
Quant à la belle imitation des fleurs., telles j
que la nature les produit, elle dépend du goût,
du deffin , de la dextérité, & d’une grande habitude
, dont il n'eit pas poffible de décrire ici
les procédés , auffi variés que délicats.
A u t r e m enuiserie d e s ja r d in s .
Les fiéges exécutés par les menuifiers des jardins
, font de deux efpèces ; favoir , les c h a ife s
& les bancs: -
Les c h a ife s les plus ordinaires font d’une forme
carrée par leur plan. Ces fortes de chaifes font
d’une conftru&ion très-fimple , mais propre &
folidq.
Les bois de leurs bâtis doivent avoir un pouce
& demi à deux pouces en carré , du moins pour
leurs pieds, tant de devant que de derrière. Ces
derniers ont ordinairement fix à huit pouces de
haut, & font dèverfès en dehors d’environ deux
pouces pris du deffus du fiége , ' qui doit, etre
élevé de terre d’environ feize pouces.
Les traverfes du pourtour du fiége & du doff
fier , ont deux pouces, à deux pouces & demi
de largeur, fur un pouce d’épaineur.
Les traverfes du bas & l’entretoife , doivent
être d’une, largeur égale à celle des pieds dans
lefquelles elles font affemblées, & qu’elles affleurent
des deux cotés. - '
L’épaiiïeur de, ces dernières traverfes doit être
d’environ quinze à dix-huit lignes , afin de d o n n
e r plus de largeur & par conféquent plus de
force à leurs affemblages. /
Les arêtes de traverfes de ces chaifes font ornées
d’une petite moulure, & l’on fait un fimple
chanfrein fur les arêtes des battans , tant dans
leur partie inférieure qu’au doflier.
Le deffus de ces châffis eft compofé de planches
d’environ dix lignes, d’épaiffeur, qu’on arrête
fur les traverfes avec des clous à têtes perdues
, c’eft-à-dire, qu’on fait entrer dans l’épaif-
feur du bois, après en avoir fait fauter la tête ;
ce qui fe. fait de U manière fuivante.
On prend le clou de la main gauche, on ap-
‘ puie la tête fur le deflus du valet.; puis, avec
le marteau qu’on tient de la main, droite , on,
frappe fur la tête d,u clou-, q u i étant retenue
d’un côté par l’arête du v a l e t , plaie & fe rompt
de ce côté, & laifle une petite, barbe à la tige
du clou , dont ont fait fauter les, quatre côtés
de la,t ê t e , en les appuyant ainfi les uns agrès
les autres fur l’arête, d u v a le t. La tête du clou
é:ant ainfi rompue,, ne diminue ri,en de fa longueur
, & y conferve une largeur plus confidé,-
rijfe qu’au refie de la tige.
Le defflis du fiége faille d’environ un pouce
d’après le nu du bâtis d.e; la chaife. de trois côtés
feulement, parce qu’on le fait affleurer avec la
traverfe de derrière.
Le doflier des chaifes de jardins eft ordinairement
vide. Cependant, il vaut mieux qu’il foit
rempli par des compartimens de treillage.
il y a des chaifes de jardins qu’on nomme
p e lle s à c u l , à caufe de la forme du fiége qui
eft comme une pelle percée au milieu de fa largeur
, pour faciliter l’écoulement de 1 eau de la
pluie. Ces chaifes n’ont que trois pieds & font
très-légères , mais peu folides ; ce qui en a fait
imaginer d’autres d’une forme à peu près fem-
blable, mais cependant plus fiable & plus com-
mode.
Ces c h a 'f e s nouvellement imaginées, font cintrées
par leur planx : leur doflier eft creux & evafé;
elles n’ont auffi que trois pieds. .
De ces trois pieds , il y en a un neceflaire-
ment par-devant, qui s’affemble en chapeau dans
la traverfe de ceinture , laquelle vient s aflembler
elle-même dans les deux pieds de derrière. ^
Cette traverfe doit être compoféede trois^pieces
au moins , affemblées, en enfourchement, ou en -
; core mieux à traits de Jupiter ; & pour quelle
fatigue moins ,. on difpofe Le deffus du fiége a
bois de bout au-devant de la chaife.
