
plus jufte que la pierre blanche. Il faut aufli marquer
bien jufle toutes les feuillures & les ravale-
mens , ainfi que les rainures & languettes , tant
des milieux que des angles qu’il faut même numéroter.
Les chambranles des portes fe marquent en mal-
fes, obfervant feulement de marquer julte la place
des rainures & la profondeur des ravalemens.
Les profils des croifées fe marquent aufli en
mafles. Leurs petits bois fe marquent tous carrés ,
félon leur largeur & épaiffeur. Lorfqu’ils font à
petits montans, on y fait une croix, laquelle paffe
par les quatre angles , ce qui indique leur coupe
à pointes de diamant. ,
On marque aufli les feuillures des chaflis a
verre, ainfi que la forme du profil des impolies,
celle des jets d’eau & de la pièce d’appui.
Les menuifiers marquent des élévations “de
leur ouvrage » fur - tout lorfqu il efl cintre ou
orné de fculpture. Ces élévations ne font qu au
trait fans aucune ombre, fi. on en excepte les orne-
mens.
Ces élévations fe nomment plan, & fe marquent
fur de grandes tables de bois de fapin ; & fi l’on
y trace les lignes qui ne font que de conftruélion
pour défigner quelques joints ou quelques affem-
blages, on les fait d’une autre couleur que celles
de l’élévation $ afin de les diflinguer. Quelquefois
ces lignes ne fe marquent qu’à la pointe.
I I.
D E L A M E N U I S E R I E E N M E U B L E S .
On peut divifer la menuiferie en meubles en deux
efpèces différentes ; favoir,
i°. La menuiferie des meubles à bâtis, tels que
font les fiéges de toutes fortes, les lits, les écrans^
les paravens , ies tables & les bureaux de toutes
façons.
a°. La menuiferie des meubles à bâtis & a panneaux
, tels que les armoires , les buffets , les commodes
» les fecrétaires, les bureaux fermés.
Les menuifiers en meubles ne font pas refendre
leurs bois , comme les menuifiers en bâtimens ;
ils les découpent eux-mêmes avec des fcies à refendre
, qu’un homme mène tout feul avec beaucoup
d’adreffe. Ils ont pour cet effet beaucoup
dp ces fcies à refendre, de différentes longueurs &
largeurs de fer.
Les bois propres aux menuifiers en meubles ,
font en général le hêtre & le noyer, foit noir ou
blanc : on fe fert auiTi du poirier, de l’olivier, &
de tous autres bois doux & lians , dans les pays
oti ces bois font abondans.
Il faut n’employer que du bois très-fec, mais
qui ne foit point pafle ; & pour les pièces cintrées ,
on doit le choifir fans fente & fans noeuds v i cieux.
Op fait des armoires communes toutes de chêne :
on bâtit aufli en chêne les fonds, les derrière!;
& les tiroirs des armoires plus précieufes.
Des différentes efpèces de fiéges.
On peut diflinguer trois efpèces différentes de
fiéges; favoir,
i°. Les fiéges proprement dits, qui n’ont ni dof-
fiers ni accotoirs, tels font les ployans, les tabourets,
les banquettes de toutes formes & grandeurs.
2°. Les fiéges qui ont des dofliers & point d’accotoirs
, telles font les chaifes de toutes fortes.
3°. Les fiéges-qui ont des dofliers & des accotoirs
, ce qui comprend les fauteils des toutes
façons , les bergères , les duchéffes ou chaifes
longues , les canapés , les fofas , les veilleufes,
les ottomanes, les lits de repos, 8cc.
Nous allons donner une idée de la cùnftru&ion
de ces différens fiéges.
Les ployans font les fiéges les plus anciens &
les plus fimples ; ils confiftent en deux châffis.
carrés , lefquels entrent l’un dans 1 autre, & font
arrêtés enfemble au milieu de leur hauteur par des
axes ou boulons, qui leur laiflfent la liberté de fe
mouvoir autant que le permet l’étoffe arrêtée aux
deux traverfes ou emboitures du haut. Cette étoffe
forme le deffus du fiége nommé ployant, à caufe
de la facilité qu’il a d§ fe ployer en deux , en
I relevant l’étoffe en defliis.
