
lequel ces fortes d’ouvrages entrent pour quelque
chofe , quant à la décoration des façades, félon
qu’ils les terminent avec plus ou moins de fuccès.
Dans le dernier fiécle, on regardoit comme un
genre de beauté dans nos édifices, de faire des
combles d’une élévation extraordinaire : aujourd’hui
, au contraire, l’on regarde comme une beauté
réelle de mafquer les couvertures par des baluf-
trades, à l’imitation des bâtimens d’Italie.
Ce qui eft certain , c’eft que la néceflité d’écouler
les eaux du ciel doit déterminer leur hauteur,
relativement à leur largeur, afin de leur procurer
une pente convenable à cette néceflité. Cette pente
doit être déterminée félon la température du climat
où l’on bâtit; de forte que dans le nord l'on
peut faire leur hauteur égale à leur bafe , afin
d’écouler plus promptement les neiges qui y font
abondantes : dans les pays chauds, au contraire,
leur hauteur peut être réduite au quart de leur
bafe ; & dans les pays tempérés, tels que la France,
le tiers ou la moitié au plus fuffit pour fe préferver
de l’intempérie des faifons.
Sous le nom de combles, l’on comprend aufli
les dômes de forme quadrangulaire & circulaire,
qui terminent les principaux avant-corps des façades.
Dans les combles les plus ordinaires, on en
compte de trois efpèces ; favoir , les combles à
deux égouts formés d’un triangle ifocèle ; les combles
brifés ou à manfàrdes, dont la partie fupé-
rieure eft formée d’un triangle ifocèle, & l’inférieure
d’un trapézoïde : les combles en terraffes
font formés feulement par un trapézoïde.
Des Croifées.
Croifée, en latin fenefira, formé du grec (palmy,
reluire; ce qui a fait regarder comme fynonymes
les noms de croifée & de fenêtre : néanmoins celui
de croifée eft plus univerfellement reçu, foit parce
qu’anciennement on partageoit leur hauteur & leur
largeur, par des montans & des traverfes de pierre
ou de maçonnerie en forme de croix, ou foit parce
qu’à préfent les châfîis de menuiferie qui remplit
fent les baies, font formés de croifillons affemblés
dans des bâtis ; de manière qu’on appelle indiftinc-
tement croifée, non-feulement le châflîs à verre,
mais aufli l’ouverture qui le contient.
Les croifées font une des parties de la décoration
la plus intéreffante; leur .multitude, leurs proportions
, leurs formes & leur richefles dépendant ab-
folument de la convenance du bâttiment.
On ne peut trop infifter fur ces quatre manières
de confidérer les croifées dans l’ordonnance d’un
édifice : car comme elles fe réitèrent à l’infini dans
les façades , c’eft multiplier les erreurs que de négliger
aucune des obfervations dont on va parler.
La trop grande quantité d’ouvertures dans un
bâtiment, nuit à la décoration des dehors ; cepen- [
dant, cet abus gagne au point qu’on néglige l’or- j
donnance des façades, pour rendre, difent quelques
uns, les dedans commodes & agréables. Il
eft vrai que les anciens architeftes font tombés
dans un excès oppofé ; mais, eft-il impofîible de
concilier ces deux fyftêmes ? La mode devroit-elle
s’introduire julques dans les bâtimens ? Quel con-
trafte de voir dans une ville où règne une température
réglée, un fentiment fi oppofé d’un fiécle
à l’autre , concernant la multiplicité des croifées
dans les édifices toujours également deftinès à l’habitation
des hommes !
Pour prévenir cet abus , il eft un moyen eertaih,-
qui eonfifte à concilier le rapport des pleins avec
les vides d’un mur de face. O r , comme la largeur
des croifées dépend de leur hauteur, & que l’une
& l’autre fontaflùjèties à la grandeur & à la convenance
du bâtiment, ne doit-il pas s’enfuivre que
les murs ou trumeaux qui les féparent, doivent'
avoir de l’analogie avec leur baie ?