L’écart des trois pieds eft foutenu par une en-
tretoife cintrée. j „
Les b a n c s d e s ja r d in s font Amples ou à doflier.
Les J ïm p le s ne font autre chofe que des planches
d’un pouce ou d’un pouce & demi dèpaif-
feur, pofées & attachées fur des fupports plantes
en terre. Ces fupports font des bouts de planches,
dont la largeur efl un peu moindre que celle des
deffus. ,
Ces fupports doivent avoir au moins un pouce
& demi d’épaiffeur , & être enterrés d’un bon
pied. Il faut avoir foin de brûler le bout qui; entre
en terre , afin qu’il réfifte plus long-temps à 1 humidité,
^ - M il J<
Quant au nombre des fupports , il elt déterminé
par la longueur du banc , en .obfervant
qu’ils,^ ne foient écartés les uns des autres que
de deux pieds & demi à trois pieds, & que ceux
des bouts, foient éloignés feulement de huit à
douze pouces des= extrémités du deffus , dont les
arêtes & les angles doivent être arrondis. La
furface extérieure d.oit être un peu bouge, pour
que l’eau ne féjourne point deffus.
Les deflus des bancs fimples s’attachent fur les
fupports. , fans y faire aucune efpèce d’affem*
blage. . . .• „
On arrête ces deffus avec des clous a tetes
perdues.,, ou avec des vis. à tête frai fée qui entrent
dans l’épaiffeur du bois.
Les b a n c s à d o ffier ont quelquefois douze, quinze
& même dix-huit pieds de longueur, & ils ont
à leurs extrémités des bras ou accottoirs. >
Les pieds de derrière des bancs ont trois pieds
de hauteur , fur deux, à trois pouces de gros,
félon-, la force & la grandeur de ces bancs.
Les pieds de devant ont vingt-cinq, à vingt-»*
| pouces de haut, pris du deffus des accottoirs qtu
s’affemblent deffus à chapeau d’un bout, & de
l’autre à tenon & enfourchement dans le battant
ou pied de derrière , à un pied au deffus du fiége.
Les accottoirs font cintrés en S fur le plat, &
ornés de moulures par le bout & les côtés. Leur
largeur eft donnée par celle des pieds, qu’ils doivent
déborder de la faillie de leurs profils au
moins. Leur épaiffeur ne peut guère être moindre
de deux pouces, à caufe de leur cintre.
La hauteur du fiége des bancs doit être de
quinze à dix-fept pouces au plus ; leur profondeur
doit être plus confidérable, c’eft - à - dire ,
d’environ dix-huit pouces.
Les fiéges des bancs fe font de planches
jointes à rainures & languettes, & arrêtées avec
des clés placées de diftance en diftance , pour
qu’elles ne s’écartent pas fi la colle venoit à manquer
. Quand les bancs ont plus de quatre à cinq
pieds de longueur , on y met des pieds de diftance
en diftance, tant par-devant que par-derrière.
Les pieds de devant s’affemblent en chapeau
dans la traverfe , qu’il eft bon de ne point couper
dans fa longueur, autant que cela eft poffible.
Quant aux pieds de derrière, on les fait quelquefois
monter de fond, ainfi que ceux des bouts,
& on les affemble en chapeau dans la traverfe
du haut du doflier, qu’on fait paffer droite dans
toute la longueur du banc.
On coupe les autres traverfes, c’eft-à-dire, celle
du bas du doflier & celle de deffous le fiége, à
l’endroit du battant montant, dans lequel on les
affemble à l’ordinaire.
Les doffiers de ces bancs font quelquefois vides ;
mais on les remplit ordinairement par des mon-
fans de trois pouces à trois pouces & demi de
largeur, ornés d’une moulure fur l’arête, & ef-
pacés tant pleins que vides. Souvent à la place
des montans on met des baluftres.
