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Hernies.
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Les chevaux ne font fujets qu’à deux efpeces
de hernies, favoir , la ventrale 8c la crurale ; les
autres font fort rares chez eux : ces hernies font
la fuite d’un e ffo rt, d’un c o u p , 8cc.
Dans la v en t ra le , provenant d’un coup donné
par une bête à co rn e, ou par le bout d’un bâ ton ,
il arrive quelquefois une dilacération des mufcles
dû bas-ventre , & les inteftins tombent fur la peau ;
alors il faut faire rentrer les inteftins dans leur
p la c e , & lés foutenir'par le moyen d’un fufpen-
foir qu’on applique fous le ventre.
La hernie crurale eft la fortie d’une partie des
boyaux hors du b a ffin , par deflfus le ligament de
Poupart : dans cette hernie , les boyaux fortis du
baffin forment une poche confidèrable fur les vaif-
feaux cruraux au dedans de la cuiffe ; pour y re médier,
on renverfe le cheval fur le dos; on re-
pouffe doucement avec les doigts le boyau dans
le ventre. Si on ne peut réufîir de cette manière ,
i. faut ouvrir les tégumens, & débrider le ligament
de Poupart , afin de faciliter la rentrée de
l’inteftin, puis faire fur le champ un point de future
aux ligamens.
Tumeurs aux parties.
Les tumeurs des tefticules , fa voir , le fpermato-
cèle , le skirrhe , le farcocèle , l’hydrocèle , & le
pneumatocèle , fon t , dans le c h e v a l, abfolument
de la même nature que dans l’homme; les fymptô-
m e s , le diagnoflic, le prognoftic, la curation, & c .
font les mêmes : c’eft pourquoi nous n’en parlerons
point. .
L e phimofis eft un rétréciffement du fourreau,
capable d’empêcher le cheval de tirer fa verge
pour piffer : le paraphimofis eft un.alongement du
membre a v ec étranglement du fourreau , qui ne
permet pas à la verge de fe retirer.
Les caufes du phimofis font l’âcreté & le féjour
de l’humeur fébacée , des ulcères farcineu x, &
d’une natnre vçrolique qui fe trouvent dans le
fourreau , 8cc.
Si les remèdes généraux, par lefquels on doit
commencer, ne fufîifent p a s , alors il faut débrider
le fourreau ; & pour cela , on jette le cheval par
terre , & on lui prend une jambe de de rrière,
comme fi on vouloit le châtrer ; cette opération
fe pratique à côté du raphé : fi cette incifion étoit
faite latéralemeut, on formeroit par-là une bande
de peau difficile à guérir ,* & qui d’ailleurs feroit
toujours pendante.
L’opération -achevée , il faut frotter avec une
brofte rùde tous les u lc è re s , jufqu’à les rendre fan-
g lans, après quoi on les lave avec une eau ftyp-
tique , puis on laiffe la fuppuration s’établir.
L e paraphimofis vient quelquefois de caufe interne
, ou de quelque corps.mis dans le fourreau
pour exciter le cheval à piffer, tel que du poivre
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lo n g , de la pyrè thre ,.&c. ; mais cet accident arrive
le plus fouvent au cheval pour avoir voulu faillir
une junaent b o u c lé e , ou monter fur un cheval •
dans ce ca s , la verge eft alongée d’un demi-pied
fans que les corps caverneux foient engorgés : elle
eft quelquefois groffe comme la cuifie & entrecoupée
d’étranglemens ; elle eft d’ailleurs froide.
Lorfque le mal eft à ce poin t, fi on n’y remédie
pas promptement , la gangrène furvient , & ie
cheval périt quelquefois dans deux fois vingt-quatre
heures ; le moyen le plus court pour arrêter le
progrès du m a l, eft de fcarifier la partie dans dif-
férens endroits, jufqu’aux corps caverneux , de
baffiner les plaies avec le vinaigre , & de débrider
les étranglemens qui s’y trouvent.
Après cette opération la lymphe s’écoule promptement
, & la verge rentre facilement dans le fourreau
: on eft quelquefois obligé de fcarifier deux
ou trois fois ; mais en s’y prenant à temps, le
mal eft toujours curable.
Effort.
Terme par lequel nous défignons dém-feulement
le mouvement forcé d’une articulation quelconque
, mais l’ indifpofition qui en r é f u l t e & qui
confifte dans une extenfion violente de quelques-
uns des mufcles , de£ tendons 8c des ligamens de
l’article affeélé.
