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corné, improprement d i t , à la carie du cartilage
placé fur la partie latérale & fupérieure de 1 os du
pied. I l y a en même temps un fuintement fameu x,
& une tumeur dans la partie poftérieure du pied,
à l’endroit du cartilage. O n le reconnoît encore par
l’enflure du p ie d , &. le fond qu’on fent avec la
fonde.
C e mal reconnoît pour caufe toute matière âcre
qui fe jette fur le cartilage. I l eft fort grave &
difficile à g u é r ir , fouvent même incurable.
i ° . Lorlque l’opération a été mal fa ite , c*eft-à-
d ire , qu’on a coupé le ligament latéral de l’os coronaire
à l’os du p ie d , détruit la capfule du cartilage
de l’os coronaire ; dans ce c a s , le cheval eft
eftropié.
a0. Lorfqu’elle ne l’a pas été à temps, c’eft-à-
d ire , qu’on n’a coupé du javart que ce qui paroît
g â té , dans l’ efpérance que le refte fe confervera,
& que la plaie fe cicatrifera ; mais le cartilage une
fois attaqué fe gâte tout entier; & fi l’on n’en
coupe qu’une pa rtie, il faut revenir fréquemment
à l’opération, car ce qu’on laiffe fe gâte de nouveau
jufqu’à ce qu’on l’ait entièrement enlevé.
3°. Lorfque durant le traitement , & quelque
temps après l’opération, le cheval fait un faux pas
dans l’écurie.
Pour guérir ce ja v a r t , il faut couper le cartila
g e ; mais cette opération n’eft pas facile. O n ne
peut réuffir qu’autant qu’on connoît bien la ftruc-
ture du p ie d , la fituation du cartilage, fa figure,
fes attaches , fon étendue , la fituation des liga-
mens de la capfule ; autrement on court rifque de
toucher ces parties avec l’inftrument, 8c d’eftropier
fans reffource le cheval.
Le cartilage eft fitué fur l’apophyfe latérale de
l’os du pied : il s’étend depuis la partie de l’os
qui répond à la muraille des quartiers jufqu’à la
fin des talons ; il v a fouvent jufqu’à l’articulation
de l’os du paturon, à l’os coronaire.
A u lieu de ce cartilage, on trouve fouvent un
os qui forme une éminence applatie, continue avec
le corps de l’os du pied.
Coup de boutoir dans la foie.
O n appelle coup de boutoir dans la foie, lorf-
qu’en parant le pied on a donné un coup de boutoir
qui a pénétré jufqu’à la foie charnue : fur le
champ il faut appliquer des plumaceaux & bien
comprimer l’appareil, afin que les chairs ne fur-
montent pas : il faut empêcher que le cheval mette
le pied dans l’humidité , de crainte que la plaie
ne devienne livide 8c baveufe , & ne dégénère
bientôt en fie.
' La feime ou Fente du fabot.
La feitne eft une fen te , ou une folution de continuité
, ou une féparation du fab o t, qui arrive à
la muraille du haut en b as , tant aux pieds de devant
qu’aux pieds de derrière. Les feimes font plus
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ou moins profondes, & communément toujoursk
la couronne.
Il ne faut pas les confondre avec ces petites
fentes répandues çà & là fur la fuperficie de la j
muraille, & qui ne font autre chofe qu’une légère
aridité de cette partie, occafionnée par des coups
de râpe donnés fur la muraille.
Les feimes viennent de la fécherefle de la peau,
de la couronne & de la muraille. Lorfque cette
dernière eft ainfi defféchée, elle n’a plus cette humidité
& cette foupleffe néceflfaires à toutes les
parties ; elle fe c r è v e , fe fend & forme les feimes.
La fécherefle de la muraille vient fouvent de ce
qu’on a trop paré le pied ou râpé le fabot. Si la
feime eft commençante, il faut feulement rafraîchir
les bords de la partie fupérieure de la feime,
aller jufqu’au v i f , & y mettre des plumaceaux
chargés de térébenthine.
