
INSTRUMENS DE MUSIQUE, ET LUTHERIE.
( Art du faîfeur d’ )
L es inftrumens de mufique font des machines,
inventées & difpofées par l’art du luthier, pour
exprimer les fous au defaut des voix , ou pour
imiter ia voix naturelle de l’homme, ou pour l'enï-r
bellir & l’accompagner.
Il y a auffi des inftrumens plus bruyans qu’harmonieux,
qui fervent à faire des appels publics-,
& d’autres qu’on emploie à foute nu- le courage
des troupes dans leur marche & dans le combat.
La mufique compofée pour être exécutée fur ces
fortes de machines, fe nomme infiniment ale.
On range ordinairement les inftrumens fous
trois cia fies ; favoir, i° . les inflrumens à cordes:
ils en ont plufieurs que l’on fait réfonner, ou avec
les doigts , comme le luth, le théorhe, la guit-
tare, la harpe, &c. ou avec un archet , comme le
violon , la viole, la trompette marine, &e. ou
par le moyen de fauteraux, comme l’épinette, le
clavecin, ou avec une roue comme la vielle, &c.
2°. Les inflrumens à vent que l’on fait parler avec
la bouche , comme les flûtes, trompettes, hautbois,
ballons, ferpens, &c. ou avec des foufflets,
comme les mufettes , les chalemies ou loures, &
l’orgue.
3°. Les inflrumens de percuffion qu’on frappe,
foit avec des baguettes, comme le tambour & les
timbales; foit avec de petits bâtons , comme le
pfalterion ; foit avec une plume, comme le cidre ;
foit enfin avec des marteaux ou des battans, comme
les cloches, &c.
Nous obferverons feulement ici , que chaque
infiniment a fon étendue propre, fon expreffion &
fon caraâère, que le mufieien doit bien connoître.
S’il porte l’infirument au - delà de fa véritable
étendue, il le rendra aigu, fourd ou criard.
^S’il ne connoît pas fon-expreffion, il ne l’appliquera
pas dans les circonftances où il aura le plus
d’effet.
C ’eft une partie très-importante de l’étude d’un
compofiteur, que celle du çaraâère des inftrumens.
Ce font les voix différentes par lefquelles il parle
à nos oreilles.
Mais ce n’efi pas affez que de connoître chaque
infiniment en particulier ; il faut encore avoir l’ex-
perience de l ’effet de leurs fons combinés entre
eux ; il ne faut quelquefois qu’une note de cors
bien placée, pour caufer l’émotion la plus violente.,
Il n’y a point de phénomènes dans la nature,
point de pallions , point de fentimens dans le
coeur de l’homme, qu’on ne puiffe imiter avec les
Arts 6* Métiers. Tome IV. Partie I.
| inftrumens; mais on ne peut pas dire qu’ils foienr
; tous également propres à toutes ces imitations. Si i les fons aigus des petites flûtes fe font entendre par
intervalles dans la peinture d’une tempête, ils lui
donneront beaucoup, de vérité. Les fons bas &
lugubres des cors annonceront d’une manière ef-
! frayante l’arrivée des fpeélres & des ombres ; il
■' fout tantôt foutenir les fons des infirumens à corde,
tantôt les pincer, &c.
Qui eft-ce qui fait parmi nous ce que j’appelle-
rois volontiers la perfpçcl'we mujiçale ?
On n’invente plus d’inftrumens, & il y en a
affez d’inventés ; mais il y a beaucoup de décou-
eouvertes à faire encore lur leur faéture.
La faéfure a pour objet la matière & la forme.
; Combien d’expériences à faire fur Tune & l’autre !
La matière comprend le choix des bois & leur
; préparation.
! La forme comprend le rapport dû plein au v id e ,
: les contours, les ouvertures, les épaiffeurs, les
longueurs, largeurs & profondeurs , les accords ,
i les cordes , les touches, &ç.
Nous avons tâché de raffembler, foit dans le
difccurs, foit dans le vocabulaire de cet art, les
infirumens de mufique connus : il feroit impoffible
de les défigner tous , heaucoup ayant des noms
étrangers, dont ori ne connoît pas même l’explication
; mais nous croyons n’en avoir- omis aucun
que l’on puiffe au moins claffer.
On peut aufîi divifer la nomenclature des inftrumens
, en anciens y modernes & étrangers.
Parmi les inftrumens anciens , fe trouvent ceux
des Hébreux, des Grecs, des Egyptiens & des
Romains.
Quant aux inftrumens hébreux , ils étaient à
cordes, à vent & de percuffion : on trouve la def-
cription de la plupart, dans un ouvrage du rabbin
Abraham Arie de Mutina, médecin de profefîion.
Kircher s’elt fervi de fes recherches, & c’efi lui
que nous avons principalement confoité pour cette
partie.
On retrouve le plus grand nombre des figures
des inftrumens grecs , égyptiens & romains, fur
lés anciens monumens ; & c’eft d’après les copies
que les antiquaires & les dëffinateurs en ont tirées
ou rapportées, que nous les foifons connoîtrr.
Les inftrumens étrangers , tels que ceux des
Nègres , des Chinois, des Tartares , des Indiens,
&c. font cités dans les-relations de voyages
: c’eft d’après ces relations que nous en donnerons
une idée.
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