
328 M A Ç recoupes de pierres, les plâtras, les moreeaux de
tuiles, dé carreaux, de briques ; enfin, tous les gra-
vois que l’on envoie d’ordinaire aux champs.
On faifoit de tout cela , dans des efpèces d’en-
caiffemens, des carreaux d’une certaine grandeur
délayés avec du plâtre un peu clair, & dont l’intérieur
étant bien plein devoit être conftamment
fiable.
Ces efpèces de pierres artificielles s’emploient
en guife de moellons comme des cours d’aflifes,
avec des tuileaux concafles entre leurs joints, &
recouverts d’un enduit de plâtre.
Il y a un hôtel confidérable qui fut bâti de
cette manière à Paris ,-rue de Grenelle, fauxbourg
Saint-Germain , vis-à-vis l’abbaye de Panthemont,
que les ouvriers appellèrent alors par dérifion,
Y hôtel des plâtras, nom qu’il a toujours retenu depuis
; & ce qui peut confirmer combien cettë bâ-
tiffe eft avantageufe & folide, c’eft que cet hôtel
fubfifte encore , après plus d’un fiècle, dans le
meilleur état poffible. Ses murs paroiffent tout
d’une pièce ; aucun n’eft forti de fon à-plomb ;
tous fes planchers font d’un parfait niveau ; enfin ,
il n’y a pas uqe maifon en pierre du même temps
qui foit en meilleur état, & qui ait moins exigé
de réparations.
M. Patte, Pavant architecte, en rapportant cette
méthode dans fon excellent ouvragé, intitulé Mémoires
fur les objets les plus importuns de VArchitecture
, ajoute :
« Pour donner encore plus’ de confiftance à ces
carreaux, & les mettre en état d’être employés
en tous lieux , quelle difficulté y auroit-il de les
maçonner, au lieu de plâtre , avec de bon mortier
de chaux & fable ? Il ne s?agiroit que de les préparer
d’avance, & de les laiffer fécher quelque
temps dans leur ençaiffement avant de les mettre
en oeuvre. De pareils matériaux feroient évidemment
préférables, pour la folidité, à la plupart des
moellons d’ufage : on feroit enfuite le haut des
murs & les murs doffiers des cheminées, avec les
gros plâtras provenans auffi des démolitions ,
comme il fe pratique ordinairement, a
Coupe des Pierres,
On entend par la coupe des pierres, non-feulement
l ’ouvrage de l’artifan qui taille la pierre ,
mais encore la fcience du mathématicien qui le
conduit dans le deffein qu’il a dé former une
voûte ou un corps d’une certaine figure, par l’af-
femblage de plufieurs petites parties.
Il faut en effet plus d’induftrie qu’on ne penfe,
pour qu’elles foient faîtes de façon que, quoique
^’inégales figures & grandeurs, elles concourent
chacune en particulier à former une furface régulière
, ou régulièrement irrégulière , & qu’elles
jfoient difpofées de manière qu’elles fe foutiennent
en Pair, en s’appuyant réciproquement les unes
flir les autres , faas autre liaifon que celle de
U A Ç leur propre pefaitteur ; car les liaifons de mortief
ou de ciment doivent toujours être comptées pouf
rien.
L’architeâe, le maçon, l’àppareilleur, enfin le
tailleur de pierre , doivent favoir raifonner ce
qu’ils font opérer ou ce qu’ils opèrent; ils doivent
apprendre à faire les développemens par panneaux
d’une fphère, d’un cône & d’un cylindre,'
foit droit, foit oblique, & à tracer les courbes que
produifent les pénétrations différentes d’un cône
dans un cylindre, d’un cylindre dans une fphère,
& d’une fphère dans un cône, ou bien de tous
ces corps l’un dans l’autre en toutes fortes de
fens. '
Dès qu’on fait ces opérations , qui n’exigent
qu’une légère teinture de géométrie, il n’y a plus
qu’un pas à faire, dit M. Patte clans fes Mémoires
d’Architecture, pour opérer toutes fortes d’épures.
Il ne s’agit, pour cet effet, que de fe repréfenter
le rapport que la pierre que l ’on veut conftruire
peut avoir avec les développemens des corps en
queftion, ou avec leurs pénétrations.
S i, par exemple, c’eit une porte en talud oa
en tour ronde, on obfervera quelle n’eft que la
pénétration d’un demi - cylindre dans un cône; fi
c’eft une voûte d’arête , on verra que c’eft la rencontre
de quatre demi - cylindres ; fi c’eft une def-
cente de caves , on remarquera que c’eft la coujte
d’un demi-cylindre oblique, &c.
En fe rendant ainfi attentif à quelle courbe géométrique
ou portion de courbe, chaque pièce de
trait peut appartenir , on fera en ,peu de tdmps
en état de s’en rendre compte , pour les opérer
en grand dans l’occafion, d’en raifonner avec les
ouvriers,, & d’opérer avec sûreté.
Les détails de la fcience de la coupe des pierres
font plus particulièrement du reffort du géomètre,
& appartiennent à une autre divifion de cette
Encyclopédie méthodique. Cependant nous avons
rapproché dans le troifième volume des gravures,
plufieurs planches concernant la coupe des pierres
, dont on trouvera ci-près l’explication.
Tailleur de pierre»
C ’eft l’ouvrier qui travaille à, tailler la pierre;
il fe fert pour cette fin de plufieurs outils, qui
font i°. un têtu ou maffe de.fer marquée A de
la coupe des pierres, pl. I I I , fig.. 28, tome III des
gravures ; fes deux extrémités ont chacune un redent
pour que l’outil ait plus de prife fur la pierre,
fur les bords de laquelle on frappe pour en faire
fauter des éclats : le plan du même outil eft en a-
B , laye ou marteau bretelé, qui a du côté étroit
un tranchant uni, & de l’autre un tranchant dente,
qui fait des filions : fon plan eft en b.
