
& grifes, formées en coquilles de limaçon , d’où
ii tire fon nom, eft très-rare, les carrières en étant
perdues : on en voit cependant quelques tables dans
les ap.partemens du roi,
L e marbre de piccinifio , dont les carrières font
aufli perdues , eft veiné de blanc , & d’une couleur
approchante de l’ifabelle : les q u a to r z e co lon n e s
corinthiennes des ch apelles, de l’églife de la R o tonde
à Rome , font de ce marbre.
Le marbre d,e brèche antique dont les carrières
font perdues., eft mêlé par taches rondes de différentes
grandeurs , de b lan c , de noir , de ro u g e ,
de bleu & de gris. Les deux corps d’archite&ure qui
portent l’entablement où font nichées les deux colonnes
de la fépulture de Jacques de S o u vré , grand
prieur de,France, dans l’églife de S. Jean de Latran
à Paris, font de ce marbre.
L e marche de brèche antique d’Italie, dont les
carrières font encore perdues, eft b lan c , noir &
gris : le parement d’autel de la chapelle de S. Denis
à Montmartre, eft de ce marbre.
Des Marbres modernes.
Le marbre blanc qui fe tire maintenant de Carrare
, vers les côtes de Gènes , eft dur & fort
blanc , & très-propre aux ouvrages de fculpture.
O n en tire des blocs de telle grandeur que l’on
v eu t ; il s’y rencontre quelquefois des criftallins
durs. La plupart des figures modernes du petit parc
de V er fa ille s , font de ce marbre.
L e marbre de Carrare, que l’on nomme marbre
vierge, eft blanc , & fe tire des Pyrénées du côté
de Bayonne. Il a le grain moins fin que le dernier,
reluit comme une eîpèce de f e l, & reffemble au
marbre blanc antique, dont toutes les ftatutes de
la Grèce ont été faites ; mais il eft plus ten dre,
pas fi beau, fujet à jaunir & à fe tacher : on s’en
lert pour des ouvrages de fculpture.
Le marbre noir moderne eft pur & fans tache-,
comme l’antique,.mais beaucoup plus dur.
Le marbre de Dinant, qui fe tire près de la ville
de ce nôm dans le pays de L iè g e , eft fort commun
& d ’un noir très-pur & très-beau : on s’en fert pour
les tombeaux & fépultures. Il y a quatre colonnes
corinthiennes au maître-autel de l’églifé de faint
Martin-des-Champs, du deffin de François-Man-
fard ; f ix colonnes de même ordre au grand autel
de Saint Louis des Jéfuites , rue Saint Antoine ;
quatre autres du même ordre dans l’églife des pères
Carmes déchauffés; & quatre autres compofites à
l’autel de fainte Thérè fe de la même ég life, de ce
marbre. Les plus belles colonnes qui en font faites ,
font les f ix corinthiennes du maître-autel des M inimes
de la place royale à Paris.
Le marbre de Namur eft aufli fort commun &
aufli noir que celui de Dinant, mais pas fi parfait,
tirant un peu fur le bleuâ tre, & étant traverfé de
quelques filets gris : on en fait un grand commerce
de carreaux en Hollande.
Le marbre de Ihçe, qui fe tire du pays de Liège
du côté de N amu r, eft d ’un noir put'ï tendre, &
facile à tailler, recevant un plus beau p o li que
celui de Namur & de Dinant. Il eft par conféquent
très-propre aux ouvrages de fculpture. On en voit
quelques chapiteaux corinthiens dans les ég lifes de
Flandres, & piufteurs têtes & buttes1 à Paris.
L e marbre blanc v einé qui vient de Carrare, eft
d’un bleu foncé fur un fond b lan c , mêlé de taches
g r ife s & de grandes veines. C e , marbre eft fujet à
jaunir & à fe tacher. O n en fait des p iéd eftau x,
entablemens , & autres ouvrages d’archite&ure ;
de ce marbre eft la plus grande partie du tombeau
de M. le Chancelier le Tellier , dans l’églife de
S. Gervais à Paris.
Le marbre de Margorre qui fe tire du Mdanez,
eft fort dur & aflez commun. Sa couleur eft d’un
fond bleu , mêlé de quelques veines brunes, couleur
de fer ; une partie du dôme de Milan en a été
bâtie.
