
épaiffeur, au lieu que dans l’autre il n’y en a que
la moitié.
On fe fert de l’affemblage nommé flûte ou fifflet,
pour ralonger le bois dont toute la largeur elt occupée
par des moulures.
Pour cet effet, on divife la largeur de la pièce
en deux parties égales, on détermine la longueur
des entailles ; puis de la ligne tracée à cet.égard
jufqu’à l’extrémité de la pièce, on tire des diagonales
aux deux côtés de la ligne, de forte que ces
entailles ïoient faites dans les deux pièces , en
montant de droite à gauche, afin que quand on
vient à pouffer les moulures , elles ne foient pas
fujettes à éclater.
Lorfqu’on a plufieurs membres de moulures
dans la pièce, on peut mettre le joint dans le dégagement
d’une d’entre elles, s il s en trouve un ,
foit à peu près au milieu , foit au milieu d’une
'gorge. • .
. Il faut obferver en ralongeant les pièces ornées
de moulures à traits de Jupiter, de faire l’entaille
après la rainure, ou la profondeur de la moulure
s’il n’y a pas de rainure , afin que la clé ne fe
découvre point.
On peut encore ralonger les parties çeintrés ,
tant fur le plan que- fur l’élévation-, à traits de
Jupiter.
‘Quand les pièces ceintrées fur le. plan ont un
peu de ceintre , on-doit les rapporter en faifant
dans le bout de la pièce un enfourchement peu
profond &■ de l’épaiffeur du tenon. Dans cet enfourchement,
on fait trois ou quatre trous pour
y placer les chevilles ou goujons du tenon que
l ’on rapporte. Ces efpèces de tenons fe nomment
tenons à peignes»
Ateliers & Hangards des Menuifiers
L’atelier d’an menuifier de bâtimens doit avoir
douze pieds & demi de haut au moins , parce
que les bois ayant douze pieds de hauteur ordinaire
, il faut encore' la facilité de les pouvoir
dreffer & retourner.
Sa profondeur doit être au moins de quinze à
dix-huit pieds, afin qu’on puiffe y placer l’établi ,
& que des ouvriers y mettent à l’aife leur bois ,
&. travaillent à leur ouvrage.
Quant à la largeur, elle eft bornée par le terrain
; mais il faut compter fur dix - huit à vingt
pouces de largeur pour un établi, & autant de
diffance pour le travail de l’ouvrier.
L’appui de la boutique ou de l’atelier doit être
à une hauteur égale de l’établi, afin qu’on puiffe,
dans le befoin, faire paffer.-les bois- par deffus en
les travaillant, & les y appuyer-
Les entrées de l’atelier, doivent être hautes &
larges , on les garnit quelquefois de toile claire
\ pour jouir du jour , fans avoir les incommodités
de l’air.
U a auvent d’environ dix-huit pouces ou deux
pieds dë faillie, doit garantir le devant de l’atelier
& empêcher les""eaux d'y gâter l’ouvrage & les
outils.
Il y a ordinairement chez les bons menuifiers1 fl
près de leur atelier, un endroit fermé, de douze
à quinze pieds carrés, avec une grande cheminée: fl
& vis-à-vis du foyer une banquette de maçonnerie
de quinze â feize pouces de hauteur , fur fept à
huit d’épaiffeur, revêtus en deffus d’une pièce de
bois de trois à quatre pouces d’épaiffeur.
Ce lieu , que les ouvriers nomment étuve ou
forbonne, fert à faire fondre & chauffer la colle, |
à chauffer & coller le bois , à les mettre fécher fl
dans les temps humides. C’eft là que l’on frappe fl
& colle les joints. C’eft encore le refuge des ou» fl
vriers pour prendre leur repas dans la maüvaife fl
faifon.
Il doit auffi y avoir près de la boutique ou de
l’ateliër du menuifier, un appentis affez grand pour |
y placer les feieurs de long, & y ferrer le bois I
en provifion.
Des Outils de boutique,-
Les outils de boutique que les maîtres menui»
fiers doivent fournir, à leurs ouvriers , font da
deux fortes; les uns qui leur fervent en commun,
St les autres qui font à l’ufage de chaque ouvrier.