C , cifeau à cifeler ; il y en a de plufieurs gran-,
deurs.
D , maillet pour pouffer le cifeau.
E , marteau à deux pointes pour la pierre dure,
M A Ç !
lorfqu il eft un peu plus, long, on l’appelle pioche:
fon plan eft en e.
F , riflard bretelé pour la pierre tendre.
G , crochet.
H, ripe*
Fig. 2/, compas à fauffe équerre.
’Explication des Planches de la Maçonnerie,
tôrne I I I des gravures.
P L A N C H E P R E M I È R E .
Le haut de la planche repréfente des maçons,
diverfement occupés. Les uns A montent des pierres
taillées ; les autres B travaillent1 fur un échafaud
à enduire un mur de plâtre ; d’autres C conftrùifent
un ouvrage de maçonnerie.
On voit en D & en E deux tailleurs de pierre;
en F, ceux qui préparent la chaux; en G , un
feieur de-pierre; en H I K , les manoeuvres occupés
à fervir dans la conftruéfion des bâtimens.;
lig-, 1 , maçonnerie maillee, que Vitruve appelle
niiculatum . ;
Fig. 2 & 3 , maçonnerie en liaifon, appelée par
Vitruve infèrtum.
4 •> S & 6 , maçonnerie de pierres brutes.
L ifodorhum , le pfeudifomum & Yimple&on grec. A ,
j a^ es‘ ®-» Jes couches de mortier. C , l’enduit
de plâtre. D , le garni.
li%' 7 f maçonnerie en liaifon & cramponnée
ou -le revmêlam des anciens. E , lès pierres cramponnées,
F , les crampons. G , le garni/
Fig; 8 , pierres démaigries où plus creufes en
maçonnerie, vers le milieu que par les bords.
PLANCHE II. Suite de la pl. précédente.
I Fig\p9 maçonnerie en échiquier. A , angles faits
I de briques. B , rang de briques qui tient le mur &
I le traverfe. C , échiquier. D , partie intérieure du
| mur fait de ciment.
| Fig. 10, autre maçonnerie en liaifon. Deux faces
f , .mur Carreaux de pierres ou de briques. L’in- 1 teneur du mur E eft de ciment ou de cailloux de
| ™ r e & foutenu de trois pieds en trois pieds
[ aans fa hauteur par trois lits de briques.
t • [' » maçonnerie incertaine ou ruftique. F
I pierres incertaines.
Fig-12, maçonnerie en pierres de tailles.
‘3 9 mur de remplage.
■ pP1 '4 y autre conftrnéfion de muraille.
• > maçonnerie, faite de carreaux & bou-
, mes de pierres dures ou tendres , pofées en recouvrement
les unes fur les autres. A 'A , carreaux.
a 9 boutiffes.
ig- 16. Exemples de quelques précautions à ob-
ferver dans Vart de bâtir.
arrachemens. B , chaînes de'pierres: C , arid
e s ou décharges. . . :
■ drts & Métiers. Tome IV. Partie /.
M A Ç 32-9
1 .. PLANCHE III. Suite de la pl. précédente.
Eig- 17 ■, A , arracheme ns. B , chaînes de pierres
C , pourres.
Fig; ï8 , niurs dé face & de refend. D , D ,
pierres callées avec des lattes.
Fig. ip. E E , pierres callées avec des lames de
plomb.
Fig- 20., murde face. A , taluds ou retraites
données'en dehors. B , à-plomb du dedans.
Fig. 21, murs de face avec taluds ou retraites
en dehors & en dedans. B , retraites. C D , axe
du mur tombant au milieu de fa fondation. *
Fig. 22 , murs de terraffe.
Fig- 23g autres murs de terraffe fortifiés d’épe-
. rons ou contreforts E , E , E.
PLANCHE IV. Suite de la pl. précédente.
Fig. 24, autres murs de terraffe avec des. contreforts
A en dehors, 8c d’autres contreforts B en
dedans, diagonalement difpofés en forme de feie.
Fig- 25 y les mêmes murs de terraffe avec des ‘
contreforts en. .dehors A A , femblables à ceux de
;^ fig- *4 y mais dont les contreforts du dedans C C
r ^Ont difpofés en forme de portion circulaire.
P L A N C H E V.
I Fig. , & M manière de fonder par les piles.
A , A , les piles.
B , B , le bon fond. | ■
C , C , Ç , fig. 1 , arcs bandés fur les piles.
.' C , C , C , fig. 2 , arcs renverfés.
( Fig. 3 & 4 , manière de fonder fur le. roc,
A A , le roc.
B B , piles élevées ou maçonneries adoffées.
£ ^ 9 fig- 3 9- aftifes pratiquées par reffaut au roc.
C C 9.fig-'49 harpes de pierres & arrachemens f pratiqués au roc.
Fig. 3 , manière de fonder pa r les pierre es.
A A , le roc. ,.
B B , C C , E E , cloifons de charpente.
D D , les bords inférieurs de cette cloifon.
( Fig, 6 , la même manière de fonder par les pier-
.- ries avec.une feule cloifon , quand le roc eft efearpé.
A , le roc.
B , eipace entre le roc & la maçonnerie, qu’on
: remplit de pierrées.
. Ç , cloifon.
D , maçonnerie.
Fig- 7 , fondation par arcades, dans le cas oie
, l'on veut écon&jnifer,
I A , le roc. '
; B , B y. .les arcades.
; C , C , les maflifs.
D , D , retombées des arcades.
Fig.’'8, fondemens f tir la gldife. .
> A A , grillages de':charpente. 1 B B , longrines.
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