
o u , pour mieux dire , continuer de les u f e r , en
les montant & les raffemblant pour leur donner plus
de grâce , & pour fêduire les demi-connoiffeurs.
3°. Les marchands qui les ach èten t, contribuent
encore à leur ruiner les jarrets , en l'es mettant
continuellement fur la montre, un énorme fouet
à la main. Un garçon qui les tient vigoureufement
aflujettis, armé d’un bridon long de branche de
plus d’un pied , enlève le cheval pardevant, tandis
que le maître qui eft par-derrière, le fuftige fans
pitié. L ’animal ne fait à qui. répondre ; pn d i r o it ,à
vo ir ces réformateurs de la n a tu re, qu’ils veulent
accoutumer ces animaux à marcher fur les deux
pieds du de rrière, comme les Anges : or e ft-il pof-
fible que des chevaux qui ont tout au plus quatre
ans , comme prefque tous ceux que les marchands
vendent aujourd’hui , fôierit en état de
fupporter jufqu’à vingt fois par jour ces cruels
exercices , fans que leurs jarrets foient affe&és
d’éparvins ?
4°. Enfin , autrefois les chevaux mouroient fans
êtreufés, ils le font aujourd’hui avant d’être formés.
O n fait à quels exercices ils font de ftiné s, fur-tout
les plus fringans & les plus beaux : autrefois le
maître étoit efclave de fon c h e v a l, aujourd’hui le
cheval eft efclave du maître ; u fage plus raifonnable ;
mais plus pernicieux aux chevaux. D e ces différences
réfulte la raifon pour laquelle les chevaux finiffoient
autrefois leur carrière fans éparvins, au lieu qu’ils en
ont fouvent aujourd’hui avant même de la commencer.
Ç e font les éparvins qui font la diifette des bons
ch e v au x , & cette dïfette à fon tour occafionne les
éparvins.
F ie ou Crapaud.
Excroiffance fongueufe qui naît ordinairement
dans le corps fpongieux d’où la fourchette tire fa
forme & fa figure. Les chevaux épais, grofiiers ,.
chargés d ’humeurs, dont les piés font extrêmement
c a v e s , dont les talons font amples & larges , font
plus fujets 4 cette maladie que tous les autres. -Le
cara&ère en eft plus ou moins bénin. Si elle n’a
d ’autre caufe que l’épaiffiftement de la lymphe arrêtée
q u i, par fa propre nature, eft très-difpofée
à l’y retenir, & q u e lle ne foit point négligée ou
irritée par des mèdicamens peu convenables, fes
progrès n’auront rien de funefte ; mais fi outre
cet excès de confiftance il y a une grande acrimonie
dans la maffe , les accidens fe multiplieront b ientôt.
La tumeur, qui dansion principe n’occafion-
noit pas la claudication, contraindra l’animal de
b o ite r , v u les douleurs plus ou moins vives qu’il
éprouvera ; au leg e r fuintement que l ’on apperce-
v o it d’abord , fuccédera une fuppuration considérable
; l’ inflammation augmentera fans ce ffe, le cheval
fouffrira toujours de plus en plus : enfin le mal dégénérant
en véritable ulcère chancreux que l’on
reconnoîtra à la qualité de la matière, qui dès-lors
fera ichoreufe, fanieufe & extrêmement fétide ,
s’étendra promptement, fi l’on n’en arrête le cours,
jufqu’aux talon s, à la fo ie , aux quartiers ou à la
pince. L ’engorgement de tous les vaiffeaux du pié
caufé par l’arrêt des fucs dans les tuyaux qui s’y
diftribuent, rendra cette partie difforme, évafée;
& toutes les portions tant aponévrotiques que liga-
menteufes de cette extrémité , étant inceffamment
altérées & corrompues, l’animal fera abfolument
incapable de fervice.
O n ne fauroit trop tôt entreprendre la cure de
cette efpèce de fie.
Il eft d’abord à propos de faigner une ou deuxfois
l’animal, félon les degrés divers de l’inflammation &
de la douleur. O n le tiendra à une diète atténuante
& adouciffante ; on lui adminiftrera des lavemens
émôflièns, qui feront fuivis d’un ou deux breuvages
purgatifs on le mettra à l’ufage des remèdes propres
à détruire la vifeofité des humeurs & à accélérer
la circulation, tels que les atrénuans, les apéritifs
, & c .
