
guéri un cheval morveux par le moyên dés injections.
O n ne dira pas que les injeâions faites dans
le nez , ont guéri la mafle du fan g ; d’où M. de la
Fofîe le fils conclut que le liège qu’il lui afligne
dans la membrane pituitaire , eft fon unique &
v ra i fiége.
Eaux.
Maladie cutanée qui tire fa dénomination du
premier de fes fymptômes , & à laquelle font très-
fujets les jeunes chevaux , qui n’ont pas jeté ou
qui n’ont jeté qu’imparfaitement , ainfi que tous
les chevaux de tout âge qui font ép a is , dont les
jarrets font pleins & gras , dont les jambes font
chargées de p o ils , & qui ont été nourris dans des
terrains gras & marécageux, & c .
Elle fe décèle par une humeur fétide , & par une
forte de fa n ie , q u i, fans ulcérer les pa rties, fuin-
tent d’abord à travers les pores de la peau qui
revêt les extrémités inférieures de l’animal, fpé-
cialement les poftérieures.
Dans le commencement, on les apperçoit aux
paturons : à mefure que le mal fait des p ro g rès ,
il s’éten d , il monte jufqu’au boulet, & même juf-
qu’au milieu du canon ; la peau s’amortit, devient
blanchâtre, fe détache aifément & par morceaux ;
& le mal caufe l’enflure totale de l’extrémité qu’il
attaque.
Selon les degrés d’acrimonie & de purulence de
la matière qui f lu e , & félon le plus ou le moins de
corrofion des tégumens, la partie affeâée efl plus
.ou moins dégarnie de poil : l’animal qui ne boitoit
point d’abord, fouffre & boite plus ou moins ; &
il arrive enfin que la liaifon du fabot & de la coü-
jo n n e à l’endroit du talon ,* efl en quelque façon
détruite.
Lorfque je remonte aux caufes de la maladie
dont il s’a g i t , je ne peux m’empêcher d’y v o ir &
d ’y reconnoître le principe d ’une multitude d’autres
mau x, que nous ne diftinguons de celui-ci qu’attendu
leur fituation , & dont les noms & les di-
vifions ne fervent qu’à multiplier inutilement les
difficultés , & qu’à" éloigner le maréchal du feul
chemin qui le conduiroit au but* qu’ il fe propofe.
T els font les arêtes ou les queues de r a t , les grappes
,■ les mules traverfines , la cfapaudine humor
a le , Jes cre va fles, le p e ign e , le mal d’ân e , & c .
qui ne fon t, ainfi que les e a u x , que des maladies
cutanées, produites par une même caufe générale
interne, ou par une même caufe générale externe.,
quelquefois par l’une & l’autre enfemble.
Suppofons, quant à !a première , une lymphe
plus ou moins âcre & plus ou moins épaiffe ; fa
vifcofité l’empêchant de s’évaporer par la tranfpi-
ra tion , elle gonflera les tuyaux excrétoires de la
p e a u , & elle ne pourra que féjourner dans le tiffu
d e ce tégument, fur lequel êlle fera diverfes im-
preffions, félon la différence de fon caraâère. Si
elle n’efl pas infiniment groffière & infiniment vif-
queufe , les embarras & les engorgemens qu’elle
formera ] ne feront pas fort confidérables : il en
réfultera une crade farineufe, comme dans ce que
nous nommons peignes feCs.
Eft-elle chargée de beaucoup de parties fulphu.
reu fe s , q u i , par l’évaporation de ce qu’il y avoit !
de plus tenu & de plus aqueux , s’unifient & fc
deflechent , & fes lels fontnls fortement embar-
raflés & émouflés par ces parties ? elle produira
des croûtes : c’eft- ce que nous voyon s dans lçs I
arêtes ou queues de rat cruftacées. Enfin, eft-elle
imprégnée de beaucoup de fels dont l’aâion fe
développe, attendu le peu de parties fulphureufes
qu’elle contient, & qui feules pourroient y former
obftacle ? elle déchirera, elle rongera le tiflii de la I
partie où elle fera arrêtée ; les houpes nerveufes I
& les petits vaifleaux cutanés, corrodés ; l’animal I
reflentira ou des douleurs ou des picotemens in-1
commodes , il en découlera une fanie plus ou I
moins épaiffe, & plus ou moins fétide ; & telle eft
celle qui fuinte dans la maladie qui fait l’objet de
cet article , dans les arêtes humides, dans les pei-
gnes avec écoulement, & dans toutes les autresl
affrétions qui ne partent que d’une feule & même
fource.
