
8c les refends faits à-plomb les uns des autres \ on
en remplit les intervalles d’enduits.
Les archivoltes, corniches & chambranles cein-
trés pour le couronnement des niches ou autres
ornemens , fe font autour d’un centre avec un
rayon de bois fixé au centre, fur lequel on applique
un calibre que l ’on traîne à diverfes reprifes,&
en tournant le long des règles courbes, appliquant
le plâtre liquide comme aux corniches droites ,
jufqu’à ce qu’elles foient parfaites.
Mais il convient que nous reprenions plufieurs
de ces parties principales d’un bâtiment, & que
nous entrions dans quelques détails.
E s c a l i e r s .
Efcalier, du latin fcalce, montées; c’eft, dans un
bâtiment, une pièce dans laquelle font pratiqués
des degrés ou marches, pour monter & defcendre
aux différens étages élevés les uns au deffus des
autres. Ces degrés fe font de marbre, de pierre,
de bois, félon l’importance de l’édifice, & fe fou-
tiennent en l’air par différentes efpèces dé voûtes,
dont la pouffée eft retenue par les murs qui forment
la cage de l’efcalier.
Il fe fait de plufieurs fortes d’efcaliers ; à trois
rampes, à deux rampes , à une feule rampe , &
que l’on appelle, félon la diverfité de leur figure
&. de leur conftru&ion , efcaller s triangulaires, cein-
itré-s, à jour, fphériques, fufpendus, à vis faint-gille ,
en arc de cloître, &c.
La fituation des efcaliers , leur grandeur, leur
forme, la manière de les éclairer, leur décoration,
& leur conftru&ion, font autant de confidérations
importantes à pbferver pour parvenir à les rendre
pommodes , folides, & agréables.
De leur fituation.
Anciennement on plaçoit les efcaliers hors oeuvre
du bâtiment ; enfuite on les a placés dans l’intérieur
& au milieu de l’édifice ; à préfent on les
place à côté du veftibule, ayant reconnii que les
efcaliers placés dans le milieu du bâtiment, maf-
quoient l’enfilade de la cour avec celle des jardins.
Plufieurs regardent comme arbitraire, de placer
les efcaliers à la droite ou à la gauche du veftibule ;
cependant, il faut convenir que la première fituation
en eft plus „convenable , parce qu’il femble
que nos befoins nous portent plus volontiers à
.chercher à droite ce qui nous eft propre : néanmoins
il y a dés circonftances où l’on peut s’écarter
de cette règle, lorfque par rapport à l’expofi-
tion & à la diverfité des afpefts d’un bâtiment, il
paroît néceffaire de placer à droite les appartemens
de fociété pour jouir d’un point de vu e , qui très-
fouvent dans une maifon de plaifance ne fe rencontre
que de .ce côté ; autrement, on ne peut trop
infifter, foit préjugé, foit habitude, fur la néceflité
de placer les efçaliers comme nous le reçommandons,
& de les fituer de manière qu’ils s’annonceiig
dès l’entrée du veftibule.
. De la grandeur des efcaliers.
La grandeur des efcaliers en général, dépend
de l’étendue du bâtiment & du diamètre des pièces.
Rien n’eft plus contraire à la convenance, que
de pratiquer un efcalier principal trop petit pour
monter à des appartemens fpacieux, ou d’en ériger
un trop grand dans une maifon particulière.
Par la grandeur d’un efcalier, on doit entendre
i l’efpace qu’occupe fa cage, la longueur de fes marches
, & le vide que l’on obferve entre fes murs
d’échiffre; car il eft bon de favoir que dans tous
les genres d’efcalier deftinés à l’ufage des maîtres,
la hauteur des marches, leur giron, & celle des
appuis des baluftrades , des rampes, doivent partout
être les mêmes.