Soit que les doffiers foient remplis par des
montans ou des baluftres, il faut que l’épaiffeur
des uns & des autres ne furpaffe point fix à
huit lignes , afin qu’ils laiffent un carré d’après
le fond de la moulure des bâtis.
Ces bancs font droits ou circulaires par leur
plan ; & dans ce dernier cas , il faut mettre les
pieds de.devant plus proches les uns des autres ,
parce que les traverfes cintrées font moins fortes
que les droites.
Quelquefois on met des patins aux pieds des
bans des jardins , pour les préferver davantage
de rhumidité. Ces patins font des pièces de bois
de trois à quatre pouces d’épaiffeur, fur cinq à
fix de largeur , dans lefquelles on affemble les
pieds des bancs , en obfervant que l’affembiage
ne foit pas plus profond que les deux tiers de
l’épaiffeur du patin.
Le pourtour des patins eft orné d’une moulure,
& on les creufe un peu en deffous fur leur Iongueiir
~y afin qu’ils portent mieux fur la terre, &
donnent au banc une affiette plus folide.
On fait encore des bans de jardins qui ont un
marche-pied; c’eft-à-dire, une planche appliquée
fur les patins > qu’on fait faillir en devant à cet
effet.
Il y a auffi des bancs de jardins à doubles
fiéges. Ces fortes de bancs diffèrent des autres
par la largeur du fiége , qui eft le double de l’ordinaire,
& par la forme des accottoirs, qui occupent
toute la largeur du banc.
Le doffier de ces bancs doubles forme un bâtis
à part, & eft mobile, pour pouvoir fe renverfer,
foit à droite, foit à gauche , fuivant le côté où
l’on veut s’affeoir. Il eft arrêté par le bas, par le
moyen de goujons de fer qui paflfent au travers
de l’épaiffeur des montans de doffier, & des petits
montans affemblés au milieu des traverfes qui
portent le fiége. Ces petits montans entrent dans
une entaille ou enfourchement fait au milieu de
la largeur des montans de doffier; ce qui forme
des efpèces de charnières auxquelles les boulons
fervent de goupilles.
Le devers du doflier eft retenu par les accottoirs
, dans lefquels font pratiquées des mortaifes
où les battans pénètrent fur leur largeur.
La longueur des mortaifes des accottoirs eft déterminée
par la pente du doffier, laquelle doit
être égale des deux côtés du banc. Il faut cependant
faire enforte que le battant de doffier porte
plutôt du haut que du bas.
Quand on fait ainfi des mortaifes aux accottoirs
, on eft obligé d’y faire entrer les battans
de doffier, avant de les affembler avec leur traverfe.
De plus, quand tout l’ouvrage eft monté,
on ne peut plus retirer le doffier, fuppofé qu’on
ait quelque chofe à y faire ; c’eft pourquoi M.
Roubo confeille de féparer l’accottoir en deux
parties fur la largeur à< l’endroit de la mortaife,
& d’v rapporter une joue mobile plus longue que
la mortaife de deux à trois pouces de chaque
côté, dont le joint, en pente fur la furface intérieur
de l’accottoir, fsroit encore retenu par des
languettes qui entreroient dans l’épaiff-ur de l’ac-
cottoir. Au moyen de cette joue mobile, on peut,
quand on le juge à propos , ôter le doffier dû
banc, & le remettre, (ans pour cela être obligé
de rien défaffembler ; & quand il eft remis en
place, on arrête cette joue mobile avec deux vis
en bois qui paffent au travers de fon épaiffeur,
& fe taraudent dans le refte de i’accottolr.
Le fiége de ces doubles bancs fe fait quelquefois
plein fur la longueur , ou on le fait en deux
parties , avec un jour au milieu.
Au refte , ces fiéges dé jardins doivent être
conftruits avec beaucoup de foin & de fflidité,
en bon, bois bien fain, mais point trop fec, pour
que l’aftion du foleil & de l'humidité ne le faffe
pas tendre tt;op promptement à la vermoulure.
Zzaz ij