Si la chair cannelée furmonte & fe trouve pincée
entre les deux bords de la muraille , on amincira
ces deux bords avec le boutoir ; on les rafraîchira
depuis la couronne jufqu’à la fin de la feime; on
coupera même la ch a ir , fi elle furmonte de beaucoup
, & on appliquera deffus une tente chargée
de térébenthine. On comprimera avec une ligature I
ferrée pour que la chair cannelée ne furmonte pas. I
Lorfqu’au bout de quinze jours ou trois femai*
nés la plaie continue à jeter de la matière, il y a I
lieu de croire que l’os eft carie : on s’en allure par I
le moyen de la fonde ; lorfqu’on fent l’os ( ce qui
annonce prefque toujours la c a r ie ) , on coupe un
peu plus de la muraille, afin d’ouvrir une iffue
plus grande ; puis on rugine pour emporter la carie,
ou bien on y met une pointe de feu.
EncaJlelure.
Vencajlelure eft plus commune dans les chevaux
fins & de légère ta ille , que dans tous les autres:
les chevaux d’Efpagne y font très-fujets. Elle ne
provient quelquefois que d’un ta lon , & dans ce
cas le reflerrement eft plus ordinairement dans celui
de dedans que dans celui de dehors, parce que
le quartier de ce côté eft toujours plus foible. j
Nous obfervons que le trop de hauteur des talons
eft un acheminement à cette maladie; les talons
bas néanmoins n’en font point abfolument exempts.
Elle s’annonce encore dans un pied qui s’alonge
t ro p , & qui outrepalfe en talon fa rondeur ordinaire.
• ,
Si la fécherefle & l’aridité de l’ongle-, fi les mains
ignorantes des maréchaux font les uniques caules,
de l’encaftelure, il eft fans doute très - aife de 1
prévenir , foit en humeélant fouvent les
fait en en confiant le foin à des artiftes éclairés,
s’il en eft & fi l’on en trouve.
Les preuves de l’aridité & de la conftitution trop
sèche de l’ongle , fe tirent de la difpofition
talons au reflerrement, des cercles ou des rainu
| qui fe rencontrent extérieurement autour du iaD° »
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des feimes que l’on y ap perçoit, de la petitefle,
de la maigreur, de l’altération de la fourchette, & c .
Ce défaut naturel augmentant par notre négligence
, précipite infenfiblement l’animal dans une
foule de maux que nous pourrions lui é v it e r , fi
nous avions l’attention d’aflouplir par le moyen de
quelques topiques gras & onélueux les fibres de
cette partie.
Prenez cire jaune , fain - doux , huile d’olive ,
parties égales ; faites fondre le tout ; retirez du feu
& ajoutez enfuite pareille quantité de miel commun;
mêlez-les fur le champ, en agitant toujours
la matière, jufqu’à ce qu’en refroidiffant elle acquière
une confiftance d’onguent : fervez-vous-en
enfuite pour graiffer l’ongle fur tous les environs
de la couronne, à fa naiflance jufqu’aux talons ,
en relevant le poil , que vous rabattrez enfuite :
garniffez le deflous du pied avec de la terre-glaife.
Ces fortes d’applications faites régulièrement deux
ou trois fois dans la femaine , plus ou moins fou-
, vent, félon le befoin & le genre de l’o n g le , pré-
ferveront l’animal de ces événemens fâcheux qui
le rendent enfin incapable d’être utile.
Mais tous ces foins feroient fuperflus, fi l’on
ne fixoit fes regards fur le maréchal chargé d’entretenir
lés pieds. Il eft une méthode de les parer
& d’y ajufter des fe r s , dont on ne peut s’écarter
fans danger ; & de plus on doit craindre, même
de la part de ceux qui font les mieux conformés ,
le retréciflement dont il s’agit , lorfque l’on n’eft
pas en état de guider la plupart des ouvriers qui
gâtent la configuration de l’o n g le , & qui le coupent
de manière à en provoquer les défeéluofifés.