Les outils en commun font les foies à refendre
& à débiter de toutes efpèces , les foies à main,
les triangles de toutes grandeurs,.. les grands triif?
qui ns ou. compas à. vergp , les grands compas,
les fergens de toutes grandeurs,. un ou, plufieurs
niveaux., les étraignoirs, les réglets., les entailles
de -toutes, efpèces , les valets de pied , les pieds de
biche, lgs grès pour affûter les outils,. de la colle,
& un pot de cuivre pour la. faire chauffer.
Les. outils particuliers, à chaque ouvrier & que
l’on nommé à’affûtage, font un établi & un valet.,
une varloppe & une demi - varloppe,. deux guil-1
l’an mes, unfeuilleret d’établi, une varloppe à on?
glet, un- r a b o tu n marteau un fermoir un ci?;
feau..
Des O'utils appartenans- aux• Ouvriers»
Les outils- appartenans aux ouvriers ou qu’ils
doivent fe procurer, font de deux fortes ; fa voir
ceux compoXé/de fer St de bois que l’on nomme I
outils à f û t , & les outils qui. font, tout de fer, ou
avec un J im p ie manche.
Les outils à fû t font les foies' de toutes efpèces,,.
comme foies à débiter , foies à tenon , à enraiement,
à tourner,. à reffort, à arrafèr, & à chevilles.
Les équerres , les triangles droits & à onglets;
les fauffes équerres ou fauterelies;- les- trulquins a
pointes & d’affemblage ;. les boîtes à recaller les
onglets , ]es maillets-& l’entaille aux affiloires ;
les rabots debout; les rabots çeintrés, tant for
planque fur l’élévationÿ. les feuillerets^tant droits
que cintrés, de toutes efpèces ; les guillaumes ,’
debout , de côté & adoucis , à plates - bandes ,
çeintrés & à navettes ; les guillaumes étroits & les.
guillaumes courts; les bouvets de tous pas , depuis
ceux qui font propres à joindre les bois de
trois lignes d’épaiffeur , jufqu’à celui d’un pouce
& demi ; les bouvets de deux pièces à languettes
de bois & de fer, de toutes formes St groffeurs ; |
les bouvets de deux pièces çeintrés fur le plan &
forTèlévation , & ceux à v is , lefqu’elles reçoivent
différentes joues ; les bouvets à couiiffes & à em-
breuvés ; les rabots ronds & les mouchettes de
toutes groffeurs, depuis une ou deux lignes juf-
, qu’à un pouce & demi ou deux pouces ; les mou-
[ chettes à joues & les congés de toutes fortes de
pas, les bouvets ou feuillerets à ravaler ; les gor-
j gets ,& les gorges de toutes formes & groffeurs,
avec des joues, ou propres à être montés fur les
, bouvets à vis & les gorges fouillées ; les grains
d’orge de toutes groffeurs, & les becs de cannes ;
les bouvemens fimples & lés ronds entre deux carrés
de tous pas , depuis trois à quatre lignes jufqu’à
[ un pouce & demi, & même plus ; les boudins à
| baguettes, les bouvemens ou doucines à baguet-
I tes, & les talons renverfés de toutes groffeurs ,
| depuis fept ou huit lignes jufqu’à deux pouces S t
I au deffus ; les vilebrequins? avec leurs boîtes garnies
de mèches, depuis deux jufqu’à fix ou huit
! lignes de diamètre, & les racloirs.
| Les outils de fer & a manches, font les compas
| de différentes grandeurs, les pointes à tracer, les
I cifeaux S t les fermoirs , depuis trois lignes, de lar-
I geur jufqu’à un pouce S t demi ; les becs-d’ânes de
I tous pas, depuis une ligne jufqu’à neuf & même
I un pouce , S c les becs - d’ânes crochus propres à
I vider les mortaifes.
| Les gouges droites & coudées de toutes formes
I & groffeurs ; les fermoirs à nez rond ; les carlets
i ou burins ; les râpes en bois douces & rudes , K droites & coudées ; les limes en tiers-points , pro-
I près à limer les foies ; le plomb garni de fon chas
I & d’un fouet ; enfin , des'tires - fonds , des vrilles
I de différentes groffeurs, St des tenailles ou tri-
I quoifes.