Les boulons qui retiennent les deux chaflis ne
font point apparens, lorfqu’ils font placés a moitié
bois dans des trous percés en dedans du châffis
le plus large , & en dehors du chaflis le plus
étroit ; mais comme ils expofent à défaire l’ouvrage
du tapiflîer quand il faut les raccommoder,
on préfère communément de mettre des boulons
qui paflent au travers des pieds , & dont la tête
efl vifible.
Ce boulon de fer , d’environ trois lignes de
diamètre , s’arrête en dedans avec un écrou fail*
lant.
Quand on veut rendre les ployans d’une forme
agréable, on chantourne les pieds & on les fait
entrer en entaille les uns dans les autres , afin
que les deux châflis foient d’une égalé largeur;
mais alors ils n’ont que peu de mouvement pour
fe ployer. ' . ° ,
La hauteur des ployans eft ordinairement de
quatorze à feize pouces , ce qui donne enviro»
dix-huit à vingt pouces de longeur au battant »
y compris l’emboîture ; leur largeur efl à peu près
la même en carré que leur hauteur.
Les tabourets font aufli des fiéges fans doflier
ni accotoirs , compofés de quatre pieds, de quatre
traverfes de ceinture ou de fiége , & ordinairement
d’une entretoife par le bas , pour retenir
l’écart des quatre pieds. -
La hauteur des tabourets eft de treize à dix-iept
pouces du. defliis des traverfes , fur environ la
même largeur en carré. ~
ME N
On fait aufli de petits tabourets de fix , de huit, I
je dix pouces de hauteur, qui fervent, foit’ à
pofer les pieds , foit à s’agenouiller.
La grofleur des pieds de tabourets, eft depuis
un pouce & demi jufqu’à deux pouces ; &. la largeur
de leur traverfe de ceinture, de deux pouces
& demi à trois pouces , fur un pouce d’épaif-
feur , pour en faire un jufle affemblage, tant fur
la largeur que fur l’épaifleur.
On affemble les entre-toifes à tenon & à
mortaife dans les pieds; ou, quand on les affemble
diagonalement, elles paflent en entaille l’une
fur l’autre, à moitié de leur épaiffeur, obfervant
de placer leur joint à la rencontre de quelque
contour.
Les banquettes font des efpèces de tabourets,
dont la longueur efl prolongée depuis trois jufqu’à
neuf; douze & même quinze pieds. Les pieds
des banquettes placés entre.ceux des bouts, entrent
à tenon dans la traverfe, laquelle pafle droit
d’un bout à l’autre ; & le refte de l’épaiffeur des
pieds entre en enfourchement dans cette traverfe.
On retient l’écart des traverfes par des barres
à queue, qu’on place au defliis à environ dix-huit
pouces le> unes des auttes. On a coutume de cintrer
le deffus de ces barres à queue , ou du moins
d’en arrondir les arêtes, de peur qu elles ne cou- j
peut le deffous de la garniture.
On diftingue deux efpèces de chaifes y l’une
dite chaife à la reine, dont le fiége efl évâfè &
cintré én plein, avec un doflier qui eft cintré au
pourtour, quoiqu’il préfente une furface droire..
L’autre forte, de chaife , nommée cabriolet, a
le devant du fiége d’une même forme que la première;
mais le derrière du fiège fe termine en
demi-cercle, & le doflier eft d’une forme creufe.