Le marbre noir & blanc, qui fe tire de l’abbaye
de L e ff , près de D in an t, a le fo n d d’un noir très-
pur avec quelques veines fort blanches. De ce
marbre font les quatre colonnes corinthiennes du
maître-autel de l’églife des Carmélites du fauxbourg
S. Jacques.
Le marbre de Barbançon9 qui fe tire dü'paysde
Hainaut, eft un marbre noir veiné de blanc, qui eft
affez commun. Les fix colonnes torfes» compofites
du baldaquin du Vai-de -Gra ce, l’architrave de corniche
corinthienne de l’autel de la chapelle de Cré-
qui aux Capucines, font de ce marbre. Le plus beau
eft celui uont le noir eft le plus n o ir , St dont les
veines font les plus blanches & déliées;
Le marbre de Givet fe tire prés de Charlemont,
fur les. frontières du Luxembourg. Sa couleur eft
d’un noir veiné de bianc, mais moins brouillé que
le Barbançon. Les marches du baldaquin du Val-
de-Grâce font de ce marbre.
Le marbre de Portor fe tire du pied des Alpes,
aux environs de Carrare. Il en eft de deux fortes;
l’un qui a le fond très - n o ir , mêlé de quelques
taches & veines jaunes dorées, eft le plus beau;
l’autre dont les veines font blanchâtres , eft moins
eftimé. On voit de ce marbre deux colonnes ioniques
au tombeau de Jacques de Valois duc dAn-
goulême , dans l’églife des Minimes de la Placç
royale ; deux autres de même ordre, dans la chapelle
de Roftaing de l’églife des Feuillans rue b.
Honoré ; piufteurs autres dans l'appartement des
bains à V erfa ille s , & piufteurs tables, chambranles
de cheminées, fo y e r s , & c . au même château, a
Marly & à Trianoh.
Le marbre de- S. Maximin eft une efpèce de
portor , dont le noir & le jaunè font très - vi» ■
on en vo it quelques échantillons dans les maga»nS
du roi.
Le marbre de ferpentin moderne vient d A!}8*
magne , &. fert plutôt pour des vafes & aUtres
ornemens de cette efpèce, que pour des ouvrages
d’architeâure. TLe
*Le marbre vert moderne eft de deux efpèces;
l’une, que l’on nomme improprement vert d’Egypte,
fe tire près de Carrare fur les. côtes de Gènes. Sa
couleur eft d’un v e r t foncé , mêlé de quelques taches
de blanc & de gris-de-fin. Les cuves rectangulaires
des fontaines-de la Gloire & de la V ic toire
, dans le bofquet de l’arc de triomphe à
Verfailles, la cheminée du cabinet des b ijou x, &
celle du cabinet, dit de monfeigneur le dauphin à
S. Germain en L a y e , font de ce marbre.
L’autre, qu’on nomme vert de mer, fe tire des
environs. Sa couleur eft d’un vert plus clair, mêlé
de veines blanches. On en v o it quatre colonnes
ioniques dans l’églife des Carmélites du fauxbourg
S. Jacques à Paris.
Le marbre jafpé eft celui qui tient du jafpe
antique; le plus beau eft celui qui en approche
le p lu s.v
Le marbre de Lumachello moderne d’Ita lie , eft
prefque femblable à l’antique ; mais les taches n’en
font pas fi bien marquées»
Le marbre de Brème qui vient d’Ita lie , eft d’un
fond jaune mêlé de taches blanches.
Le marbre occhio dipavone, oeil de paon , vient
aufli d’Italie , & eft mêlé de taches blanches ,
bleuâtres & rouges, reffemblantes en quelque forte
aux efpèces d’y e u x qui font au bout des plumes
de la queue des paons ; ce qui lui a fait donner
ce nom.'
Le marbre porta fantta ou Jerena~9 de la Porte
fainte ou fereine , eft un marbre mêlé de grandes
taches & de veines grifes , jaunes & rougeâtres :
on en voit quelques échantillons dans les magafins
du roi.
Le marbre jiîor di per fie a ou fleur d é p ê ch e r , qui
vient d’Italie, eft mêlé de taches blanches , gouges
& un peu jaunes : on vo it de ce marbre dans les
magafins du roi.
Le marbre di Vefcovo ou de l’é v êq u e , qui vient
aufli d’Italie , eft mêlé de veines verdâtres, traver-
fées de bandes blanches , alongée s, arrondies &
tranfparentes.