Q u e fi d’un autre côté ces maladies auxquelles
non-feulement le v ice de la lymphe , mais encore I
l’obftruétion des tuyaux excrétoires donnent lieu, I
ont été fimplement occafionnées par des caufes ex-1
ternes, capables de favorifer cette obftruétion, elles I
feront plus aifément vaincues ; & ces caufes ex-1
ternes n’étant que la c ra fle, la b o u e , & d’autres I
matières irritantes , il s’enfuit que nous pouvons I
p lacer, fans crainte de nous ég a re r , les poreauxl
& les javarts dans la même cathégorie , toit quel
nous les envifagions comme ayant leur principel
dans l’intérieur , foit que nous les confidérions I
comme provenant de l’extérieur.
D u re f te , s’il y a caufe externe & caufe interne I
tout enfemble, le mal fera plus rebelle ; mais le I
fuccès ne fauroit en être douteux. J’avoue cepen-1
dant que les eaux ont été quelquefois fuivies de I
maux extrêmement dangereux, comme de fies ou
crapauds , de javarts encornés, & c . Mais cet ère*
nement n’a rien d’étonnant, lorfque l’on confiderel
que toutes les maladies qui ont jufqu’ici extérieurement
attaqué l’animal , n’ont été combattues
qu’avec des remèdes externes, comme fi la caufe ne
réfidoit pas dans l’intérieur : o r , s’attacher Ample*
ment à deffécher des eaux , des folandres, des
crevafles, c’eft pallier le m a l, c’eft négliger d aller
à fon principe, c’eft détourner feulement & jet®
fur d ’autres parties l’humeur, qui ne peut acquéri
que des degrés de perverfion , capables de fufciter
des maladies véritablement funeftes.
O n doit débuter dans le .traitement de celle-®
par les remèdes généraux, & non par l’applic3110
des defficatifs, plutôt, nuifibles dans les comme
cemens que falutaires; il faut conféquemment pr^
tiquer qne légère faignée à la jugulaire ; le m.e ,
fqir dp; jour de cçttç faignée , donner à y&W
un lavement émollient, afin de le difpofer au breuvage
purgatif qu’on lui adminiftrera le lendemain
matin, & dans lequel on n’oubliera point de faire
entrer* l’aquila alba ou le . mercure doux. Selon
les progrès du m a l, on réitérera le breuvage , que
l’on fera toujours précéder par le lavement émollient.
' ' ,
Le cheval fuffifamment évacué , on le mettra a
l’ufage du crocus métallorum, donné chaque matin
dans du fon . ( car ; on lui retranchera l’avoine ) à
la dofe de demi- once , dans laquelle on melera
d’abord trente grains d’æthiops minéral fait fans
feu, que l’on augmentera,chaque jour de cinq
! grains jufqu’à la dofe de foixante ; on continuer^
j le crocus & l’æthiops à cette même dofe de foixante
grains, encore fept ou huit jou r s, plus ou
moins, félon les effets de ces médicamens : effets
dont on jugera par l’infpeétion des parties , fur
lefquglles le mal avoit établi fon fiége.
La tifane des bois eft enepre, dans ces fortes
[ de cas ,, d’un très ? grand fecou rs; on fait bouillir
de falfepareille , fquine , faflafras , gayac , égale
[ quantité, c’eft-à-dire, trois onces de chacun , dans
| environ quatre pintes d’e a u , jufqu’à réduction de
I moitié; on pafle cette décoétion ; on y ajoute deux
| onces de crocus metallorum; on remu e, & l’on agite
I bien le tout ; on humeéte le fon que l’on préfente
I le matin à l’animal , a vec une chopine de cette
I tifane que l’on charge plus ou moins, proportion-
I nément au befoin & à l’état du malade ; & fi le
I cheval refufoit cet aliment ainfi détrempé, on lui
I donnerait la boiffon avec la corne,
! La poudre de vipère n’eft pas d’une moins grande
I reffource : on prend des vipères deflechées , on
K les pulvérife , & l’on jette la poudre d’une vipère
I entière, chaque jour , dans le fon. Souvent elle
I répugne au cheval : alors on la mêle avec du m ie l,
I & l’on en fait plufieurs pilules, que l’on fait avaler
I à l’animal.
