
vecin-, dont le corps- un. peu- plus- étroit que celui
d’un clavecin ordinaire,, eft vertical -au lieu, d’être
horizontal & prend par conséquent beaucoup
moins de place : comme ici les, fe latéraux ne font
pas verticaux , & ne peuvent pas retomber d’eux-
mêmes;, ils font répondes par un fil èlaftique.
Clavecin à Roue.
C ’eft un clavecin, dont probablement l’inventeur
à tiré l ’idée de la vielle.
Comme le clavecin ordinaire n’a ni tenue , ni
piano , ni forte, ou du moins r point de différens
degrés de piano & de forte, plufieurs perfonnes
ont cherché à remédier à ces défauts. Ces recherches
ont mené un bourgeois de Nuremberg, nommé
Jean Heyden, qui vivoit au commencement du
dix-feptième fiècle, à l'invention de l’inftrument
fuivant : cependant Galilée 8c d’autres auteurs,
prétendent que cette invention eft plus ancienne.
Le clavecin à- roue eft, quant au corps, exactement
femblable au clavecin ordinaire ; mais au lieu
de fauter eaux, il a cinq ou fix roues d’acier, fur
« chacune defquelles eft collée une bande de parchemin
bien unie ; on frotte ce parchemin de colophane
comme les archets, ou , ce qui vaut mieux,
avec de l’huile d’afpic, où l’on a fait diffoudre de
la colophane : ces roues d’acier font mi fes en
mouvement par une grande roue qui eft dans le
corps de l’inftmment, & par quelques cylindres.
Le muficien fait aller lui-même la grande roue
avec le pied, comme celle du rouet, ou bien un
homme la fait aller avec la main.
Les cordes font toutes d’acier : celles qui donnent
les fons les plus graves font environnées de
parchemin, enforte que les plus groftes font à peu
près comme les cordes d’une contre-balte. Les
cordes qui donnent les fons aigus , ne font point
garnis de parchemin.
Toutes ces cordes font tendues comme dans un
clavecin ordinaire, mais chacune paffe de plus dans
un petit anneau qui tient à la touche cor redondante
, enforte que quand on baiffe cette touche ,
la corde vient frotter la roue, & produit un fori
femblable à celui du violon ou plutôt de la vielle.
Il eft clair que tant qu’on tient la touche baillée ,
la corde frotte & le ton a de la tenue ; il eft encore
également clair qu’en appuyant plus ou moins
fort, on peut produire le piano, le forte 8c le-cref-
çendo.
Dans un inftrument de ce genre inventé à Berlin,
celui qui l’avoit conftruit, avoit fubftitué des cordes
de boyaux , aux cordes d’acier, & une efpèce
d’archet aux roues couvertes de parchemin.
Cet archet étoit une large bande formée par un
affemblage de nombre de crins de cheval, noués-
à un bout ; cette bande de crins qui formoit un
anneau , paffoit fur deux cylindres, enforte que
quand ces derniers tournoieut, la bande de crins
mardioit continuellement: comme un archet-,, mais,
toujours dans le même fens.
Ce. qu’il y avoit de plus ingénieux c’étoit la
manière dont le fadeur de cet inftrument avoit
évité le c h o c q u e devaient naturellement produire
les noeuds des crins en paftant fur les corde.« car
il avoit arrangé ces noeuds enforte qu’ils faifoient
une ligne oblique, & par conféquent ne paffoienr
que fucceffivenaent fous les cordes,, de manière
que quand un de ces noeuds paffoit fous les cordes „
le mauvais effet qu’il auroit pu produire étoit
étouffé par le fon que produifoient tous les autres
crins entiers. .
A une des extrémités de l’archet, étoit un petit
fachet de mouffeline on de quelqu’autre tiffù clair,
plein; de colophane, qui frottoit continuellement
les crins.
Cet inftrument, aufli, bfen que tous ceux de cette
efpèce, produit un fon rude & dur, comme quand
on racle du violon : il feroit cependant à fouhaiter
que quelqu’un pût lui ôter ce défaut.
Clavecin brifé.
