
Pour faire les charnières, on rompt un fil de
fer à la longueur d’environ quatre pouces ; on
le faifit avec le plioir vers le milieu ; on le fait
ployer deffus en le renverfant fur fa partie extérieure
; on rapproche enfuite les deux extrémités
l’une contre l’autre, & on les ferre avec le plein
du plioir enforte quelles forment une efpèced’oeil,
o u , comme difent les layetiers, afin qu’elles prennent
le rond. Cette partie de la charnière étant
faite, on prépare la fécondé en la faifant paffer
dans l’oeil de la première avant de la ferrer, comme
©n vient de L’expliquer.
Quand on a un certain nombre de ces charnières
, on les met en paquet qu’on attache avec
un fil d’archal mince; & en cet état on les fait
recuire à un feu vif & clair, afin de rendre le fer
plus doux & plus aifé à ployer.
On pofe les charnières fur les boîtes de la manière
fuivante ; ce qu’on appelle eneharner. On
commencé par tracer fur le couvercle la place de
la charnière ; on fait fur l’arête de deffous, ainfi
que fur celle du côté extérieur , de petites encoches
dans le milieu defquelles on perce un trou
pour introduire les deux branches de la charnière
dans la partie dormante de la boîte; puis on retourne
la pièce fur le plat pour river les charnières
: on reploie enfuite les branches en dehors
des deux côtés, après quoi on frappe deffus pour
les applatir.
Cette opération étant faite , on faifit avec le
plioir le bout des deux branches pour en former
un crochet , & l’on abaiffe les branches en les
forçant d’incliner en dedans de la longueur du
bois, ou l’on fait pénétrer l’extrémité de la branche,
en frappant deffus avec le marteau.
Les charnières étant ainfi arrêtées dans la partie
dormante de l’ouvrage, on les fait entrer dans le
couvercle, en deffus duquel il faut les river.
Si les pièces qu’on Veut eneharner étoient perpendiculaires
l’une à l’autre & qu’elles s’affleu-
raffent, on y poferoit les charnières à l’ordinaire ;
& après quelles auroient été rivées , on ouvrirait
le joint des deux pièces qui avaient été unies par
de petites pointes.
Si les boîtes ou caffettes font d’une- certaine
grandeur, on garnit leurs angles avec des équerres
de tôle , que les layetiers nomment des coins. On
doit river les clous de ces coins.
On fait quelquefois des crochets qui ne s’attachent
pas fur la boîte , mais qu’on fait paffer au
travers de fon épaiffeur, en les arrêtant en dedans
au moyen d’un double coude.
Une poignée ou un anneau de fil de fer s’attache
par le moyen de deux pitons ou liens de
fil d’archal, qui font paffés au travers de l’épaif-
feur du bois & rivés.
Quand on fe fert de couplets ou de charnières
de fer ou de cuivre, on les attache avec & en
defious du couvercle , dans les entailles faites
dans l’épaiffeur du bois.
La ferrure qu'on met aux caffettes, s’attache
fur le, devant avec deux crochets qu’on fait paffer
au travers de la plaque de la ferrure, & du bois
de la caffette fur lequel l’extrémité de ces crochets
eft rivée.
La partie fupérieure du moraillon efl; clouée &
rivée en deffous du couvercle.
C ’eft en général ce qu’on peut dire des ferrures
propres à la layeterie.
Il faut parler aufli des principaux outils qui
fervent aux layetiers, avant de paffer à la def-
cription de leurs ouvrages.
L’établi du layetier efl compofê d’une table de
bon bois, de fix à fept pieds de longueur fur dix-
huit à vingt pouces de largeur, & quatre pouces
d’épaiffeur. Cette table efl portée fur quatre pieds
ou piliers fol-ides, affemblés à tenons & enfoui-
chemens & avec des traverfes; & dans le bas,il
y a un fond porté fur des taffeaux pour y pofer
des outils , des planches & autres chofes dans le j
befoin.
