
Mais maintenant les bancs de cette pierre ne fe f
fuivant pas comme autrefois, les carriers fe font
jetés du côté de Bagneux près d’Arcueil & du côté
de Montrouge, où ils trouvent des maffes moins
profondes , dont les bancs fe continuent plus loin.
La pierre qu’on en tire eft celle dont on fe fert à
préfent, à laquelle on donne le nom d'ArcueiL E lle
fe divife en haut & bas appareil : le premier porte
depuis dix-huit pouces jufqu a deux pieds & demi
de hauteur de banc; & le fécond depuis un pied
jufqu’à dix-huit pouces. Celui-ci fert à faire des
marches , feuils , appuis, tablettes , cimaifes de
corniches, &c. Elle a les mêmes qualités que celle
d’A rcueil, mais plus remplie de moye, plus fu-
jette à là gelée, & moins capable de réfifter au
fardeau,
La pierre de cliqua«, qui fe tire des mêmes carrières
, eft un bas appareil de fix à fept pouces de
hauteur de banc , plus blanche que la dernière,
reffemblante au liais, & fervant auffi aux mêmes
ufages. Elle fe divife en deux efpèces, l’une plus
dure que l’autre : cette pierre un peu grade eft fu-
jette à la gelée ; c’eft pourquoi on a foin de la tirer
de la carrière & de l’employer en été.
La pierre de bellehache fe tire d’une carrière
près d’A rcueil, nommée la carrière royale, & porte
depuis dix-huit jufqu’à dix-neuf pouces de hauteur
de bancs. Elle eft beaucoup moins parfaite que le
liais ferault, mais de toutes les pierres la plus dure,
à caufe d’une grande quantité de cailloux dont elle
eft compofoe : aufti s’en fert-on fort rarement.
La pierre de feuchet fe tirades carrières du faux-
bourg S. Jacques, & porte depuis douze pouces
jufqu’à vingt-un pouces de hauteur de banc. Cette
pierre, qui refferable à celle d’Arcüeil, eft grife,
trouée & poreufe. E lle n’eft bonne ni dans l ’eau
ni fous le fardeau : aufti ne s’en fert-on que dans
les bâtimens de peu d’importance.
^ Il fê tire encore une pierre de fouchet dès carrières
du fauxbourg S. Germain & de Vaugirard ,
qui porte depuis dix-huit jufqu’à vingt-pouces de
hauteur de banc. Elle eft grife, dure , poreufe ,
graffe, pleine de fils, fujette à la gelée, & fe moulinant
à la lune. On s’en fert dans les fondemens
des grands édifices & aux premières affilés» vouf-
foirs, foupiraux de caves, jambages de portes, &
croifées des maifons de peu d’importance.
s La pierre de bonbave fe tire des mêmes carrières
, & fe prend au deflus de cette dernière. Elle
porte depuis quinze jufqu’à vingt-quatre pouces de
hauteur de banc, eft fortblanche, pleine & très-fine •
mais elle fe mouline à la lune, réfifte peu au fardeau,
& né fauroit fubfifter dans les dehors ni à
l’humidité : on s’en fert pour cela dans l'intérieur
des bâtimens, pour des appuis, rampes, échifres
d’efcaliers, &c. : on l’a quelquefois employée à
découve« où elle n’a pas gelé, mais cela eft fort
douteux. On en tire des colonnes de deux pieds de
diamètre ; la meilleure eft la plus blanche, dont le
lit eft coquilleux, & a quelques molières»
Il fe trouve encore au fauxbourg S. Jacques un
bas appareil depüis fix jufqu’à neuf pouces de hau.
teur de banc, qui n’eft pas fi beau que l’arcueil
mais qui fert à faire des petites marches, des appuis *
des tablettes, &c.
Après la pierre d’Arcueil, celle de S. Cloud eft la
meilleure de toutes. Elle porte de hauteur de banc
depuis dix-huit pouces jufqu’à deux pieds, & fe tire
des carrières de S. Cloud près Paris. Elle eft un peu
coquilleufe, ayant quelques molières ; mais elle eft
blanche, bonne dans l’eau , réfifte au fardeau, &
fe délite facilement. Elle fert aux façades des bâtimens
, & fe pofe fur celle d’Arcueil. On en tire des
colonnes d’une pièce, de deux pieds de diamètre:
on en fait aufti des baffins & des auges.
La pierre de Meudon fe tire des carrières de ce
nom, & porte depuis quatorze jufqu’à dix-huit pouces
de hauteur de banc. Il y en a de deux efpèces.