Quant à Fexcroiffance , on l’attaquera en l’emportant
avec l’inftrument tranchant, & en s’efforçant
de confumer tout ce qui aura été fouftraità
l’a&ion de la feuille de fa u g e , a vec laquelle l’inci-
cifîon doit être faite. Si le fie ne prefage rien de
fâcheux ; s’il n’eft point trop étendu , trop enflammé,
s’il ne fuinte que lég èrem en t, on pourra fe
difpenfer de deffoler l’animal. O n fe contentera de 1
parer- le pié; jufqu’au v i f , on coupera enfuite la foie
avec l’inftrument dont j’ai p a r lé , en cernant profondément
autour du ne ; après quoi on emportera
la tumeu r, on confumera exa&ement avec des -
cathérétiques appropriés toutes les racines par lef-
quelles elle femble attachée au corps fpongieux de
la fourchette , & quelquefois à l’expanfion aponé-
vro tiq u e, & qui ne font autre chofe que le prolongement
des vaiffeaux lymphatiques, qui fans
cette précaution fufeiteroient inévitablement une
nouvelle excroiffance. Lorfque le crapaud eft ac?
compagné de tous les lignes qui peuvent en faire
redouter les fuites , il fera plus à propos de deffoler
le ch ev a l, afin de mettre parfaitement a découvert
toute la partie malade, & de pouvoir juger examinent
des progrès du m a l, & l’on pratiquera plus
fûrement encore ce que j’ai preferit dans le premier
cas. J’ai guéri plufieurs fies du genre de ceux dont
l’efpèce ne doit point effra y er ; fans a v o ir recours
au fer dont je n’ai fait ufage que fur la foie & paf
la fimple confomption : mais la méthode que je
viens d’indiquer eft préférable à tous égards. Tout
dépend principalement au furplus des panfemens,
de la fagacité avec laquelle le maréchal les diver*
fifie, & des lumières qui le - guident en pareilles
circonftances.
F'ifiüle.
En adoptant la définition que les auteurs on
écrit fur la médecine du corps humain, nous don
nent du terme de f if tu le , nous la regarderons
nous-même comme un ulcère profond dont les bor
font durs & ca lleu x, _&;dont l’entrée eft étroite,
tandis que le fond en eft évafé.
Souvent une feule ouverture extérieure conduit
à plufieurs cavités intérieures, que l’on nommefimtf
ou clapiers ; quelquefois il n’eft qà’urie feule cavité ;
il arrive encore que la carie ou quelqu’autre maladie
s’unit à c e lle -c i; dans le premier cas la fiftule
eft compofée, & dans le fécond elle eft fimple.:
dans le troifième elle eft compliquée. La vue nous
en fait difeerner l’Orifice ; le ta& nous affure de
la dureté, la fonde nous en indique la dire&ion, la
profondeur & la complication ; enfin le pus dont
la compreflion fur les parties voifines occafionne
la fortie, nous en découvre l'étendue.
De quelqu’efpèce que foient les fiftules, elles
procèdent en général d’u n dépôt qu’un maréchal
inattentif ou ignorant n’aura pas ou vert aflèz promptement
» La matière purulente inclinant toujours du
côté où elle rencontre le moins de réfiftance, fe
creufe des routes intérieurement, pénétre dans l’in-
terftice des mu fc les , & détruit une partie de la
graiffe avant de vaincre l’obftacle que lui préfente
la peau, & dé fè frayer une iffue au-dehors ; aufii
ces accidens qui peuvent avoir lieu dans toute la
fphère du corps de ran im a i, fe mairifeftent - ils
plus fréquemment dans les parties membraneufes,
glanduleufes , abreuvées de lymphe , dans celles
où la'graiffe abonde-, comme dans les environs de
l’amis, & dans les abcès dont le fiége eft fur la
portion fupérieure de l’encolu re, fur le g arrot, fur
les reins , parce qu’alors le pus tendant naturellement
vers les parties dé c liv es, & ne pouvant re-
| monter contre fa propre p en te , forme néceffaire-
ment des finuofités.
Les fuites des fiftules font plus ou moins fiinef-
| tes,félon les lieux qu’elles parcourent, leur profon-
[ deur, la multiplicité des clapiers, leur direction,
| leur complication de ca rie, d’hyperfarcofe, d’inflammation,
& félon leur ancienneté.
