
a c é ré s , fert à élargir l’entrée des trou s, ou à en
percer d’autres dans des marbres très-durs.
La fig. 42 eft une autre fraife différente de la
précédente, en ce q ue lle eft carrée par le bout A ,
& qu’elle s’ajufte dans une boîte B , pour la mou- j
voir- par le moyen de l’archet fig. 43, ou de celui
fig- 44-
La fig. 44 eft un archet ou arçon , compofé d’une
lame d’épée A ou tige d’étoffe ( o n appelle étoffe
une compofition'de bon fer & de bon acier mêlés
enfemble, q u i, lorfquelle eft trempée, fait les meilleurs
refforts, c’eft de cela que l’on fait ordinairement
les lames d’épées élaftiques ) , emmanchée
par un bout dans un manche de bois B , portant
par les deux extrémités les deux bouts d’une corde
à boyau ou corde d’arçon C , qui fe fait a v e c des
lanières de cuirs arrondies ou tournées fur elles-
mêmes.
La fig. 42 eft un inftrument appelé palette; c’eft
en effet une palette de bois A , dont le milieu porte
une pièce de fer B , percée de plufieurs trous qui
ne vont que jufqu’au quart de fon épaiffeur : c’eft
avec les quatre derniers inftrumens que l’on perce
des trous en cette manière : on commence d’abord
par former avec la corde C de l’arçon fig. 44 un
ou deux trous autour de la boîte B de la frai le fig. 42,
que l’on place par le bout C dans un des trous de
la pièce de fer B de la palette fig. 4$ , que l’on
appuie alors fur l’eftoma c, & dans cette fttuation
le bout A de la fraife fig. 42, élargit ou perce les
trous en manoeuvrant l’a rçon , fig. 44, à peu près
comme l’archet d’un violon.
L ’archet fig. 43 fert aufli comme celui fig. 44,
mais pour des fraifes beaucoup plus petites.
L a fig’ 46 eft un grand compas à charnière en
A , fait pour prendre des diftances égales par les
pointes B B.
^Lafig. 47 eft un grand compas, appelé compas
d'épaiffeur à charnière en A , fait pour prendre des
épaiffeurs, diamètres & autres chofes femblables,
égales par les pointes recourbées B B.
La fig. 48 eft un petit compas à charnière en A ,
fait aufli pour prendre des diftances égales par les
pointes B B.
Il eft une quantité d’ autres outils qui ne font
qu’un rafinement de ceux que nous avons vus ,
plus petits ou plus g ro s , plus courts ou plus lon g s ,
à proportion de la délicateffe des ouvrages où on
les emploie , & du génie des ouvriers à les inventer.
Procédés pour colorer le Marbre.
O n fait des marbres de couleurs avec des teintures
corrofives fur du marbre blan c , qui imitent
les différentes couleurs des autres marbres , en
pénétrant de plus de quatre lignes dans l’épaiffeur
du marbre ; ce qui fait que l’on peut peindre deffus
des ornemens & des figures de toute efpèce; en-
forte que fi l’on pouvoit débiter ce marbre par
feuilles très-minces., on en aurdit autant de tableaux
de même façon. Cet invention eft de M. le comte
de Caylus.
La diffolution d’argent pénètre le marbre blanc
très-profondément, & lui donne une couleur rougeâtre
& enfuite brune.
La diffolution d’or pénétré moins & fait Une
couleur violette : l’une & l’autre diffolutions font
leur effet plus profondément, fi on les expofe au
foleil.
La diffolution de cuivre donne une couleur verte
fur la furface du marbre.
L e fang-dragon étant frotté fur le marbre chaud,
le teint en rouge.
La gomme-gutte le teint en beau citron. Pour
faire pénétrer davantage ces liqueurs, il faut auparavant
dépolir le marbre avec la pierre ponce.
Les couleurs tirées des v é g é ta u x , comme le fa-
f ra n , le fuc de tou rn e fo l, le bois de Bréfll, la
cochenille, & c . teignent le marbre & le pénètrent
affez profondément , pourvu qu’on joigne à ces
matières colorantes un diffolvant convenable, tel
que de l’efprit - de - v in , ou de l’urine mêlée de
chaux-vive & de fou de, ou des huiles, &c. ; mais
on fera prendre au marbre des couleurs plus fortes,
plus, durables , & qui pénètrent plus avant en fe
fervant de diffolutions métalliques faites dans les
acides , tels que l’eau fo r t e , l’efprit de fe l, &c.