Le marbre de brocatelle, appelé brocatelle d’Ef-
Pa§tie9 & qui fe tire d’une carrière antique de T o r -
t0£® en Andaloufie , eft très-rare. Sa couleur eft
melee de petites nuances de couleurs jaune, ro u g e ,
gnfe, pâle & ifabelle. Les quatre colonnes du
maître-autel des Mathurins à Paris , font de ce
marbre, ainfi que quelques chambranles de cheminées
à Trianon , & quelques petits blocs dans
les magafins du roi.
*1 m.ark.re Boulogne eft une .efpèce de broca-
te le qui vient de Picardie , mais dont les taches
°nt plus grandes, & mêlées de quelques filets rou-
§aS’ „iuùê de l’églife métropolitaine de Paris en
elt conftruit.
tell C Champagne qui tient de la brocade
«6 * • ^e. ^ eu Par taches rondes comme
s yeux de perdrix ; il s en trouve encore d’autres
es P*r nuances de blanc & de jaune pâle.
Arts & Métiers. Tome IK Partie I.
Le marbre de Sainte-Baurne fe tire du pays de
ce nom en Provence. Sa couleur eft d’un fond
blanc & rouge , mêlé de jaune approchant de la
brocatelle. C e marbre eft fort ra re , & a valu juf-
qu’à 60 livres le pied cube. Il s’en voit deux colonnes
corinthiennes à une chapelle à côté du
maître-autel de l’églife du C a lv a ire , au marais.
L e marbre de Tray, qui fe tire près Sainte-Baume
en Provence , reffemble affez au précédent. Sa
couleur eft un fond jaunâtre, tacheté d’un peu de
rouge , de blanc & de gris mêlé. Les pilaftres
ioniques du fallon du château de Seaux, quelques
autres à T r ian o n , font de ce marbre.
Le marbre de Languedoc eft de deux efpèces ;
l’u n e , qui fe tire près de la ville de Cône en Languedoc
, eft très-commun. Sa couleur eft d’un fond
ro u g e , de vermillon fa le , entremêlé de grandes
veines & taches blanches. O n l’emploie pour la
décoration des principales cou rs, v eftibu le s, p é -
riftile s, & c . Les retraites de la nef de S . S u lp i c e ,
l’autel de N o tre -D am e de Savonne dans l ’églife
des Auguftins déchauffés à P a r is , ainfi q u e les
quatorze colonnes ioniques de la cour du château
de T r ia n o n , font de ce marbre.
L ’au tre , qui vient de Narbonne & qui eft de
couleur blanche, grife & bleuâtre, eft beaucoup
plus eftimé.
Le marbre de Roquebrune, qui fe tire à fept lieues
de Narbonne, eft à peu près femblable à celui du
Languedoc, & ne diffère qu’en ce que fes taches
blanches font toutes en forme de pommes rondes :
il s’en trouve piufteurs blocs dans les magafins du
roi.
Le mabre de Caen en Normandie, eft prèfque
femblable à celui de LaHguedoc, mais plus brouillé,
& moins v i f en couleur. Il fe trouve d e ce marbre
à Va lle ry en Bourgogne , au tombeau de Henri
de Bourbon prince de Condé.
Le marbre de griotte, ainfi appelé parce que
fa couleur approche beaucoup des griottes ou ce-
r ife s , fe tire près de Cône en L anguedoc, & eft
d’un rouge fo n c é , mêlé de blanc fale ; le chambranle
de la cheminée du grand appartement du
roi à T r ian o n , eft de ce marbre.
Le marbre de bleu turquin vient des côtes de
Gènes. Sa couleur eft mêlée de blanc fale, fujette à
jaunir & à fe tacher. D e ce marbre font l’embafe-
ment du piédeftal d e la ftatue équeftre de Henri IV
fur le pont-neuf, & les huit colonnes re fp e â iv e ntent
oppofées dans la colonnade de Verfailles.
L e marbre Serancolin fe tire d’un endroit appelé
le Val d’or ou la vallée d’or9 près de Serancolin
& des Pyrénées en Gafcogne. Sa couleur eft d ’un
rouge couleur de fa n g , mêlé de gris , de jaune ,
& de quelques endroits tranfparens, comme l’ag
ate; le plus beau eft très-rare, la carrière en étant
épuifée. Il fe trouve dans le palais des thuileries ,
quelques chambranles de cheminées de ce marbre.
Les corniches & bafes des piédeftaux de la galerie
de V er fa ille s, le pied du tombeau de M. le Brun