Cette méthode indiquée dans ces articles eft v éritablement
te lle , que nul cheval ne peut s'encafteler
dès qu’on s’y conformera fcrupuleufement j mais
[ « l’encaftelure exifte réellement, & que les moyens
preferits, dans le cas de fon exiftence relativement
* la ferrure, ne produifent aucun effet ou ne dégagent
pas aflez promptement les parties comprimées
& plus ou moins fouffrantes, le parti le plus
[ sur eft de deffoler l’animal, fans perdre un temps
; Prerieux à affoiblir les quartiers en les rainettant,
& à donner vainement des raies de feu.
Cette opération, par le feul fecours de laquelle
nous pouvons élargir à notre gré les talon s, étant
bien pratiquée , il n’eft pas douteux que nous pro-
curerons la guérifon d’une maladie qui reparoîtra
bientôt, fi nous ne parons à une rechute par des
foins affidus.
Enflure.
| L enflure eft un terme communément & indifi-
unnent appliqué à toutes les maladies qui fe mon-
I «ent extérieurement , par l’augmentation du v o -
Urnp naturel d’une partie quelconque, ou d’une
portion de cette partie ; mais quoique ce mot fem-
e embraffer toutes les efpèces de tumeurs , nous
lr°ns, pour le réduire à fa véritable fignification,
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qu’il défigne un gonflement non circonfcrit, accompagné
de plus ou de moins de d u re té , quelquefois
mou , fans inflammation & fans dou leur,
ou fuivi de l’une & de l’autre.
Tou s les parties extérieures du corps font fu -
jettes à l’enflure, il faut néanmoins convenir qu’il
en eft qui y paroiflent plus expofées : les u n e s , à
caufe de la contexture plus lâche de leur tiflu qui
permet plus facilement le féjour des humeurs, ainfi
que nous le v o yon s dans les paupières, au fourreau
, au ferotum , & c . les autres, attendu leur
éloignement du centre du mouvement circulaire ;
car les liqueurs ne pouvant y participer entièrement
de fa fo r c e , leur retour eft beaucoup plus
pénible : telles font à cet égard les quatre extrémités
, dont la pofition perpendiculaire eft encore
un furcroît d’obftacle à la liberté de ce même retour
, puifque là les humeurs font obligées de remonter
contre leur propre poids.
L ’enflure peut provenir de caufe interne ou de
caufe externe. O n doit l’envifager quelquefois comme
une maladie particulière , quelquefois auffi
comme un fymptôme de maladie. Elle eft formée
par l’air dans les emphyfèmes , par des humeurs,
c’eft-à-dire, par le fang feul dans les contufions,
par de la férofité dans les oe d èm e s,‘ & c .
L ’enflure effentielle étant une maladie particulière
, ne demande qu’à être terminée par la ré-
folution de quelque efpèce qu’elle foit ; quant à
celle qui eft un fymptôme de m aladie, on y remédie
en traitant la maladie qu’elle annonce différemment,
félon fon génie 8c fon caraéfère.
O n ne peut par conféquent preferire un traitement
qu’eu égard à l’enflure effentielle. S’il y a
douleur & inflammation , la fa ign é e , un régime
modéré & h um e d an t , des topiques anodyns oc légèrement
réfolutifs , un breuvage purgatif enfin
adminiftré dans le temps de la réfolution de l’humeur
, fuffiront & rempliront parfaitement notre
objet. Si nous n’appercevons ni l’un ni l’autre de
ces accidens, nous mettrons d’abord en ufage des
réfolutifs qui auront beaucoup plus d’a&ivité, tels
que les fpiritueux ; & nous réitérerons, lès purgatifs
, à moins qu’il ne s’agiffe d’une enflure emphy-
fémateufe, car en ce cas ces derniers remèdes ne
font pas d’une auffi grande néceffité.
Gale,
Maladie prurigineufe & cutanée ; elle fe manî-
fefte par une éruption de pullules plus ou moins
volumineufes, plus ou moins du res, précédées 8c
accompagnées d’une plus ou moins grande déman-,
geaifon.
Nous pouvons admettre & adopter ici la diftinc-
tion reçue & imaginée par les médecins du corps
humain, c’eft-à-dire, reconnoître deux efpèces de
gale ; l’une que nous nommerons, à leur imitation 9
gale feche x 8c l’autre que nous appellerons gale hu*
mïde.