La proportion des croifées eonfifte à leur donner
une largeur relative à leur hauteur, félon la foli-
dité ou l’élégance de la décoration du bâtiment,
Plufieurs croient qu’il fuffit de leur donner de hauteur
le double de la largeur.
Il feroit vicieux, fans doute de leur en donner
moins ; mais il faut favoir que cette règle générale
ne peut être propre à toutes le ordonnances, &
que ces parties fi eflentielles à un édifice , doivent
avoir dans leurs dimenfions des proportions plus
ou moins élégantes, qui répondent à la diverfite
des ordres que l’on peut employer enfemble pu
féparément dans les bâtimens.
La forme des croifées eft encore une' chofe fur
laquelle il eft indifpenfable de réfléchir dans^ la
décoration des bâtimens ; & quoique nous n en
reconnoiffions que de trois efpèces, les droites,
les plein -ceintres & les bombées (les furbaiflees
étant abfolunTent à rejeter)), il n’en eft pas moins
vrai qu’il n’y a que les bombées & les droites,
nommées à plates-bandes, dont il faut faire ufage ;
autrement, lorfqu’on les fait à plein-ceintre, elles
imitent la forme des portes ; & c’eft une licence
condamnable , de donner à ces ouvertures une
forme commune, lorfque ces deux genres dou*
vertures doivent s’annoncer différemment.
Il eft des croifées qu’on nomme attiques , parce
qu’elles tiennent de la proportion de cet ordre
raccourci. Il en eft aufli qu’on nomme mélanines,
de l’italien me^anini, parce .qu’elles ont moins de
hauteur que de largeur.
Il eft encore des croifées appelées atticurgu.es par
Vitruve| parce qu’elles font moins larges dans leur
fommet que dans leur bafe ; genre d’ouverture
qu’ont employé fréquemment les anciens dans leurs
portes & croifées, parce qu’ils prétendoient qu’elles
étoient plus folides que celles dont les piédroits
font parallèles. ,
Néanmoins cette prétendue raifon de folidits
n’a pas lieu en France, les obliquités étant recou*
nues comme une licence défeétueufe.
On donne encore différons noms aux croifées,
félon leurs diverfes applications dans lés bâtimens.
Par exemple, on appelle croifée à balcon, celle qui
defeend jufqu’au niveau du plancher; croifées à
banquettes, lorfqu’elles ont un appui de pierre de
quatorze pouces, & le refte en fer; enfin, croifée
en tour ronde, en tour creufe, biaife, &c. félon la
forme du plan qui les reçoit.
Souche de cheminée.
C’eft un tuyau compofé de plufieurs tuyaux de
cheminée, qui paroît au.deflùs d’un comble; il
ne doit être élevé que de trois pieds plus haut que
le faîte.
Les tuyaux d’une fouche de cheminée font ou
adoffés au devant les uns des autres, comme on
les faifoit anciennement, ou rangés fur une même
ligne, & joints par leur épaiffeur, comme on le
pratique quand ils font dévoyés.
Les fouches de cheminée fe font ordinairement
de plâtre pur, pigeonné à la main, & on les enduit
des deux côtés de plâtre au panier. Dans les
bâtimens confid érables, on les conftruit de pierre
ou de briques de quatre pouces, avec mortier fin
& crampons de fer.
Souche feinte; fouche qu’on élève fur un toît,
pour répondre à la hauteur, à la figure, à la fitua-
tion des autres, & leur faire fymétrie.
Souche ronde ; tuyau de cheminée de figure cy lindrique
en manière de colonne creufe, qui fort
hors du comble.
Ces fortes de fouches ne fe partagent point par
des languettes pour plufieurs tuyaux mais elles
font accouplées ou grappées.
| Cheminée'.
On entend fous ce nom une des parties principales
de la pièce d’un appartement dans lequel
on fait du feu , laquelle eft compofée d’un foyer,
de deux jambages, d’un contre-coeur, d’un manteau,
& d’un tuyau.
