
où il ne paroit r ien , on la reconnoit en ce que le
cheval b o ite , & qu’on fent la partie frappée plus
chaude qpe le. ..refte du pied.
Q u an d la partie qui eft au deffus de 1 atteinte
en f le , que la corne fe reflerre & que le pied s’étrécit
au deffous, il eft bien à craindre que le cartilage
du pied ne fe corrompe , & que l’atteinte
ne devienne encornée.
Un cheval aura fouvent eu une atteinte qui aura
pénétré jufqu’au cartilage : 6n pourra la. guérir en
apparence ; le trou fe b ouche, & la p la ie, s’il y
en a , fe confolidera facilement; le chevaline boitera
p lu s , & ©n le croira guéri.: mais comme le
cartilage eft touché & qu’il eft infenfxble, quoiqu’il
ne faffe plus boiter , la matière s’affemble dans
cette pa rtie, & en fait peu-à-peu une forte atteinte
encornée , qui eft quelquefois fis mois à paroitre,
fur-tout lorfque la matière qui corrompt ce cartilage
n’a point de malignité par elle-même.
Q u an d on néglige une atteinte fimple, elle peut
devenir encornée, & par conféquent très-dange,-
reufe.
D è s le moment qu’on s’apperçoit de l’atteinte,
c’eft-à-dire, auftitôt qu’elle a été donnée.,, on met
du poivre deffus, Ce qui la, guérit-pour l’ordinaire:
mais fi on ne la . traite pas dans le moment qu’elle
vient d’être donnée , après avoir coupé la chair
détachée , on commencera par laver la plaie h avec
du vin chaud & du fe l; on pilera enfuite un jaune
d ’oe u f dur , & on l’appliquera deffus en forme d ’onguent
; s’il y a un t ro u , on emploiera la térébenthine
& le p o iv re, ou bien de la poudre à canon
délayée avec de la fa liv e ; on en remplit le.trou de
l ’atteinte , & o n ;y met le feu : fi le trou eft fur
la couronne & p rofon d, il faut paffer deffus le fer
ard ent, & pour empêcher que l’air n’y entre, on
fera fondre l’emplâtre divin a vec l’huile rofat ; &
après l’avoir mis fur du coton , on l’appliquera
fur la plaie.
Si l’atteinte eft confidérable, on commencera par
faigner le cheval.
Lorfque l’atteintejîevient encornée, c’eft qu’ elle
a été négligée , ou que la bleffùre fe trouvant auprès
du cartilage, la chair meurtrie fe convertit eh
une matière qui corrompt le cartilage ; ou bien
l’atteinte même parvient jufqu’au cartilage , & le
noircit : cette circonftance eft très-dangêreufe.
Il faut fuivre, pour guérir une atteinte encornée,
la même méthode que pour le javart encorné ;
car elle eft fujette au même accident, & la cure
en eft précifément la même.
A u re f le , il faut empêcher que l’atteinte ne fe
m o u ille , & que le cheval ne la lèche ; car il rie
fauroit guérir tant qu’il fe léchera. -
Encloueurè.
Bleffùre faite au pied du cheval par le maréchal
qui le ferre.
Brocher de façon que le c lo u , au lieu de traverfer
ftmplemeut l’or ig le , entre & pénètre dans
le v i f , c’eft encloiur. Brocher de manière que la
lame preffe feulement la partie v i v e , c’eft ferrer,
La première faute donne toujours lieu à une plaie
plus ou moins dangereufe , félon la profondeur de
la bleftùre, & félon le genre des parties bleffées;
& la fécondé occafionne une contufion plus ou
moins forte. >
, Dans les unes & les autres de ces circonftances,
le cheval feint ou b o ite , plus pu moins bas, aufli-
tôt après la ferrure, & c’eft à cette marque que l’on
reconnoît un cheval enc lou é, ou dont le pied a été
ferré.
L e moyen de difcerner le clou qui le pique ou
qui le fe r re , eft de frapper avec un brochoir fur
la tête des uns & des autres des clous. Celui d’où
réfultera l’encloueure étant frappé, la douleur que
reffentira l’animal fe manifeftera par un mouvement
de contraâion dans les mufcles du bras,
mouvement qui annonce la fenfibilité de la partie
frappée.