Cette dénomination, qui devroit par conféquent
s’étendre à ce que nous entendons par èntorfe, eft
néanmoins reftreinte aux feuls cas où les reins,
les hanches, les jarrets , reçoivent une pareille atteinte
; car ceux qui concernent l’épaule & le bras,
s’expriment par les mots dyécart, à’entr ouverture.
Les efforts de reins doivent donc être envifagés
comme une extenfion plus ou moins confidèrable
des ligamens qui fervent d’attache aux dernières
vertèbres dorfales 8e aux vertèbres lombaires, accompagnée
d’une forte contraction de quelques
mufcles du dos 8e des mufcles des lombes.
Les caufes de cette maladie font toujours extern
es ; ainfi une ch ûte, des fardeaux trop pefans, un
effort fait par l’animal, foit en voulant fortir dun
mauvais pa s, foit en gliffant, foit en fautant dans
le man ège, & y étant retenu 8e attaqué à contretemps
, foit en fe relevant dans l’écurie même,
peuvent Toccafionner.
Lesfignes auxquels o n ia reconiroît, fe tirent des
mouvemens 8e de la démarche de l’animal. L’effort
n’eft-il pas v io le n t , le cheval reffent une peine
infinie & une v iv e douleur en reculant; fa croupe
eft bernée-, elle ch ancelle, elle balance quand d
trotte. Mais le mal eft-il tel que l’extenfion ait ete
extrême , bien loin qu’il foit libre de reculer »
il peut à peine faire quelques pas en avant ; J*
pour peu qu’on veuille l’y contraindre, fon derrière
qu’il traîne, fléchit & fe montre fans celle prêt a
tomber.
O n n’eft pas toujours affuré de remédier radica-
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kinent à cette maladie. Les chevaux s’en reffentent
lone-temps, 8c m ême tant qu’ils exiftent, d’autant
plus que dans l’animal qui travaille , le derrière eft
uîüniment plus-occupé que le devant. O n ne peut
donc fe flatter conftamment d’ en o'pérer la guéri-
fon entière , à moins que l’efpèce du mal foit
d’une fi petite conféqnence, qu’on puiffe le regarder
comme un fimple & léger détour dans les reins.
Ce n’eft qu’à l’ ignorance des maréchaux que l’on
peut rapporter l’ idée des efforts des hanches. Lorfque
je vois des hommes qui , depuis des fiècles
entiers, fe laiffent conduire par des ouvriers affez
téméraires pour vouloir réparer les défordres d’une
machine, dont ils ne counoiffent ni l’organfcfa-
tion, ni la ftruâure , je ne puis m’empêcher de
douter fi réellement la penfée n’eft pas moins l’apanage
de l’humanité que la foibleffe & l’aveuglement.
Les hanches font inconteftablement formées par
i les os des îles : o r , les os des îles ou, les os in-
nomminésfont compofés de trois os de chaque côté,
i c’eft-à-dire, de l’ileum , de l’ifchion & du pubis.
I Ces os, exactement diftin&s dans le^poulain, font
I tellement unis dans le c h e v a l, qu’ils ne peuvent
point fe féparer. D e p lus , ils font joints fupérieu-
rement à l’os facrum, appelé par quelques hippof-
I téologiftes inéprifables 1W de la cariole : celui - ci
[ en forme le milieu , & leur fert comme de clé.
Cette jonôion eft fi intime & f i étroite, au moyen
i de nombre de ligamens, 8c fpécialement d’ un car-
I tilage intermédiaire, qu’il eft de toute impoffibilité
I qu’ils puiffent être disjoints ; elle étoit même fi
E néceffaire, que le moindre dérangement auroit no-
[ tablement nui aux vifeères contenus dans le baffin, [ & qui importent effen tièllem en t à la vie ; rien n’eft
I conféquemment plus abfurde que la fuppofition
I d’une extenfion violente & forcée dans cette partie :
I elle n’a été imaginée que parce que l’on a confondu
| &que l’on confond encore la cuiffe 8c les hanches.
I Si l’on avoit obfervé que le fémur eft fupérieu-
I rement articulé avec ces mêmes os innommïnés , I on auroit fans doute compris que cette articulation I feule eft fufceptible d’extenfion ; 8c dès lors l’effort
1 auroit été confidérê non dans les hanches, mais I dans la cuiffe.