I Quant aux remèdes qu’il convient d’employer
I extérieurement, on ne doit jamais en tenter l ’u-
I que lorfque l’animal a été fuffifamment éva-
I ené, & qu’on l’a tenu quelques jours à celui du
| crocus & de l’æthiops , ou de la tifane ou des
■ vipères. Jufques-là il fuffit de couper le poil , de
I graiffer la partie malade , & il efl: important de
K laiffer fluer la matière morbifique ; mais une partie
I de cette même matière s’étant échappée au moyen
I des purgatifs , & par les autres médicamens qui ont
! provoqué une plus abondante fécrétion de l’hu-
| meur perfpirable, il eft temps alors d’en venir aux
i remèdes externes : ceux - ci ne peuvent être fug-
I gérés que par le plus ou le moins de malignité des
I fymptôines qui fe manifeftent au dehors.
I II eft rare qu’après radminiftration des médica-
| .®ens que j’ai preferits, ils fe montrent tels qu’on
!es a vus ; fouvent l’enflure eft diffipée, la partie
je deffèche d’elle-même , & il ne s’agit alors que
de la laver avec du vin chaud , & de la maintenir
[ ®ette & propre ; quelquefois aufîi on apperçoit
Àrt$ fi* Métiers. Toute IP* Partie ƒ/.
encore un léger écoulement : dans cette circonf-
tance il s’agit de fubftituer au vin dont on fe fer-
v o i t , de l’eau-de-vie & du fa von ; & fi le flux eft
plus confidérable, on badinera l’extrémité affeétée
avec de l’e a u , dans laquelle on aura fait bouillir
de la couperofe blanche & de l’a lu n , ou avec de
l’eau fécondé ; & l’on ne craindra pas de repurger
l’animal , qui parviendra à une entière gué r ifon ,
fans le fecours de cette foule de recettes d’e a u x ,'
d’emmiellures & d’onguens , vainement preferits
par M. de S o le y fe l, & par Gafpard Saunier.
J’ai obfervé qu’il peut arriver que la liaifon du
fabot & de la couronne commence à fe détruire ;
alors on deflechera les eaux à cet endroit feu l, en
y mettant de l’onguent pompholix, & on les laif-
fera fluer par - tout ailleurs , jufqu’au moment où
'o n pourra recourir aux remèdes externes que j’ai
recommandés. Il peut fe faire auffi qu’enfuite des
érofions & des plaies faites conféquemment à la
grande acrimonie de l’humeur, les chairs furmon-
tent : alors on fe fervira de légers cauftiques , que
l’on mêlera avec de l’ægyptiac pour les confumer,
& on fuivra dans le traitement la même méthode
que dans celui des plaies ordinaires.-
Les eaux qui endommagent quelquefois la qu eu e,
qui occafionnent la chûte des crins dont le tronçon
èft garni, & qui en changent la cou leu r , doivent
être regardées comme une humeur dartreufe, contre
laquelle on procédera en employant les remèdes
avec lefquels on a combattu les autres eaux. Cette
forte de dartre qui reconnoît les mêmes caufes, eft
quelquefois tellement opiniâtre, que je n’ai pu la
difliper qu’en frottant tout le tronçon dont j’avois
fait couper les crins avec l’onguent napolitain ,
après néanmoins avoir administré intérieurement
les renièdés généraux & fpécifiques.
La crainte de ne pas trouver l’occafion de parler
dans le cours de cet ouvrage, des arêtes ou queues
de ra t ,.d e s cre va fles, & d e là crapaudine humorale
, m’oblige à en dire un mot ici ; d’autant plus
que ces maladies a y a n t , ainfi que je l’ai remarqué,
le même principe que celle fur laquelle je viens
de m’étendre, ne demandent pas un traitement différent.
Le fiége des arêtes ou queues de rat eft fixé fur la
partie poftérieure de la jambe, c’eft-à-dire, le long
du tendon. Il en eft de deux efpèces : les unes font
cruftacées, les autres coulantes. Les premières font
fans écoulement de matière ; les fécondés fe diftin-
guent par des croûtes humides & v ifqu eu fe s, qui
laiflent des impreflioris dans lç tiffu de la peau, d’où
il découle une férofité ou une lymphe rouflatre,
âcre $ç co rro fiv e, qui ronge communément les tégumens.
Ces croûtes qui rarement affrètent les extrémités
antérieures , & qui font plus ou moins
élevées , font appelées, par quelques p eifon n e s,
des grappes.
Les crevafles font fituées dans le pli des pâturon
s, foit au-devant, foit au derrière de l’animal;
1 elles font comme autant de gerçures ou de fen tç s ,
Y y y