
avec les touches ; on commence à la première, afin
de pouvoir fuivre l’air.
Si l’on s’eft trompé, il fera aifé'de s’en apper-
cevoir & de le reitifier, en remettant le cylindre
en place 8c en opérant de nouveau avec le cadran.
Cette préparation faite , on place les pointes,
chacun fuivant fa méthode. Les uns fe fervent
d’un petit marteau, d’autres de pinces.
Ceux qui favent fe fervir du petit matteau ont
un avantage , parce que les petits coups donnés
à propos , poliffent la tête de ces pointes.
On aura foin de ne pas les enfoncer d’abord
autant qu’elles doivent l’être , afin de pouvoir
toutes les calibrer pour la hauteur avec des re-
pouffoirs. *
Après que les pointes font ainfi pofées & bien
jaugées, on les dreffe avec une pince de façon
qu’elles foient bien perpendiculaires à l’axe du cylindre
; ou du moins, fi on les fait pencher un
peu en avant pour les rendre plus fortes, il faut
qu’elles penchent toutes de la même façon.
Il ne refte plus après cela qu’à remettre le cylindre
en place , pour favoir fi le notage eft exaâ ;
il fera même facile de changer , au befoin , les
chofes qui pourroient déplaire.
C ’eft en fuivant des principes auffi aifés dans
la pratique, qu’on peut tirer de la tonotechnie ou
de l’art de noter les cylindres, le plus grand avantage
pour plufieurs autres inventions.
Tout ignoré qu’ait été cet art de noter les cylindres
jufqu’à préfent, le petit nombre d’artiltes
qui en ont eu quelques connoiffances, ont déjà
enrichi les cabinets de productions auffi agréables
que furprenantes, pour ceux qui ri’en favent pas
les procédés. On a vu fortir de leurs ateliers des
Auteurs automates , des oifeaux , & même des
concerts mécaniques, qui faifoient illufion.
Les pendules & les meubles les plus recherchés,
tirent, même encore actuellement, leur principal
mérite de quelques cylindres adaptés & notés avec
art. Que ne feront donc point par la fuite les
productions de ces génies créateurs, quand ils ne
feront plus arrêtés par l ’ignorance du notage ,
dont la pratique eff fi aifée , qu’il fuffit d’avoir
noté un feul air fur une fermette , pour n’être
plus arrêté par des difficultés plus apparentes que
réelles! (Ext. du Traité de V Orgue, par D. Bedos*)
V I I I .
O r g a n i s a t io n d u F o r t e - p ia n o , n v Cl a -
' V E C IN , D E L A V lE L L E .
L’organifation eft l’application des tuyaux d’orgue
à quelqu’inftrument à clavier, comme au forte-
piano, au clavecin, à la vielle.
L’art de marier le flûte des fons des tuyaux au
frappé des cordes du forté-piano, confifte dans le
rapprochement du fommier de l’orgue avec le clavier
de rinftrument organifé.
Les pilotes foutiennent, par leur bout fupérieur,
les touches du clavier, & appuient, par leur bout
inférieur , fur les bafcules horizontales. Celles-ci
font ouvrir les foupapes du fommier par leur bout
poftèrieur. .
Il y a d’une part trois regiftres, pour ouvrir ou fermer
les jeux. D’autre part, deux regiftres à rpffort
au deffous du clavier , font difpofés de façon qu’en
les pouffant en haut avec les genoux, on éleve,
au moyen de la bafcule brifée -, la rangée des
marteaux de cuir de buffle, qui relient ainfi élevés
pendant tout le temps qu’on tient ce regiltre
en haut ; 8c lorfqu’on baiffe le genou, ils fe remettent
comme auparavant.
Un autre regiftre fert à faire avancer de droite
à gauche une pièce , le long de laquelle eft attachée
une étoffe de foie, au deffous des cordes, taillée
en façon de fcie ou de marches d’efcalier, dont
chacune fe place précifément au deffus de l’endroit
contre lequel les marteaux de deffous frappent
les cordes , & en tirent un fon agréable,
mais beaucoup plus foitrd.
