
qui n’ont toujours que trop d’inégalités & de défauts.
Cependant, on a été fort long-temps fans employer
les lunettes à deux verres convexes : ce ne
fut qu’en 1659 que M. Huyghens, inventeur du
micromètre, les mit au foyer de l’obje&if, pour
voir diftin&ement les plus petits objets. Il t fou v a ,
par ce moyen, le fecret de mefurer les diamètres
des planètes, après avoir connu , par l’expérience
du paffage d’une étoile derrière ce corps, combien
de fécondés de degrés il comprenoit.
C ’eft ainfi que, depuis Méthis & Galilée , on a
combiné les avantages qu’on pourroit retirer des
lentilles qui compofent les lunettes d'approche. On
fait que tout ce que nous, avons de plus curieux
dans les fciences & dans les arts , n’a pas été
trouvé d’abord dans l’état où nous le voyons aujourd’hui
: mais les beaux génies qui ont une profonde
connoiffance de la mécanique & de la géométrie
, ont profité des premières ébauches fouvent
produites par le hafard, & les ont portées dans la
fuite au point de perfeâion dont elles étoient fuf-
ceptibles.
Polémofcope.
C ’eft une efpèce de télefeope ou de lunette
d’approche qui eft recourbée, pour voir les objets
qui ne font pas directement oppofés à l’oeil.
Le polémofcope a été inventé par Hévélius en
1637.
On a préfentement quelque chofe de femblable
dans certaines lorgnettes, avec lefquelles on peut
voir une perfonne lorfque l’on paroît en regarder
une autre.
Tout télefeope fera un polémofcope fi on en
fait un tube recourbé, & qu’entre le verre ob-
jeétif & le premier oculaire, s’il y a plufieurs oculaires
, on difpofe un miroir plan de manière qu’il
foit incliné à l’horizon de 45 degrés, & que l’image
réfléchie foit au foyer du verre oculaire.
C a r , par ce moyen , les objets fitués vis-à-vis
le verre ou la lentille , paroîtront vis-à-vis le verre
oculaire, de même que s’il n’y avoit point de
miroir, & que le verre objeétif & le verre oculaire
& les objets, fuflent dans une même ligne
droite.
Lunette de jaloujîe.
C ’eft une lunette d’approche qui confifte à avoir
un miroir ajufté obliquement dans une boîte placée
à jour, qui tient par des vis à l’extrémité de l’ob-
jeâif.
Par fon moyen, on voit directement les objets
que l’on femble regarder de côté, parce qu’alors
ce n’eft pas l’objet qu’on v o it, mais fa repréfen-
tation dans le miroir.
Cette efpèce de lunette eft toujours inférieure
aux lunettes ordinaires.
Tileftopt.
Cet infiniment d’optique fert à obferver des objets
très-éloignés , foit directement à travers plu.
fieurs verres , ou par réflexion au moyen de plufieurs
miroirs.
L’invention du télefeope eft une des plus nobles
& des plus utiles, dont les derniers fièclés puif.
fent fe vanter , & qui a lé plus contribué aux
'progrès de l'afironomie.
On prétend que la découverte en eft due au
hafard , & à des jeux d’enfans qui s’amufoient a
confidérer des objets à travers deux verres mis à
quelque diftanee l’un devant l’autre.
Quoi qu’il en foit, l ’ufage des verres convexes
& concaves étant une fois connu, plufieurs fa vans,
tels que Galilée, Képlêr , Defcartes , Grégory,
Huyghens , Newton > & c. ont contribué fucceffi-
vement à porter le télefeope au point de perfection
où il eft aujourd’hui.
Il y a différentes fortes de télefeopes, qui fe
diftinj plient par le nombre & par la forme de leurs
verres, ou par la différence de leur ufage.
Le télefeope de Galilée ou allemand, eft compofé
d’un tuyau dans lequel eft à l’un de fes bouts un
verre objeCtif convexe , & à l’autre un verre oculaire
concave. C ’eft la plus ancienne de toutes les
formes de télefeopes, & qui ait été pratiquée avant
Huyghens.
