
MA R É CHA L - F E R R A N T .
X j E maréchal-ferrant a la double fonction de ferrer
les chevaux 8c de les traiter dans leurs maladies.
Il elt d’une part artifan, & de l’autre médecin &
chirurgien vétérinaire. C'eft donc fous ces deux
rapports que nous devons développer l’art du maréchal
ferrant, d’après la do&rine des habiles maîtres
qui ont traité cet art dans l’ancienne Encyclopédie/
Nous commençons par ce qui concerne le travail
de l’artifan.
P R E M I È R E P A R T I E .
F e r s d e s c h e v a u x .
On appelle fer en général, l’efpèce de femelle que
l’on fixe par des clous fous le pied du cheval, du
mulet, 8cc. à l’effet d’en défendre l’ongle de l’ufure
8c de la deftru&ion, à laquelle il feroit expôfé fans
cette précaution. .
Communément cette femelle eft formée par une
bande de ce métal. Cette bande applatie 8c plus ou
moins large , eût courbée fur fon épaiffeùr;.de ma- ■
nière qu’elle repréfente un croiffant alongê.
On peut y confidérer deux faces & plufieurs parties.
La face inférieure porte 8c repofe direâement
fur le terrain. La face fupérieurè touche immédiatement
le deffous du fabot, dqnt le fer-fuit exactement
le contour. La voûte eft l,e champ compris
entre la rivé extérieure & la riye intérieure , à
l ’endroit où la courbure du fer eft le plus fenfible.
On nomme ainfi cette partie, parce qu’ordinairè-
ment le fer eft dans ce même lieu relevé-plus ou
moins en bateau.
La pince répond précifément à la pince du pied ;
les branches aux mammelles ou aux quartiers , elles"
régnent] depuis la voûte jufqu’aux éponges ; les
éponges répondent aux talons , & font proprement
les extrémités de chaque branche.
Enfin, les trous dont le fer eft percé pour livrer
paffage aux clous , & pour en noyer en partie la
tête, font ce que nous appelons étampures.
Ces trous indiquent le pied auquel le fer eft
deftiné. Les étampures d’un fer de devant font
placées en pince, & celles d’un fer de derrière en'
talon, 8c ces mêmes étampures font toujours plus
maigres ou plus rapprochées du bord extérieur du
fer, dans la branche qui doit garantir & couvrir le
quartier de dedans.
Il feroit inutile de fixer & d’afligner ici des proportions
, relativement à laconftruétion de chacune
des parties que je viens de défigner ; elles varient
& doivent varier dans .leur longueur, dans leur
épaiffeùr, & dans leur contour, félon la difpofition
8c la forme des différens pieds auxquels le fer doit
être adapté. J’obferverai donc fimplement 8c en
général, qu’il doit être façonné de telle forte, que
la largeur des branches décroiffe toujours infen-
fiblement jufqu’aux éponges ; que la face intérieure
diminue imperceptiblement. de hauteur ,
depuis une éponge jufqu’à l’autre ; que la face
extérieure s’accorde en hauteur avec elle à ces
mêmes éponges, 8c dans tout le contour du fer,
excepté la pince, où on lui en donne communément
un peu plus ; que la face fupèrieure foit légèrement
concave, à commencer depuis la première
étampure jufqu’à celle qui, dans l’autre branche
, répond à celle-ci ; que la face inférieure de
chaque branche refte dans le même plan ; que la
r partie antérieure du fer foit foiblement relevée en
bateau ; ,que les éponges foient proportionnées au
pied par leur longueur, 8cc.
Quant aux différentes efpèces de fer, il en eft
une multitude , 8c on peut les multiplier encore
relativement aux différens befoins des pieds des
. chevaux , 8c même des défe&uofités de leurs membres;',
tirais je me contenterai de décrire ici celles
qui'font. les plus connues , 8c dont l’ufage eft le1
plus familier.
Fer ordinaire de devant, de derrière, du pied gauche
& du pied droit.
Le fer ordinaire n’eft autre chofe que celui dont
l’ajufture eft telle que je l’ai prefcrite ci-deffus;&
ce que j’ai dit plus haut de l’étampure, fuffit pour
* déterminer le pied pour lequel il a été forgé.
Fer couvert.
On entend par couvert, celui q u i , par la largeur
dè fies branches., ainfi que de fa voûte, occupe une
grande partie du deffous du pied.
Fer mi-couvert.
. Le fer mi - Couvert eft celui dont une feule des
branches eft plus large qu’à l’ordinaire.
Fer à VAngloife.
On appelle fer à l'angloife, un fer abfolunient
plat. Le champ en eft tellement étroit, qu’il anticipe
à peine fur la foie; fes branches perdent ®
plus en plus de leur largeur, ainfi que de leu
épaiffeùr, jufqu’aux éponges qui fe terminent prel- que en pointe. Il n’y a que fix étampures.
Autre efpèce de fer a VAngloife.
Quelques - uns ont encore nommé ainfi un fer
dont les branches augmentent intérieurement de
largeur entre l’éponge 8c leur naiffanée.
