
682 M E N
que les autres d'environ quinze lignes, avec une
rainure dans laquelle entre le ehâflis. du fiége.
L’arête fupèrieure de ce ehâflis doit être arrondie
: on ne le cheville fur les traverfes, tant de
côté que du devant de la chaifey qu’après qu’il eft
tout garni.
Quand on cheville les ehâflis, on doit percer les
trous en "pente ou en contre-fens les uns des autres,
afin que les chevilles n’en puiflent pas for.- .
tir aifément lorfqu’elles viennent à fe décoller.
Les pieds de biehe fe débitent dans des bois
d’une épaiffeur convenable ou égale à leur grof-
feur, en obfervant de leur conferver le bois de. fil
autant qu’il eft pofiible : on les refend les uns
dans les autres, pour éviter la perte du bois.
Les pieds de biche étant refendus, on les corroie
en dedans ou en dehors ; puis on les chantourne
des deux autres côtés, après les avoir rra-
cés avec le même calibre qui a fervi à les tracer
du premier côté, en le faifant ployer le long du
ointre.
Cependant, en faifant ainfi ployer le calibre, on
le raccourcit * ce qui change la forme du pied ,
laquelle devroit êrre la même des deux côtés.
C ’eft pourquoi M. Roubo eft d’avis, qu’après avoir
chantourné les pieds de biche d’un côté , on fafle,
pour les tracer, un calibre aiongé , füivant l’ér
tendue du cintre.
On garnit les fiéges de.deux manières-: ou la
garniture eft adhérente & attachée aux bâtis des
fiéges', ou cette garniture s’attache fur des ehâflis
qu’on fait entrer dans des feuillures pratiquées
tant dans les fiéges que dans les dofliers.
Quand la garniture eft adhérente au bâtis, on
l ’attache furie do(fier,dans des feuillures ou ra-
valemens qu’on y fait d’après la largeur du profil.
On fait la même chofe pour le fiége, en obfervant
de faire le ravalement des moulures plus
profond que leurs reliefs , de l’épaifleur de la
fangle , de celle de l’étoffe, & une partie de , l’épaifleur
de la tête du clou.
Lorfque la garniture des fiéges eft faite à châf-
f is , on l’attache fur ces derniers,, de forte qu’on
peut en changer autant de fois qu’on le juge à
propos.
Les fiéges des chaifes ou des fauteuils à châf-
fis, ne diffèrent des autres pour la conftruâion,
qu’en ce que la moulure monte jufqu’au-deflus
de la traverfe , & qu’on y fait une feuillure, de
cinq à fix lignes de profondeur pour recevoir le
ehâflis, auquel il ne faut laiffer au pourtour que
l’épaiffeur de la garniture qui doit tourner autour
, & être attachée deffous.
Les ehâflis tant des dofliers que des fiéges ,
doivent fuivre le contour de leurs bâtis ; & comme
les traverfes de ceinture font cintrées fur le champ,
on doit en difpofer les feuillures de manière
qu’elles ayent trois à quatre lignes de profondeur
au moins, au plus creux de fes contours, qu’on
M E N
| doit faire très-doux, afin que la feuillure ne ré*
tréciffe pas trop l’aflemblage.
Il faut arrondir les arêtes de toutes les par-
ties des fiéges entourés d’étoffes, afin quelles ne
les. coupent point : il faut encore abattre en pente
en dedans, le deffus des traverfes des fiéges, ainfi
que les dofliers & les ehâflis, afin que les fan-
gles ne fe coupent pas, & foient même plus
élaftiques.
Des fiéges garnis de canne, & de Part du Canniek,
La canne, connue fous le nom hollandois Ro-
tings, eft une efpèce de rofeaii des Indes menu,
& rampant à .terre à différentes longueurs , qui
vont quelquefois à deux, trois & même quatre
toifes, lequel fe fend comme l’ofier, & fert aux
Indes & à la Chine pour faire des paniers, des
lits , des chaifes , des tables , des jaloufies de croi-
fées. On s’en fert principalement en France pour
la garniture des fiéges;ce qui eft plus folide &
plus propre que la paille & le jonc.