D es couleurs mêlées avec la cire, colorent aufli
le marbre.
V o ic i une méthode pour préparer une liqueur
qui pénètre dans l’intérieur du marbre , de manière
qu’on puiffe peindre fur la furface des chofes
qui paroîtront aufli en dedans.
Prenez de l’eau forte & de l’eau rég a le, de chacune
deux once s, une once de fel ammoniac, deux
dragmes du meilleur efprit-de-vin, autant d’or qu’on
en peut avoir pour cent fols , & deux dragmes
d’argent pur. Après vous être pourvu de ces matériaux
oc avoir calciné l’argent , mettez - le dans
une f io le , & ayant verfé par deffus les deux onces
d’eau fo r t e , laiffez-le évaporer ; vous aurez une
eau qui donnera d’abord une couleur bleue, &
enfuite une couleur noire. Calcinez pareillement
l’or , mettez - le dans une f io le , & verfant l’eau
régale par deffus , m e tte z - la évaporer. Enfuite,
verfez votre efprit-de-vin fur le fel ammoniac, &
laiffez - le aufli s’évaporer , vous aurez une eau
de couleur d’or qui fournira différentes couleurs.
Vous pourrez extraire de cette façon beaucoup
de teintures de couleurs, par le moyen des autres
métaux. Cela f a i t , à l’aide de ces deux autres,
vous pouvez peindre tout ce que vous voudrez
fur du marbre blanc de l’efpèce la moins dure,
& renouveller tous les jours pendant quelque temps
la même figure, en y ajoutant de nouvelle liqueur,
vous trouverez que la peinture a pénétré dans 1 intérieur
du marbre, de forte que le coupant en autant
de parties qu’il vous plaira, elle repréfentera
toujours la même figure des deux côtés.
Mais comme la manière de colorer le marbre
eft un procédé cu r ie u x , nous allons entrer dans
de plus grands détails à ce fujet.
Pour y réufïir , il faut que les morceaux de
marbre fur lefquels on veu t tenter ces expériences
foient bien polis, fans la moindre tache & fans
veines. Plus le marbre eft dur, mieux il fupporte
la chaleur néceffaire pour cette opération : c’eft
pourquoi l’albâtre & le marbre blanc tendre ordinaire
, ne font pas propres pour l’objet que nous
propofons. La chaleur eft toujours néceffaire pour
ouvrir les pores du marbre, de façon à le mettre
en état de recevoir les couleurs ; mais on ne doit
jamais cependant le chauffer au point de le faire
rougir , parce qu’alors le feu altère la contexture
du marbre, brûle les couleurs, & leur fait perdre
de leur beauté.
Un dégré de chaleur trop foible eft aufli mauvais
qu’un trop grand; car dans ce ca s, quoique
le marbre prenne la cou leur, elle ne s’y attache
pas bien & ne pénètre pas affez avant. Il y a certaines
couleurs qui prennent même à fro id , mais
ellles ne font jamais fi bien attachées , que quand
on emploie un jufte degré de chaleur.
Ce jufte degré eft celui q u i , fans faire rougir
le marbre, eft fiiffifant pour faire bouillir la liqueur
qui eft fur fa furface. Les menftrues dont on fe
fert pour incorporer les couleurs , doivent être
variés fuiyant la nature de la couleur dont on
fe fert; une leffive faite avec de l’urine de cheval
ou de chien, mêlée a vec quatre parties de chaux-
vive & une de potaffe, eft excellente pour*cer-
taines couleurs : de la lie ordinaire de cendres de
bois, eft bonne pour d’autres. Pour certaines, l’ef-
prit-de-vin eft le meilleur ; enfin , pour d’autres,
il faut des liqueurs huileufes ou du vin blanc ordinaire.
Les couleurs qu’on a trouvé réuflir le m ieux avec
des menftrues particuliers., font les fui vantes.' La
pierre bleue diffoute dans fix fois la même quantité
d’efprit-de-vin ou de lelfive urineufe , & la
couleur que les peintres appellent en anglois lith-
mofs i diffoute dans la lelfive ordinaire de bois ;
un extrait de faffran & la couleur faite avec le
fruit de nerprun , & que les peintres appellent
vert de Sève , réuffüTent fort bien tous les d e u x ,
quand on les diffout dans de l’urine ou d e là chaux-
Vive, & paffablement dans l’efprit-de-vin.