Sur le devant de la table de l’établi, au bout
fupérieur, eft placée une efpèce de patte de fer
recourbée, qu’on nomme crochet, dont la partie,
qui eft horizontale, eft plate, large, & taillée en
forme de feie ; l’autre bout fe termine en pointe
& entre dans un morceau de bois d’environ deux
pouces & demi en carré, fur neuf à dix pouces de
longueur. Ce morceau de bois, nommé la boite du
crochet, entre jufte dans une mortaife percée dans
l’èpaiffeur de la table de rétabli -, enforte que l’on
puiffe hauffer ou baiffer le crochet à volonté en
frappant la boîte avec lé maillet, foit en deffus,
foit en deffous de là table.
A l’autre extrémité de l’établi, On place d’ordinaire
une enclume ou un tas de fer ; & fur le
côté de la table eft encore attaché un crochet de
bois, pour appuyer, comme l’autre crochet de
fer, les pièces qu’on travaille.
Il n’y a pas ordinairement fur l’établi des layetiers
, comme fur celui des menuifiers, des trous
pour y placer un valet. Il y a feulement en deffous
de la table un ou plufieurs tiroirs propres a
ferrer de menus outils , des pointes , un pièd,
• un compas, &c; !
La hauteur de l’établi efl de vingt-fept à trente
pOUCeS. , • ir;
La feie à refendre du layetier eft compofée d’un
châfîis de deux pieds de largeur, fur trois pieds
à trois pieds & demi de hauteur. Les deux pièces
montantes de ce châflis, fe nomment les bras ; &
les deux pièces horizontales, s’appellent fommicfl-
La lame ou feuille de la feie eft placée au milieu
'de ce châfiis ; les deux extrémités de cette lame
font arrêtées dans deux étriers, dans lefquels p-
fent les fommiers.
La feie à tourner a environ deux pieds & demi
de hauteur ; elle eft compofée de deux bras de
douze à quatorze pouces de longueur , affemb.es
fur un fommier. La lame eft arrêtée avec deux
goujons
goujons ou tourillons de fe r , qui paffent au travers
des deux bras de la feie. Ces tourillons font
ronds par leur coupe, afin qu’ils puiffent tourner
librement, pour incliner plus ou moins & fuivant
le befoin, la denture de la feie.
Pour que les feies paffent plus librement , on
leur donne de la voie ; ce qui fe fait en écartant
un peu les dents d’un côté & de l’autre de leur
épaiffeur. On doit faire attention que cette voie
foit égale, & il faut qu’elle foit prefque infenfible
pour les feies qui font extrêmement fines.
On donne de la voie aux feies avec un outil
nommé tourne-à-gauche , êfpèce de fer plat qui a
des entailles de différentes épaiffeurs.
L ’-enclume à bigorne eft montée fur un billot
d’environ dix-huit pouces dé hauteur. L’une des
pointes ou bigornes eft ronde, l’autre eft carrée;
& dans celle - ci on a pratiqué un trou, afin de
pouvoir percer la tôle quand on le juge à propos.
Le marteau des layetiers eft d’une groffeur
moyenne ; fa tête eft ronde & fa panne eft large.,
applatie & droite fur fa face.
Les layetiers font üfage de'règles de différentes
grandeurs , pour prendre des mefures ou pour
marquer leur bois à refendre. Celle dont ils fe
fervent communément eft de deux pieds de longueur,
avec des divifions marquées par des clous
doçés, de trois en trois pouces au moins.
Ils ont des équerres pour écarrir leurs ouvrages,
ou pour conduire leur mefure.
Une équerre eft compofée d’une tige & d’une
lame affemblée dans .cette dernière. La tige doit
être plus épaiffe que la lame d’environ fix lignes , \
afin de la déborder de trois lignes de chaque côté.
Le riflard ou la galère qu’emploient les layetiers,
eft une forte de rabot dont le fût a environ un
i pied de longueur fur quatre pouces de hauteur,
& trois pouces & demi d’épaiffeur ; il eft percé,
aux deux tiers environ de fa longueur , d’une
Ouverture nommée lumière. Cette ouverture va en
. fe rétréciffant par lé bas du fût, & m’a de largeur
: flüe-: ce - qui eft néceffaire 'pour placer le fer &
[ donner paffage au copeau. La lumière s’élargit au
contraire par le haut en forme d’entonnoir , pour
y placer le coin & faciliter la fortie des copeaux.
