toife, tant pour éviter les détails em-
barraffans que parce qu’ils vont beaucoup plus vite,
les ouvrages traînent moins en longueur, & les
fouilles peuvent fe trouver faites de manière à
pouvoir élever des fondemens hors de terre avant
i luver.
1 &udra obliger les entrepreneurs à laiffer des t
™0ln* ou mottes de terre de la hauteur du terrair
ur k tas jufqu’à la fin des travaux , afin qu’i
puaient fervir à toifer les furcharges & vidang<
des terres que l’on aura été obligé d’apporter ou
d’enlever, félon les circonftances.
Les fouilles pour les fondations des bâtimens fe
font de deux manières : l’une dans toute leur étendue
, c’eft-à-dire, dans l’intérieur de leurs murs de
face : lorfqu’on a deffein de faire des caves fou-
terraines, aqueducs, &c. on fait enlever généralement
toutes les terres jufqu’au bon terrain : l’autre
feulement par partie, lorfque n’ayant befoin ni de
l’un ni de l’autre, on fait feulement des tranchées ,
de l’épaiffeur des murs qu’il s’agit de fonder, que
l’on trace au cordeau fur le terrain, & que l ’on
marque avec des repaires.
Des différentes efpèces de terrains.
Quoique la diverfité des terrains foit très-grande
on peut néanmois la réduire à trois efpèces principales
; la première eft celle de tuf ou de. roc, que
l’on connoît facilement par la dureté, & pour lesquels
on eft obligé d’employer le p ic , l’aiguille ,
le coin, la maffe, & quelquefois la mine : c’eft une
pierre dont il faut prendre garde à la qualité.
Lorfqu’on emploie la mine pour la tirer, on fe
fert d’abord d’une aiguille qu’on appelle ordinairement
trépan, bien acéré par un- bout, & de fix
à fept pieds de longueur , manoeuvré par deux
hommes, avec lequel on fait un trou de quatre ou
cinq pieds de profondeur, capable de contenir une
certaine quantité de poudre. -
Cette mine chargée, on bouche le trou d’un
tampon chaffé à force, pour faire faire plus d’effet
à la poudre ; on y met enfuite le feu par le moyen
d’un morceau d’amadou, afin de donner, le temps
aux ouvriers de s’éloigner ; la mine ayant ébranlé
& écarté les pierres, on en fait le déblai, & on
recommence l’opération toutes les fois qu’il eft né-
ceffaire.
La fécondé eft celle de rocaille ou de fable
pour lefquels on n’a befoin que du pic & de la
pioche.
L’une, dit M. Bélidor, n’eft autre chofe qu’une
pierre morte mêlée de terre , qu’il eft beaucoup
plus difficile de fouiller que les autres ; auffi le
prix en eft-il à peu près du double.
L’autre fe divife en deux efpèces ; Tune qu’on
appelle fable ferme, fur lequel on peut fonder fondement
; l’autre fable mouvant, fur lequel on ne
peut fonder qu’en prenant des précautions contre
les accidens qui pourroient arriver.
On les diftingue ordinairement par la terre que
l’on retire d’une fonde de fer, dont le bout eft fa t
en tarière, & avec laquelle on a percé le terrain.
Si la fonde réfifte & a de la peine à entrer, c’eft
une marque que le fable eft dur ; fi au contraire
elle entre facilement, c’eft une marque que le fable
eft mouvant. IL ne faut pas confondre ce dernier
avec le fable bouillant, appelé ainfi parce qu’il en
fort de l’eau lorfque l’on marche demis, puifqu’il
arrive fouvent que l’on peut fonder deffus très-fondement
, comme on le verra dans la fuite.
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