Lorfqu’on baiffe le genou , cette longue pièce
fe met en place, & les marteaux frappent à nud
contre les cordes, comme auparavant.
Dans toute la hauteur de l’orgue il y a une
porte fort étroite, qu’on ouvre 8c qu on ferme à
volonté, pour faire entendre plus ou moins fort les
baffes des jeux, félon l’effet que l’on veut obtenir.
On fuppofe que ces jeux foient, i°. un bourdon
de 4 pieds bouché, dont les baffes font en bois
8c les deffus en étain 8c faits en cheminée ; a°. un
deffus de huit pieds en étain ; 30. un baffon en étain;
40. un hautbois tout en bois.
Tous les tuyaux dé bois font arrêtés à leur
place, 8c ferrés l’un contre l’autre avec des vis. Sans
cela, ils pourroient, dans le tranfport de l’inftnir
ment , s’éloigner ufl peu de leur pièce gravée ,
8c perdre le vent par le pied.
Un foufflet qui fournit le vent à cet orgue eft
fufpendu à un levier, que l’on preffe avec le pied
pour fouffler. Ce levier eft tourné fur le bout
d’une bafcule, lorfqu’on veut fouffler foi*même
en même temps qu’on joue de l’mftrument.
. Au moyen d’une bafcule, on peut ouvrir le
jeu du hautbois avec le pied. Il y a un levier fur
lequel on met le pied pour enfler lev fon-, parce
que ce levier ouvre une longue porte qui le referme
d’elle-même par un ,reffort, lorfqu’on veut
fermer le paffage au fon., La même mécanique
s’adapte aux autres jeux pour en retirer les mêmes
effis^
Il eft néceffaire de pofer les tirages des regiftres
du même côté , attendu que le foufflet 8c les tuyaux
occupent toute la place à la droite de l’orgue.(
Il y a un châflis de plomb entaillé dans l’é-
paiffeur de ta table de deffus du foufflet , pour
lui donner un poids fuffifant. Des roulettes qui
coulent dans des filions verticaux, fervent à maintenir
cette table du deffous du foufflet x 8c a 1 empêcher
de fe . jeter d’un côté ni d’un autre ; en
montant ni en defcendafct. On attache à un piton
au deffus du foufflet une petite corde paffée dans
une poulie, 8c qui porte un petit plomb le long
d’un poteau , pour marquer , par fa hauteur, fi
le foufflet monte ou. baiffe. Une foupape bien appliquée
contre l’ouverture du foufflet 8c maintenue
par un reffort, laiffe échapper le vent lorfqu’il eft
trop plein. - . 1
Lorfqu’on rapproche les deux claviers du forté-
piano 8c de l’orgue , les talons des touches de
ces claviers fe trouvent au deffus l’un de l’autre,
& alors on peut faire refonner enfemble le fofté-
piano 8c l’orgue, en pofant lés mains fur le clavier
fupérieur; mais fi l’un de ces claviers eft repouffé
en dedans, le forté-piano n’ayant plus de
communication avec l’orgue, ces deux inftrumêns
joueront chacun féparément par leur clavier ref-
peftif.
Le châflis du davier, au lieu d’avoir une rainure
pour recevoir les touches, comme à l’ordinaire
, n’a qu’une feuillure dans laquelle on fiche
des pointes de fil de laiton qui font fort courtes,
puifqu’elles affleurent le delfus des queues des
touches. On recouvre celle-ci d’une tringle que
l’on arrête de diftance en diftance, foit avec des
v is , foit avec des pointes que l’on peut arracher
facilement. Cette conftruélion paroît plus commode
qu’une rainure; car on peut, comme il convientÿ
coller une petite bande de peau fur la feuillure
avant d’y ficher les pointes, 8t en coller une autre
au deffous de la tringle.
L’organifation du clavecin, eft peu différente de
celle du forté-piano. Cependant, le clavecin étant
d’une forme bien différente, exige néceffairement
un arrangement différent des tuyaux ; le foufflet
même ne peut y être compris.