I Outils propres • au débit & corroyage des bois. ;
L’établi peut être regardé-comme le premier
I outil du menuifier. Il eft compofé d’un deffus ,
I de quatre traverfes, & d’un fond : fa largeur eft
E de quatre pieds , fa longueur ordinaire eft de neuf
I pieds, & fa hauteur de deux pieds St demi.
I La table qui eft d’orme ou dë hêtre eft percée
I de plufieurs trous qui doivent avoir quatorze à
K feize lignes de diamètre 8t être percés bien per-
! penoïcifiairement ; ces trous font deftinés à re-
■ ceveir les valets qui font des outils de fe r , dont
I l’ufage eft de fixer l'ouvrage d’une manière ferme
I & fiable. . P
I %s: v a le t s ont ordinairement dix-huit à vingt
pouces Sc même deux pieds de longueur de tige ;
leur groffeur eft de douze à quinze lignes, & la
courbure de leurs pattes, de neuf à dix pouces de
hauteur, Ils doivent être courbés de manière qu'étant
ferrés ils ne pincent que du bout de la patte,
laquelle doit s’amincir infenfiblement. On ferre
le valet en frappant fur la tête avec le maillet ;
on le defferre en frappant la tête en fens contraire.
A trois pouces environ du devant de la table,
on perce une mortaife de trois pouces en quarré,
laquelle doit être bien perpendiculaire St bien
dreffèe intérieurement. On y fait entrer à force
une boîte,que l’on fait, fuivant le befoin, mouvoir,
hauffer & baiffer à coups de maillet. Cette boîte
porte à fon extrémité fupérieure un crochet de fer
garni de d e n t s à l’ effet de retenir les bois qu’on
veut travailler. Le crochet doit affleurer le deffus
de la boîte. Les pieds de dévant de l’établi font
percés de trois trous chacun , dans lefquels on
tient des valets de pied. Les valets de pied ne diffèrent
des autres qu'en ce qu’ils font plus petits.
Leur ufage eft de retenir le bois fur le champ le
long de l’établi ; le bois eft arrêté d’une manière
ftable à l’aide d’un crochet de bois, lequel eft retenu
avec des vis fur le champ du deffus de l’établi.
On peut ajufter des tiroirs dans cet établi pour
y ferrer des outils ; on peut même le fermer en
partie au pourtour avec des planches.
Sur le côté de l’établi oppofé au crochet, on
pofe une planche d’environ dix-huit pouces de
long, laquelle eft attachée fur des taffeaux qui
la féparent de l’établi de fix à huit lignes : cette
planche fe nomme râtelier, & fert à placer les
outils à manches, comme fermoirs, cifeaux, &c.
A côté de çe râtelier, St le long de ce rate-.
lier, on attache un taffeau plus bas d’envifora
deux pouces que le deffus de l’établi. Il eft percé
parle bout d’une mortaife’ de trois pouces de
largeur, dans laquelle paffe la lame d’un triangle
que l’on pofe fur le taffeau dans le temps qu’on
n’en a pas befoin.
Enfin, fous la table.de l’établi , on attache
avec une vis une morceau de bois creux en forme
de boîte , où fe met de la graiffe fervant à frotter
les outils.
Le corps de l’établi eft communément en bois
de chêne.
Maillet , morceau de bois de charme ou de
frêne , de fept pouces de longueur fur quatre à
cinq de hauteur St rrois depaiiieur , arrondi fur
fes extrémités & diminuant par le, bas. Son manche,
d’un bois liant, eft d’environ huit pouces de longueur.
Marteau de fe r de quatre à cinq pouces de
longueur. Son bout quarré nommé la panne doit
être d’acier; l’aurre bout eft mince ; fon manche
eft de bois, St de neuf à dix pouces de longueur.
La feie à refendre des menuifiers eft à peu prés
difpofée comme celle des feieurs de long., c*eft-
à-dire, que le fer de là foie eft placé au milka