Lé vermillon & la poudre fine de cochenille, fe
dmôlvent fort bien aufli dans les mêmes liqueurs.
Le fang-dragon réuflit affez bien dans l’efprit-
, e'Vln> ainfi que la teinture du bois de campêche
uans le même efprit.
La racine d’orchanette donne une fort belle cou-
,fjur’ » mais le feul menftrue qui lui convienne eft
uue de thérébenthine ; car ni l’efprit-de-vin, ni
aucune lefliye ne peut la diffoudre.
\ ■ y a encore une efpèce de fang-dragon appelé
Jang-dragon en larmes, q u i, étant mêlé avec l’urine
éule, donne une couleur très-élégante.
Arts 6* Métiers, Tome IV. Partit 1 .
Outre ces mélanges de couleurs & de m enftrues,
il y a certaines couleurs qu’on peut pofer à fec
& fans être mêlées : telles font le fang-dragon de
la plus pure forte , pour le rouge ; le g am b o g e ,
pour le jaune; la cire v er te , pour une forte de v e r t;
le foufre commun , la poix & la térébenthine,
pour une couleur brune..
Pour toutes ces expériences, il faut faire chauffer
le marbre confidérablement, & enfuite frotter les
couleurs à fec fur le bloc.
Il y a quelques - unes de ces couleurs , qui ,
quand on les a une fois appliquées , reftent immuables
; d’autres changent de jour à autre , &
s’effacent à la fin. A in f i, la couleur rouge que donne
le^fang-dragon ou une décoftion de bois de carn-
pêche, s’efface entièrement avec l’huile de tartre,
& le poli du marbre n’en fouffre aucunement.
O n donne une belle couleur d’or de la manière
fuivante. Prenez du fel ammoniac c r u , du vitriol
& du v ert-de -gris, par égale quantité. Le vitriol
blanc eft celui qui réuflit le mieux, & il faut les
b royer enfemble , & les réduire en une poudre
très-fine.
O n peut tacheter le marbre dans toutes les
nuances de rouge & de ja u n e , avec les diffolutions
de fang-dragon & de gamboge, en réduifant
les gommes en poudre , ai les broyant avec de
l’efprit-de-vin dans un mortier de verre. Mais pour
de petits effais, il n’y a pas de méthode meilleure
que de mêler quelqu’une de ces poudres avec de
l’efprit-de-vin dans une cuiller d’argent, & de la
tenir fur un brafier ardent : par ce m o y en , l’on en
extrait une belle teinture ; & en y trempant un
pin ceau , on peut faire les plus belles marques fur
le marbre, tandis qu’il eft froid.
Qu an d on le fera chauffer enfuite fur un feu
de fable ou dans un four de boulan ger, toute la
couleur s’imbibera & demeurera parfaitement dif-
tin âe fur la pierre.
Il eft a i fé , par le même m o y e n , de donner au
marbre un fond de couleur rouge ou jaune , 8c
d ’y laiffer fubfifter les veines blanches.
Ce la fe fait en couvrant les endroits où la blancheur
doit demeurer, avec quelque peinture blanche
ou même av ec deux ou trois doubles de papier
; l’un ou l’autre de ces moyens empêchera
la couleur de pénétrer dans cette partie. O n p e u t ,
à l’aide de. cette gomme fe u le , donner au marbre
tous les degrés de la couleur rouge. Une teinture
légère appliquée fur le marbre fans le fecours de
la chaleur, lui donnera une couleur de chair pâle ;
mais plus la teinture fera forte , plus la couleur
fera foncée : l’a&ion du feu y contribue encore
beaucoup. Enfin, en ajoutant à la teinture un peu
de p o ix , on lui donne une nuance de n o ir , ou tous
les degrés de rouge foncé que l’on veut.
L’orfeille des Canaries, efpèce de moufle, Amplement
délayée dans l’e a u , appliquée à froid fur
le marbre b lanc, lui communique une belle couleur
bleue , d’autant plus précieufe que cette couleur
F f f