Sur lé devant du riflard s’élève une poignée
? trois pouces & demi de hauteur, & d’un pouce
& demi de diamètre. Cette poignée eft inclinée
• de gauche à droite, & folidement affemblée dans
le riflard. Le fer de cet outil a deux pouces &
demi de largeur, fix à fept pouces de longueur,
& environ deux lignes d’épaiffeur par le tranchant,
^e taillant de ce fer doit être un peu rond en
deffous. Au refte , il y a des riflards de différentes
grandeurs. Celui dont on vient de faire la def-
cription, eft de la plus grande efpèce.•
La colombe eft une forte de varlope, portée fur
quatre pieds comme un banc, & fon fér eft dans
une fituation .renverfée , ayant le tranchant • en
deffus. La „longueurg de la colombe eft d’environ
Arts & Métiers. Tome IV. Partie L
fix pieds ; fa groffeur eft de fix pouces carrés :
elle eft élevée de terre de dix-huit à dix-neuf
pouces, fur des pieds de chêne folidement affemblés
, & un peu évafés par le bas pour lui donner
plus d’afliette.
Le fer de la colombe a quatre pouces de largeur,
& huit à neuf de longueur.
Le feuilleret, que les layetiers nomment aufli
; rainoir, eft compofé d’un fû t, d’un feret & d’un
coin. Le fût a neuf pouces de longeur, fur trois
pouces & demi de largeur , & douze à quinze
lignes d’épaiffeur. Le deffous de cet outil forme
deux angles rentrans , & un angle faillant qui
forme ce qu’on appelle feuillure proprement dite.
La lumière ou l’ouverture du feuilleret eft entaillée
fur- le côté de l’outil, jufqu’à la profondeur
de la feuillure & meme un peu davantage, afin
que le fer foit un peu enterré d’après le conduit
de l’outil. Il faut entendre par conduit ou conduite ,
une partie excédente du fût dg Fin {trament, foit
en deffous , foit par le côté-, comme dans le feuil-
lerer. .Au moyen de quoi l’outil eft ferré contre
le bois , & ne peut defeendre plus qu’il ne. faut.
Le fer du feuilleret a un bifeau par le côté ,
pour qu’il coupe ,1e bois net dans l’angle , & qu’il
ne foit pas fujet à fe déranger , ou , comme on
dit, à fuir.
Il y a un petit crochet au haut du fer, pour le
retirer quand il prend trop de faillie : on retient,
on ferre , on hauffe ou baiffe le fer , au moyen
d’un coin qui eft taillé en diminuant & creufant,
pour faciliter la fortie du copeau; ;
Le feuilleret fert aux layetiers pour faire les
gorges & ouvertures de certaines boîtes.
Il faut entendre par bouvement un outil afféz
femblable, quant à fa conftru&ion, au feuilleret ,
& qui n’en différé que par la forme finueufe du
taillant dé fon fer, & de la partie du fût.qui y
correfpond.
On connoît le vilebrequin, compofe. d’un fut &
. d’une mèche, avec fa boîte. La mèche eft un petit
cylindre' d’acier en forme de vrille , dont la-partie
fupérieure eft terminée par une partie large &
plate, laquelle eft arrêtée d’une manière ftable.
Le poinçon , outil de fer acéré à fon extrémité
inférieure, qui eft ronde par fa coupe & un peu
conique, c’eft-à-dire , diminuée du bout. Cet outil
long d’envirön fix pouces , fert à percer la tôle.
Lés .layetiers fe fervent d’une efpèce de pince ,
qu’ils nomment plioir. Les extrémités des branches
de cette pince font terminées par deux petits
cylindres un peu coniques , dont l’intérieur eft un
peu applati & taillé en forme de lime. Ces cylindres
font difpofés de manière qu’il y a une
demi-ligne de diftance entre eux, lorfque la pièce
‘ eft, tout-à-faii fermée. La longueur du plioir eft
de fix pouces environ : il fert aux layetiers pour
- façonner les charnières & les crochets de leurs
boîtes.
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