Ainfi , pour conftruire ce télefeope, on ajufte
au bout d’un tube un verre objeCtif convexe, d’un
feul ou de deux côtés, & qui eft un fegment d’une
fphère fort grande. A l’autre bout eft ajuftè de
même un verre oculaire concave des deux côtés,
mais formé d’un fegment d’une moindre fphère,
& placé à une telle diftanee du verre objeCtif, que
le foyer vertical de ce verre oculaire réponde au
même point que le foyer réel du verre convexe.
Par le moyen de ce télefeope , tout le monde,
excepté les myopes ou ceux qui ont la vue courte,
doivent voir les objets dans leur fituation droite
naturelle, & groflis à proportion de la diftanee
du foyer vifuel du verre oculaire à celle du foyer
du verre objeCtif.
Mais pour que les myopes puiffent voir diftinc-
tement les objets au travers d’un tel infiniment,
il faut rapprocher le verre oculaire du verre obje
c t if.
Télefeope aflronomiquet
Ce télefeope diffère du précédent, en ce que
l’oculaire y eft convexe comme l’objeCtif. On le
nomme aflronomique, parce qu’on ne s’en fert que
pour les obfervations aftronomiques , à caufe qu’il
renverfe les objets. Képler fut le premier qui eu
donna l’idée, & le père Scheiner fut le premier qui
l’exécuta.
Le tube étant fait de la longueur néceffaire* on
ajufte dans, un de fes bouts un verre objeCtif, -foit
plan
plan convexe, foit convexe des deux côtés , mais
qui doit être un fegment d’une grande fphère.
Dans l’autre bout, on ajufte de même un verre
oculcüre convexe des deux côtés, mais qui doit
être le fegment d’une petite fphère, & on le place
dans le tube de façon qu’il foit au-delà du foyer
du verre objeCtif, préçifément d’un efpace égal à
la diftanee de fon propre foyer. . .. . ■
Ce télefeope étant ainfi conftruit, l’oeil placé
près du foyer du verre oculaire, verra diftinCte-
ment les objets, mais renverfés & groflis dans le
rapport de la diftanee du foyer du verre oculaire,
à la diftanee du foyer du verre objeCtif.
Télefeope aérien.
Le télefeope aérien eft une efpèce de télefeope
altronomique, dont les verres ne font point renfermés
dans un long tuyau. Cependant, à la rigueur
, le télefeope aérien n’e f t , à proprement
parler, qu’une façon particulière de monter des
verres objectifs (dont le foyer eft très-diftant) &
leurs oculaires , de façon qu’on puiffe les diriger
avec facilité , pour obferver les corps céleftes pendant
la nuit, & éviter les embarras des télefeopes
aftronomiques , qui deviennent fort incommodes
lorfqü’ils font très-longs.
Pour conftruire un télefeope aérien, i°. on planté
perpendiculairement un mât, de la longueur dont
devroit être le tuyau du télefeope. Avant de l’élever,
on l’applanit d’un côté ; l’on y attache deux
règles parallèles entre elles , & éloignées l’une de
l’autre d’un pouce & demi, de forte que l’efpace
qu’elles laiffent entre elles , forme une efpèce de
rainure ou de canal un peu plus large en dedans
qu’en dehors , qui règne prefque du haut de ce
mât jufqu’en bas.
Au haut de ce mât eft, une roulette qui tourne
fur fon axe, & fur laquelle paffe une corde deux
fois plus longue que,le mât. Cette corde, de la
groffeur du petit doigt ou à peu près, eft ce que
l’on appelle une corde fans fin ; elle eft garnie d’un
morceau de plomb , dont le poids eft égal au verre
.objeCtif & à tout l’équipage qui doit le foutenir.