I II fera caufé par une chûte , unécart qui le plus
I communément fe fait en dehors. Les ligamens cap-
I julaires qui entourent l’article , 8c qui d’une part
| jont attachés à la circonférence de la cavité coty-
1 loide deftinée à loger la tête du fémur, 8c de l’autre
I a la circonférence du col de ce même os , ainfi
Ique le ligament rond caché dans l’articulation
ifteme’ *IU* ^*un R fon, l tepiur, & de l’autre part au faotntadc hdee àc eltat et êctae vditué
K cqtyloïde, auront été dans le moment de l’écart
I VJe veux dire dans le temps où l’os s’eft extrême-
I ment éloigné de fa fituation ordinaire ) plus ou
i moins tiraillés 8c plus ou moins diftendus, félon i
I e plus ou moins- de violence 8c de promptitude
“e ce mouvement contre nature. Les mufcles mê-
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mes qui les entourent, 8c qui affujettiffent le fé «
m u r , tels que le p fo a s , l’ilia q u e , le peé liné, le
triceps , les obturateurs , les jum e a u x, pourront
en avoir fouffert : il y aura peut-être encore rup-
.ture de plufieurs vaiffeaux fanguins, de plufieurs
fibres , foit mufculaires , foit ligamenteufes, 8c
conféquemment perte de reffort & de mouvement
dans les unes 8c dans les autres : ce q u i , joint à
une douleur plus ou moins v i v e , fymptômes af-
feétes à ces accidens, rend cette maladie très-fâ-
cheufe.
Dans cet é ta t , l’animal boite plus ou moins bas ;
il femble baiffer la hanche eh cheminant, 8c traîné
toute la partie léfée. Quelques perfonnes examinent
s’il tourne la croupe en trotant ; mais ce figne
eft équivoque dans cette circonftance, 8c n’eft univoque
que dans colle des efforts de reins.
Ce lu i du jarret ne peut naître que d’une flexion
ou d’une extenfion forcée ; car il s’agit ici d’une
articulation par charnière, 8c conféquemment cette
partie n’eft capable que de ces deux mouvemens.
Les ligamens antérieurs ou poftérieurs, le ligament
capfulaire 8c les différens tendons auxquels elle
livre un paffage, 8c qui s’y arrêtent , pourront
avoir été diftendus ; 8c nous ajouterons en ce c a s ,
à toutes les autres caufes des efforts dont nous
avons parlé, celle qui réfulte de la contrainte dans
laquelle on n’affujettit que trop fouvent les chev
a u x , dans le travail ou autrement, à l’effet de
les ferrer.
L ’enflure , la dou leur, la claudication , l’aâ ion
de traîner la jam b e , de s’y appuyer foiblement, la
chaleur de la partie , font les fymptômes les plus
ordinaires de l’affeétion dont il s’agit.
Souvent aufii la corde tendineufe qui répond an
jarret, 8c qui eft connue par tous les maréchaux
fous le nom de gros nerf, effuie elle feule un effort.
Il faut m’expliquer plus clairement.
Le mufele fublime ou le perforé s’attache fupé-
rieurement au fém u r , entre les deux condyles an
deffous des ju'meaux. Il fe termine bientôt en un
tendon affez fort qui fe porte en deffus , 8c pafle
fur les tendons de ces mêmes jumeaux pour gagner
la tête ou la pointe du jarret. Là il s’élargit 8c forme
une efpèce de p o u lie , q u i , dans les mouvemens
de cette partie, gliffe fur cétte pointe.
C e que les maréchaux appellent gros nerf, eft
donc une partie compofée des tendons dépendans
des jumeaux 8c du fublime : ils forment une espèce
de corde qui peut être comparée au tendon
d’A ch ille , 8c qui fera fufceptible d’effort toutes les
fois qu’il arrivera à ces mufcles hne contra&ion
affez violente pour produire une rup tu re, ou une
forte diftenfion dans les fibres mufculaires 8c ten-
dineufes.
Ce t accident aura lie u , par exemple, lorfque
les mouvemens de l’animal feront d’une v éh é mence
extrême , lorfqu’il éparera avec trop de
force , comme auffi dans une falcade précipitée,
dans un temps où le ch e v al, trop affis, fera prêt