Anciennement les cheminées fe faifoient fort
grandes; aujourd’hui, avec plus de raifon, on les
proportionne au diamètre des pièces.
Nous ne parlerons point de celles des cuifines
& offices, ni de celles pratiquées dans les étages
en galetas, celles-ci n’exigeant aucunes décorations
& leur fituation étant affez indifférente.
t A l’égard de celles placées dans les appartemens
dune maifon de quelque importance, leürfitua-
tion, leur conftruâion & leur décoration, demandent
une étude particulière.
La fituation d’une cheminée eonfifte dans la né-
ceffitè de la placer toujours dans le milieu d’une
Piece, foit fur fa longueur , foit fur fa largeur ;
de manière que, dans la face qui lui eft oppofée,
|0n puiffe placer qaelqu’autre partie effentielle de
a décoration , telle qu’un trumeau de glace, une
porte ou une croifée
Sa fituation dépend encore de la placer de préférence
plutôt fur le mur de refend qui eft oppofé
à la principale entrée, que fur celui où cette porte
eft percée; & fi par quelque cas indifpenfable on
ne peut éviter de la placer de cette dernière manière
, du moins faut-il obferver un dofferet de deux
pieds entre le chambranle de cette même porte &
l’un des jambagés de la cheminée.
Quelquefois l’on place les cheminées dans des
pans coupés ; mais cette fituation n’eft convenable
que pour de petites pièces, & ne peut raifonna-
blement être admife dans la décoration d’un appartement
principal.
Il arrive affez fouvent que la néceflité oblige
de fituer les cheminées en face des croifées ; mais
cette manière a fon défavantage , parce que les
perfonnes qui font rangées autour du foyer ne
reçoivent la lumière que par reflet : néanmoins cette
fituation peut être de quelque utilité dans un cabinet
confacré à l’étude, & doit être préférée à
tous égards à la néceflité de les placer dans les murs
de face, lorfqu’abfolument il n’eft pas poffible de
les pratiquer dans les autres murs de refend,
La conftruélion des cheminées eonfifte aujourd’hui
dans l’art de dévoyer leurs tuyaux dans- I’é-
paiffeur des murs, de manière que, fans nuire à
la folidité de ces mêmes murs, les languettes &
les faux manteaux de cheminée ne nuifent point à
la fymétrie des pièces.
. Anciennement on fe contentoit d’élever les
tuyaux de cheminée perpendiculairement , & de
les adofler les uns devant les autres à chaque étage ;
mais on a reconnu qu’il en réfultoit deux abus.
Le premier , que ces tuyaux élevés perpendiculairement
étoient plus fujets à fumer que-ceux qui
font inclinés fur leur élévation. Le fécond, que
ces tuyaux ainfi adoffés les uns fur les autres, non-
feulement chargeoient confidérablement les planchers
, mais aufli diminuoient infenfiblement le
diamètre des pièces des étages fupérieurs.
Aujourd’hui qu’il femble que l’art foit parvenu
à furmonter toutes les difficultés , l’on dévoie d’une
part les tuyaux fur leur élévation, fans altérer la
conftruétion ; & de l’autre , quand le cas le requiert,
on les incline fur leur plan : ce qui paroif-
foit impoffible autrefois.
Une partie effentielle dé leur conftru&ion , con-
fifte encore à donner au foyer une profondeur convenable
, qui doit être au moins de dix-huit pouces
& au plus de vingt-quatre ; car en leur en donnant
moins, elles font fujettes à fumer; & en leur en
donnant davantage, la chaleur eft fujette à s’exhaler
par le tuyau.
La meilleure conftruâion des cheminées, quant
à la matière , eft de faire ufage de la brique pofée
de plat , bien jointoyée de plâtre , & garnie de
fanions, à moins qu’on ne puiffe les conftruire de
pierre de taille , ainfi qu’on le pratique dans les
maifons royales , édifices publics , en obfervant