L’étampure n’en eft point carrée 8c féparée ; elle
a pour chaque branche une rainure au fond de
laquelle font percés quatre trous : les têtes des
clous dont on fe fert alors, ne fe noient dans cette
rainure, que parce quelles ne débordent les lames
que latéralement.
Cette manière d’étampure affoiblit le fer plus
que l’étampure ordinaire, dont les interfiices tiennent
liées les rives que défunit la rainure.
Fer à pantoufle.
.Ce fer ne diffère d’un fer ordinaire , qu’en ce
que fon épaiffeùr inférieure augmente uniformément
depuis la voûté jufqu’aux éponges; enforte
que le deffus de chaque branche préfente un glacis
incliné de dedans en dehors, commençant à rien
au milieu de cette même branche, 8c augmentant
infenfiblement jufqu’aux éponges.
Fer demi-pantoufle.
Ce fer eft proprement un fer ordinaire dont on
a fimplement tordu les branches, afin que la face
fupèrieure imite le glacis des fers'à pantoufle. Le
point d’appui du pied fur ce fer eft fixé à l’intérieur
des branches , mais l’extérieur feul eft chargé !
de tout le fardeau du corps ; de manière que le
fer peut plier, porter, ou entrer dans les talons,
& rendre l’animal boiteux.; d’où l’on doit juger
de la néceffité de n’en faire aucun ufage dans là
pratique.
Fer à lunette. -
,Le fer à lunette eft celui dont on a fupprimé les
éponges 8c une partie des branches. ^
Fer à demi-lunette.
Dans celüi-ci il n’eft qu’une éponge, 8c une partie
d’une feule des branches qui aient été coupées.
Fer voûté.
Le fer voûté eft un fer plus couvert qu’à l’ordinaire,
& dont la rive intérieure plus épaifle que
1 extérieure , doit chercher la foie 8c la contraindre
légèrement. Nombrè de maréchaux obfer-
vent très mal à propos le' contraire.
Fer geneté.
On appelle ainfi celui dont les éponges font
courbées fur plat en contre-haut.
Fer à crampon.
On ajoute quelquefois au fer ordinaire un ou
oeux, & même en quelque pays jufqu’à trois
crampons. Le crampon eft une forte'de crochet
tormé par le retour d’équerre en deffous de l’ex-
.trémité prolongée, élargie, 8c fortifiée de l’éponge.
Le fer à crampon eft celui qui a un crampon placé
à l’extrémité de la branche extérieure.
On dit fer à deux crampons, fi les branches portent
chàcune le leur; 8c à trois crampons, fi, outre
ces deux premiers , il en part un dg la pince en
contrebas.
Fer à pinçon.
On tire dans de certains cas de la rive fupèrieure.
de la pince une petite griffe, que l’on rabat fur la
pince du pied : c’eft cette griffe que l’on appelle
pinçon.
Fer à tous pieds.
Il en eft de pufieurs fortes.
i°. Le fer à tous pieds Jîmple, n’eft différent d’un
fer ordinaire , qu’en ce que fes deux branches font
plus larges , & qu’elles font percées fur deux rangs
d’étampures diftribuées tout autour du fer. Pour
que les trous percés fur ces deux rangs près l’un
de l’autre, n’affoibliffent point le fer , le rang extérieur
n’en contient que huit, 8c le rang intérieur
fept, 8c chaque étampure d’un rang répond à-l’ef-
pace qui fépare celles de l’autre.
2°. Le brifé à un feul rang. Les branches en font
réunies à la voûte par entaille , 8c font mobiles fur
un clou rond rivé deffus 8c deffous.
30. Le brifé à deux rangs. Il eft femblable à ce
dernier par la brifure, 8c au premier par l’étampure.
40. Le fer \à tous pieds, fans étampures. Il eft
brifé en voûte comme les précédens ; 8c le long de
fa rive extérieure s’élève une efpèce de fertiffure
tirée de la pièce qui reçoit l’extrémité de l’ongle ,
comme celle d’un chaton reçoit le bifeau de la
pierre dont il eft la monture. L’une 8c l’autre
éponge eft terminée en empâtement vertical, le-
• quel eft percé pour recevoir une aiguille à tête refendue
, dont le bout eft taillé en vis. Cette aiguille
enfile librement ces ernpatemens , 8c reçoit en dehors
un écrou, au moyen duquel on ferre le fer
jufqu’à ce qu’il tienne fermement au pied. On peut
avec le brochoir incliner plus ou moins la fertiffure
pour l’ajufter au fabot.
5°. Le fer à double brifure. Ses branches font
brifées comme la voûte de ces derniers } 8c leurs
parties mobiles font taillées fur champ 8c en dedans
de plufieurs crans, depuis lç clou jufqu’aux
éponges ; elles font percées jufqu’aux étampures,
dont deux font au long de la rive extérieure, 8c
la troifième en dedans 8c vis-à-vis l’efpace qui les
- fépare. Un petit étréfillon de fe r , dont les bouts
fourchus entrent 8c s’engagent dans les crans des
branches mobiles, entr’ouvre de plus en plus le
vide du fer, à mefure qu’on l’engage dans les crans
les plus éloignés des brifures : auffi ce fer eft-il d’une
grande reffource pour ouvrir les talons.
Fer à jpatin.
Il en eft aufix de plufieurs fortes.