La première, qu’on appelle pierre de Meudon, a les
mêmes qualités que celle d’Arcueil, mais pleine de
trous , & incapable de réfifter aux mauvais temps.
On s’en fert pour des premières aflifes, des marches,
tablettes, &c. Il s’en trouve des morceaux
d’une grandeur extraordinaire. Les deux cimaifes
des corniches rampantes du fronton du Louvre font
de cette pierre , chacune d’un, feul morceau. La
fécondé, qu’on appelle rujîique de Meudon , eft plus
dure, rougeâtre & coquilleufe, & n’eft propre
qu’aux libages & garnis des fondations de piles de
ponts, quais & angles de bâtimens.
La pierre de S. Nom, qui porte depuis dix-huit
jufqu’à vingt-deux pouces de hauteur de banc, fe
tire au bout du parc de Verfailles , & eft prefque
de même qualité que celle 'd’A rcueil, mais grife
& coquilleufe : on s’en fert pour les premières
aflifes. * .
La pierre de la chauffée, qui fe tire de carrières
prés Bougival, à côté, de S. Germain en Laie, &
qui porte depuis quinze jufqu’à vingt pouces de
hauteur de banc ,, approche beaucoup de celle de
liais, & en a même le grain. Mais il eft néceffaire
de moyer cette pierre de quatre pouces d’épaif-
four par deflus, à caufe de l’inégalité de fa dureté :
ce qui la réduit à quinze ou feize pouces, nette &
taillée.
La pierre de Monteffon fe tire des carrières proche
Nanterre, & porte neuf à dix pouces de hauteur de
banc. Cette pierre eft fort blanche -, & d’un très-
beau grain. On en fait des vafos, baluftres, entrelacs,
& autres ouvrages des plus délicats.
La pierre de Fécamp fe tire des carrières de la
vallée de ce nom , & porté depuis quinze jufqu’à
dix-huit pouces de hauteur de banc. Cette pierre,
qui eft très-dure, fe fend & fe feuillette à la gelée,
lorfqu’elle n’a pas encore jeté toute fon eau dé carrière.
C ’eft pourquoi on ne l’emploie que depuis le
mois de mars jufqu’au mois dé foptembre, apres
avoir long-temps féché fur la carrière : celles que
l’on tiroit autrefois étoit beaucoup meilleure.
La pierre dure de S. Leu fe tire fur les côtes de
la montagne d’Arcueil.
La pierre de lambourde, ou feulement la lambourde,
fe tire près d’Arcueil, & porte depuis dix-
huit pouces jufqu’à cinq pieds de hauteur de banc.
Cette pierre fe délite ou fe fend, parce.qu’on ne
l’emploie pas de cette hauteur. La meilleure eft la
plus blanche, & celle qui réfifte au fardeau autant
que le S. Leu.
On tire encore des carrières du fauxbourg faint
Jacques & de celles de Bagneux, de la lambourde
depuis dix-huit pouces j.ufqu’à deux pieds de hauteur
de banc. Il y en a de deux efpèces : l’une
eft graveleufe & le mouline à la lune; l’autre eft
verte, fe feuillette, & ne peut réfifter à la gelée.
La pierre de Saint-Maur, qui fe tire des carrières
du village de ce nom, eft fort dure, réfifte très-bien
au fardeau & aux injures des temps. Mais le banc
de cette pierre eft fort inégal, & les quartiers ne
font pas fi grands que ceux d’Arcueil : cependant
on en a tiré autrefois beaucoup, & le château en
eft bâti. &
La pierre de Vitry qui fe tire des carrières de ce
nom, eft de même efpèce.
La pierre de Pafly, dont on tiroit autrefois beaucoup
des carrières de ce nom, eft fort inégale en
qualité & en hauteur de banc. Ces pierres font
beaucoup plus propres à faire du moellon & des
libages, que de la pierre de taille.
La pierre que l’on tire des carrières du fauxbourg
Saint Marceau , n’eft pas fi bonne que celle des
carrières de Vaugirard.
Toutes les pierres dont nous venons de parler fe
vendent au pied-cube , depuis 10 fols jufqu’à 50 ,
quelquefois 3 livres ; & augmentent ou diminuent
de prix , félon la quantité des édifices que l’on
bâtit.