Les chaifes à la reine, ainfi que toutes les autres,
font compofées de deux pieds de devant,
qui ne montent qu’à la hauteur du fiége ; de deux
pieds de derrière, qui s’élèvent de toute la hauteur
de la chaife ou doflier ; & de quatre traverfes
de ceinture, dont deux cfe côté, une de devant,
& une de derrière:. Le doflier , qu’on nomme aufli
pièce de derrière, efl compofé de deux traveifes
dites de dùfiîen
Le plan des chaifes à la reine eft évafé fur ie
devant d’environ trois à quatre pouces au plus :
cet évafement forme deux parties en S , qui,
venant rejoindre les pieds de devant, y produi-
fpnt un angle arrondi. Le devant eft bombé pareillement
en S , d’un pouce ou un pouce &
demi.
On incline les dofliers des chaifes, au dehors,
de trois pouces au moins, pris du deffus du fiége
jusqu’au haut.
Le bas des pieds de derrière efl égal à ceux
de devant, ,
Les. pieds de derrière des chaifes à la reine ,
fe prennent fur la face dans du bois d’égale lar-.
Arts & Métiers. Tome Partie //,
M E N 681
geur, & font parallèles entre eux ; ce qui fait que
toutes les traverfes font d’une longueur égale d’ar-
rafement ,& viennent s’y affembler carrém -nt, ainfi
que toutes les’autres du pourtour du fiége, lefquelles
s’aflemblent carrément dans lés pieds : d’où il ré-
fulte, dit M . Roubo, un mauvais effet pour ces
derniers qui font cintrés, parce que l’extrémité du
cintre fe trouvant à bois de bout, ne fe raccordp
jamais bien. If confeille , pour éviter ce défaut,
de faire une petite coupe au-devant des pieds,
de la largeur du premier membre des moulures
feulement ; ce qui n’affoibliroit pas le pied , puif-
que cette entaille ne fe feroit que par-devant :
cela ne demanderoit qu’un peu d’attention de la
part du menuifier, lequel alors feroit obligé do
ralonger une barre au-devant de ces traverfes.
Après l’aflemblage des fiéges en géaérai, il eft
important d’en faire les contours, obfervant de
faire avec foin toutes les pièces qui doivent être
parallèles, & d’en rendre toutes ies parties bien
d’équerre, afin que lorfqu’on vient à en pouffer
les . moulures, on ne trouve pas des inégalités qui
en dérangent le parallélifme.
On pouffe ordinairement ces moulures à la
main avec des gouges , quoiqu’il fût plus facile
& plus sur de les pouffer au fabot ; mais les
menuifiers en meubles ne font point dans l ’u-
fage de fe fervir de cet outil. '•
Lorfque la chaife & tous les fiéges en général,
font garnis de canne , le petit doflier eft relevé da
deffus du fiége d’environ un pouce à un pouce
& demi ; au lieu que quand ils font garnis d’é-
roffe, on ne met que neuf lignes ou un pouce
de diftance entre le deffous de l’étoffe & le deffus
de la traverfe de ceinture, de maniéré qu’il
ne paroiffe pas de vide entre le deffous de cette
traverfe & lé deffus de la garniture.
La hauteur des chaifes ou des fauteuils, eft de
douze à quatorze pouces du deffus des fiéges, quand
ils font garnis d’étoffe , & de quatorze à feize
pouces lorfqu’ils font en canne. La hauteur totale
du doflier doit être de deux pieds huit à dix
pouces au plus.
La largeur du fiége doit être, pour les chaifes
de dix fept à dix-huit pouces par devant, & de*
treize à quatorze pouces par derrière , & quinze
à feize pouces de profondeur. Les pieds doivent
être de deux pouces carrés au moins, & la traverfe
de deux pouces &. demi à trois pouces de
large, fur un pouce à quinze lignes d’épaiffeur
au moins.
Lorfque les chaifes doivent être garnies de canne,’
on fait le chaflis du fiége à part de deux pouces
de largeur au plus; on le difpofe de manière qu’il
déborde le pourtour des traverfes de ceinture de
fix à neuf lignes & on le fait affleurer à la traverfe
de derrière.
\ On fait quelquefois cette traverfe plus large
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