Il faut obferver d’abord dans la difpofitioh des
fiéges , pour recevoir la canne :
i°. La manière de placer les trous pour attacher
la canne*
2.0. La manière de pèreef ces mêmes trous.
Lorfque les menuifiers veulent faire fur le bâtis
d’un fiége la marque des trous deftinés à recevoir
la canne, ils commencent par s’afliirer du
milieu ; après quoi , ils font partir leurs divi-
fions, foit que l’ouvrage foit droit ou cintré ; mais
cette méthode a des difficultés : en effet, quand
l’ouvrage eft divifé t il faut Faire enforte que les
dernières divifiôns fe trouvent ; dans un dernier
pan, afin que les trous reçoivent tous; les brins
de canne, tant perpendiculaires qu’horizontaux &
diagonaux , fans les écarter ni les uns ni les autres.
Il faut donc s’attacher à faire des divifiôns
relatives à la grandeur de l’ouvrage , en lâchant
ouvrir ou reflerrer à propos lies intervalles.
Lorfque les fiéges font d’une forme cintrée, les
menuifiers, après avoir pris le milieu de la pièce
de chaque côté, font les divifiôns égales entre elles;
de forte que les lignes, qui viennent y tendre, ne
font plus d’une diftance égale entre elles, celles des
extrémités du cintre étant plus ferrées que cches
du milieu; ce qui non-feulement produit un mauvais
effet, mais encore eft peu foli-de , parce que
la canne tend à fe jredrelTer peu à peu, à caule
du poids de la perfonne aflife deflus ; & il s’enfuit
le relâchement de tous les fiéges de canne,
f dont la forme eft circulaire. Ainfi M. Roubo
i penfe que, malgré l’ufage , on feroit bien de tracer
des lignes droites & égales entre elles fut les
parties cintrées, & de percer les trous dans les
endroits où ces dernières fe rencontrent avec
la ligne circulaire qui en borne la diftance par
rapport au devant du bois.
• Les trous propres à recevoir la canne, doive!»
M E N
avoir environ deux lignes de diamètre, & être
percés en parement, à quatre lignes au moins du
bord de la pièce.
Ces trous ne fe percent pas perpendiculairement,
mais, au contraire, les uns en dedans , &
les autres en dehors alternativement, afin que ces
trous, étant ainfi écartés, coupent moins le fil
du bois, & qu’il refte du bois plein entre les deux
rangées de trous.
Si le derrière du fiége garni de canne eft ap- ;
parent, ce qui eft fort ordinaire, on y pratique |
des rainures dans lefquelles paffent les brins de
canne, qu’on recouvre enfuite par des morceaux
de bois collés, de forte que la canné n’eft point
apparente; _ .
La profondeur de ces rainures eft de quatre lignes
au moins , afin que la barre qu’on y met ait
trois lignes d’épaiffeur, la canne en prenant une
au moins.
La largeur de ces barres doit être de huit à
neuf lignes, à moins qu’on ne fût gêné par des
cintres qui exigeaflent qu’elles fiiffent plus étroites.
Ces barres fe rapportent en deux parties dans
les traverfes cintrées.
Dans les battans, ces barres fe rapportent d’une
feule pièce , à moins qu’ils ne foient trop cintrés
; alors il faudroit les faire de deux ou même
de trois pièces. Cependant, en y faifant des rainures
, & par conféquent des barres cintrées , on
lèveroit à cet égard toute, efpèce de difficulté. Au
refte, il faut que ces barres ne defeendent point
plus* bas que le nu des. traverfes , afin de n’en
pas couper les affemblages.
Il ne faut pas fuivre la méthode de ces menuifiers
qui, pour épargner le travail, ne rapportent
point de barres aux traverfes des dofliers, tant
du haut que du bas , mais qui, en perçant les
trous , les font defeendre en deffous de la traverfe
, à laquelle ils pratiquent une petite rainure
pour pouvoir cacher la canne., qu’ils recouvrent
enfuite de maftic, ce qui eft à-la-fois peu
.propre & .peu folide.