L’on entend encore par la grandeur d’un efcalier,
non-feulement la furface qu’il occupe, mais
aufli fon élévation qui n’eft jamais moins que de
deux étages, & fouvent beaucoup plus, ce qu’il
faut éviter néanmoins ; il eft mieux de pratiquer
un efcalier particulier pour monter aux étages fu-
périeurs, aux combles, aux terraffes, &c. à moins
qu’il ne s’agiffe d’une maifon économique ou à
loyer.
De la différente forme des efcaliers. .
La forme des efcaliers eft aufli diverfe que celle
des bâtimens. Les anciens les faifoient prefque tous
circulaires ; enfuite on les a faits quadrangulaires :
aujourd’hui on les fait indiftinâement de formes
variées, félon que la diftribution des appartemens,
l’inégalité du terrain ou la fujétion des iflùes fem-
blent l’exiger : il eft cependant certain que dans les
bâtimens de quelque importance , les formes régulières
doivent avoir la préférence , ces efcaliers
étant du nombre de ces chofes où la fimplicité des
formes doit prévaloir fur le génie & l’invention;
confidération pour laquelle, fans avoir égard aux
exemples de nos modernes à ce fujet, on ne peut
trop recommander de retenue & de vraifemblance
dans la forme & la difpofition d’un efcalier; &
fi quelquefois on fe trouve contraint de faire les
côtés oppofés des murs de cage diflemblables, il
faut que cetre licence annonce vifiblement une
néceflité indifpenfable d’avoir voulu concilier en-
femble la diftribution des appartemens , la décoration
des façades , & en particulier la fymmétrie de
cette forte de pièces.
De la manière la plus convenable d'éclairer les
efcaliers.
Quoiqu’il femble qu’on faffe ufage des efcaliers
autant de nuit que de jour, il n’en eft pas moins
vrai qu’on doit être attentif à répandre une lumière
I égale fur la furface de leur rampe & de leurs paliers»
M À Ç
cë qui n’arrive pas lorfqu’on les éclaire feulement Marche.
fur l’une de leurs faces, parce que les rampes qui
font oppofées à la lumière, font prefque toujours
obfcures : défaut que l ’on remarque dans le plus
grand nombre de ceux de nos hôtels à Paris.
Pour éviter cet inconvénient, ne conviendroit-
il pas de les éclairer en lanterne ?. alors la lumière
prolongeroit fur chaque rampe , ce qui rendroit
leur ufage plus facile, principalement, comme nous
l’avons déjà remarqué , lorfque les marches, les
paliers & les rampes fe terminent au premier étage :
d’ailleurs, il eft poflible de mafquer les lanternes
que nous propofons par la hauteur des baluftrades
extérieures, lorfqu’on ne voudroit pas rendre leur
élévation apparente dans les dehors.
De la décoration des efcaliers
La convenance ic i, comme par - tout ailleurs ,
doit préfider dans la décoration d’un efcalier, relativement
à la manière dont il eft conftruit. En
général, la fimplicité, la douceur des rampes , la
longueur des marches, la grandeur de leur cage, le
rapport de leur dimenfion , la fymétrie & l’appareil
de la conftruélion, femblent devoir faire tous
les frais de leur décoration.
De la confiruElion des efcaliers.
La conftru&ion eft la partie la plus effentielle
d’un efcalier : elle confifte dans l’art du trait ; &
la beauté de l’appareil ne fuffit pas pour donnèr
aux' voûtes une forme trop élégante ; la magie de
l’art doit être mefurée à l’ufage des pièces où on
le met en oeuvre. Il faut que ceux qui les fréquentent
trouvent une forte de sûreté à les monter &
à les defcendre, fans pour cela qu’on foit difpenfé
de donner de la grâce aux courbes qui en compo-
fent les voûtes. De toutes les pièces d’un appartement,
celle dont il eft queftion exige le plus la
réunion de la théorie avec la pratique , afin de
Moindre une folidité réelle & apparente à tout ce
qbi peut contribuer à rendre fon ordonnance agréable.