La pierre de Senlis fe tire des carrières de Saint
Nicolas, près Senlis, à dix lieues de Paris , & porte
depuis douze jufqu’à feize pouces de hauteur de
banc; cette pierre eft aufti appelée liais. Elle eft
très-blanche , dure & pleine , très-propre aux plus
beaux ouvrages d’archite&ure & de fculpture. Elle
arrive à Paris par la rivière ü’Oifo, qui fe décharge
dans la Seine.
La pierre de Vernon, à douze lieues de Paris, en
Normandie, qui porte depuis deux pieds jufqu’à
trois pieds de hauteur de banc, eft au ffi dure & auffi
blanche que celle de S. Cloud. Elle eft un peu
difficile à tailler , à caufe des cailloux dont elle eft
compofée ; op. en fait cependant plufieurs ufages,
niais principalement pour des figures.
La pierre de Tonnerre, à trente lieues de Paris ,
en Champagne, qui porte depuis feize jufqu’à dix-
nuit pouces de hauteur de banc, eft plus tendre,
plus blanche, & auffi pleine que le liais ; on ne s’en
fort, à caufe de fa cherté , que pour des vafos,
termes , figures , colonnes, retables d’autels, tombeaux
& autres ouvrages de cette efpèce. Toute la
fontaine de Grenelle , ainfi que les omemeris, les
ftatues du choeur de Sulpice , & beaucoup d’autres
ouvrages de cette nature, font faits dé cette
pierre.
La pierre de meulière, ainfi appelée parce qu’elle
eft de même efpèce à peu près que celles dont on
fait des meules de moulins, eft une pierre grife, fort
dure & poreufe , à laquelle le mortier s’attache
beaucoup mieux qu’à toutes autres pierres pleines ,
étant compofée d’un grand nombre de cavités.
C ’eft de toutes les maçonneries la meilleure que
l’on puiffe jamais faire,' fur-tout lorfque le mortier
eft bon, & qu’on lui donne le temps néceffaire pour
fécher, à caufe de la grande quantité qui entre dans
les pores de cette pierre : raifon pour laquelle les
murs qui en font faits font fujets à taffer beaucoup
plus que d’autres. On s’en fert aux environs de
Paris, comme à Verfailles & ailleurs;.
La pierre fufilière eft une pierre dure & sèche l
qui tient de la nature du caillou : une partie du
pont Notre-Dame en eft bâti. Il y en a d’autre qui
eft grife ; d’autre encore plus petite que l’on nomme
pierre à fufil ; elle eft noire, & fert à paver les
terraffes & les baffins des fontaines : on s‘en fert en
Normandie pour la conftruftion des bâtimens.
Le grès eft une efpèce de pierre ou roche qui
fe trouve en beaucoup d’endroits, & qui n’ayant
point de li t , fe débite fur tous fens & par carreaux,
de telle grandeur & groffeur que l’ouvrage le demande.
Mais les plus ordinaires font de deux pieds
de long, fur un pied de hauteur & d’épaiffeur. Il y
en a de deux efpèces ; l’une tendre, & l’autre dure.
La première fort à la conftruâion des bâtimens , &
fur-tout des ouvrages ruftiques, comme cafcades ,
grottes , fontaines , réfervoirs, aqueducs, &c. tels
qu’il s’en voit à Vaux-le-Vicomte & ailleurs. Le plus
beau & le meilleur eft le plus blanc, fans fils, d’une
dureté & d’une couleur égale. Quoiqu’il foit d’un
grand poids, & que les membres d’architefture 8c
de fculpture s’y taillent difficilement, malgré les
ouvrages que l’on en v o it, qui font faits avec beaucoup
d’adreffe ; cependant, la néceffité contraint
quelquefois de s’en fervir pour la conftrüdtion des
grands édifices, comme à Fontainebleau, & fort
l loin aux environs; fes paremens doivent être pi-
■ qués , ne pouvant être liffés proprement qu’avec
beaucoup de temps.
Le grès dans fon principe, étant compofé de
grains de fable unis enfemble & attachés fuccef-
uvement les uns aux autres , pour fe former par la
fuite des temps en bloc, il eft évident que fa confti-
tution aride exige , lors de la eonftru&ion , un
mortier compofé de chaux & de ciment, & non de
fable ; parce qu’alors les différentes parties angu-
leufes du ciment, s’infinuant dans le grès avec une
forte adhérence, unifient fi bien, parle fecours de
la chaux , toutes les parties de ce foffile, qu’ils ne
font pour ainfi dire qu’un tout : ce qui rend cètte
conftru&ion indiffoluble, & très-capable de réfifter
aux injures des temps.
Le pont de Ponts-fur-Yonne en eft; une preuve 5