En général, quand on difpofe des fiéges & tous
autres ' ouvrages pour recevoir de la canne, il
faut avoir attention , en faifant le ravalement du
devant des moulures, de le rendre plus profond
que la faillie des moulures d’environ une ligne,
afin que l’épaifleur de la canne ne diminue pas
tle la faillie de ces derniers. Il faut aufli avoir
foin de faire ce ravalement en pente en dehors,
afin que s’appuyant fur la canne , les arêtes de
ravalement ne marquent pas deffus, & ne la caf-
fent point.
On doit choifir la canne la plus longue, la plus
groffe , la plus égale poflible , & point trop
.lèche. •
Avant de fendre la canne, il faut écarter tous
les noeuds ou inégalités que forment les jets ;
opération que les C anniers appellent cnnoyer ou
M E N 683
éneyer} ce qui fe fait en ratifiant la canne avec
un couteau à contre-fens du noeud.
Le jonc ou canne étant én e y é , on le fend au
couteau en trois ou quatre parties , qu’on refend
encore au couteau , jufqu’à ce qu’elles n’aient que
la largeur de deux brins; alors on ôte la moelle
du dedans de la canne, pour la fendre à fa véritable
largeur , ce, qu’on fait par le moyen du
fendoir.
Ce fendoir eft un morceau de buis , ou de tout autre
bois dur, d’environ un pouce de diamètre fur
deux à deux pouces & demi de largeur au plus,
lequel eft arrondi par le bas , & refendu ou évi-
dé en angle par le hauty-de forte qu’il préfente
quatre parties aiguës, dont on fe fert pour fendre
les brins de canne.
On commence, pour fendre, par fe fervir du
couteau ; enfuite on prend le fendoir de la main
gauche, un des angles en enhaut, dans lequel
on fait entrer le jonc déjà entamé par le couteau;
on le tire en contre-bas de la main droite ,
en obfervant d’appuyer le pouce de la main gauche
fur le jonc à l’endroit où il fe fend , afin de
l’empêcber de fortir du fendoir.
Quand on fend ainfi la canne, il eft à propos
de fe garnir le pouce d’un doigtier de cuir, afin
que le frottement & les inégalités de la canne
ne le bleflent pas.
Un jonc d’environ quinze lignes de circonférence
, peut donner douze brins d’une ligne &
demie de large ; ce qui eft la largeur ordinaire
des brins dont on fe fert pour garnir tranfverfa-
lement: les autres, qui doivent être plus étroits ,
fe tirent de joncs plus petits, ou bien avec des
brins mal refendus.
La canne étant refendue à la largeur convenable
, ôn la met d’épaiffeur à la plane.
La plane eft une efpèce de boîte de fer découverte
ôn deflus, dans laquelle eft placé un morceau
d’acier, lequel èft attaché aux deux côtés
de la boîte par un axe, de manière qu’on eft libre
de le faire mouvoir ; & par te moyen d’une
vis placée au-deflùs de la boîte, on fait monter
ou. defeendre ce morceau d’acier, autrement dit
la plane, qu’on approche du couteau autant qu’on
le juge néceffaire.
Ce couteau eft un autre morceau d’acier de
la largeur de la plané,tailléen bifeau, & fortement
attaché à un des côtés de la boîte , dans
laquelle il entre en entaille pour l’empêcher de fe
mouvoir , & ou il eft arrêté par le moyen d’un
écrou.
Le taillant du couteau ne doit pas être parallèle
au deflus de la plane, mais un peu relevé
fur le devant, afin qu’en faifant paffer la canne
entre le couteau & la plane , on commence par
ôter les groffes inégalités, & qu’on finifîe de la
mettre d’épaiffeur en l’approchant du fond.
Comme la plane pourroit s’ufer par le frottement
continuel de la canne qu’on pafle deffus,
R r r r ij