C eu x qui s’arrêtent, pour en ju g e r , à celui du
pied de l’animal, enfuite du coup de brochoir,
font fouvent trompés & recourent à un indice très- !
faux & très-équivoque ; car là plupart des chevaux !
fon t, à chaque coup que-' le maréchal donne, un
léger effort pour retirer le pied ; le tout a raifoo I
de la furprife & de la crainte , * & non à raifon
d’une douleur réelle. Pour s’aftùrer encore plus
pofitivement de fon véritable fiége y il eft bon de
déferrer l’animal, de preffer enfuite avec des tri-
quoifes tout le tour du p ie d , en appuyant un.des
côtés de ces triquoifes vers les r iv e t s , & 'l’autre
vers l’entrée des c lou s , & dès-lors il fera facile de
reconnoître précifément le lieu affeété.
C e lieu reconnu , on découvrira le mal, foit
avec le boutoir, foit avec une petite gouge, en
ereufant & en.fuivant jufqu’à c e que l’on napper- !
ço ive plus les veftiges ou les traces qu’aura laiftées |
la lamé.
O n ne doit jamais craindre dé pratiquer une
ouverture trop large'& trop profonde , parce quil
faut néceffairemeiif fe convaincre de l’état de l’en-
c loueure, & que d’ailleurs s’il y a épanchement
de fang , ou s’il y a de la matière fuppurée, on
ne fauroit fe difpenfer de frayer une iffue dans la
partie déclive ; autrement ce fluide ou cette matière
féjournant dans le p ie d , corromproit bientôt
toutes les parties‘intérieures, fe fefoit jour en refluant
à la 'couronne , & deffouderoit inévitablement
le fabot.
A mefure cependant que l’on pénètre dans l’ongle
, on doit prendre garde d’offenfer ces mêmes
parties.
Si le pied n’a été que fe r ré , & que la contufion
n’ait occafionne aucune dilacération ; fi en un mot
on ne rencontre point de matière, on fe contentera
d’appliquer fur la partie une remolade, ou de mire
fur toute la foie une fondue d’onguent de pieoj
on garnira enfuite d’étoupes le deffous (du p ie d , &
on maintiendra cette étoupe avec des édifies.
On ne fixera pas le f e r , on l’arrêtera Amplement
en brochant deux clous de chaque cô té , après quoi
on oindra de ce même onguent la paroi extérieure,
à l’endroit où la lame a ferré. Ce t onguent, fondu
fur la foie & mis fur cette p a ro i, détendant &
donnant plus de foupleffe à l’ongle , calmera &
diflipera enfin la douleur. i
Mais dès q u e , l’ouverture étant pratiquée , on
fera convaincu par l’infpe&ion de la matière de la
certitude de l’encloueure, on nettoiera exa&ement
la plaie, & l’on aura recours aux remèdes capables
de s’oppofer aux progrès du mdî.
Ces remèdes font les liqueurs fpiritueufes, telles
que l’efprit-de-vin , l’effence de térébenthine , la
teinture de myrrhe & d’a lo è s , & c . & non des remèdes
g raiffeux, qui ne fauroient convenir dans les
plaies des parties tendineufes & aponévrotiques.
On videra fur la partie fuppurante une quantité
proportionnée des unes ou des autres de ces
liqueurs ; on les couvrira d’un plumaceau que l’on
en baignera auffi , & l’on garnira le deffous du
pied avec les étoupes & avec les écliffes , comme
dans le premier cas. Il eft plufieurs attentions à'
faire dans ces panfemens, qui doivent avoir lieu
tous les jours.