C ’eft un clavecin qui fe démonte 8c remonte
fort aifément , enforte qu’on peut le porter en
voyage.
Forte-piano, ou Clavecin à marteau.
Ce clavecin a été inventé, il y a environ 25
ans, à Freyberg en Saxe, par M. Silbermann.
De la Saxe l’invention a pénétré à Londres,
d’où viennent prefque tous ceux qui fe vendent
en France. Les faéteurs de Paris en font aufli d’ex-
cellens. ’
Ce clavecin , dont l’extérieur eft tout en bois
noyer, le plus propre & le plus luifant, a la forme
d’un carré oblong; ayant environ quatre pieds 8c 8c demi de longueur, vingt pouces de largeur ,
& huit d’épaiffeur.
Il eft pofé fur un pied ou fur une table, dont
il fe peut détacher ; ce qui le rend d’un tranfport
facile.
Le forté-piano eft arrangé de forte que chaque
touche fait lever une efpèce de marteau de carton
enduit de peau , qui frappe contre deux cordes
uniffonnes, ou contre une feule , li l’on veut.
Cet inftrument eft conftruit d’ailleurs, dans les
principes du clavecin ordinaire.
Il a cet avantage que l’appui du doigt plus fort
ou plus foible, détermine la force ou la foibleffe
du ion. Il fe prête par conféquent à l’expreflion, 8c comme au fentiment du clavecinifte.
Le forté-piano eft agréable à entendre, fur-tout
dans des morceaux d’une harmonie pathétique, 8c lorfqu’il eft ménagé avec goût par un habile
muficien; mais outre les reproches qui lui font faits
par plufieurs maîtres, entr’autres, par M. Trouflant,
©rganifte.de Ne ver s , on l’accufe d’être pénible à
jouer,
jouer, à caufe de la pefanteur du marteau qui fatigue
les doigts, 8c qui même peut rendre la main
lourde avec le temps.
Cependant, l’on voit la plupart des maîtres s’attacher
de préférence à cet inftrument pour leurs
compofitions de mufique, parce qu’il leur donne
des effets plus marqués que lé clavecin.
Clavecins en peau de bufle, inventés par M. Pafchal.
M. Trouflaut, chanoine, 8c célèbre organifte
de l’églife de Nevers, a adreffé aux auteurs du
Journal de mufique en 1773 » P lettre fuivante,
qui fera connoître le mérite des clavecins en peau
de bufle , inventés par M. Pafchal Taskin, faéteur
de clavecins de la cour, 8c garde des-inftrumens
de mufique de la chambre du roi.
y> Le clavecin tenant un des premiers rangs
parmi les inftrumens, les moyens qu’il fournit de
réunir toutes les parties d’un concert, de former
des groupes harmoniques , d’offrir au compofiteur,
dans un petit efpace, toutes les formes poflibles
de l’harmonie 8c de la mélodie, le rendront toujours
cher aux vrais muficiens.
f Malgré les reffources inépuifables qu’il offre au
génie, on ne peut cependant difconvenir que l’égalité
de fes fons ne foit un défaut très-réel.
Cet inftrument très-fimple dans fon origine , 8c
compofe d abord d’un feul clavier ainfi que nos
épinertes , conferva , pendant plufieurs fiècles , à
peu près la même fimplicité.
On imagina enfuite de doublet les fautereaux
de chaque touche, pour varier un peu les fons.
C ’eft à cette époque que le premier germe du
goût fe développa en faveur de notre inftrument.
Les faâeurs imaginèrent enfuite de placer deux
claviers, dont le fupérieur faifoit parler un feul
rang de fautereaux, 8c l’inférieur les faifoit jouer
tous les deux.
Par ce moyen , on opéroit le fort 8c le doux ;
mais ce fort & ce doux étoient toujours les mêmes,
8c il'n’y avoit point de gradation de l’un à l’autre.
Qn inventa dans la fuite mille autres moyens
d’amplifier, de décorer, d’améliorer les clavecins ;
mais jamais on ne toucha au but qu’on auroit dû
fe propofer, de graduer les fons comme la nature
& le goût l’infpirent à une oreille délicate 8c à une
ame lenfible.