Ici r ’art & le métier doivent être un; l’appa- j
reilleur, l’architeâe , le décorateur , doivent fe
montrer par-tout : en un mot, rien de fi fatisfai-
fant qu’un bel efcalier dans un édifice d’importance.
M. Patte obferve que , fous les rampans des
efcaliers de charpente, on doit latter à lattes join-
tives, & maçonner enfuite au deffus defdites lattes
avec plâtre & plâtras entre les marches. Après cètte
operation, on enduit le deffous des rampes avec
du plâtre fin ; enfin, l’on finit par carreler par deffus
a fleur des marches.
Quant aux paliers, ils fe font quelquefois comme
les planchers, mais le plus fouvent on les hourde
plein, c’eft-à-dire, qu’après avoir latté par deffous
a claire-voie, on garnit de plâtras les intervalles
des folives, & par deffus on place les carreaux fur
i «ourdis & fans prefque de plâtre fur les folives.
■ drts 6» Métiers. J'orne IV. Partie L
Une marche eft un degré fur lequel on pofe le
pied pour monter ou defcendre, ce qui fait partie
d’un efcalier.
Les anciens donnoientàleurs marches, & comme
on difoit dans le dernier fiècle, à leurs degrés, 10
pouces de hauteur de leur pied, qu’on appelle pied
romain antique, ce qui revient environ-à 9 pouces
de notre pied de roi. Ils donnoient de giron à chaque
marche les trois quarts de leur hauteur, c’eft-
à-dire , un de nos pieds de ro i, ce qui faifôit des
marches trop hautes & pas affez larges.
Aujourd’hui, on donne à chaque marche 6 ©u
7 pouces de hauteur, & 13 ou 14 de giron.
Dans les grands efcaliers, cette proportion rend
nos marches beaucoup plus commodes que, celles
des anciens. Leurs -fiéges des théâtres étoient en
façon de marches, & chaque marche fervant de
fiége, avoit deux fois la hauteur des degrés qui
fervoient à monter & à defcendre.
On fait des marches de pierre, de bois, de marbre.
Non-feulement on diftingue les marches ou
degrés par leur hauteur & leur giron ou largeur ,
mais encore par d’autres différences, que Daviler
explique dans fon Cours d'Architecture.
On appelle, dit-il, marche carrée ou droite, celle
dont le giron eft contenu entre deux lignes parallèles;
marche d'angle, celle qui eft la plus longue
d’un quartier tournant ; marches de demi - angle,
les deux plus proches de la marche d’angle; marches
gironnées, celles des quartiers tournans des efcaliers
ronds ou ovales ; marches dèlardées, celles
qui font démaigries en chanfrain par deffous , &
portent leur délardement pour former une coquille
d’efcalier; marches moulées, celles qui ont une moulure
avec filets au bord du giron ; marches courbes,
celles qui font ceintrées en dedans ou eh arrière;
marches rampantes, celles dont le giron fort large
eft en pente , & où peuvent monter les chevaux.
On appelle marches de ga^on, celles qui forment
des perrons de gazon dans les jardins, 8c dont
chacune eft ordinairement retenue par une pièce
de bois qui en fait la hauteur.
Plafond.
C’eft la partie fupérieure d’un appartement ÿ'
qu’on garnit ordinairement de plâtre , 8c qu’on
peint quelquefois ; les plafonds font faits pour cacher
les poutres 8c les folives. ! Comme la plupart des plafonds antiques étoient
de ■ bois, ainfi que les nôtres , il n’en refte point
de veftiges ; 8c l’on n’en peut juger que par les
écrits de Vitruve & des autres auteurs , qui ont
fait la defcription des édifices de l’antiquité.
Ils nous apprennent que les plafonds des palais
étoient de bois précieux , 8c d’ouvrages de marqueterie
fort riches par la diverfité des bois de
couleurs, de l’ivoke & des nacres de perle, 8c pas
Q a