i°. On tiendra la plaie toujours nette ; z°. on
la garantira des impreffions de l’air ; 3 . on comprimera
fo ign eu fem en t le plumaceau à l’effet de
| prévenir une régénération trop abondante , c’eft-
à-dire, p ou r me fervir des expreffions des maré^
j chaux, afin'’d’éviter des cerifes , & d’empêcher
que la chair ne furmonte ; cette compreflion ne
fera :pas néanmoins telle qu’elle puiffe attirer une
nouvelle inflammation & de nouvelles douleurs ;
j élle fera conféquemment modérée, & ne donnera
pas lieu à tous ces inconvéniens qui obligent d’em-
; ployer, .les confomptifs , & qui étonnent & alarment
l’ouvrier qui les a occaûonnés par fon ignorance;
/: -
Le cheval peut encore être piqué & ferré en
| conféquence d’une retraite. On ne peut en efpérer la
[ guérifon, que l’on n’ait fait l’extraétion de ce corps
etranger ; extra&ion quelquefois difficile & fouvent
; fitnefte, fl elle eft tentée par un ouvrier qui n’air
• aucune lumière fur le tiffu & fur le genre des partes
, qu’il ne peut s’empêcher de détruire en opé--
fant. Lorfque cette retraite a été chaffée dans le
: rif, il y a plaie compliquée. Souvent auffi la matière
fuppurée entraîne ce corps dans fon cours ;
j ceft ainfi que la nature trouve en elle-même des
! teffources & des moyens par lefquels elle fupplée
a notre impuiffance.
/ * ; Clou de rue.
^eft une elpèce d’encloueure , qui fait tantôt
piqûre Ample, tantôt une plaie compliquée,
0u motivent une plaie contufe , félon la nature &
la configuration du corps qui a fait cette léflon.
Quoique ce ne foit point le lieu de parler du clou
de ru e , néanmoins comme cette bleflùre & l’en-'
cloueure ont beaucoup d’an a lo g ie, & qu’il n’eft
rien de plus fréquent que cet ac cident, ni rien de
plus rare que la guérifon parfaite , lorfqu’il eft
grave , le peu qu’on en a dit en fon article nous
engage à en donner fuccinâement la defcription,
ainft que les moyens que nous employons pour
parvenir plus sûrement & plus promptement à une
cure radicale ; moyens d’autant plus a van tageux,
qu’ils nous font éviter la diffolure, opération dou-
loureufe , abuflve , & le' plus fouvent pernicieufe
pour le traitement du clou de r u e , comme l’expérience
journalière ne le prouve que trop bien.'
Pour n ou s, quelque grave que foit la plaie du
clou de rue , nous ne deffolons jamais ; nous retirons
de cette pratique des avantages qui concourent
promptement & efficacement à la guéri'on de
cet accident. i ° . En ne deffolant p oint, la foie nous
fert de point d’appui pour contenir les chairs &
l’appareil- z°. Nous avons la liberté de panfer la
plaie auffitôt & fl. fouvent que le cas l’ex ig e, fans
craindre ni hémorrhagie, ni que la foie furmonte,
ni qu’il s’y forme des inégalités. 30. Nous épargnons
de grandes fouffrances à l’ animal, tant du
côté des nouvelles irritations que la deffolure cau-
feroit à la partie affeftée, que du côté des fecouffes
violentes que le cheval fe donne dans le travail ;
efpèce de torture qui lui caufe ordinairement la
fièvre , & qui par conféquent met obftacie à la
, formation des liqueurs balfamiques, propres à une
louable fuppuration.
Qu oiqu e notre opinion foit fondée fur les fuc-
cès conftans & multipliés d’une pratique de plus
de vingt an s , que nous avons fu iv ie , tant à l ’armée
qu’ailleurs, fans qu’aucune de ces- expériences
que nous avons faites ait trompé notre attente ,
nous ne doutons pas que cétte méthode n’éprouve
des contradi&ions, puifqu’elle a le préjugé le plus
général à combattre , & la plus longue habitude
à vaincre.
O n peut nous obje&er que beaucoup de chevaux
guériffent par le moyen de la deffolure : nous
répondons i° . que s’il en guérit beaucoup, beaucoup
en font eftropiés ; & qu’en ne deffolant pas ,
la méthode que nous pratiquons les fauve tous :
z°. que ceux qu’on guérit avec la deffolure , ne
font le plus fouvent que légèrement piqués , &
qu’il en échappe très-peu de ceux qui font blefles
dans les parties fufceptibles d’irritation , au lien
que les uns & les autres font confervés par notre
méthode : 30. que ceux qui font traités par la deffolure
, font quelquefois flx mois, quelquefois des
années entières abandonnés dans un p r é , ou env
o y é s au labourage , d’où ils reviennent comme
ils y ont é t é , boiteux & hors d’état de fervir ; au
lieu que les plaies les plus dangereufes & les cures
les plus lentes dans ce g en re , ne nous ont jamais
coûté plus de flx femaines : 4°- que les accidens