Les faâeurs ne furent pas les derniers à s’ap-
percevoir de cette imperfeéKon , mais ils préférèrent
le fommeil de l’ufage à l’aâivité du génie,
8c ne cherchèrent point à perfectionner ce bel inftrument,
ni à le mettre en état d’exécuter 1 q forte,
piano, amorofo, guflofo, ftaccato, &c. 8c toutes les
autres gradations qui figurent avec tant de charmes
dans la mufique moderne.
Il étoit réfervé à M. Pafchal Taskin de porter
fes vues plus loin, & de triompher des obftacles
qui avoient pu arrêter fes prédéceffeurs. Livré à
Arts 6* Métiers. Tome IVP Partie l.
de fréquentes méditations, cet artifte, aufli ingénieux
que modefte , fe détermina, à faire l’effai
de toutes fortes, de corps pour en tirer des .fans
agréables..
Ce fut en 1768 .qu’il obtint de la répétition de
fes expériences, le fuccès qu’il en efpéroit.
Parmi les trois rangs de fautereaux ordinaires au
j clavecin, il en choifit un dans lequel i l fubftitua
aux plumes de corbeau des morceaux de peau de
bufle , qu’il introduifit dans les. languettes , d© la
même manière à peu près que les plumes. \ ,
De l’effet de cette peau fur la corde de l’inftrii- -
ment, il réfulte des fons veloutés 8c délicieux :
011 enfle ces -fons à volonté , en appuyant plus ou
moins fort fur le clavier ; par ce moyen, on obtient
des fons nourris, moelleux, fuaves, ou plutôt
voluptueux pour l’oreille la plus épicurienne. De-
fire- t-on des fons paflionnés, tendres, mourans ?
le bufle obéit à l’impreflion du doigt , il ne pince
plus , mais il careffe la corde ; le ta& enfin , le
taél feul- du clavecinifte fuftit pour opérer .alternativement
, 8c fans changer ni de clavier ni de
regiftres, ces viciflitudes charmantes.
M. Pafchal ne s’eft point borné à cette précieufe
découverte ; il a voulu mettre en ufage les re-
giftres, emplumés , pour répandre plus de variété
fur fon inftrument.
Pour cela, il a imaginé des baguettes de.fer qui
percent perpendiculairement le fommier du clavecin
, du haut en bas ; le bout fupérieur fait mouvoir
les regiftres emplumés ; le bout inférieur vient
fe terminer un peu au deffus des genoux du clavecinifte.
Par cet ingénieux 8c fimple mécanifme, on peut,
avec le plus léger mouvement des genoux, faire
parier tel ou tel jeu de plumes féparément ou en-
femble ; ou le jeu de bufles feul, ou tous les jeux
du clavecin réunis : de forte que fi l’on veut imiter
l’effet d’un grand choeur , d’un écho, 8c toutes-
les nuances ,dont la mufique moderne eft fufeep-
tible, on y réuflit au-delà de fes defirs, fans déplacer
la main du clavier.
Quelle prodigieufe variété dans un infiniment
auparavant fi ingrat ! La magie des fons qu’il fait
entendre aujourd’h u i, captive bientôt l’attention
de l’auditeur, intéreffe fon coeur, l’enchante , 1©
ravit.
Depuis 1768 , M. Pafchal a fu ajouter à fa propre
découverte. C ’eft en combinant les effets du clavier
8c des bufles, qu’il s’eft apperçu qu’on pouv
o ir , 8c conferver la même égalité de taél, 8c
cependant enfler ou diminuer les fons à fon gré.
En conféquence, il à fu placer fous le pied du
clavecinifte, un tirant qui fait mouvoir imperceptiblement
le jeu des bufles, ainfi que le jeu des
plumes.
Ce tirant recevant du pied une preflion plus ou
moins légère, enfle ou diminue les fons plus ou
moins. On parvient aifément alors à faire fentir
toutes les variations poflibles dans l’exécution, 8c
B