Ois fuppofe que ce clavecin eft grand 8c à ravalement
jufqu’en f ut fa , en bas 8c en haut,
c’eft-à-dire , que les* claviers feront de cinq octaves.
On fuppofe encore qu’on veut y mettre un
bourdon de quatre pieds bouché, un preftant de
2. pieds bouché , un deffus de 8 pieds ouvert,
un hautbois dont la baffe fera un baffon.
Le fommier du clavecin a quatre regiftres.
Le premier de ces regiftres doit contenir le hautbois
8c le baffon. Ce regiftre eft brifé.
Le fécond doit contenir le deffus de 8 pieds
^ouvert.
Le troifième , le preftant qui eft brifé ; 8c le
quatrième, le bourdon qui eft encore brifé.
Les huit plus grands tuyaux de bois de la baffe
du bourdon font couchés les uns fur les autres ,
& ont la bouche tournée du côté du derrière du
, clavecin.
Douze autres tuyaux de bois de la fuite du
| bourdon, & les baffes en bois du preftant, qui
eft un 2 pieds bouché, ont la bouche tournée vers
le deyant du clavecin où il y a un intervalle jufqu’au
rang fuivant, des 4 tuyaux de bois de la
fuite du bourdon.
Tous les autres tuyaux du bourdon qui font
faits en étain, peuvent fe placer aifément fur leur
vent au fommier. <
La fuite du preftant eft pofée également fur fon
vent.
Si Ton voit que quelques-uns de ces tuyaux
font trop ferrés , on les poftera plus loin , au fit
bien que plufieurs tuyaux du 8 pieds ouvert, qui
ne pourroient pas fe loger fur leur ven„t.
A l’égard des tuyaux du baffon 8c du hautbois,
on trouvera facilement de la place pour en pofter
quelques-uns, qu’on ne pourra pas pofer fur leur
vent.
II faut obferver que tous les tuyaux de bois
font arrêtés par des morceaux de bois collés 8c
cloués. '
Les pieds de tous les tuyaux de bois entrent
un peu dans les pièces gravées ; 8c ces pièces
portent de l’autre côté des trous où font collés
tous les porte-vents de plomb.
Il y a un porte-vent qui va du foufflet au deffous
du fommier.
Le fiége où l’on s’aflied pour toucher l’inAniment
, contient le foufflet double avec fon poids*.
Au bas du fiége-eft une bafcule pour fouffler foi-
même , en appuyant le pied.
En tirant le clavier de l’orgue , 8c pofant les
mains fur le fécond clavier, on jouera le clavecin
8c l’orgue tout enfemble.
Si l’on veut jouer féparément l’orgue 8c le clavecin,
on n’a qu’à pouffer le clavier de l’orgue.
Les talons qui font collés au deffus des touches ,
ne fe rencontreront plus avec ceux qui font au
deffous des touches du fécond clavier.
Le hautbois peut être conftruit en bois. Il imitera
mieux cet inftrument,
On peut conftruire le baffon en bois, comme
le vrai baffon , en le couchant 8c le doublant dans
fa longueur, afin qu’il tienne moins de place.
Pour loger ce baffon avec plus de facilité, on
peut mettre au dehors du clavecin à la gauche ,
les plus grands tuyaux de bojs au nombre de 10
à 11 ; ce qui dégagera beaucoup l’intérieur du
clavecin. Comme cet arrangement oblige à placer le
clavecin un peu éloigné de la muraille d’environ
un pied au moins , on peut faire le fiége plus
long de la même quantité, & l’élargir de 3 à 4
pouces. Dans ce cas , le foufflet pourroit avoir
environ 3 pieds 9 pouces çle longueur, fur 18 à
19 pouces de largeur,
On peut enfin, comme au forté-piano , mettre
quelques regiftres au deffous du clavier, afin de
les pouffer avec les genoux tout en jouant ; d’au?
très regiftres, qui fe pouffent avec le pied, peuvent
faire faire à l’inftrument plufieurs changemens
agréables, au gré 8c fuivant le goût de celui qui
touche de l’inftrument ; mais il faut que ces re-
gftres foient à reffort , à moins que le mouye?.