• L’objet principal que l’on doit fe propofer dans
| leur traitement, eft de procurer la régénération des
chairs louables & bonnes dans toutes leurs cavités ;
» s’agit à cet effet de faciliter la fortie de la matière
mppitrée, & même la ca r ie , fi la fiftule eft compliquée.
Les fiftules fimples & récentes dont les bords font
légèrement endurcis, & dont le finus eft peu pro-
0nd, damandent Amplement une contre-ouverture
Pratiquée dans leur fond , pour exciter une fuppu-
tation dans toute leur étendue ; on y paffe une mène
garnie de mèdicamens foiblement confomptifs
e ùioyen fuffit ordinairement pour fournir au pus
n,| ‘^ue libre & convenable, pour diflîper les
ca lofités, pour donner lieu à la régénération de-
iree, & pour conduire enfin la plaie à une heu-
re^ cicatrice.
la ^ aiS Ë ces m^mes callofités font confidérables,
e<r 0ntre_0uverture ne produira point ces fâlutaires
ets ». °n fera néceffairemènt contraint d’ouvrir
entier la fiftule, de couper même une grande
j 3rtle des chairs dures qui en couvrent les bords &*
‘es parois, & d’ entretenir toujours la fuppuration.
; jufqu’au moment où le tout fera en état d’être
j cicatrifé.
Cette dilatation importe encore davantage dans
; le cas où les fiftules font compliquées de carie : foit
i que la1 carie occafionnée par le féjour & la corro-
I fion des matières purulentes, puiffe être envifagée
comme une fuite de la fiftule, foit que fon oppofition
à la reprodu&ion des chairs louables dans le fond
de l’u lc è r e , nous détérmine à l’en regarder comme
une des principales ca u fe s, on ne pourra fe difpenfer
de recourir au cautère aétuel, à l'effet- dé
provoquer une exfoliation , & de la détruire ; tous
les autres fecours , tels que ceux que promettent
la rugine & les mèdicamens defquamatoires n’étant
en aucune manière comparables à celui que nous
retirons dans la pratique de l’application du feu.
Q u ant aux fiftules cOmpofées dont la dureté &
les finuofités ne repréfentent rien d’extraordinaire,
on pourra tenter d’en procurer la réunion , en obviant
à ce que la matière n’y Séjourne, & en rapprochant
les parois , fi cependant une compreflion
méthodique fu r ie fond eft praticable. Lorfque les
finiis font vaftes & les bords extrêmement ca lleu x,
il ne refte au maréchal.d’autre voie que celle de la
dilatation qu’ildoitfaireavecrinftriimént tranchant.
Il eft de cas où il n’eft pas pbffible, & o ji il feroit
très-dangereux d’ouvrir cl de dilater les fiftules dans-
toute leur étendue; tels font ceux où elles font extrêmement
profondes, & où il eft à.craindre d’effenfer
a v e c le biftouri, des nerfs & des vaiffeaux fanguins
d’un certain ordre.
Il faut fe contenter alors d’en dilater l ’entrée ou
avec l’inftrument, ou ave,c de l ’éponge préparée.
On injeâe ra dans le fond des liqueurs, déterfivés ;
on y portera m êm e, fi on le peut fans péril, des
mèdicamens confomptifs, toujours dans l’intention
de remplir les vues générales que l’on doit avoir
& l’on fera fur-tout exactement & ferupuie-ufement
attentif à ne jamais tamponaer l’ouverture des
■ fiftules dont on entreprendra la cure , par. des tentes
ou des bourdonnets trop durs - d’autant plus que.
de tels panfemens n’ont q u e .trop fouvent. rendu
calleux & fiftuleux des ulcères profonds.
Ces divers traitemens extérieurs ne doivent point
au furplus difpenfer le maréchal de tenir l’animal à
un régime humeélant & modéré, de l’évacuer prur
demment, afin de diminuer la quantité des humeurs
qui affluent fur la partie malade , de s’attacher à réparer
les vices & les défordres intérieurs, & c .
Fiftule à V Anus J.
La fiftule lacrymale, échappée aux y e u x de tous-
nos obfervateurs, ne pourroit être dans l’animal
qu’une maladie funefte , puifque d’un côté on ne
fe livroit à aucune recherche relativement aux.
moyens d’y remédier, & que de l’autre tous les.
efforts de la nature feule en étoient incapables.
La fiftule à Vanus , •avouée & connue par plu—
fleurs auteurs ,, ne me paroît pas avoir été moins.