Une latte, longue de deux pieds & formée de
manière qu’elle puiffe gliffer librement, mais fans
jeu, le long du canal, porte à fon milieu un bras
de bois ' qui s’éloigne d’un pied du mât , & qui
foutient à angles droits un autre bras d’un pied
& demi de long, l’un & l’autre étant fitués parallèlement'
à Thorizon.
20. On ajufte un verre objeCtif dans un cylindre
de trois pouces de long; on fait tenir ce cylindre
[ fur un bâton fort droit, d’un pouce d’épais, &
qui le débotde- de huit ou dix pouces. Au bâton
eft attaché une boule de .cuivre ; cette boule eft
portée & fe meut librement dans une portion de
fphere creufe, où elle eft emboîtée,
Cette portion de fphère eft ordinairement faite
dé deux pièces , que l’on ferre enfemble par le
Arts 6* Métiers. Tome IV. Partie I.
moyen d’une vis , ce qui forme une efpèce de
genou ; & afin que le verre objeCtif puiffe être mis-
en mouvement avec plus de facilité, on fufpend
un poids d’environ une livre à un gros fil de laiton
, de forte qu’en pliant ce fil d’un côté ou de
l ’autre, ©n parvienne facilement à faire rencontrer
enfemble le centre de gravité commun du poids
& du verre objeCtif, & celui de, la boule de cuivre.
On attache au deffous du bâton un fil de cuivre
élaftique, que l’on replie en bas jufqu’à ce que
fa pointe foit autant au deffous du bâton que le
centre de la boule, & on lie à cette pointe un fil
mince de foie.
30. On ajufte un verre oculaire dans un cylindre
fort court, auquel on attache un bâton, & à celui-
ci un petit poids fuffifant pour le contre-balancer i
puis on difpofe une poignée, traverfée par un axe,
que l’aftronome tient à la main ; & le bâton, tourné
du côté du verre objeCtif, eft attaché au fil de foie.
Ce fil paffe par un trou, & eft roulé fur une petite
■ cheville qui tient au milieu du bâton, de forte qu’en
la tournant on augmente & on diminue, comme
on v eut, la longueur du fil.
4°. Afin que l’aftronome puiffe tenir ferme le
verre oculaire , il appuie fon bras fur une machine
ajuftée à cet effet.
Enfin, pour écarter la foible lumière dont l’air
pourroit frapper l’oeil, on couvre le verre oculaire
d’un cercle troué au milieu, & ajufté à un bras
mobile & flexible.
Le grand télefeope de Huyghens, qui-a fait con-
noître d’abord l’anneau de Saturne & un de fes
fatellites , confiftoit en un verre objeCtif de n
pieds & un verre oculaire de 3 pouces & quelque
chofe de plus. Cependant, il fe fervoit fouvent
d’un télefeope de 23 pieds de long , avec deux
verres oculaires joints enfemble, & ayant chacun
un pouce & demi de diamètre.
Télefeope terrejlre ou Télefeope de jour.
On doit l’invention de ce télefeope au P. Rheita.'
Il eft compofé de plus de deux verres, dont l’un
eft ordinairement un verre objeCtif convexe, &
les trois autres des verres oculaires convexes.
Ce télefeope repréfente les objets dans leur fituation
naturelle, comme celui de Galilée , mais qui
en diffère cependant par la forme & le nombre de
fes verres. On lui a donné le nom de terrejlre,
parce qu’il fert à faire v o ir , pendant le jour, les
objets qui font fur l’horizon ou aux environs,
Pour faire un télefeope terreftre , ajuftez dans
un tube un verre objeCtif qui foit convexe des deux
côtés ou plan-copvexe, & qui foit un fegment de
grande fphère ; ajoutez - y trois verres oculaires,
tous convexes des deu* côtés , & fegmens de
fphères égales : difpofez-les de manière que la distance
de deux de ces verres foit la fomme des
diftances de leurs foyers, c’eft-à-dire, que les foyers
des deux verres voifins fe répondent.